La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la sélection numéro 130 des clips de la semaine.
DISTRACTIONS – Elle
L’été n’est pas encore là, mais DISTRACTIONS nous envoie déjà une carte postale au bord de l’eau.
On avait laissé le groupe dans une certaine noirceur urbaine et on peut dire que l’évolution du projet est assez radicale. Si le but du jeu est transformer en chanson des poèmes écrit par l’un des membres du groupe, tout ce qui l’entour a bien changé.
Un côté plus solaire, une production plus organique et humaine, une voix féminine plus présente qui se mélange à la perfection et morceau et cette sensation d’ouvrir les portes de quelque chose de tout à fait nouveau. Bref avec Elle, DISTRACTIONS surprend et frappe un grand coup au cœur, parle d’amour avec sensualité sur une compo moite qui sent bon le soleil et le sable.
Et ça tombe bien, puisque la vidéo qui l’accompagne nous entraine dans une crique lumineuse ou l’eau est transparente et tout est calme et tranquille.
Le calme avant l’orage ? L’avenir nous le dira, en tout cas les parisiens ont réussi une mue parfaite qui nous donne définitivement envie de découvrir la suite !
Poppy Fusée – Titanic
Jusqu’ici, Poppy Fusée ne nous avait pas proposé de « vrai » clip et on avait hâte de voir l’univers tendre et onirique de la musicienne prendre vie en images.
C’est désormais chose faite grâce à Tamina Manganas derrière la caméra pour Titanic, second single de la fusée la plus choupie de la pop française.
Et autant dire que la vidéo joue un rôle de miroir assez intéressant au clip. Forcément rêveuse, la vidéo se veut aussi intime que poétique mais surtout changeante. Dans ce monde plein de secrets et de mystères, on passe à travers tout un tas d’émotions lumineuses et obscures alors que Poppy visite ce monde étrange, suivant le fil de laine qui la mène de son cœur à des sentiments plus … sombres. Une rencontre improbable et un basculement probable s’effectue devant nos yeux alors que le clip prend fin.
To be continued comme diraient nos ami.es d’Amérique …
yoa — Je t’embrasse
Si vous nous suivez, vous savez tout l’amour que l’on porte à yoa et le bonheur qui est le notre de la voir prendre de plus en plus d’importance dans le monde musical français.
Alors qu’elle a annoncé cette semaine sa participation à Rock en Seine et qu’un bout de son clip était déjà apparu de manière presque subliminale dans la vidéo de Magenta, la jeune femme dévoile cette semaine le clip de Je t’embrasse.
Et comme souvent, derrière le calme apparent, ce sont des tempêtes qui se jouent dans les musiques de yoa. Une main de fer dans un gant de velours qui lui permet de charmer son monde tout en tirant à boulets rouges sur la société et ses problématiques.
Ici c’est le sexisme, l’image de la femme et les attentes inconsidérées qui sont au cœur de je t’embrasse. Des thématiques fortes qu’elle porte avec grâce et qui trouvent un écho encore plus fort à travers la vidéo de Matthieu Jeammet. En s’inspirant autant du boddy horror de cronenberg que du Carrie de De Palma ou de référence à l’horreur onirique japonaise, le réalisateur nous offre un brûlot féministe, esthétique et obsédant qui nous entraine dans un monde étrange où les femmes sont les jouets des hommes qui les maintiennent en vie pour en faire le jouet de leur fantasmes.
S’en suit un réveil brutal et douloureux suivi d’une prise de conscience et de pouvoir de la part de yoa et de ses consœurs pour enfin inverser les rôles et reprendre le contrôle sur leurs corps et leurs existences.
Troublant, poétique et puissant, yoa continue de nous impressionner et de nous fasciner.
Santigold – High Priestess
Nos petits cœurs nostalgiques sont en joie ces derniers temps. Des retours encore et encore qui permettent à la part d’adolescence qui brille en nous de reprendre beaucoup de vigueur.
Ainsi, après Stupeflip, Arcade Fire ou encore My Chemical Romance, c’est l’iconique Santigold qui vient se rappeler à nos bons souvenirs et dévoile l’excellente High Priestess.
Un titre qu’elle porte à merveille et qui donne lieu à des retrouvailles merveilleuses, le style si distinct de Santi White nous frappant dès les premières secondes, avec cette voix, ce sens du son percussif et ses lyrics tranchantes sur un flow dingue.
Pour accompagner le titre, Santigold a laissé à Frank Ockenfels le soin de réaliser une mini-vidéo dans laquelle on retrouve l’artiste dans une danse lumineuse et shamanique dans ue ville nocturne.
Passionnant et frais, le retour de la grand prêtresse américaine tape bien et tape fort !
She & Him – Darlin’
Nostalgie toujours, voici venir le retour de She & Him ! Six ans après leur dernier album, Zooey Deschanel et Matt Ward sont de retour aux affaires et annoncent leur album hommage au génie Brian Wilson.
Et pour bien commencer, le duo se réaproprie l’excellente Darlin’, à laquelle ils donnent leur touche. Plus qu’une reprise, c’est une véritable réinterprétation qu’ils nous offrent, avec les voix qui se mélangennt et le style disctinct du duo, entre douceur et un petit côté naif qui leur correspond à merveille.
Pour accompagner ce titre, Lara Jean Gallagher nous offre une vidéo bien retro dans laquelle nos héros se transforme en musiciens, présentateurs de télé-shopping et nous offrent leurs meilleures chorégraphies de doigts.
Tout un programme en attendant la sortie de l’album en juillet et, pourquoi pas, un retour sur scène bientôt en France.
Godzilla Overkill – Le temps feat Regina Demina
Si il y a bien deux artistes qui savent allier sensaualité, sexe, provocation et exigence artistique, ce sont bien Godzilla OIverkill et Regina Demina. Les voir collaborer nous offrait donc une bonne dose d’excitation et d’impatience.
L’attente n’a pas été vaine et annonce d’ailleurs le retour du premier qui annonce un nouvel EP qu’on n’en pouvait plus d’attendre depuis l’excellent Padre Pio en 2018.
Et comme on pouvait si attendre, Le temps est cru, provoquant, violent, sauvage, intense et dansant. Le genre de titre qui nous laisse KO avant de nous contaminer comme un virus poétique et obsédant. Une relation toxique à deux voix qui trouve un pendant onirique et inquiétant sous la caméra de Amélie Bigard, Lena Long et Jade Boudet
Yellowstraps – Headown
Nouveau single et possiblement nouvel album pour les Belges de Yellowstraps. Alors que leurs premières aventures furent couronnées de succès et largement reconnues, ils nous présentent aujourd’hui Headown, qui devrait figurer sur un premier album à paraître prochainement. La recette reste maîtrisée, beaucoup de groove et d’émotions, ici couplée à une sensualité qui donne envie d’ébats débridés. Côté image, un plan séquence sublime qui confronte les deux protagonistes d’une romance imaginaire qui se rapprochent et s’éloignent sans réellement parvenir à s’atteindre malgré les efforts déployés. C’est un nouveau 10 sur 10 en provenant de Bruxelles, ça va tourner dans nos oreilles un bon bout de temps.
Agathe – 6 AM
Avec 6 AM, extrait de son album à paraître Beautiful Damages, la chanteuse folk Agathe signe un titre crépusculaire.
Réalisé par Vincent Connétable et Agathe Plaisance, le clip illustre une course folle dans une ville de province au sortir d’une nuit de fête. La tachycardie nous gagne quant au rythme des pas de la frêle silhouette apathique, la balade folk nous embarque de mauvaises rencontres en cavalcade. Tout en noir et blanc, le titre traînant et entraînant se pare d’allures de film noir… Inspiré.
Meridian Brothers & El Grupo Renacimiento – Metamorfosis
Et si on s’échappait, pour quelques minutes, des styles de musique que l’on écoute habituellement ? Meridian Brothers s’associe au légendaire El Grupo Renacimiento qui l’a tant inspiré pour faire revivre un demi-siècle plus tard les rythmes de la salsa qui faisaient chalouper la Colombie des années 70. Et le résultat est sérieusement balancé et délicieusement psychédélique. Si on sent comme un soupçon de nostalgie de cette époque échue, la ligne musicale de Metamorfosis évolue rapidement vers un son intemporel, véritable melting pot de nos phantasmes auditifs. Cette chanson est aussi étonnamment moderne et revendicative dans son discours en abordant avec un ton badin le thème de la transhumanité avec ses caméras et ses drones connectés.
La vidéo qui met en image Metamorfosis nous emmène, avec délice, à la découverte des détails du tableau de Glenda Torrado et Mateo Rivano, que la ligne musicale transforme en fresque. Peinture qui illustrera l’album Meridian Brothers & El Grupo Renacimiento à paraître le 5 août 2022 sur le label américain Ansonia Recordsdédié aux musiques latines depuis la fin des années 40.
Charlotte Dos Santos – Hello Hello
Le chaud et le froid des racines brésiliano-norvégiennes de Charlotte Dos Santos se rencontrent et se percutent pour former un RnB convaincant aux reflets versicolores. Ambivalence musicale qui se retrouve aussi dans le dualité entre le thème abordé et la façon de le traiter. Une nonchalance feinte derrière laquelle se cache une réelle colère profonde et réactive face à des relations sentimentales nocives. Dans Hello Hello, il existe une force intense provoquée par les paroles doucement chantées par Charlotte Dos Santos.
Enveloppant comme la musique, le clip, réalisé par Margot Bowman, fait des échanges téléphoniques qui constituent la trame de la chanson, une chorégraphie alternant passion et détestation tout en faisant chavirer le nuancier-couleurs des tonalités chaudes aux teintes froides.
En attendant que son second album Morfo sorte cet automne, Hello Hello vous permettra de rester fougueusement en ligne avec Charlotte Dos Santos.
Equipe de Foot – Quatre-vingt-Quatorze
Troisième single d’Equipe de Foot, Quatre-vingt-Quatorze s’adresse à un père vieillissant et malade. Comment dire les mots, comment se libérer du passé ?
Le duo, composé d’Alex (chant-guitare) et de Michaël (chant-batterie) a sorti le 6 mai 2022 son troisième album, Geranium, qu’ils décrivent comme leur création la plus intime, la plus libre et la plus aboutie. Un opus qui navigue avec aisance entre la pop pure et le rock garage.
Quatre-vingt-Quatorze, un plan sur un géranium, des lampadaires, une route de campagne la nuit, et Alex dans une voiture pour susurrer ce qui n’a pas de forme. Une lettre qui devient une chanson pour pardonner et au-delà de tout, aimer. Un effet boomerang, les yeux qui se ferment et se ré ouvrent sans cesse, les gestes saccadés ; le temps ici devient morcelé et lapidaire, tandis que la fleur rose se révèle en surimpression. Changement de décor, un piano, des vinyles, et Michaël qui occupe l’espace. Les mots s’égrènent, ceux qu’on ne dira jamais à l’être aimé. « Dad, I’ve always been sad / Always wearing my decent smile / I think I want a little more / I’m glad not to be sadder ».
Guitare et batterie grondent et s’intensifient, tandis que les mots pleuvent. Plus de retour en arrière, plus d’effet boomerang, l’image tournoie et nous avec. Le temps de quelques secondes nous voilà en concert avec eux, pour contrer le blizzard, les pensées noires et les sensations qui ne sont plus. « Want to feel something again » en boucle et le cœur à l’arrêt devant autant de sensibilité et de justesse. Clap de fin dans une salle de cinéma, avec ce duo qui ne se prend définitivement pas au sérieux.
Equipe de Foot signe ici un nouvel album jouissif et permissif, où les mots prennent tout leur sens, où guitare et batterie s’appellent colère, euphorie et tristesse. Et quand elles explosent à l’unisson, alors on monte encore un peu plus le son, pour calmer le cœur, la douleur et les peurs. A écouter en boucle, quand ça ne va pas, quand ça va trop, quand ça ira.
Slogan – Les portes
Après Les filles de 1992 ont trente ans, leur adaptation des fameuses filles de 1973 du grand Vincent Delerm, Slogan ont cette semaine dévoilé un titre plus intime. En effet, dans Les portes, Clémence et Nicolas se mettent à nu et se présentent avec beaucoup de simplicité et de douceur. À travers ce somptueux piano-voix, le duo lyonnais nous rappelle également que les parfois violentes épreuves de la vie ne sont pas une fatalité : malgré le poids qu’elle peuvent peser sur nos épaules et dans nos ventres, on tient finalement toujours debout. Pour accompagner ce nouveau morceau, Slogan se sont offerts un joli plan séquence dans lequel iels viennent réchauffer le béton des bâtiments qui les entoure. Le tout a été réalisé par leurs soins et par Rémi Dumas avec un très beau travail de Pierre Malik Addoun à l’image.