Ils ont en commun une passion (lointaine?) pour les renards, le fait d’avoir grandi dans deux villes de campagne à moins de 30 km l’une de l’autre, d’être jeunes, d’avoir sillonné la France en long et en large… jusqu’à en être devenus amis. Wild Fox et Stuffed Foxes ne se lâchent définitivement plus. Ils sortaient tous deux fin janvier 2021 l’EP The Night has Come pour les premiers et l’album Songs/Revolving pour les seconds. Et pour quelques minutes, ils se sont réunis autour d’un EP, WFSF.
Ces passionnés font du rock, de celui qui frappe fort et qui voltige haut. Psyché, post-punk, qu’importe les étiquettes finalement. Cet EP, intitulé sobrement WFSF (Wild Fox & Stuffed Foxes donc) ne s’embarrasse pas des conventions. Il est sorti aujourd’hui, le 27 mai 2022, sur le label de Stuffed Foxes, Reverse Tapes, et est distribué par Yotanka Records. C’est un 45T. Un bel objet à l’image de ses deux titres dont le premier extrait clippé, Yves est visible depuis deux jours. Enregistré dans un premier temps au studio Tostaky d’Angers, cet opus s’affine à la Cuve, une ancienne usine de briques transformée en petit paradis, où trônent caravanes, bières et tables de mixage. Il est produit par Elliot Aschard et Steven Ludard. Le mastering est confié à Peter Deimel au Black Box Studios.
Si chacun a suivi son petit bout de chemin, passant de petites salles associatives à de grands festivals tels que le Lévitation, ils se retrouvent par hasard l’an dernier pour le festival Aucard de Tours. En raison de la crise sanitaire que tout le monde connait, le festival est annulé… Ce qui donne l’occasion aux deux groupes de se réunir autour de quelques compositions. Pendant 5 jours, ils jamment dans une grange et, sans nul doute, s’éclatent.
Sur cet EP, on retrouve donc les Wild Fox au complet et quatre membres des Stuffed Foxes. Soit notamment deux synthétiseurs et quatre guitares. Une force de frappe réunie pour deux morceaux décoiffants, Yves et Remords. Doit-on y voir ici un jeu de mot sur l’ivresse ? Sur ce sentiment d’euphorie soudaine qui correspond si bien à l’état émotionnel dans lequel ils nous placent en concert ? A vous de voir.
Le premier titre s’appelle Yves et, pendant près de cinq minutes, c’est une rafale noise que l’on se prend en pleine tête. Les guitares rugissent, s’élèvent et s’apaisent, continuellement, tandis que trois voix se mêlent et se répondent. Ça crie, ça déclame, ça parle, dans des timbres graves empreints pourtant d’accents juvéniles.
Le clip se déroule dans une fête foraine, très certainement vers chez eux, quelque part entre Chinon et Saumur. Les musiciens l’arpentent dans une bonne humeur communicative, tels des gosses mais bières à la main. Entre le train fantôme, les auto-tamponneuses, les peluches à capturer, la carabine à manier, le poing à lancer, ils testent tout. Et, pendant quelques instants, ils nous replongent dans l’ambiance des fêtes de village où chacun et chacune se réunissait le soir, dans la moiteur de l’été et la ferveur des premiers amours adolescents.
Puis Remords se révèle, moins soudain, mais tout aussi percutant. Le rock psyché vient ici flirter avec le shoegaze, tandis que les synthés s’en mêlent. La voix est toujours sur le fil, à l’image de cet EP qui construit et déconstruit, favorisant les expérimentations et le son qui frappe fort et bien. A la première écoute, on pense à Brian Jonestown Massacre. Quand le chant nous caresse, on penche vers Fontaines D.C… et quand tout s’enchevêtre et se fusionne, on s’imagine un peu aussi avec The Psychotic Monks.
Wild Fox et Stuffed Foxes ne cessent de nous étonner et tel leur animal totem, le renard, le poil hérissé mais les sens en alerte, ils sont vifs et comptent bien aller là où bon leur semble… si possible dans toutes les salles de concerts, les bars de quartiers et par-delà les frontières (on leur souhaite). Et c’est parfait, car les groupes seront en tournée prochainement pour quelques dates en commun. Ivres morts ou non, on sera là.
Pour découvrir notre capsule vidéo spéciale Wild Fox c’est ici. Et pour se replonger dans le concert des Stuffed Foxes près de Clermont-Ferrand, c’est par là.
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