Membre fondateur de L’Or du Commun et personnage important de la scène belge, Primero est de retour avec son nouveau projet, Fragment Part.1. Après un premier EP, Scénario, en 2015 et un second en 2020 intitulé Serein, le Bruxellois dépose la troisième brique de son univers musical déjà très riche et sensible. À l’occasion de cette sortie, nous sommes allés à la rencontre de l’artiste dans son label La Brique à Bruxelles, où nous avons discuté de son nouveau projet, ses inspirations et collaborations.
La Face B : Comment ça va ?
Primero : Super ! Ça va super bien !
LFB : Comment te sens-tu après la sortie de ton nouvel EP Fragment part.1 ?
Primero : Je me sens bien. J’aime ce truc où tu as pu ruminer des morceaux dans ton coin en ayant bien réfléchi. Parfois, ça dure quand même assez longtemps, cela peut aller jusqu’à plus d’un an, etc. Mais une fois qu’ils sortent, le fait que les gens les écoutent, qu’on en parle, que tu aies des retours sur ton travail et que tu puisses les écouter tout d’un coup différemment, c’est vraiment top. Même par rapport aux proches. Le fait de savoir que ma mère a écouté un son, que tel ou tel pote a écouté un morceau, cela me permet de le réécouter avec une autre oreille. Et c’est un sentiment que j’apprécie énormément.
LFB : Avec ce nouveau projet, j’ai l’impression de ressentir une certaine mélancolie. Qu’en penses-tu ?
Primero : Oui ! Je pense que c’est un EP plus hivernal que estival, ça c’est sûr. Il y a une certaine sorte de mélancolie, c’est clair.
LFB : Qu’est-ce que tu as voulu véhiculer comme émotions ou idées à travers Fragment Part. 1 ?
Primero : Tout d’abord, Fragment est un projet qui ne s’arrête pas à la partie 1, il s’agit d’un plus grand projet. Je voulais surtout que cette partie-là soit cohérente, qu’elle fasse bien le trait d’union avec ce qu’on a proposé avec L’Or du Commun, et même avec ce que j’ai fait dans ma carrière solo. C’était surtout ça la première intention. La place des morceaux n’est pas choisie de manière anodine, comme par exemple le morceau Trac, qui parle d’une thématique particulière. J’avais envie que ce soit le tout premier morceau, surtout pour crever l’abcès par rapport à ce sujet d’entrée.
LFB : D’où t’es venue cette idée d’une série d’EP ?
Primero : Il y a d’abord une idée et un aspect stratégique, dans le sens où je sais que ça fait maintenant 10 ans que nous sommes en groupe, mais qu’en tant qu’artiste solo, je suis encore émergent. Donc pour moi, pouvoir étaler mon projet sur plusieurs sorties plutôt qu’une seule, c’est aussi mettre plus de chances de son côté, et permettre aux gens de pouvoir rejoindre le train un peu plus tard. Il y a aussi le fait que je fasse des morceaux qui sont quand même très denses. Donc proposer tout le projet en un bloc, c’était un peu indigeste, alors que le proposer par petites capsules cohérentes, cela permet aux gens de vraiment comprendre et de se plonger dans les morceaux correctement.
En plus, comme je me suis aventuré dans plusieurs styles, il y a des trucs qui sont plus rap, plus fidèles au moi d’avant, et d’autres qui sont plus chanson etc. J’avais envie de le proposer comme une sorte de saison, avec une ambiance par bloc.
LFB : Il y a la présence de ton grand ami, Roméo Elvis sur ce projet. C’était important pour toi d’avoir un proche comme lui à tes côtés ?
Primero : Il y a que des proches dans les featurings ! Je porte beaucoup d’importance à ce que les collaborations soient naturelles et que cela se passe de manière fluide. Donc pour l’instant, cela me plaisait de faire de la musique avec les artistes que j’aime de mon entourage proche. En attendant, pourquoi pas par la suite, via ce projet, rencontrer d’autres artistes et construire de nouvelles affinités… Mais pour l’instant, c’était la façon de faire la plus simple.
LFB : Il y a également la participation de Naë, comment s’est passée cette connexion ?
Primero : Alors ça pour le coup, cela contredit un peu ce que je viens de dire. C’est la seule collaboration que je suis allé chercher et que je ne connaissais pas avant. Je l’ai simplement découverte sur Instagram. J’aimais bien son univers, elle a une proposition construite sur le côté « seule dans sa chambre », très minimaliste avec son clavier etc. Et je trouve qu’elle a vraiment une sensibilité, et quelque chose de très touchant dans ce qu’elle propose.
Du coup, je suivais un peu ce qu’elle faisait depuis quelques mois. Et un jour dans une story, elle a dropé une suite mélodique avec laquelle j’ai beaucoup accroché. Je lui ai alors envoyé un message en disant « Waw trop beau ! Franchement si tu n’en fais rien je suis chaud que tu m’envoies et que je teste quelque chose ». Mais elle était un peu lente à répondre (rire), donc je l’ai relancée trois ou quatre fois, et elle m’a finalement envoyé un truc. Ça m’a parlé direct, j’ai écrit tout de suite le morceau que je lui ai renvoyé. On l’a peaufiné à deux à distance, puis de fil en aiguille, on a commencé à travailler ensemble, et maintenant on s’entend hyper bien ! C’est vraiment cool.
LFB : Comment s’est passé l’écriture de cet EP ?
Primero : Je n’ai pas écrit EP par EP. J’ai tout écrit d’un coup, sans me mettre de barrières, en me laissant aller. Après, au fur et à mesure, dès que j’avais un bon noyau, j’ai commencé à préciser un peu le reste du projet avec les derniers morceaux. Et une fois que j’avais tout, j’ai assemblé les blocs de manière cohérente. C’est comme ça que j’ai écrit le projet en entier, je ne l’ai pas écrit par EP.
LFB : Il y a une phrase provenant de Deux Deux : « Chaque jour un autre parfum sur l’oreiller. J’ai grandi entre Brassens et Lauryn Hill », qui se retrouve également sur la pochette de Fragment Part.1. Qu’est ce qu’elle représente pour toi ?
Primero : J’aimais bien l’idée de sortir une phrase de l’EP pour donner un espèce de regard « œil dans la serrure » aux gens. J’épluchais un peu les textes comme ça, et j’ai trouvé cette phrase qui me parlait beaucoup. Je la trouvais hyper simple et à la fois très parlante. Elle évoque des choses sur moi, ça parle de périodes de couple, de périodes de célibat, de mon enfance, de mon rapport à la musique, de ce que j’écoutais quand j’étais petit, de ce que j’ai découvert en grandissant… Elle évoquait plein de choses pour moi.
LFB : Que pouvons nous te souhaiter pour le futur ?
Primero : Je pense qu’être heureux tout simplement, c’est déjà très bien !
Pour découvrir Fragment Part.1 :