Red Forest de Sarakiniko, un shoegaze délicat et sensible

Yann Canevet, alias Sarakiniko, a sorti le 15 avril 2022 son premier album, Red Forest. Projet solo de celui qui officiait avant dans les formations Maria False ou encore Venera 4, le disque a été réalisé à Londres par James Aparicio (Spiritualized, LIARS,…). Immersion au sein d’une contrée lointaine et lumineuse où le shoegaze règne dans une harmonie parfaite.

Artwork de l'album Red Forest de Sarakiniko.

Tout d’abord, Sarakiniko c’est le nom d’une plage sur l’île de Milos en Grèce. Comparée à un paysage lunaire, elle surprend par ses contrastes. Les rochers blanc craie, lissés et adoucis avec les années, se détachent du bleu azur de la mer, qui cogne et éblouit. Les réverbérations du soleil sur l’eau sont semblables à celles de cette musique, qui nous emporte au gré des vagues. Yann Canevet, lui, vient des contrées bretonnes, à côté de Moncontour, entre Saint-Brieuc et Rennes. Et dès le nom du label, « La Maison des Corbeaux », nous sommes happés au sein de cette atmosphère dense et unique.

Can’t see you pour dire « I love you », encore et encore, tandis que guitare et batterie résonnent dans des accords fuzz. 

Le second morceau donne son nom à l’album, et s’appelle donc Red Forest. Des animaux peuplent la forêt, qui fourmille de sons étranges. C’est une composition importante pour l’auteur. En effet, l’accent se porte sur les sensations. Celles qu’on découvre tandis qu’on pénètre dans un sous-bois : l’effet du vent sur le visage, le soleil qui se révèle à travers les fougères, ou encore les branches qui craquent sous nos pas. Si l’instinct prédomine ici, c’est lié en partie à l’histoire personnelle de Sarakiniko. En effet, le musicien a vécu de nombreux mois dehors. Avec les cris des renards et des chevreuils pour seule compagnie. Red Forest, c’est donc sa contrée. Une chanson qui convoque chacun de nos sens et qui a guidé tout l’album.

De Hello à la guitare à Fall Will Pass et son tempo dynamique, les plages musicales se succèdent, sans toutefois se ressembler. Lights, par exemple, surprend par son format court et sa capacité, néanmoins, à prendre son temps et à instaurer un climat apaisant. All Is Fine est un titre shoegaze dans toute sa splendeur, nimbé de réverbérations et de voix aériennes.

Enough et sa boîte à rythmes rappelle le trio rennais Dead, ce qui finalement n’est pas étonnant. Bernard Marie, membre du groupe, officie également du côté de Maria False. « In the starlight you’re here » est un morceau entraînant pour courir à travers le sous-bois. Sun Dance, dans la même veine, nous propulse au sein d’un univers onirique et enjoué.

Puis, When You Are Coming nous pose le temps d’un instant entre boîte à rythmes, guitares lancinantes et voix cotonneuses. Enfin surgit Swear, qui clôt l’album. C’est une percée lumineuse au sein d’une forêt dense et mélancolique, où des chœurs célestes se manifestent. Un rythme assuré et une voix qui se promène avec aisance, entre dream pop et shoegaze mélodique.

Sarakiniko construit ainsi avec son premier album, Red Forest, une terre d’accueil rassurante et réconfortante, où l’on peut s’ancrer pleinement, les deux pieds dans le sol, la tête vers les étoiles. Bercés par la voix chaude de Yann Canevet, emportés vers des horizons célestes et limpides, ici guitares et boîte à rythmes dominent. Un shoegaze délicat et sensible, pour se reconnecter à ses sens et à sa vie.

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