Les clips de la semaine #136 – partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la première partie de la sélection numéro 136 des clips de la semaine.

Peter Doherty et Frédéric Lo – Ballad of.

Retour sur le clip du titre peut être le plus mystérieux de l’album The Fantasy life of poetry and crime de Peter Doherty et de Frédéric Lo, à savoir , The Ballad Of. Nous avons fait la chronique, il y a quelque temps,  de cet album magnifique qu’a réalisé le duo franco-britannique dans cette villa perdue sur flancs de falaises.

Sans surprise, ces rivages bien connus de Normandie, si empruntés aux histoires, aux contes qui se lisent, se racontent et s’écoutent, font figure de décor à ce clip de Xavier Beauvois et Marie Julie Maille (rien que ça). L’image en noir et blanc, comme la pochette de l’album, nous plonge définitivement dans cette atmosphère hors du temps si prompte à la poésie. Sa division en quatre recrée le lien entre les personnages de la chanson et les musiciens, avant que les dernières notes ne la rassemblent en une seule magnifique photographie contrastée du couple Doherty face à une Manche calme et rassurante. 

Tous les éléments qui font la richesse et la particularité de ce disque se retrouvent dans ce clip, et en émanent forcément toutes les saveurs qui nous ont fait l’adorer. 

Nusky & Vaati – Love (avec Cléa Vincent)

Hormis le touchant Succès Fou repris en duo avec Christophe, Nuski & Vaati avaient laissé en jachère leur projet commun pendant cinq ans. Mais là, depuis deux mois ils reviennent en force et alignent les clips avec des collaborations XX<3. Après avoir joué à la Superstar avec David Numwami et Accéléré les Choses avec les Pirouettes, c’est au tour de Cléa Vincent d’apporter sa sensibilité dans ce nouveau titre. Love nous entraîne vers cette quête si naturelle et si essentielle : « Mais où est donc passé le Love ? ».

Avec une prod entraînante de Vaati aux accents mélancoliques, la ligne musicale se construit délicieusement au fur et à mesure du déroulement du morceau. D’abord séparées, les voix de Cléa et de Nusky finissent par se rejoindre dans un ultime refrain, où un solo de guitare comme issu du fin-fond des années 80 tisse de ses fils musicaux les aspirations et les désirs. « Love telle est la raison ». Et comme le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point, rembobinons la bande sonore, juste pour avoir le plaisir de réécouter Love une nouvelle fois. 

Niteroy – Estrela Doente

Le plus brésilien des rennais est de retour cette semaine avec un nouveau titre, Estrela Doente. Si on y retrouve rythmes chaloupés et voix de crooner désabusé, Niteroy les associe cette fois-ci à des notes de pop électroniques, qui le ramènent un peu vers ses projets collectifs.

Un mélange explosif, chaloupant et solaire, qui place Niteroy en plein coeur de l’été, dans ces moments où l’on profite du soleil et où on laisse la moiteur et l’insouciance frapper notre peau et notre esprit pour quelques heures.

Le genre de titre qui nous suivra sans aucun doute pour les prochains mois, et sans doute plus, puisque le musicien reviendra avec un nouvel EP à la rentrée.

Avec Lucas Martin Delaunay, Niteroy nous offre une petite carte postale pour accompagner Estrela Doente. En direct du village portugais où vivent ses grands parents, il nous offre une promenade solaire et colorée, dans des lieux dépaysants, le tout dans une réalisation aux ambiances très 70’s, petits regards caméra et sourire en coin à l’appui. Tout ce qu’on aime pour profiter de l’été au final.

https://www.youtube.com/watch?v=hWmEWgJ5Jdg

Steve Lacy – Bad Habit

C’est une règle absolue : la musique de Steve Lacy passe systématiquement le vibe check. On sait que les vibes seront immaculées et optimales à chaque écoute. À ce titre, ce nouveau single, annonçant officiellement son prochain album Gemini Rights, prévu le 15 juillet, touche encore juste. La vidéo, qui voit le guitariste danser avec énergie devant un simple décor uni, opère comme une suite colorée et insouciante à la bossa orageuse entendue dans Mercury, le précédent single. Rien de foncièrement novateur ici : on reconnaîtrait le son de Steve Lacy entre mille, riff funky, changement rythmique soudain, nonchalance du chant-parlé.

C’est justement ce qui fait la force et la maturité de son jeu depuis ses très jeunes débuts avec The Internet. Une oreille attentive aura également décelé la voix de la chanteuse Fousheé en chœurs d’entrée, acolyte idéalement trouvée pour ce futur tube aux paroles intimement personnelles. C’est doux et délicieusement infectieux : autrement dit, la bande-son parfaite pour oser embrasser son crush de l’été. Allez, va mordre sa langue avant de t’en mordre les doigts.

AMK Ft Nekfeu – Bussdown

Chaque arrondissement parisien a ses représentants. Si pour certains, il est plus dur de partager le micro avec la jeune génération, d’autres ont pour plaisir de faire partie de ce passage de flambeau. Un attachement territorial qui permet aux cadors de faire découvrir au grand public les pépites de leurs zones. Cette semaine, direction Paris Sud et le 15ème arrondissement, où le tout frais AMK a sorti une mixtape faisant directement référence à son lieu de vie, en la nommant sobrement 15.

Parmi les titres de ce projet se glisse Bussdown, un morceau frais à la rythmique afro sur lequel vient se retrouver nul autre que Nekfeu. Entre un refrain entraînant et des couplets kickés, le charme de Paris Sud est bien présent sur le titre, mais également en images, dans un clip réalisé par Ilyasse Bastos, Mehdyme, CdoubleV et HamzaALaCamera.

Sto – HEB Ft Asdek & Low

Le lillois Sto n’a jamais caché son amour pour le mélange des sonorités électroniques au rap. Ayant mélangé plusieurs courants ensemble, il s’attaque cette fois à une rythmique house pour faire danser son public, bien aidé par les producteurs Asdek et Low. HEB (comprenez House Electro Bounce, ndlr) possède à la fois la fraîcheur de la house et la brutalité du rap, un mélange explosif qui pourra plaire aux plus fêtards.

En tout cas, en se fiant au clip réalisé par Kaluu, on peut voir l’efficacité de ce titre en live. Plus que ça, Sto montre à ses futur(e)s spectateurs.trices à quel point il se donne sur scène, entre pogo et gestuelles maîtrisées.

Skopitone Sisko – Remember Tomorrow

On continue avec le nouveau morceau des Français de Skopitone Sisko : Remember Tomorrow. Plusieurs éléments frappent dès le départ : la pureté simple des arrangements et la classe qui s’en dégage. Le morceau s’articule entre couplets où on ne garde presque que la batterie et la voix, avant de s’ouvrir sur des moments contemplatifs d’une infinie beauté (Mélodica mon amour) qu’on pourrait considérer comme des refrains. La voix torturée semble venir de temps immémoriaux, mais sait laisser la place pour mieux laisser l’auditeur s’envoler. On imagine une version live ultra puissante de ce morceau. Côté image, on suit la balade de quelques personnages en plan fixe (ou presque) comme pour insister sur l’aspect contemplatif du morceau. On accompagne le morceau sans distraire l’auditeur. Une grande réussite !

Pirogue – Je Glisse

Alors que les premiers bouchons de la période estivale se forment sur les autoroutes menant au soleil, laissons nos esprits divaguer, portés par Je glisse, le nouveau single de Pirogue. La ligne musicale solaire caresse une électro-pop aux reflets psychédéliques qui se réfléchissent dans les floutés du clip. Soleil, mer et sable chaud, à vous de prendre la vague qui vous fera dériver vers le « Flow magique » des bonnes ondes et les « shoots de sensations ». Fermez les yeux et laissez-vous aller, la musique de Pirogue a sur nos oreilles les effets psychotropes qui donnent à nos vies le sourire et à nos lèvres un goût légèrement salé. Avec Pirogue, c’est certain, l’été sera glissant.     

Leo Blomov ✹ L’Orchidoclaste

Leo Blomov tire son patronyme d’Ilya Ilitch Oblomov, le personnage du roman du même nom, écrit par Ivan Gontcharov. Paresse et oisiveté, à l’image de l’Alexandre le bienheureux d’Yves Robert. Vivant une passion fusionnelle avec son canapé et affublé de sa robe de chambre, qu’il revêt comme une armure protectrice à tout effort, il se fait chantre de l’inaction et de la procrastination. Leo Blomov préfère laisser ses sentiments prendre vie dans ses rêveries plutôt que dans la réalité. Même s’il peut paraître touchant dans son idéalisme, son attitude ou plutôt sa non-attitude peut passablement horripiler. D’où le titre du morceau, L’Orchidoclaste, une façon savante et malicieuse d’associer, issus du grec ancien, les mots orkhis (testicule) et klastós (brisé) pour former un synonyme de l’expression casse-couille, que l’on utilise plus communément. Mais tout Orchidoclaste qu’il peut l’être, Leo Blomov n’en reste pas moins sympathique par son côté humain et ses défauts qui peuvent nous sembler bien familiers. Et si, nous aussi, nous passions notre journée allongés sur notre canapé au lieu de rédiger cette chronique ?

On ressent dans la nonchalance élégante de Leo Blomov, mais aussi dans le style musical adopté, comme une filiation avec le personnage qu’incarne Bertrand Burgalat. D’ailleurs, si son album Carpe Noctem (Profite de la nuit présente) est paru sur le label rémois Attitude, l’édition en est assurée par Tricatel.  

Quiet Dan – Milk & Beer

Quiet Dan a dévoilé le 27 mai dernier un nouvel EP nommé The Fire Next Time. Le clip d’un des morceaux de cette EP, Milk & Beer, est sorti à cette occasion. Le titre, plus pop qu’à l’accoutumée mais trouvant sa place dans la multitude d’univers sonores qu’explore le groupe, semble parler de la difficulté d’être parent, de manière touchante et colorée.

Coloré, le clip l’est autant sur la forme que sur le fond. On y trouve en effet une dizaine d’enfants jouant et courant autour de Quiet Dan, qui essaye tant bien que mal de nous faire son petit exposé avec des dessins posés sur planches. Un clip assez ludique, qui donne le sourire, pour une musique qui s’écoute toute seule, grâce à ce petit on-ne-sait quoi de magique qui fait la beauté du son de Quiet Dan.

Studio sessions // JOKO • Call Me Back For More

On termine notre première partie de cette sélection avec une artiste et un programme d’accompagnement que l’on aime et que l’on porte dans nos cœurs : JOKO et Le Fair.

Issus du dernier EP de JOKO, Call Me Back For More est la petite surprise, le petit moment acoustique qu’elle aime placer à la fin, comme une ouverture vers le futur. Un titre en attente, court et direct, dans lequel elle raconte cet état d’attente, lorsqu’on cherche à nouer des liens avec des gens, à vivre plus, les retrouver et faire partie de leurs vies.

Accompagnée par le talent de David Huang à la guitare, on retrouve dans cette session tout ce qu’on aime chez JOKO en live : sa voix impeccable, sa douceur, ses jeux de regards et petits pas de danse, le tout dans une tenue de petite fille qui se protège d’un monde trop grand et dangereux pour elle.

On adore et on en redemande !