Avant de partir en vacances, il nous fallait revenir sur un autre évènement majeur de juillet : Le Festival Beauregard. Présents du jeudi au vendredi, Martin et Charles vous parlent de leurs coups de cœur, et petits coups de gueules, du festival normand.
Beauregard vu par Martin :
Un grand bravo pour les Normands de Beauregard. Une organisation aux petits oignons, de l’espace pour tout le monde, on fait assez peu la queue (tout est relatif mais par rapport à d’autres festivals on est quand même beaucoup mieux) et tout ce qui est proposé est de qualité.
Parmi les concerts qui m’ont particulièrement plu, le premier nom qui me vient à l’esprit est celui de Frank Carter & The Rattlesnakes. Les Britanniques ont déchaîné la foule du deuxième jour de festival tout en prenant soin d’elle. Rarement on aura vu concert plus safe : mosh pit réservée aux dames, arrêt du concert lorsqu’un spectateur tombe dans un pogo, bref, du rock safe et lumineux, sans doute mon moment préféré du festival.
En deuxième mention spéciale, j’aimerais parler de Clara Luciani, sans doute parce que je l’attendais moins que d’autres (pour ne pas les nommer, Jungle, Juliette Armanet, M et Feu! Chatterton m’ont régalé). Je me souviens l’avoir écouté sur la scène des Nuits Secrètes lors de l’édition 2018 et c’est peu dire qu’elle a changé de dimension. J’avais bien entendu suivi ses albums, mais j’ai vraiment pris une claque entre la musicalité, la scénographie et les lumières qui ont ambiancé la fin de la première de festival. Un vrai beau moment de communion.
Enfin, deux mentions « réminiscences adolescentes », parce que j’ai adoré voir Sum 41 et m’égosiller « CAUSE I’M IN TOO DEEP » au milieu d’autres éternels ados. Et puis Liam Gallagher : le Mancunien a beau n’être resté qu’une vingtaine de minutes, entre son intro et le fait de crier Rock’n’Roll Star à nouveau (check à moi-même de 17 ans qui vivait son premier concert devant Oasis au Zénith de Lille en janvier 2009, six mois avant leur séparation).
Premier Beauregard pour moi, et sans doute pas le dernier.
Beauregard vu par Charles :
Ah Beauregard … La campagne normande, les gens heureux et deux scènes de même capacité qui permettent de profiter de manière égale de tous les concerts proposés. Le genre de « grand-petit » festival cher à mon cœur. Un lieu dans lequel je me sens bien, où l’air est bon et le sourire quitte rarement mon visage. Bref, j’ai énormément d’amour pour Beauregard et j’étais très heureux de le retrouver après 2 éditions supprimées.
Comme toujours, il y a une règle tacite que j’applique aux festivals, sans doute parce que j’ai 35 ans et que je deviens vieux : venir tôt. En réalité, si j’applique cette règle, c’est tout simplement parce que les groupes qui jouent tôt sont souvent mes favoris. Des groupes qui sont là pour saisir une opportunité et en foutre plein la tronche au public. Cette édition 2022 ne m’aura pas donné tort, avec notamment deux groupes géniaux du cru normand : sous un soleil de plomb, impossible de masquer mon enthousiasme pour Cannibale et pour You Said Strange.
Dans un sens comme dans l’autre, je me suis pris une bonne leçon de rock avec d’un côté des tendances 70’s et afrobeat et de l’autre un goût particulier pour le shoegaze à tendance psychédélique. Dans chaque camp, des gros tubes réjouissants comme Life Is Dead, No Mercy For Love et Pendejo, tandis que les autres nous auront offert des pépites telles que Morning Colors, Cold Crusader ou Talking To The Rats. Bref, en plus du cidre et du camembert, si jamais vous en doutiez encore, la Normandie est un grand vivier de rockeurs aux grands cœurs et au talent précieux.
On parlait du soleil de plomb, il aura offert un « sale temps pour les goths » tout au long du festival. Cette phrase, on la doit à l’éblouissante Fisbhach, reine d’une pop sombre et dansante qui nous aura une nouvelle fois éclaté au visage. Dans une nouvelle formule à quatre, la prêtresse noire de la pop française (qui aura elle résisté aux sirènes de l’horrible disco pop) m’aura prouvé une nouvelle fois que sa poésie est du genre qui touche mon âme au plus loin, même quand elle emprunte les mots de Bernard Lavilliers. Impossible de résister au meilleur de la fête, à Masque d’or ou On me dit tu. À chaque concert, Fishbach me met à sa merci, et moi j’en redemande.
En guise de grosse attente et de belle découverte, les fous furieux de Turnstile ne m’auront pas déçu et auront réveillé une fibre très 90’s en moi. Une énergie folle, des garçons qui s’amusent et un joyeux bordel référencé qui aura tout emporté sur son passage.
Et puis bien sûr, il y avait les valeurs sûres, celles qui ne déçoivent jamais ! Je parle bien sûr de Feu! Chatterton, de Jungle, des exceptionnels General Elektriks et bien évidemment de Metronomy. Des concerts remplis de tubes, de la bonne humeur et une envie de reprendre tous les titres en chœur avec tout le monde. Bref, que du bon.
Comme Martin, j’aurais checké l’adolescent qui est en moi devant Sum 41, mais si je devais mettre un dernier big up, il serait évidemment pour Lewis Ofman. Jeté dans le grand bain des gros festivals, le jeune homme aura tenu la dragée haute aux habitués de ce genre de scènes, et nous aura proposé un show rafraichissant, juvénile et férocement dansant.
J’aurais pu m’arrêter là, mais il était nécessaire et honnête pour moi de parler d’un point important, un petit point noir qui aura un peu gâché la fête. Voir en 2022 une telle sous représentation des artistes féminines m’aura un peu choqué. Voir une journée du dimanche uniquement composée d’artistes masculins m’aura clairement choqué. À l’heure ou des artistes comme November Ultra, Wet Leg, Charlotte Adigéry, Charlotte de Witte ou Mansfield.TYA sont en tournée, il aurait été facile d’ajouter un brin d’égalité dans une programmation tout en maintenant sa qualité et son éclectisme. Alors j’espère que l’an prochain, les choses auront changé. Et là, tout sera parfait.