Une conversation avec Oliver Sim

Le mois du juin à Paris. La chaleur caniculaire, l’ennui avant l’été… Et puis, un jeudi après-midi, on retrouve Oliver Sim dans un superbe atelier de Belleville. Il a un sourire enfantin qui nous met tout de suite en confiance, on a envie de l’écouter des heures parler avec son sublime accent British… Bref, La Face B a rencontré Oliver Sim de The XX, et ça a donné ça !

English Version of Oliver Sim’s Interview Below

LFB. Merci beaucoup d’être ici ! Je veux juste te demander d’abord, comment vas-tu ?

Oliver Sim : Je te remercie. Je suis si heureux d’être à Paris 🙂

LFB. Quel a été le point de départ de l’album ?

Oliver Sim : Au début, je ne savais pas ce que je faisais, je ne savais pas si ça allait être avec les XX ou si ça allait être pour moi, ou pour d’autres personnes. Je ne savais pas à quoi ça allait ressembler, parce que c’est la première fois que je travaille en dehors du groupe, et je ne voulais pas que ça sonne comme le groupe. Mais si je ne fais pas de la musique pour les XX, à quoi je ressemble ? De quelle manière dois-je m’y prendre ? Et c’est si effrayant, mais ensuite, j’ai réalisé que je pouvais tout essayer, beaucoup de choses excitantes ! Mais tout ce que j’ai fait part d’une erreur, ce n’est pas planifié, et puis je fais une bonne erreur et je me dis « oh j’aime ça » et je fais une autre bonne erreur et je me dis « oh j’aime ça aussi ! ». C’est comme cuisiner, ajouter un peu d’épices, un peu de sel… J’ai fait tellement de mauvaises chansons, genre, tellement, que j’espère que personne ne les entendra (rires).

LFB. Et Oliver, comment te sens-tu à l’idée de monter sur scène pour la première fois en solo ?

Oliver Sim : Certaines dates n’ont pas eu lieu parce qu’un membre de mon groupe a eu le covid….. Donc mon premier concert est dans trois semaines ! Evidemment, c’est extrêmement excitant, mais tout ce que j’ai fait avant, je l’ai fait avec les XX, avec mes deux meilleurs amis, et c’est vertigineux de ne pas avoir ça, parce que j’aime le groupe, jouer avec, je connais Romy depuis 30 ans et Jamy depuis plus de 20 ans… Je ne serai jamais capable de recréer ce niveau de sécurité que j’ai avec le groupe. Mais je suis excité, je vais essayer des choses que je n’ai jamais essayées auparavant ! 

LFB. Trois mots pour décrire la sortie de l’album ?

Oliver Sim : Terrifié ! Fier, j’en suis très fier, et impatient ! J’ai l’impression d’avoir travaillé sur cet album pendant plusieurs années… Et d’avoir sorti trois chansons, c’est incroyable, mais maintenant je veux que les gens écoutent l’album en entier, je suis très impatient, trois mois c’est si long !

LFB. Tu as créé la surprise avec ta chanson « Romance With a Memory ». Le clip vidéo était étonnant avec beaucoup de références à des films d’horreur comme Scream, et des créatures tout autour. Comment as-tu imaginé l’atmosphère de la chanson et du clip ?

Oliver Sim : Cette chanson a, pour moi, un sens de l’humour et un côté ludique, et la seule chose que je voulais, c’était cette juxtaposition entre les choses qui devaient être effrayantes, l’humour et le plaisir. Parce que c’est l’une de mes choses préférées. Le disque parle de la peur et de la honte, mais je ne voulais pas peindre cela d’une manière sombre, je voulais être amusant, être joyeux !

LFB. Cela fait trois ans que tu travailles dessus, comment écris-tu, est-ce que tu penses à une musique et tu écris les paroles dessus, ou est-ce que tu écris tout le temps et ensuite tu imagines le tout ? J’ai entendu dire que tu avais écrit des textes il y a plusieurs années, comment se déroule ton processus d’écriture ?

Oliver Sim : L’application Notes de mon téléphone est pleine de pensées un peu embarrassantes que j’ai eues ou de conversations que j’ai eues ou entendues (rires). Je n’ai pas de méthode de travail particulière. Parfois j’entends un son et je suis inspiré par ça et je crée de la musique avant les mots. Mais en général, ça commence avec les mots. Ça change tout le temps parce que chez les XX, nous avons une façon très particulière de travailler, que je n’ai pas essayé de copier, j’essaie de faire quelque chose de mon côté, mais je suis inspiré par des pensées et des sons !

LFB-Les premières paroles de « hideous » sont : ”I’m ugly”. Ce qui est très puissant et profond. Dis-nous en plus ?

Oliver Sim : C’est ce que j’ai essayé de réaliser ces dernières années : quelle est ma honte, et quelle est celle des autres ? Et moi, je me sers de ce que je ressens chez les autres pour exprimer mes propres sentiments. Et c’est difficile de séparer les deux parce que, surtout, il est très facile de faire siennes les perspectives extérieures. Cela peut être avec votre sexualité, en assumant l’homophobie.

Quand j’étais petit, je pensais à moi, aux choses que j’aimais vraiment chez moi, j’ai réalisé que le monde extérieur ne les aimait pas vraiment, comme le fait d’être un peu plus féminin et sensible d’une certaine manière. Je n’avais pas l’impression que c’était bien, même si j’aimais ça chez moi, je me disais que je n’aimais pas ça.

Et pour ce qui est du VIH, avec les traitements et les médicaments, c’est incroyable, ça n’a pas eu d’effets sur mon corps, mais ça m’a affecté mentalement, c’est comme ça que le virus affecte les gens de nos jours. Je suis devenu un believer, la seule façon de se guérir de cette partie du virus est d’en parler, parce que plus vous essayez de vous cacher et d’être secret, plus il devient grand, et les surfaces deviennent de plus en plus grandes.

J’espère juste que les gens seront plus éduqués à ce sujet, et je réalise que ce n’est pas comme il y a trente ans. Hideous est sorti il y a quelques semaines et je pense que c’était une chose effrayante à faire, mais je me sens tellement libre dans ma peau, je n’ai pas l’impression de garder la honte pour un secret.

LFB. Tes textes sont parfois assez puissants et profonds, et tes mélodies si joyeuses, pourquoi ce contraste ?

Oliver Sim : Parce que c’est la vie ! La vie est, pour moi, une combinaison de tristesse et de bonheur, et aussi je pense que c’est important pour moi. J’écrivais beaucoup sur les thèmes de la honte et de la peur. Tous mes artistes préférés, qu’ils soient cinéastes comme Yann Gonzalez ou d’autres, sont à la fois sombres et lumineux, et je pense que c’est un bon reflet du monde ! Pour moi, il est important d’avoir de l’humour, si nous prenons tout très au sérieux, il est difficile de faire face à la vie !

LFB. Tu as travaillé avec Yann Gonzalez, comment cela a-t-il commencé ?

Oliver Sim : Au début du confinement, je ne veux pas parler de la covid, ça m’ennuie d’en parler, mais au début, j’ai réalisé que j’avais besoin de parler aux gens parce que le travail n’allait pas vraiment bien, ma créativité n’était pas vraiment là, donc j’ai commencé à contacter les artistes que j’aime et que j’admire. Yann a été l’une des premières personnes à qui j’ai envoyé un message.

J’étais juste un fan boy « salut monsieur Gonzalez, je m’appelle Oliver, j’adore vos films », “pourquoi avez-vous décidé de faire ce film, quelle a été votre inspiration?”, et c’est comme ça que ça a vraiment commencé, et nous avons échangé des emails, pendant environ un an avant de commencer à parler de faire un film, etje continuais à faire des disques, je lui envoyais des démos et des chansons, j’ai laissé notre relation commencer doucement, avant je n’étais qu’un fan !

LFB. Quel est ton film préféré de Yann Gonzalez ?

Oliver Sim : J’aime probablement Un Couteau dans le Coeur, parce qu’il fait exactement ce que j’essayais de faire dans ma musique. C’est le film le plus proche du film d’horreur classique qu’il ait fait, il fait peur et est sombre, mais il est aussi drôle et joyeux, ridicule. En particulier pendant la Covid, je voulais de la fantaisie, quelque chose qui me donne de l’émotion, soit émotionnel. Mais aussi, j’étais coincé dans ma maison, je voulais que quelqu’un crée des scénarios et des endroits où mon imagination pourrait aller, et c’est ce que Yann fait, et c’est pourquoi je l’aime. Et il est devenu un très bon ami ! 

Quel est ton rêve avec cet album ? 

Oliver Sim : Je veux voir des gens autour de ma musique. Mais je veux aussi que les gens voient le film que nous avons fait ! Je veux juste que la musique sorte, et que les gens l’entendent ! Je veux, pour Halloween à la fin de l’année, que quelqu’un qui s’habille comme moi en monstre, je serais aux anges !

English version

LFB ; Thank you so much for being here ! I just want to ask you first, how are you ?

Oliver Sim : Thank you ! I am so glad to be in Paris 🙂

LP. And Oliver, how do you feel about going on stage for the first time solo ?

Oliver Sim : Some dates before didn’t happened because one guy of my band got covid…. So my first show is in three weeks ! I feel, like obviously this is extremely exciting, but like, everything I’ve done has been in the XX, with my two best friends, so I can hold their hands for support, and it’s scary not having that, because I love the band, and performing with, I really loved them, but I’ve known Romy for 30 years and Jamy for over 20 years, like I’ll never be able to recreate that level of security I have with the band. But I’m excited, I gonna try things I’ve never tried before. 

LFB : You created the surprise with your song “Romance with A memory”. The video clip was amazing with a lot of horror movies references like Scream, and creatures all around. How did you imagine all the atmosphere of the song and the videoclip ?

Oliver Sim : That song has, for me, like a sense of humor, and has like a playfulness, and the one thing I wanted was that juxtaposition between things that we meant to be scary, humor and fun. Because that’s one of my favorite thing. The record is about fear and shame, but I don’t wanted to paint that in a dark way, I wanted to be fun, to be joy and that’s why I am trying to do that.

LFB : Three words to describe your feelings about the album rehearsal ?

Oliver Sim : Terrified ! Proud, I feel very proud of it, and impatient ! I feel working on this for quite a few years, and having three songs out has been incredible but now I just want people to listen to the whole thing, I am very impatient, three months is so long !

LFB : It’s been like three you’re working on it, how do you write, do you think about a music and you write the lyrics on it, or do you write all the time and then you imagine the whole thing? I heard that you wrote some text many years ago, how is going your writing process?

Oliver Sim : The notes app on my phone is full of, like embarrassing thoughts that I have, or conversations that I have or heard. I have like no particular way of working. Sometimes I hear a sound and im inspired by that and I create music before the words. But usually it starts with the words. It keeps changing because in the XX we have a very particular way of working, which I didn’t try and use, I try to do something on my own, but im inspired but like thoughts and sounds !

LFB : The first lyrics of “hideous” are : I’m ugly. Which is very powerful and deep. How do you feel about it? 

Oliver Sim : That’s the things I have trying the past few years to realize : what is my shame, and what is other people’s ? And me taking on how I feel other people feel on my own feelings. And it’s hard to separate the two because, especially, it’s very easy to take on outside perspectives as your own. So that could be with your sexuality, taking on the homophobia. As a little boy I would think about myself, the things that I really liked about myself, I realized that the outside worlds didn’t really liked, like im a little bit more feminine and sensitive in some way. I don’t feel like it was ok, even if I liked it about myself, I told myself I didn’t liked. And to do with HIV, with like treatments and medications it’s incredible, it as no effects on my body, but it as effected me mentally, that’s of the virus affect people nowadays. I just become like a believer, the only way to cure yourself of this part of the virus is taking about it, because the more you’re trying like hide and be secretive, the bigger it becomes, and the surfaces it getting bigger and bigger. I just kind of hope people to become more educated about it, and I realize it’s not thirty years ago. Hideous came out few weeks ago and I feel it was a scary thing to do but I feel so much free about myself, it doesn’t feel like holding on to shame for secret.

LFB : What was the first point of the album ?

Oliver Sim : At the beginning, I did not know what I was making, I didn’t know if it gonna be with the XX or if its gonna be for myself, or other people. I didn’t know what it was gonna sounds like, because this is my first time working outside of band, and I didn’t wanted to sound like the band. But the, if im not making music for the XX, what do I sound like ? What ways do I walk in ? And its so scary, but then, I realized I could try anything, like, many exciting things! But everything I’ve ever done, is a mistake, you know it’s not planed, and then I make like one good mistake and I’m like “oh I like that” and im making another good mistake and im like “oh I like that!”. It’s like cooking, adding a little spice on it ! I made so many bad songs, like, sooooo many, that I hope no one hear.

LFB : You worked with Yann Gonzalez, how did it start ?

Oliver Sim : The beginning of lockdown, I don’t want to talk about covid, I’m bored about talking about it, but at the begging of it I realized I needed to speak to people because work wasn’t really going really well, my creativity wasn’t really there, so I start reach out artist that I love and admire, and Yann was one the first people I messaged, I was just a fan boy “hi mister Gonzalez my name is Oliver I love your movies, why did you decide to make this film, what was your inspiration”, and that’s how it really started, and we were just emailing back and forth, for like a year before we started talking about making a film, and I was still making the records, I was sending him demos and songs, I let slowly begin our relationship, before I was just a fanboy !

LFB : What is your favorite movie of Yann Gonzalez ?

Oliver Sim : I love, probably, Knife + Heart, because it does exactly what I was trying to do, in my music. It’s the most like “classic horror” he has made, but it’s scary and dark, but it’s also funny and joyous, ridiculous, but it also have a lots of arts and meanings. Especially during Covid I wanted fantasy, something that make me, gave me emotion, was emotional. But also, I was stuck in my house, I wanted somebody to create scenarios and places where my imagination could go, and that’s what Yann does, and why I love him. And he’ve become a very good friend ! 

LFB : Your lyrics are pretty powerful and deep sometimes, perhaps your melodies are so joyful, why this contrast ?

Oliver Sim : Because that’s life ! Life is like, for me, usually a combination of sadness and happiness, and also I think its important for me I was writing a lot about this themes of shame and fear, I didn’t want to pictured the idea of a self loving gay man, I wanted to show that I was a gay man trying to like overcome this feelings. All of my favorite artists wether they be filmmakers like Yann Gonzalez, they hold both the darkness and the light at the same time, and I think that’s a good reflection of the world ! I think it’s important to have a sense of humor, if we’re taking everything very seriously it’s hard to cop with life !

LFB : What is your dream with this album ? 

Oliver Sim : I want to see spaces, and people around with my music. But I also want people to see the film we’ve made ! I just want to music to be out, and people to hear it ! I want, Halloween in the end of the year, someone that dress like me as monster, that would make my life !

https://open.spotify.com/album/4l3zlqIjR8K1tB1b8Yyn0f?si=yTW3pLukQ82MbeyqDQuiqg

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