MaMa 2022 : Les chouchous de la rédaction #1

Le MaMA Festival & Convention, c’est déjà la semaine prochaine. Pour vous aider à faire vos choix dans une sélection de plus de 110 concerts, la rédaction de La Face B vous présente ses chouchous. Première partie tout de suite.

ALIAS

Dans le milieu des bookmakers de la musique, son nom bruisse de plus en plus fort : Et si ALIAS était LA pépite rock à ne pas manquer au MaMA cette année ?

Nous allons répondre en toute transparence et en toute mauvaise foi : évidemment que oui !

Une des raisons qui nous pousse à le dire est que le bonhomme et sa bande viennent du Québec et qu’il sera donc beaucoup plus difficile de les revoir sur scène dans un futur proche.

La vraie raison est que Jozef, son premier album, est une tarte monstrueuse pour tous les amoureux de guitares, de psychédélisme et de musique en général. Un album de rock créé comme un puzzle schizophrénique dans l’esprit d’un être malade, rien que ça.
Avec cet album, ALIAS peut ainsi se permettre toutes les outrances, aller chercher ici et là toutes les influences et tout son amour pour le rock, qu’il vit comme un spectre musical dans lequel il pioche avec bonheur.

Et puis, parce que nous faisons partie des petits privilégiés qui ont eu la chance de le découvrir sur scène l’hiver dernier : la claque sur scène est aussi intense que celle de l’album. C’est furieux, sexy, communicatif et dangereux. Le genre de moment duquel on ressort secoué et surtout, heureux d’être en vie.

On s’en reparle après le concert ?

Younès

Vous l’avez peut-être découvert sous les traits de Nezir, dans la série Drôle de Netflix, mais on connaît son alter ego depuis un peu plus longtemps. Younès Boucif, c’est un personnage du rap français depuis 2017 déjà, et ça fait plaisir de voir les feux des projecteurs s’allumer sur ses compositions. Bientôt au MaMA et déjà dans la liste de nos rappeurs préférés, son nouvel album arrive le 7 Octobre sous le nom Identité remarquable. Petite référence mathématique pour le combo moustache + petites lunettes déjà le plus iconique du game.

Son projet, Younès le construit au gré de thèmes forts, inspiré par le drame des réfugiés, les inégalités sociales, les discriminations ou encore les rouages d’une industrie musicale dont il ne reconnaît pas les valeurs pour sienne. Son récent featuring avec Médine souligne une filiation évidente de par les textes et les origines normandes du jeune homme. Bref, Younès, c’est l’un des projets les plus chauds du moment, on lui envoie toujours plus de force pour continuer à porter ses textes.

Vulves assassines

Vous vous êtes déjà demandé ce que donnerait un groupe de musique issu de l’univers littéraire de Virginie Despentes ? Ne cherchez plus, la réponse se trouve à un clic de vos oreilles.

Moderne et virulente, la musique des Vulves assasinnes tape là où ça fait mal, surtout pour ceux qui s’offusquent de tout. Pour les autres, elle est un grand vent de liberté et de vérité, alliant avec bonheur ce que le rap et le punk ont en commun : la fureur et une analyse féroce de la société.

La musique de ces meufs est un cocktail molotov envoyé dans tout ce qui nous rend fou actuellement : le patriarcat, le capital, le virilisme, les gens qui pensent penser mieux que tout le monde … Ce gang tire sur tout ce qui bouge et le fait bien.

Et en plus, leur musique est un exutoire phénoménal, un truc qui touche autant le cerveau que le corps et le coeur, nous entraînant dans un grand défouloir dansant et percutant.

On ne manquera ça pour rien au monde et pour tout vous avouer, Das Kapital, leur nouvel album à venir, est une tuerie phénoménale.

Un immanquable évident de cette édition 2022 du MaMA.

The Guru Guru

Il y aura cette année au MaMA un concert de folie à ne louper pour rien au monde : The Guru Guru va venir déchaîner la foule avec son Rock Borderline.

Quand on vous dit concert de folie, on n’est pas loin d’avoir à le prendre au sens littéral. En effet, The Guru Guru, c’est un chanteur en camisole de force arc-en-ciel qui semble possédé par la puissance musicale de son groupe. Avec un jeu de scène à mi-chemin entre Ian Curtis et Joe Talbot (oui on aime les grands écarts mais franchement, ça colle plutôt bien), il sait galvaniser le public avec une habilité assez impressionnante.

Voir The Guru Guru en concert, c’est un vrai défouloir, mais aussi une bonne claque dans la gueule. Le son du groupe, ostensiblement Rock (voire bien Post-Rock), va chercher ses influences dans le Noise, le Math-Rock, mais aussi par moments une force mélodique purement Indie. Le tout est décanté, malmené, retourné et enfin, joué avec les tripes. En bref, une expérience à vivre absolument.

Lazuli

Depuis l’année passée, Lazuli semble sur tous les fronts. Entre ses projets personnels, ses présences sur de multiples compilations et ses scènes entre Lyon et Paris, la jeune artiste laisse éclater ses rythmiques chaudes et sa voix suave partout où elle passe.

Produit par Izen, King Doudou ou même Brodinski, sa musique aux inspirations latines et baile funk est une invitation constante à la danse. Elle-même à l’aise dans cette discipline, elle accompagne toujours ses performances par des mouvements de danse. De temps en temps, elle s’accompagne même de danseuses pour faire éclater le thermostat.

Après avoir accumulé les expériences lives, les promesses d’une nouvelle belle performance sont donc toutes au rendez-vous. Par conséquent, il est certain qu’elle viendra réchauffer les cœurs lors de cette nouvelle édition du MaMA Festival.

Gus Englehorn

Gus Englehorn est sans aucun doute l’un des OVNIs les plus passionnants de la programmation du MaMA cette année. L’auteur-compositeur-interprète montréalais viendra présenter son univers mêlé de poésie sombre et de guitares déjantées.

Une voix singulière, une batteuse qui joue à l’instinct, des ambiances fluctuantes. Gus Englehorn, c’est aussi une sensibilité Pop exacerbée digne d’un Daniel Johnston, une extravagance timide, un grain de folie qui amène ce petit côté loufoque et innocent. Tout ça assemblé donne l’aspect enchanté de l’univers si singulier de Gus.

Un vent de fraîcheur musicale dont l’apparente insouciance n’est qu’une couverture pour traiter de sujets plus sombres, plus profonds, qui appartiennent autant aux peurs enfantines qu’à celles qui restent, même une fois adulte. Les angoisses existentielles et le monde des rêves distillés dans un genre hybride qu’il faut découvrir absolument.

Johnnie Carwash

Le trio mixte Johnnie Carwash ne se prend jamais la tête. Basse batterie guitare, tout le monde se prête au chant, leadé par la guitariste du groupe. Simple. Leurs chansons, oscillant entre de la pop et du garage brutal, sont des barres énergétiques. On aime. On pourrait les qualifier de joyeuses, mais ce serait ne pas prêter attention aux paroles, souvent teintées de mélancolie. Dans ce style particulier dont FIDLAR, les débuts de Wavves, Together Pangea ont fait les grandes heures, le trio ne révolutionne peut-être pas grand chose.

Mais est-ce vraiment nécessaire de changer son monde à chaque instant ? Johnnie Carwash, un seul album au compteur, Teenage Ends, sorti en toute fin de janvier de cette année, c’est simplement du rock cool, du bon son, de la bonne humeur et de l’énergie. Dans des rythmiques qu’on qualifierait au minimum de dansantes, c’est un réel plaisir de se balader dans cet opus court mais riche.

Psychotic Monks

Écouter Psychotic Monks, c’est une plongée profonde dans un monde qu’on n’aimerait peut-être pas remuer. Au travers de deux albums, Silence Slowly and Madly Shines (2017) et Private Meaning First (2019), le groupe réussit à créer un univers noir, profond, dérangeant, mêlant bruit dur et émotions intenses et pures. On ne ressort pas indemne de ces deux opus travaillés a l’excès.

Le jeu des textures, des tons, des goûts, les paroles répétées à l’usure, les titres organisés en chapitres, les deux albums du groupe sont un cocktail ardent d’émotions qui chamboulent tout sur leur passage. Punk, post punk, psyché, et une poignée d’autres mots galvaudés ne sauraient précisément décrire le groupe et son univers. Reste seulement à écouter cet ovni du rock français, qui refuse toute idée de leader, pratique un tarif réduit pour les plus précaires à leurs concerts, et tente constamment de prendre le contre-pied de la scène dans laquelle ils évoluent.

D’ailleurs, une nouvelle pierre vient de se rajouter à l’édifice. Post-Post-, dernier single du quatuor francilien, annonce l’arrivée d’un nouvel album, prévu pour début février. En attendant, le titre, long de presque huit minutes, laisse pantois a la première écoute. Puis, une oreille plus attentive, une deuxième voire une troisième écoute, et la magie -noire- opère. Scindé en deux, Post-Post- nous titille avec sa première partie à la limite du dansant (à la sauce des Monks, on s’entend), pour une deuxième partie plus lancinante, dans la droite lignée du groupe. Un titre éclatant de noirceur, excellent.

A l’image du groupe, somme toute.

Fontanarosa 

D’un naturel plus contemplatif que la plupart de ses pairs, Fontanarosa a fait sa petite entrée dans le rock indé il y a de cela deux ans, avec un EP éponyme aux dissonances lo-fi remarqué. Revoilà Paul Verwaede, leader du groupe, avec un long format, Are You There ?, sorti en mars dernier. Plus léché que la première sortie du groupe, l’opus n’en est pas moins superbe. Poétique, un poil pop, un poil post punk, un poil aérien, calme et méditatif, on se laisse aisément porter par les guitares mélodieuses qui subliment la voix du chanteur.

Le rythme effréné qui se retrouve dans la plupart des chansons donne un caractère d’urgence en complet décalage avec les longues harmonies qui habitent l’album. Dans ces méandres rythmiques, on se perd dans des pensées guidées par la musicalité frappante de la formation. Une superbe sortie, qu’on a hâte de découvrir en live.