ADN #506 : Charles Dollé

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. De retour chez Tricatel avec Dans Nos Têtes, Charles Dollé nous dévoile ce soir les morceaux qui font son ADN musical.

Crédit : Julie Oona

Radiohead – Weird Fishes / Arpeggi

Radiohead, c’est le souvenir de l’adolescence. L’époque où je me cherchais des problèmes pour me donner de la consistance. Ce groupe a résonné en moi comme aucun autre je crois. J’avais déjà eu de gros coups de cœur sur d’autres groupes, mais c’est en découvrant Radiohead que j’ai su que je ne voulais rien faire d’autre que de la musique.

Comme si j’avais été piqué, contaminé par un virus, et que je ne pouvais plus faire marche arrière. Je les ai vu plusieurs fois en concert, et ce qui m’a frappé c’est à quel point leurs fans ont un amour viscéral pour leur musique. Peut-être parce qu’elle s’adresse à notre mélancolie, et qu’elle nous guérit, comme une pommade sur nos névroses.

Flying Lotus – Getting There 

La première fois que j’écoute Flying Lotus, je suis dans un bus et un pote me met son casque sur les oreilles, avec le titre ‘Beginners Falafel’. A ce moment, j’ai l’impression que mes oreilles saignent, je n’ai jamais rien entendu d’aussi chargé et tranchant. Je crois que je n’aime pas trop ça, mais j’y reviens pourtant.

Comme pour Radiohead, je ne comprends pas ce qu’il se passe à la première écoute des albums. Je l’écoute mais je n’y ai pas accès. Tout me paraît dissonant, agressif et presque faux. Puis le sens de la rythmique, les textures sonores et l’ambiance me parlent. S’ensuit un tunnel de 4/5 ans où je ne jurerai que par Flying Lotus, son label Warp Records et Brainfeeder. 

Flavien Berger – Castelmaure

2018, c’est l’année ou j’ai commencé à vraiment apprécier la musique en français. C’est aussi l’année de sortie de Contre-Temps, l’album qui m’a donné envie de chanter en français. J’ai retrouvé, avec cet album, cette sensation qui se fait de plus en plus rare pour moi, d’être profondément touché par un disque.

Il y a quelque chose d’énigmatique et mystérieux dans les textes de Flavien Berger. Il a ce don de coupler des mots qu’on n’aurait pas pensé mettre ensemble au premier abord.

Et ça marche pourtant, sans être non plus trop cryptique. Quant à la musique, cet album devrait recevoir la palme de l’album le plus doux de la décennie, les arrangements sont hyper veloutés et réconfortants.

Connan Mockasin – Charlotte’s Thong

On reste dans la douceur avec Jassbusters. J’ai pourtant compris cet album 2 ou 3 ans après sa sortie. Je me rappelle l’avoir trouvé un peu chiant à sa sortie. Tous mes potes en parlaient, et secrètement je me disais qu’on en faisait un peu des caisses.

Puis un jour, mon ami Côme Ranjard m’a demandé ce que j’en pensais. Je lui ai honnêtement dit que je le trouvais soporifique. Il m’a répondu : « C’est parce que tu l’as pas en vinyle, ça ». Et c’est effectivement après l’avoir écouté régulièrement chez moi sur ma platine que je me suis mis à l’adorer.

Connan est le seul type à jouer de la guitare comme il le fait. Tout comme sa voix de loutre qu’on adore, reconnaissable entre mille. Mention spéciale aussi à l’apparition non créditée de James Blake sur « Momo’s » le deuxième titre de l’album. Il y avait quand même que lui pour avoir un tel invité sur un titre, sans en faire non plus un argument marketing. 

Hubert Lenoir – Dimanche Soir

Dernière claque que j’ai prise. Ce titre en particulier m’a immédiatement parlé. C’est sombre et explosif. Il y a quelque chose qui me rappelle certains titres de Tyler The Creator dans l’instrumentale. Puis, sur l’album, on est à la frontière de plein de choses, entre punk, trap, pop, expé et jazz. On sent qu’il a écouté beaucoup de choses et qu’il a réussi à nous faire une synthèse qui lui est propre.

Son premier album, Darlène était beaucoup plus pop que le deuxième, dont est issu Dimanche Soir. Et je dois dire, respect d’avoir assumé un deuxième disque aussi radical et risqué, là où on t’attend souvent au tournant après un premier succès.

Et surtout, allez le voir en concert (si ce n’est pas déjà fait). Le type a le charisme de Mick Jagger et Freddy Mercury réunis. Je n’ai jamais eu autant envie de sauter partout et de me bagarrer que pendant son concert. 

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