Alors que l’été touchait à sa fin, le guitariste et compositeur britannique Oscar Jerome a rendu public son deuxième album studio : The Spoon. À l’occasion de la sortie de ce dernier, nous avons eu l’occasion de pouvoir nous entretenir avec l’originaire de Norwich à propos de ce même disque et de tout ce qui a entouré son processus créatif.
ENGLISH VERSION BELOW
La Face B : Salut Oscar ! Merci beaucoup d’être là aujourd’hui, ça me fait super plaisir ! Comment vas-tu ?
Oscar Jerome : Ça va super, merci !
La Face B : Commençons ?
Oscar Jerome : Commençons !
La Face B : The Spoon, ton très attendu second album, est sorti il y a maintenant quelques semaines. Comment te sens-tu avec les retours que tu en as eu pour le moment ?
Oscar Jerome : Les retours ont été bons ! Beaucoup de gens pour qui j’ai beaucoup de respect m’ont dit qu’il l’adorait, que c’était jusqu’ici le meilleur de mes travaux. Ouais, globalement, beaucoup de gens m’ont dit aimer les ambiances. Ils ont saisi certaines choses à propos de mon style, mais aussi que j’avais essayé quelque chose de nouveau. Les retours sont plutôt bons !
La Face B : Il y a beaucoup de collaborateurs au sein de The Spoon, comme Kaidi Akinnibi, Léa Sen, Ayo Salawu, ou encore Crispin Robinson. Comment ces connections sont elles-nées ? Était-ce des connections s’étant faites naturellement ?
Oscar Jerome : Ouais ! Tous ces musiciens sont des personnes que je connais, habitant à Londres. Léa elle, elle vit dans la rue en bas de chez moi, je suis devenu ami avec elle, on se retrouvait au parc ou à d’autres endroits. On est dans la même partie de la scène musicale de Londres. Je suis chanceux d’être entouré d’amour et de musiciens vraiment merveilleux.
La Face B : C’est comme si tu jouais avec tes amis au final ?
Oscar Jerome : Ouais ! Ce sont mes amis, ce sont de bons amis.
La Face B : Combien de temps le processus créatif a t-il duré ?
Oscar Jerome : Combien de temps ? J’ai commencé à écrire l’album… mec, c’est dur à dire, parce que quand j’ai commencé à l’écrire, je ne savais pas que je commençais à écrire un album. Je faisais juste beaucoup de jams et tentais beaucoup de choses. Tout ça a commencé à la fin de l’année 2020, quand j’étais à Berlin. Puis après, on ne l’a pas enregistré de suite. Il était fini un petit moment avant sa sortie, mais ça m’a bien pris environ un an.
La Face B : D’accord ! Donc tu l’as commencé au début de la pandémie au final ?
Oscar Jerome : Enfin, c’est à ce moment-là que j’ai commencé à avoir les idées pour certains des contenus. Je ne les ait enregistrés avec le groupe que quelques temps plus tard, parce que c’était difficile d’être en studio avec des gens.
La Face B : En parlant de Berlin, pendant plusieurs mois, tu as vécu entre Berlin et Londres. Dans quelle mesure tu dirais que cela a affecté la travail de composition pour The Spoon ?
Oscar Jerome : Et bien, l’idée originale, en allant là-bas, était d’avoir un peu d’espace, de prendre un peu de distance avec ma vie ici (à Londres). Donc ça m’a clairement permis d’avoir ça, je passais pas mal de temps dans mon coin, à juste lire et jouer. Je me suis rendu compte que souvent, ça peut aider d’emmener mon esprit dans un endroit différent et de ne pas être bloqué dans la routine de faire ce que tu fais là ou tu vis. Et je pense que souvent, avoir pu m’échapper de ça a pu vraiment m’aider à déclencher ma créativité. J’étais là-bas aussi pour l’hiver, le confinement en hiver à Berlin était plutôt sombre pour être honnête (rires). Ça m’a donné beaucoup de temps pour juste penser, et je pense que cette énergie sombre et lourde a contribué au son et au ton de l’album.
La Face B : Est-ce que c’était pour te placer comme dans une sorte de bulle ?
Oscar Jerome : Ouais exactement.
La Face B : En parlant de créativité, je me demandais, est-ce que tu as des albums que tu pourrais citer comme ayant particulièrement influencé la direction artistique de The Spoon ?
Oscar Jerome : C’est une question difficile (rires) ! Je ne sais pas s’il y a un album en entier, il y a certainement des morceaux de certains artistes qui ont été influents. Je suis allé vers des choses qui étaient un peu plus lourdes, une sorte de son un peu punk-rock. J’ai des influences venant de plein de différents types de musique, j’aime plein de groupes différents. J’ai grandi en écoutant beaucoup The Clash et je pense que ça ne s’était jamais remarqué dans ma musique avant. Aussi, le fait qu’ils soient assez politiques dans leur musique et dans la manière qu’ils ont d’aborder les choses. Certains des morceaux de cet album touchent à des sujets plus politiques. Je citerai Outside In, de John Martin. Cet album et son espèce de manière un peu tirée du Folk Psychédélique dans le story-telling est quelque chose que je définirais vraiment comme étant une influence pour The Spoon. J’en ai une autre à ajouter, j’écoutais beaucoup Hejira, de Joni Mitchell.
La Face B : Tu parlais d’aimer différents genres, différents styles. Au final, on sent tout au long de l’album qu’il y a de nombreux styles et influences différentes qui s’entremêlent dans ton écriture et dans ton feu. Comment est-ce que tu le gères et tu l’organises quand il s’agit d’écrire des morceaux ?
Oscar Jerome : Je veux dire, il n’y a pas vraiment de processus intentionnel de conscientisation ou d’organisation. J’écris juste, et c’est au final ce qui vient. Tu sais, je ne me mets jamais dans l’idée d’écrire un morceau en pensant « Je vais avoir un bout de séquence qui va sonner comme ça à la guitare, et la batterie sera influencée par ça ». Je fais juste confiance à mes oreilles et à ce qui me paraît bien. J’écoute plein de types de musique, j’ai des playlists de différents styles de musique. Je me dis juste que j’essaye d’être ouvert et libre dans mon approche de la composition. Je n’y pense pas vraiment. Je pense plus aux couleurs et aux ambiances, c’est comme si je les voyais ou les sentais quand j’écris. Je suis à la recherche d’une certaine ambiance ou d’un sentiment, ou comme une nuance de couleur.
La Face B : De nombreuses personnes considèrent ta musique comme étant sans frontières en termes d’influences. Est-ce que tu dirais que c’est un bon terme pour qualifier ton style ?
Oscar Jerome : Je pense, oui. J’aime bien ça, parce que souvent je suis -ou j’étais en fait- beaucoup catégorisé dans cette case du Jazz. Tu sais j’adore le Jazz, je l’ai étudié, c’est une grosse partie de ma formation musicale, et il y a eu un moment ou je voulais juste jouer du Jazz à la guitare. Quand au final tu écoutes ma musique, il y a tellement plus. Je ne pense pas nécessairement que le Jazz est un genre. Je le vois plus comme une sorte de véhicule, une tradition que tu peux utiliser pour dessiner un grand nombre de styles musicaux différents. Je vais continuer à changer ce que je fais, parce que j’ai plein d’influences différentes. Je ne vais jamais me bloquer dans une seule direction, donc oui, je dirais que ça qualifie bien mon style.
La Face B : Même si tu essayes de te sortir de cette sphère du Jazz, tu es toujours très connectée à cette dernière. Comment te sens-tu à propos de tout ça ?
Oscar Jerome : Si j’étais super honnête, je pense que l’utilisation du terme ‘Jazz’, de manière constante dans les médias aujourd’hui est un peu paresseuse. J’ai l’impression que nous sommes beaucoup maintenant. Prenons l’exemple de Jimi Hendrix. Sa musique était considérée comme du Rock lourd à l’époque, bien sûr. Ça ne serait pas catégorisé comme étant de la musique ‘Heavy’ aujourd’hui, mais ça ne serait définitivement pas considéré comme étant du Jazz. Je te garantis que si la musique de Jimi Hendrix sortait aujourd’hui, il jouerait dans les festivals de Jazz et serait placé dans les playlists de Jazz et ce genre de choses-là. Et je pense que les gens considèrent aujourd’hui comme étant du Jazz les projets très expressifs avec de vrais instruments. C’est ce que les gens disent maintenant.
La Face B : Beaucoup d’observateurs contemporains du Jazz te considèrent comme étant l’un des musiciens de la scène les plus brillants de ta génération. Comment tu te sens vis-à-vis de ce statut, et est-ce que ça ajoute une certaine pression sur tes épaules ?
Oscar Jerome : Je veux dire, je ne dirais pas que je le suis. En tant qu’instrumentiste, j’ai mon propre style, j’ai créé mon propre phrasé à la guitare. Je le sais parce que beaucoup de gens me le disent. Mais il y a plein de musiciens dans la scène qui sont bien plus accomplis que moi dans la pratique de leur instrument. Je ne me sens pas comme étant aussi talentueux. Je ne me mets pas la pression, j’avais l’habitude de la ressentir en me disant « Oh non ! Qu’est-ce que les gens vont penser de mon jeu ? Suis-je assez bon ? ». Mais maintenant, je suis confiant sur le fait que je puisse écrire de la bonne musique et créer quelque chose qui va amener de l’émotion. Je me sens confiant dans ma capacité à faire ça. Je deviens plus conscient de quelles sont mes forces et quelles sont mes propositions dans le monde de la musique. Je me suis toujours vu comme étant premièrement un guitariste, mais j’ai toujours aussi été un compositeur et un auteur. Et je pense que mes forces résident dans le fait de créer une pièce musicale entière, plutôt que de juste être un musicien.
La Face B : Même si tu considères le terme « Jazz » comme étant un peu paresseux, la scène de Jazz actuelle de Londres est en ébullition depuis quelques années. Comment tu te sens parmi ces artistes, et quelle place tu penses y avoir ?
Oscar Jerome : Je ne dis pas que je considère que ma musique existerait sans le Jazz, parce que je pense sincèrement que c’est le cas. Et j’adore jouer dans les festivals de Jazz. J’adore la forme d’art et je la trouve géniale. Beaucoup de ces gens, tu sais, ce sont mes amis. On est arrivés ici en collaborant les uns avec les autres, ça ne nous a jamais paru comme une scène. C’était juste des gens faisant de la musique, et tous ont commencé à sortir des albums et toute cette activité a fini par paraître comme étant une scène. Au début, c’était assez déroutant du genre « Oh ! C’est devenu cette chose et avant c’était juste nous qui faisions de la musique ! ». Mais pour moi, c’est intéressant parce que j’ai l’impression que beaucoup de gens aimeraient dire qu’ils font partie de la scène du genre : « Je suis plus un musicien ». Je dirais que ce que je fais a plus à faire à quelque chose de différent parce que j’écris des morceaux. C’est assez différent ce que je fais, d’une certaine façon. En ce qui me concerne, j’adore ce que les personnes autour de moi font, mais je suis plus concentré sur l’écriture.
La Face B : Tu as décrit l’album comme étant une « fracture émotionnelle ». Est-ce que tu pourrais nous en dire plus ?
Oscar Jerome : Ouais, donc au départ l’idée de certains morceaux était de montrer mes différentes facettes ou… je veux dire, c’est un voyage personnel, que j’ai vécu, mais c’est aussi une sorte de voyage avec un regard extérieur. C’est comme si ça se passait sur une arche, un endroit un peu triste et introspectif. Une sorte d’endroit plus frustré et en colère, puis après un endroit calme, dans lequel je m’accepte. C’est là ou j’ai eu l’impression d’atterrir après ce voyage. Il y a des moments qui parlent d’amour, comme on peut l’entendre, il y a des passages traitant du développement personnel et des combats contre soi-même. À l’inverse de morceaux comme Berlin 1 par exemple, qui est supposé partir du postulat que j’ai perdu quelqu’un. C’est comme un message à ma propre personne, dans lequel je parle de l’espèce de folie dans laquelle on peut se conduire si on ne fait pas l’effort de créer cette image saine de soi. C’est à propos de la réflexion de soi à travers quelqu’un d’autre dont on est proche, mais ça peut aussi être à propos d’une toute autre situation. Nous sommes toujours à la recherche de cette version de nous-même à travers d’autres prismes.
La Face B : Est-ce que tu dirais que l’album constitue une sorte de thérapie pour toi ?
Oscar Jerome : Ouais, je pense que pour moi, écrire est clairement un processus thérapeutique, sans aucun doute. C’est une manière de faire sortir les choses qui sont dans ta tête et de les transformer en quelque chose de plus tangible.
La Face B : Musicalement parlant, tu montres tout au long du projet une certaine capacité à moduler les atmosphères et créer un certain rythme. Comment est-ce que tu mets en place ce rythme dans un album et le rends clair et compréhensible ?
Oscar Jerome : Je pense que beaucoup de tout cela à a faire avec l’ordre dans lequel tu organises les choses et ce que tu mets entre les morceaux aussi. Je pense que le fait d’avoir les interludes entre les morceaux aide clairement à te ramener à un certain endroit, surtout parce que toutes ces interludes viennent de la même session. Elles viennent d’une jam-session que j’ai eu avec Ziggy Zeitgeist, un batteur de Melbourne, qui est un ami à moi. Et je voulais les placer parce qu’elles ont toutes une ambiance similaire et c’était celle-là, beaucoup d’idées pour l’album sont venues pendant cette session. Donc je voulais les mettre entre les morceaux, pour en quelque sorte ramener à cet endroit, qui est entre autres l’ambiance de base de laquelle on part pour ensuite entreprendre un autre voyage. Mais je suis aussi intéressé par le fait de défier les gens. Je ne veux pas en faire un voyage trop lisse, je suis dans l’idée de créer quelque chose apportant des émotions extrêmes, et il se peut qu’il y ait des morceaux qui rendent certaines personnes mal à l’aise. Certaines personnes voudront passer certaines chansons. C’est à eux de choisir !
La Face B : La pochette et le titre de l’album sont articulés autour de la figure de la réflexion d’une cuillère. Qu’est-ce que cela veut dire pour toi, et d’où cette idée t’es t-elle venue ?
Oscar Jerome : L’idée de la réflexion à travers l’album, je pense que c’était un moment d’extrême réflection pour moi, pour beaucoup de personnes aussi à l’époque où j’écrivais l’album. Je suis devenu très intéressé dans l’idée du soi, et je me suis penché sur les réseaux sociaux et les choses comme ça après la sortie de l’album Breathe Deep. J’y étais bloqué, je devais tout faire sur mon téléphone. L’unique manière tangible que j’avais de voir comment les gens réagissaient à ce que j’avais créé était uniquement à travers des chiffres et des messages en ligne. Je ne pouvais pas jouer de concerts, je ne pouvais pas voir mes amis. J’ai fini par m’en éloigner et prendre une pause de tout ça, parce que je basais tout à propos de cette chose que j’avais créée, dans laquelle j’avais mis une part de moi, sur cette réflection déformée que j’avais par le biais d’Internet. Donc il y déjà ça, il y a aussi une sorte de progression personnelle et de s’échapper d’une situation, d’une relation, ou quoi que ce soit que les gens changent. Et tu entres dans de nouvelles étapes, dans des nouveaux chapitres de ta vie, et c’est juste inévitable. Il y a une chose que tu peux changer, c’est d’être accepté et adopté, plutôt que d’essayer de s’attacher à certaines choses. Souvent, on essaye juste de s’accrocher aux choses ou aux gens, à des choses qui sont juste hors de notre contrôle dans la vie dans laquelle on se trouve. Souvent, c’est mieux de juste, tu sais, de laisser aller, ou ça va te rendre malheureux.
La Face B : En parlant d’évolution personnelle, comment tu qualifierais l’évolution entre la sortie de Breathe Deep, ton premier album, et le processus créatif de The Spoon ?
Oscar Jerome : Le processus était clairement différent. Breathe Deep était plus une présentation de différentes choses que je peux faire et de la musique que j’ai fait. Mais ça n’était pas tellement une œuvre d’art en elle-même, à mon avis, en tout cas. Je veux dire, j’ai clairement rassemblé dans mon esprit mes idées pour créer un projet qui fonctionne dans son ensemble, mais beaucoup de cette musique-là a été écrite à des moments très différents. Il y a certains travaux que j’ai écrits il y a des années ,et d’autres que j’ai écrits aux environs du moment où The Spoon a été créé, avec un espace mental et un moment très similaires. Je faisais tout ça avec l’idée que ça serait un projet que j’avais déjà l’idée d’appeler The Spoon, avant même d’en avoir écrit toute la musique. Je voulais créer une pièce globale.
La Face B : La tournée de l’album The Spoon commence bientôt. Je suppose que tu as hâte ! Comment le sens-tu d’interpréter ces nouveaux morceaux sur scène ?
Oscar Jerome : J’ai très hâte ! On l’a déjà fait un petit peu, c’est génial. On l’a en fait beaucoup joué avant que l’album ne sorte, juste pour le tester, pour voir comment les gens réagiraient. Ces concerts qu’on a fait depuis que l’album est sorti ont été meilleurs, c’est très sympa juste de voir que les gens sont déjà très connectés au projet. Cette musique défie les auditeurs, mais je l’ai aussi créée en majorité en ayant la scène en tête, et j’ai l’impression que je suis aussi dans une position plus confortable pour jouer ma musique. Je pense qu’avant, j’essayais d’écrire des choses qui étaient trop compliquées pour moi. Avec ce projet, j’ai plus développé la musique avec le groupe. Après avoir produit les versions originales des morceaux, je les amenées au groupe et on les a jouées ensemble pendant des heures et des heures. Ce que je n’avais pas fait pour l’album précédent et c’était du genre « Ok, j’ai ces morceaux, on doit travailler pour les jouer comme un quatuor maintenant ». Le travail de routine de cette musique-là était dans le fonctionnement de ce groupe, donc ça marche très bien dans le contexte du live.
La Face B : Avant qu’on se quitte, tu as peut-être des recommandations musicales pour nous ?
Oscar Jerome : Allez jeter un œil à la musique de Léa Sen, elle est sur l’album. Le reste de ce qu’elle crée maintenant est vraiment vraiment génial. The Ballad of Dorothy Parker, j’adore ce morceau. Et je dirais l’album de Weather Report Sweetnighter, je l’ai beaucoup écouté récemment. Je l’adore !
La Face B : Bien, merci beaucoup de m’avoir accordé de ton temps, c’était super, j’ai vraiment apprécié ! Tu as peut-être un dernier mot à dire ?
Oscar Jerome : Je voudrais juste dire, d’abord merci Manu. Et, ne tombez pas trop dans la hype et n’oubliez pas de vous concentrer sur qui vous êtes, au lieu de vous inquiéter de ce que les gens pensent. C’est quelque chose que j’essaie de faire !
La Face B : Super, merci beaucoup ! À la prochaine !
Oscar Jerome : À la prochaine !
Retrouvez Oscar Jerome sur Instagram, Facebook, Twitter et notre chronique de son album ici.
ENGLISH VERSION (VO)
La Face B : Hello Oscar! Thank you very much for being here, I really appreciate it! How are you doing?
Oscar Jerome : I’m great thank you !
La Face B : Shall we begin?
Oscar Jerome : Let’s begin!
La Face B : The Spoon, your sophomore album has been released a few weeks ago. How do you feel with the feedbacks that you had about it for the moment?
Oscar Jerome : The feedbacks have been good! It seems like a lot of people I really respect have told me that they love it, that it’s my best piece of work yet. Yeah, in general, a lot of people said they liked the vibes. They captured certain things about my style but that I also tried something new. It’s been pretty good!
La Face B : There’s many collaborators in The Spoon such as Kaidi Akinnibi, Léa Sen, Ayo Salawu or even Crispin Robinson. How does these connections were born? Was it something that had been made naturally?
Oscar Jerome : Yeah! All of these musicians are people that I know from being around London. Léa, she lives down the road from me, I became friends with her, we were meeting in the park or whatever. We’re just part of the same music scene in London. I’m lucky to be surrounded by love and really amazing musicians.
La Face B : It’s just like you’re playing with friends actually?
Oscar Jerome : Yeah! They are all my friends, they are really good friends.
La Face B : How long did the creation process of the album last?
Oscar Jerome : How long? I started writing it in.. man it’s hard to say because when i started writing it, I didn’t know that I was starting to write the album. I was just jamming a lot and just trying things out. That was happening at the end of 2020, when I was in Berlin. And then, we didn’t record it directly. It was finished a little while before it came out, but it probably took me about a year.
La Face B : Okay! So you started it really at the beginning of the pandemic actually?
Oscar Jerome : I mean, that’s when I first kind of had the idea for some of the stuff but I didn’t actually properly record them with the band until a little while later because it was very hard to get into the studio with people.
La Face B : Talking about Berlin, for months, you lived between Berlin and London. How would you tell that this has affected the composition work for The Spoon?
Oscar Jerome : Well, the original idea of going there was to have a bit of space, to have like just a bit of a distance from my life here (in London). So it definitely gave me that, I was spending quite a lot of time on my own, just reading and practicing. I found out that often it could be quite helpful to take my mind in a different place and not get stuck in the motion of doing the things that you are doing where you live. And I think that often, stepping outside from that could have really helped to spark my creativity. I was there for the winter as well, lockdown in winter in Berlin was pretty grim to be honest (laughs). It gave me a lot of time just to think, and I think that dark heavy moody energy added to the sound and the mood of the album.
La Face B : Was it to place you into kind of a bubble actually?
Oscar Jerome : Yeah exactly.
La Face B : Speaking about creating, I was wondering, do you have albums that you would tell have significantly influenced the artistic direction of The Spoon?
Oscar Jerome : It’s a tough question (laughs)! I don’t know if any full albums have, there’s definitely certain tracks of certain artists which were influential. I went for some stuff that was slightly more heavy, a kind of rocky-punky kind of sound. I have influences from a lot of different types of music. I love a lot of different bands, I grew up listening to The Clash a lot and I think that it didn’t really come out before in my music. Also the way that they are quite political in their music and in the way they talk about things. Some of the tracks in this album touch on some more political issues. And Outside In by John Martin. That album and its sort of slightly psychedelic kind of folk story-telling is something that I really love and definitely influenced the creation of The Spoon. I have one more to add, I was listening to Johnny Mitchell’s Hejira as well.
La Face B : You talked about loving different genres, different styles. In fact we can feel throughout the whole album that there are plenty of different influences and styles that are melting in your writing and your play. How do you deal with this and organize it when it comes to write songs?
Oscar Jerome : I mean, there isn’t really kind of any conscious dealing or organizing or planning. I just write something and whatever it feels comes out basically. You know, I never set out to write a song thinking ‘I’m gonna have a quarter of a sequence that sounds like this on the guitar and the drumbeat is influenced by this’. I just follow my ears and what feels right, you know. I listen to lots and lots of types of music, I have playlists of different styles of music. I’m just like, I’m just trying to be open and free in my approach to composition. I don’t really think about it. I think more about colors and moods, that’s like I see or feel this thing when I’m writing. I’m searching for a certain mood or feeling or like a shade of a color.
La Face B : A lot of people are considering your music as frontierless in terms of influences. Would you say that it’s a good term to qualify your style?
Oscar Jerome : I think so. I like that because I often get -or I used to actually- very much booked in this Jazz thing which. You know I love Jazz, I studied it, it’s a big part of my musical training and there was a point when I just wanted to play Jazz guitar. When you actually listen to the music, it’s so much more. I don’t necessarily think that Jazz is a genre, I think it’s more like a vehicle, a tradition that you can use as a vehicle to draw a lot of different styles of music. I will continue to change in what I’m doing, because I have a lot of different influences. I’ll never gonna stick to one thing so yeah I would say so.
La Face B : Even if you’re trying to get out of that Jazz sphere, you are still very connected to it because when we talk about you we would talk about a Jazz artist actually. How do you feel about this?
Oscar Jerome : If I was super honest, I feel like the use of the term ‘Jazz’, like constantly in music media now, is a little bit lazy. I feel like there’s a lot of us now. Let’s take Jimi Hendrix as an example. His music was considered as Heavy Rock back in the day, obviously. It wouldn’t be related to heavy music now, but it would definitely not be considered as Jazz. I guarantee you, if he was into music now, he would be in Jazz festivals and Jazz rated playlists and stuff like. And I think people are just kind rated Jazz things that are kind of soulful that have real instruments. People are now saying that.
La Face B : Many of the contemporary Jazz observers consider you as one of the most brilliant Jazz musicians of your generation. How do you feel with this status and does it put an additional pressure on your shoulders?
Oscar Jerome : I mean, I would not say that I am. As an instrumentalist, I have my own style, I’ve created my own voice on guitar, I’m aware that people say that to me a lot. But there’s a lot of people out there that are way way more accomplished on their instrument than I am. I don’t feel like I am. I don’t put pressure on myself, I used to feel pressure like ‘Oh no! What people are gonna think of my play? Am I good enough?’. But now, I feel confident that I can write good music and create something that will make people feel something. I feel confident in my ability to do that. I’m becoming more aware of what my strengths are, and what kind of my purpose is in this music thing. I did view myself as a guitarist first, but I also always been a composer and a song-writer as well. And I think that my strengths come in like the thing about creating a whole piece of music rather than just being the instrumentalist.
La Face B : Even if you consider the term ‘Jazz’ as a bit lazy, the current Londonian Jazz scene has been buzzing for a few years. How do you feel among these artists and what place would you consider having in it?
Oscar Jerome : I’m not saying that I wouldn’t consider my music existing without Jazz, I definitely think that it does in some ways for sure. And I love to play in Jazz festivals. I love the artform and I think it’s great. A lot of these people, you know, they’re just my friends. We just kind of came up here, collaborating with each other, it never really felt like a scene. It was just people making music, and all of these started to release records and all this focus came out like there’s this scene. At first it was quite confusing like ‘Ho! It has become this thing and before it was just us making music.’ But for me, I feel like it’s interesting because I feel like a lot of people would like to say that they are in the scene like ‘I’m more like mainly an instrumentalist’. And I would say that what I’m doing has much to come out as a bit different because I’m writing songs. It’s kind of a slightly different thing that I’m doing in some ways. As much as I’m, I love what people around me are doing, but I’m more focused on the song-writing.
La Face B : You described the album as an ‘emotional split’. Could you tell us more about it?
Oscar Jerome : Yeah so basically the idea of some of these tracks was to show different sides of me. I mean it’s a personal journey that I went on but it’s also kind of an outward looking journey as well. It kind of goes on a little ark, a more kind of sad, introspective place. Like a more frustrated, angry place and then to a more calm and accepting one. And that’s the place that I feel like I’ve landed after that journey. There’s stuff about love in there as you can hear, there’s stuff about personal development and battles with yourself. Instead of songs like for instance Berlin 1 which is supposed to start out like I lost somebody. Like a message to myself, in which I’m talking about the kind of insanity that you will drive yourself to if you do not make the effort to create a healthy self-image. It’s all about seeing the reflection of yourself through someone else that you’re close to, but that can also be in any situation. We are always looking for this version of ourself through a different land.
La Face B : Would you say that the album constitutes kind of a therapy for you?
Oscar Jerome : Yeah, I think that for me writing is definitely a therapeutic process for sure. It’s a way to get out the things that are in your head into something more tangible.
La Face B : Musically speaking, you show through the whole project a certain ability to modulate the atmospheres and create a certain rhythm. How do you constitute this pace in an album and make it clear and understandable?
Oscar Jerome : I think a lot of that has to do with the way that you order things and what you put in between the tracks as well. I think having the skits in between the tracks definitely helps to bring you back to a certain place especially because all of those skits that I have were from the same session. They are from a jam that I had with Ziggy Zeitgeist, a drummer from Melbourn, who’s a friend of mine. And I wanted to place them in between because they all have a similar mood and that was the mood. A lot of the ideas for the album came out during that jam. So I wanted to put in between the tracks to sort of bring you back to this place which is kind of the base mood from which we then go on another journey. But I’m also interested in challenging people as well. I don’t wanna make it too much of a smoothie ride. I’m into the idea of creating things which bring up extreme emotions and they might be tracks that would make some people feel uncomfortable. Some people might wanna skip certain tracks. That’s up to them!
La Face B : The artwork and the title of the album are articulated around the figure of the reflection of a spoon. What does that mean to you and from where this idea came up to you?
Oscar Jerome : The idea of reflection throughout the album, I think it was a time of extreme reflection for me, for a lot of people as well while I was making this. I just became very interested in this idea of yourself and I was about this with social media and stuff like that after the release of the album Breathe Deep. I was stuck inside, I had to do everything on my phone. The only tangible sort of way that I could see how people were reacting to what I created was just through little messages and numbers online. I couldn’t play shows, I couldn’t see my friends, I actually ended up taking a break from that because I’m basing everything on this thing that I’ve created and put a part of myself on this warped reflection I’m getting by the Internet. So that’s one thing, it’s also kind of a personal growth and moving on from a situation, from a relationship or whatever except that the people change and you are entering in new stages, in new chapters in your life. And that’s just inevitable and there’s something that you can change is something to be accepted and embraced than to try to grab onto things. A lot of the time, we are just trying to hold onto things or people, to things that are just out of control over this life that we found ourselves in. A lot of the time, it’s better just, you know, you gotta let go or it’s gonna make you unhappy.
La Face B : Talking about evolution and personal growth, how would you qualify your evolution between the release of Breathe Deep, your first album, and the creation process of The Spoon?
Oscar Jerome : The process was definitely different. Breathe Deep was more of a presentation of different things that I can do and like basic music that I’ve made, but it wasn’t so much of a full piece of art in itself, for me anyway. I mean, I definitely put it together in mind trying to create a project that works together but a lot of that music was written in very different times. There’s some stuff I wrote like years and years ago and stuff that I wrote around that time whereas this thing (The Spoon) was created with a very similar headspace and a similar time period. I was making all of this stuff with the idea that it would be a project like I came up with the idea of the project being called ‘The Spoon’ before I’ve even written all of the music. I kind of wanted to create all within a piece.
La Face B : The Spoon album tour begins soon. I suppose that you are excited about it! How do you feel about performing the new songs on stage?
Oscar Jerome : I’m very excited! We have done it a bit already, it’s great. We actually played a lot of this stuff before the album came out just to try it out as well, to see how people would react to it. These shows we’ve done so far since the album has been out have been even better. It’s really nice just to see that the people are very connected to this stuff already. This music is challenging but also I kind of created a lot of it with the performance in mind a bit more and I feel like I’m also in a more comfortable place to play my music. I think before I was trying to make things that are too difficult for myself, and with this stuff I developed this music with the band more. After I produced the original versions of the tracks I brought it to the band. And we played it together for hours and hours and hours which I didn’t do on my previous record. And it was more like ‘Ok I got these tracks, we have to work out how to play them as a quartet now.’ The chore of the music was within that band set-up, so it works very well live in that context.
La Face B : Before we go, do you maybe have some musical recommendations to provide to us?
Oscar Jerome : Check out Léa Sen’s music, she is on the album. The rest of the music that she is creating now is really really great. The Ballad of Dorothy Parker, I love that track. And I would say the Weather Report album Sweetnighter, I’ve been listening to it a lot recently. I love it!
La Face B : Well, thank you very much for taking this time with me, it was a blast, I really appreciated it! Do you maybe have a final word to say?
Oscar Jerome : I would just say, thank you firstly Manu. And don’t get too caught up in the hype and just remember to focus on who you are instead of worrying about what people think, it’s something that I try to do!
La Face B : Well, thank you very much! See you!Oscar Jerome : See you man!
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