Format Court #70 : Houdi, AAMO, Babysolo33

Chez la Face B, on adore les EPs. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux. Aujourd’hui, dans notre nouvel épisode de format court, on entre dans les univers d’Houdi, AAMO et BabySolo33.

Houdi – La Bête

Ces derniers temps, Houdi a su se démarquer en étant particulièrement productif, dévoilant chaque vendredi un clip accompagné d’un morceau inédit. À la fin de ce marathon, il a délivré La Bête, un nouveau projet de 10 titres et un bonus, qui confirme sa bonne santé artistique.

La force du tout jeune rappeur réside dans un rap calibré, une maîtrise technique appréciable et une insolence bouillonnante. En condensant toutes ces caractéristiques, il fait une entrée fracassante sur « Ténébreux », l’introduction du projet. 

Mais il ne se limite pas à des rimes travaillées et à un ego trip percutant. À l’instar de son précédent EP, Woka, Houdi propose des sonorités en tout genre, prouvant qu’il regorge d’une large palette de flows qu’il expérimente. Si on avait pu l’entendre sur des ambiances 2step et hivernales sur Woka, il alterne ici entre l’obscurité de la trap (B&B) et des mélodies plus estivales qui, une fois en tête, ne veulent plus nous quitter (Fleur).

En résulte sa principale force, celle de parler à un grand panel d’auditeurs grâce à sa faculté à manier aussi bien la mélodie que la technique.

Par sa versatilité, Houdi fait de son rap un terrain de jeu très sérieux, où l’efficacité règne en maîtresse. Une manière d’expérimenter et de progressivement gagner en unicité, ce qui devrait prendre forme au fil de ses futures sorties.

AAMO – Sur Ma Lancée

AAMO

Souvent, quand la foudre frappe, ça surprend. Au vu de la pochette de Sur Ma Lancée, la comparaison est vite trouvée : AAMO est arrivé comme la foudre !

Aussi fulgurant dans son écriture que percutant dans ses flows, le jeune Suisse envoie une belle palette de ce qu’il sait faire avec ces neufs titres. L’entrée ne laisse aucun répit, les trois premiers titres et leurs instrumentales frénétiques placent l’obscurité de l’univers d’AAMO et une palette de flows qui paraît sans limite.

Encore au commencement, il use d’un égo-trip pointilleux pour déverser sa hargne et ses convictions face à l’industrie du rap.

« J’sais que j’ai les capacités de le faire c’est pour ça que je me suis lancé
C’est bien de se remettre en question mais des fois faut se lancer
J’avance petit à petit sur le terrain pour assurer le lancé
Je m’arrête plus, je suis sur ma lancée
« 

AAMO – SML

Si la technique est au rendez-vous, le jeune rappeur ne tombe jamais dans un rap scolaire. Variant les ambiances musicales (la 2step de Guay en featuring avec $CO) autant que les mélodies (le refrain de Job), il inscrit son rap dans une ambiance nébuleuse, étonnamment précise pour un premier projet.

BabySolo33 – SadBaby Confessions

BabySolo33
Dabaaz & Eymeric Fouchere

Cela fait quelques années que BabySolo33 expose le récit de sa vie en musique. Entre ses espoirs de jeune fille et la dure réalité de sa nouvelle vie d’adulte, elle joue avec des ambiances musicales froides et des ambiances vocales planantes pour leur donner corps. Souvent mélancolique, mais jamais nihiliste, elle semble pleinement consciente du monde qui l’entoure, aussi obscur soit-il.

Déjà présent sur ses précédents morceaux, elle ne fait ici qu’appuyer et confirmer un fil rouge singulier faisant le grand écart entre ton adolescent et ambiance noire. FakeBlood et son clip, réalisé par Anaïs-Tohé Commaret, en est une parfaite démonstration.

Si LnlyBby appuie la solitude dans laquelle la jeune artiste peut se conforter, BFF<3 montre aussi l’importance que peut avoir son entourage.
Un autre élément mis discrètement en avant par BabySolo33, c’est sa ville : Bordeaux. Dédicace implicite sur 33Story, il n’est pas étonnant de la voir partager ce morceau avec Floki et Le Chamal, tous deux originaires de Bordeaux comme elle.

Maîtresse d’une dualité qui est la sienne, l’artiste propose toujours un univers singulier, qui semble de plus en plus abouti. Ce qui se ressent également dans ses visuels. Le tout confère une esthétique qui colle à l’artiste et la représente à merveille ; en témoigne sa boum organisée le 1er décembre au Point-éphémère.