La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 156ème sélection des clips de la semaine.
Martin Luminet – Étouffer
Dans un épisode de l’excellente série The Office US, Michael Scott envoie sa voiture dans un lac après avoir suivi les indications de son GPS. À la vue du nouveau clip de Martin Luminet, on ne saurait que lui conseiller le visionnage de cette excellente œuvre télévisuelle.
Blague à part, le lyonnais continue de dévoiler ses Deuil(s) en attendant l’arrivée de son excellent album (oui, on a eu la chance de l’écouter) en février.
Etouffer est donc une nouvelle carte dans son jeu, une autre facette de la vie musicale de Martin. Toujours aussi sincère, il ose ici la mise à nue totale. Sur un rythme bien plus calme, il laisse une nouvelle fois les mots vivre, joue avec eux et les transforme, pour mieux nous bouleverser.
Ici, le côté combattif est mis de côté au profit d’une lucidité crue, celle d’une relation qui arrive à sa fin, qui dévore et fait du mal malgré les efforts et le besoin de continuer. Le morceau se présente comme une sorte de tournant, un moment charnière dans une vie, qu’on a tous déjà vécu.
La métaphore de l’être sur une bagnole qui coule prend alors tout son sens, Martin réalisant lui-même ce clip et jouant une nouvelle fois des travellings arrières, du jeu de miroirs et des retournements de situation. Un clip simple et direct, à l’image de ce morceau, qui nous a tout simplement bluffés.
Laura Cahen – My Girl feat. PI JA MA
Une fille devient plurielle. Si l’excellent album de Laura Cahen continue d’hanter nos oreilles de manière régulière, la musicienne a décidé de nous offrir des petites pousses de bonheur en attendant son concert au Trianon le 9 février.
Des nouvelles chansons en forme de collaborations, et c’est avec Pi Ja Ma qu’elle lance l’aventure. My Girl est un petit bonheur, où les deux voix se mélangent sur rythme lancinant qui s’envole dans un solo de guitare explosif.
De l’amour, de la naissance et de la douceur qui se laissent, le temps d’un clip, contaminer par la folie douce des deux artistes et d‘Hugo Pillard, présent derrière la caméra. Un jardin, une chorégraphie, des fleurs imaginaires et de la boue nous accompagnent dans ce petit moment réjouissant, qui nous donne le sourire et nous donne envie de nous remettre au jardinage pour qu’on puisse, nous aussi, faire s’envoler des lianes dansantes vers le ciel.
En Attendant Ana – Same Old Story
Après les tours de terrain, En Attendant Ana nous entraîne dans une bossa nova à la temporalité étrange avec Same Old Story.
Inversant certaines tendances, la bande de Margaux Bouchaudon joue sur une boucle de texte limite hypnotique, alors qu’autour d’elle s’improvise un monde musical qui se délite, devenant au fur et à mesure de plus en plus inquiétant et dissonant, jusqu’à une rupture nette et franche, comme si tout avait décidé de se stopper d’un coup net.
Le clip de Ilhan PALAYRET joue aussi sur cette idée, transformant le quintette en Bill Murray période Un Jour Sans Fin, forcé de revivre indéfiniment le même apéro. D’abord joyeux, l’évènement répété voit se craqueler ce petit univers, les sourires de façade et les bonnes impressions disparaissant jusqu’à l’épuisement. Le tout est porté par une réalisation légèrement psychédélique qui finit par nous donner le tournis.
De bonne augure, en attendant l’arrivée de Principia.
Favé – Toxic
Depuis le 12 octobre un single explose tout sur son passage, et n’est pas prêt de s’arrêter. Avec Urus, le parisien Favé marque déjà un tournant dans sa (très) jeune carrière. Il est de retour depuis ce vendredi avec son tout premier EP, F4, qui représente parfaitement son talent pour la jersey. Il accompagne cette sortie avec le clip du titre Toxic, sorti ce jeudi.
Réalisé par Cherif Nocolor et Louis Rossi, le clip met en images le Parisien dans une soirée et vaguant entre amis dans les rues de la capitale. Malgré sa jeunesse, Favé est certain, il ne veut rien de toxique. Pas de prise de tête, ni de distractions, le rappeur se concentre sur l’année à venir et ses futurs projets.
La nouvelle démarre en fanfare pour Favé qui obtient, à seulement 17 ans, son premier disque d’or pour le titre Urus. Déjà représentant de cette nouvelle génération dorée du rap français, il est également le petit prince de la jersey et a déjà collaboré avec de gros noms de ce style. 2023 sera une année très importante pour le jeune rappeur où beaucoup attendent l’arrivée d’un premier album, et peut être confirmer sa place de futur roi.
Pam Risourié – You Are the Sound
Le groupe de shoegaze parisien Pam Risourié a sorti dernièrement un nouveau titre accompagné d’un clip. You Are the Sound est extrait de leur premier album, Days of Distorsion, qui paraîtra le 17 mars prochain.
On y retrouve des mélodies à la fois brillantes et mélancoliques, tel un ciel étoilé bordé de lourds nuages. Une tension palpable bourdonne quelque part, entre les nappes de guitares dopées de reverb et la voix nébuleuse. Shoegaze, mais pas désenchanté. Une réelle énergie émane de ce morceau, qui se veut même assez entraînant, grâce à une section rythmique solide. Avec toujours des textes minimalistes à la poésie implacable, le groupe extériorise des sentiments refoulés au travers de sa musique.
Et c’est cela que l’on retrouvera dans le clip. Une danse face à l’immensité de l’océan et du ciel, magnifiquement interprétée par Jennifer Gold. Un abandon, tout lâcher enfin. Ces flots de mouvements résonnent face à la danse infinie des vagues. Une lune rouge comme seul public, comme confidente. Les images brumeuses, superposées et parfois même glitchy se lient au son jusqu’à former un tout spectaculairement enivrant. De quoi nous donner hâte de découvrir la suite de l’album !
Yuz Boy – Bako
Bon, on n’en sait toujours pas plus sur le Yuz, si ce n’est qu’il a sorti, il y a peu, un court mais intense EP de trois titres, Zazga. L’introduction se fait avec les airs prophétiques de Bako, qui ont pris vie sous la caméra d’Axel Flamand et de Paul Mèrelle.
Le visuel dessine aussi l’ambiance dans laquelle ces trois titres s’installent. Le commencement se fait avec l’artiste au milieu d’une étendue d’eau, comme si un rite était en train de se dérouler. Une ambiance mystifiante qui confère une certaine aura à ce rappeur, qui bénéficie déjà d’un certain charisme, aussi bien dans sa voix que devant la caméra.
Versatile, il semble jouir d’une double identité, oscillant entre la noirceur d’un hall d’immeuble et la pureté de la nature.
S’il nous donne peu de réponses sur qui il est, Yuz Boy n’hésite pas à poser des questions qu’on pourrait presque qualifier d’existentielles : « Dois-je faire semblant de vivre ? »
En somme, le mystère reste entier, et c’est sûrement ça le plus excitant avec lui.
Mr.Giscard – OYAPOK
Il faut dire que les mélodies de Mr Giscard nous font toutes danser, sautiller et nous entraînent dans un tourbillon de mouvements de têtes bancals. OYAPOK ne déroge pas à la règle.
Toujours la même recette : des paroles simples, empreintes d’une certaine vérité, et surtout très authentiques. C’est donc ce que Mr Giscard a voulu mettre en avant dans le clip de ce même single, paru il y a quelques jours. A défaut de se sentir seul, l’artiste et ses potes sortent et boivent des coups en dansant sur le refrain “Il y a que ma bite qui va de l’avant, / Je suis bourré tout le temps / Tout seul tout le temps / Sauf de temps en temps”.
Avis à nos lecteurs : nous ne recommandons évidemment pas d’être bourré tout le temps, mais sortir et danser avec ses potes comme Mr Giscard dans le clip d’OYAPOK, ça défoule et ça fait oublier que parfois, la vie c’est un peu nul.
leDocho – NACG #3
Un vent frais frappe le nord de la France depuis un moment. Entre les sonorités électroniques de Sto, la maîtrise de Bekar ou encore la sensibilité de Ben Plg, les nordistes en ont dans le ventre. A cette liste, un nom plus confidentiel se doit d’être ajouté, celui de leDocho.
Ce dernier a clôturé sa trilogie, nommée NACG, cette semaine : trois morceaux lui permettant de poser un univers froid, obscur et très actuel : flow dmv et productions oniriques. Le tout est parfaitement porté à l’image par la caméra de KZCO, qui s’est occupé des trois clips combinant l’atmosphère des titres avec celle du nord de la France.
Une recette qu’il reprend dans ce dernier visuel, où le rappeur masqué nous emmène dans une ride nocturne à travers les recoins de sa ville.
Porté par l’instrumentale frénétique de recklessboise et un montage dynamique, on peut dire qu’il a clôturé la trilogie en beauté.
Nuit incolore – Dépassé
Nuit incolore nous dévoile le clip de Dépassé, un single déjà disponible sur toutes les plateformes.
Dépassé est une ode à la santé mentale, il faut l’avouer. Au milieu de tous les tourments du quotidien, Nuit incolore nous transporte dans un récit exutoire, que l’on pourrait imager comme un cri libérateur lâché du haut d’une falaise. Il faut dire que le clip colle à l’image que fait voir le texte de l’artiste. On le voit se mettre en scène au bord de l’eau, les pieds dans les graviers gris et les bras grands ouverts face au vent. Ouverts, mais ouverts à quoi ?
Dépassé est un titre poignant, qui nous pousse à défouler tous nos ressentiments et nos tracas face à un univers prêt à les recevoir, une belle façon de se libérer et d’avancer, le cœur plus léger.
Amine Farsi x So La Lune – Retour de Flamme
A l’instar de la tendance, le producteur Amine Farsi sort de l’ombre à laquelle on associe trop souvent et à tort les beatmakers pour constituer une entité à part entière. Après l’EP aux sonorités violentes prénommé Farsi, sorti plus tôt dans l’année, il revient en cette fin d’année avec une collaboration plus étonnante et planante avec l’un des rappeurs de cette année : So La Lune.
Nomades compte à nouveau 5 titres, et parmi eux Retour de Flamme, qui bénéficie d’un clip réalisé par Killian Kali. Un visuel qui respire le soleil et la chaleur, bien accompagné par la chaude guitare de la production. Le tout est parfaitement contrebalancé par les envolées mélancoliques dont seul So La Lune a le secret, ce qui confère également une ambiance nocturne à l’image. Une belle manière pour les deux artistes de clôturer une année particulièrement prolifique.
Rio Vero – Wild Flowers
Cette semaine, Rio Vero nous en met plein les mirettes avec la sortie de leur nouveau clip, Wild Flowers.
Perché sur le Pic du Midi, le trio mystérieux se livre à un live au
plus près des nuages sur une musique enivrante. Si je parle de trio
mystérieux, c’est qu’on en sait pas bien plus sur eux. Porté par la
voix tendre et puissante de la chanteuse, cette dernière est accompagnée par un rappeur et un « homme machine » bien masqué.
En octobre 2020, ils nous avait partagé un premier clip, Dark Waters, nous plongeant avec eux dans un univers détonnant et bien léché. Avec la sortie de leur premier EP hier, ils viennent confirmer la force de leurs différents styles de musique combinés, qu’ils mettent en image dans des paysages de natures à couper le souffle.
On a hâte de découvrir le projet en live.
Hey Hey My My – Restless Mind
Bienvenue dans les insomnies des deux Julien, avec un nouveau clip tout simplement intitulé Restless Mind. Après High Life et Slow, on peut dire que le duo continue d’expérimenter les rythmes de la vie parfois au ralenti, parfois frénétique et parfois comme dans ce titre : agité.
Tout est dit dans la première phrase de cette nouvelle chanson, anecdote que tout un chacun connaît bien, ou comment lutter contre soi-même lorsqu’on recherche simplement un peu de repos. Le clip, réalisé par Dante Palma, nous illustre littéralement et non sans humour les chamailleries avec cette autre partie de soi qui à décidé de nous empêcher de dormir.
Le rythme colle parfaitement au thème de ce titre entraînant, qui risque de nous suivre jusque dans notre sommeil. Il ne reste qu’un petit mois à attendre avant de découvrir l’ensemble de leur nouveau disque le 3 février prochain, et on réserve tout de suite nos places pour leur date à la Boule Noire le 15 mars. On a hâte d’y être.
Milky Chance – I Am Lost
Trip Tape I et II sont, plutôt que des albums, des collections de démos et B Side de Milky Chance, ce duo allemand de pop/rock. En plein travail sur leur nouvel opus, le groupe a décidé de dévoiler quelques avant-goût de leur nouveau projet. Tout le monde a au moins entendu une fois Stolen Dance, hymne pop qui passe constamment sur toutes les radios de la planète, ce genre de chanson melancolico-douce qui met tout le monde d’accord. Et bien voilà I Am Lost, en démo, dont le clip vient de sortir aujourd’hui. Pareil, on parle de clip, mais l’on pourrait plus s’attacher à une suite d’images.
Un peu de psychédélisme (à la sauce pop, entendons-nous), des paroles simples, des airs qui parlent à toustes. Bref, tous les ingrédients sont là pour que, une fois la version finale dévoilée, nous voilà à l’écouter encore et encore cet été 2023. Et honnêtement, pourquoi pas. Parce que ce son-là est loin d’être mauvais, bien au contraire.