Et que la lumière soit … On était tombés en amour à rebours de A.M.I.E.S.A.M .O.U.R, le tout premier album de LUMIÈRE. Alors qu’il dévoile aujourd’hui Rock Band, son tout nouveau single, on s’est posés avec Étienne Côté pour en savoir plus sur ce projet musical hors du temps et découvrir des indices sur le prochain album de LUMIÈRE.
La Face B : Salut LUMIÈRE, comment ça va ?
LUMIÈRE : Ca va bien. On est arrivés hier (avec Bon Enfant ndlr), on commence a être sur le bon beat pour donner un show. C’est bien d’arriver la veille du spectacle. J’ai fait les premières parties de Clara Luciani et j’arrivais toujours le jour même. Ca assomme et le soir, les prestations sont de moins bonne qualité. (rires)
LFB : Justement, comment tu as vécu cette expérience de présenter Lumière en France dans des salles énormes ?
LUMIÈRE : C’est vrai que je n’ai fait que des premières parties en France, tout seul avec ma guitare. J’ai tendance à me jeter dans la gueule du loup sans trop me poser de questions. C’est quelque chose qui peut être effrayant, monter sur scène seul avec sa guitare devant un Zénith complet. Le premier soir, j’étais quand même effrayé, plus que je ne l’aurais cru. C’est déstabilisant d’arriver devant comme un mur de gens devant soi. Je ne m’entendais pas très bien ce soir-là, j’ai oublié mes paroles, ce qui ne m’arrive jamais. J’ai dû recommencer et expliquer aux gens que j’étais vraiment nerveux de jouer devant autant de monde (rires).
Mais finalement, l’expérience a été très très formatrice, je me sens plus fort après avoir fait ça. Genre plus confiant, plus à l’aise d’animer devant une foule. Je suis très content de l’avoir fait. C’est comme réaliser que jouer devant 15 personnes ou 15 000 ça ne fait pas de différence. C’est fou.
LFB : LUMIÈRE, c’est un personnage qui n’est pas toi, ou pas exactement …
LUMIÈRE : C’est comme un alter-ego.
LFB : Est-ce que tu peux nous présenter cet alter-ego ?
LUMIÈRE : C’est un idéaliste, mais quand même fonceur, qui n’a pas peur. C’est un idéal de moi même, c’est ce personnage-là que j’ai créé. Un être de lumière, une personne lumineuse, qui mord dans la vie, qui arrive à affronter ses peurs, qui est courageux. Qui se lance dans le public directement pour donner un show.
LFB : En quoi le fait de créer cet alter-ego t’a aidé à parler d’émotions dont tu n’oses pas parler en tant qu’Etienne ?
LUMIÈRE : Dans le premier album, LUMIÈRE montrait quand même un peu sa vulnérabilité, c’est quand même beau, puis les gens se reconnaissent là-dedans aussi. Puis dans le deuxième qui s’en vient, c’est plus un LUMIÈRE d’une certaine nonchalance, un peu plus rude et moins naif. Avec une certaine expérience et un certain vécu, et qui est un peu plus battant.
LFB : Est ce que c’est ce personnage qui t’a fait envisager tes albums comme des films ? Raconter des histoires totales qui se répercutent d’une œuvre à l’autre ?
LUMIÈRE : Absolument, absolument. Le premier se passait dans une sorte de jardin, c’était un peu plus fleur bleue et hippie donc forcément plus folk, avec un rapport à la nature. Le deuxième, on est plus dans un mode urbain. C’est la ville, avec la déchéance qui est proche et qui est une menace, les excès, la débauche… Faire attention à son corps, un peu à l’autodestruction et tout ce qu’il est nécessaire de faire pour sa carrière et pour devenir un chanteur de rock. (rires)
LFB : A.M.I.E.S.A.M .O.U.R parlait essentiellement des hauts et des bas de l’amour et de l’amitié. Je me demandais si tu avais l’impression que cette thématique-là te permettait de parler de ça de manière différente, avec des histoires sombres, de drogues, de bad trip…
LUMIÈRE : C’est vrai qu’il y avait le bad-trip d’acide mais qui, finalement, donnait quelque chose de beau car LUMIÈRE était amené à prendre conscience de certaines choses, comme une ouverture vers un monde qu’il ne connaissait pas. Ça traitait aussi de l’ambiguïté des rapports entre amis et amours. Mais là sur le prochain, les amitiés et les amours se retrouvent sacrifiées pour la carrière. C’est un peu le « coming of age », le passage à l’âge adulte… Je fais bien des affaires pour devenir un rockeur, en sacrifiant mes amis, ma famille, mes amours. Et puis aussi c’est une manière de mettre A.M.I.E.S.A.M .O.U.R derrière, carrément. Je le vois comme ça.
LFB : Et quelle part de toi tu mets dans tes chansons ? Quelle est la part de réalité et la part de fantasme ?
LUMIÈRE : Avec le premier, c’est beaucoup d’histoires vraies, tandis que le second, c’est plus fantastique, je m’amuse à inventer des histoires, peut être inspirées de certains points vécus.
LFB : Et mettre ce personnage dans les années 70, au-delà des références musicales évidentes, qu’est-ce que ça t’apporte ?
LUMIÈRE : Au départ, c’était vraiment une contrainte pour nous, ça faisait partie de la démarche. On enregistrait uniquement avec des effets présents dans les années 70, les instruments aussi et la façon dont on plaçait les micros pour avoir un son… Après, les années 70, c’est sûr que je les idéalise aussi. Il y avait de la jeunesse à cette époque-là, tout était comme à faire… Faites l’amour et non la guerre, c’était vraiment ça. Le deuxième n’est pas vraiment situé dans le temps, quoique ça sonne encore comme dans les années 70. Peut-être qu’on chemine un peu, qu’on passe de 71 à 73. On rentre dans le Glam, mi-70, on est plus dans des gros sons rocks.
LFB : On passe des Beatles à Bowie ?
LUMIÈRE : Genre oui (rires)
LFB : Au niveau de l’enregistrement, il y a une vraie chaleur dans le son. Tu l’as enregistré comme à l’époque ?
LUMIÈRE : Il y avait quand même l’ordinateur, mais quand même tout a fini par passer sur du tape. C’est encore comme ça qu’on travaille et c’est peut-être de là que vient cette chaleur-là. Ça créé une densité, quelque chose de très reconnaissable.
LFB : Ce qui est intéressant, c’est que chaque morceau et sa composition accompagnent l’histoire que tu racontes.
LUMIÈRE : Ouais. Ça va continuer, tu sais. Le deuxième, on était dans l’urgence en fait. Je me suis servi de ça, c’était comme une contrainte. On voulait qu’il sorte au printemps cet album-là, donc on devait l’enregistre maintenant. À un mois de préavis, j’ai appelé tous les musiciens qui étaient partants pour sacrifier leur congés et venir en studio. Les studios, comme par magie il y avait de la place, le réalisateur de l’album était disponible … Toutes les planètes étaient alignées pour que ça se passe, mais dans un laps de temps très très court. C’était un peu déraisonnable au départ, mais on y est arrivés.
Parce que les albums à cette époque-là étaient enregistrés en très peu de temps, on n’avait pas le luxe d’enregistrer pendant 3 mois. Moi je me suis dit « Ben ok, go ». On n’a pas eu le temps de douter, de se poser trop de questions. On a pas eu le temps d’appeler la session de saxophones, de créer des arrangements … Donc on a pris la guitare, on a mis du fuzz. On a travaillé avec le groupe rock qu’on était, on a émulé les sons qu’on voulait entendre avec nos instruments rocks.
LFB : Finalement cette idée, elle colle parfaitement à la philosophie de ce que tu nous racontes de ce futur album.
LUMIÈRE : Ça presse. Mon personnage part de la campagne et déménage en ville pour percer, pour devenir populaire. Il y a quand même un bémol qui se raconte au fur et à mesure, c’est que ce n’est pas viable, cette affaire-là. On va droit dans un mur, t’sais. Alors il y aura des chansons dans ce second album où je me ramasse tout seul, mes amis sont pas là et les seuls qui m’appellent sont les gens de mon rock band, et je suis pas plus heureux.
C’est une quête comme une autre. J’aime ça raconter des quêtes, des choses épiques. Le première, c’était la quête de l’amour, et celui-là c’est la quête du succès. Puis finalement, on est dans un cycle encore, on finit peut être pas plus heureux que quand on a commencé. Ça pose une question aussi, de ce qu’on est prêt à sacrifier.
LFB : Les personnages féminins qui étaient présents dans le premier album seront encore là ? Tu vas introduire des nouveaux personnages ?
LUMIÈRE : Je n’introduis pas d’autres personnages mais Daphné et Naomi sont encore présentes, on entend encore leur voix. Dans le premier album, elles avaient des chansons solo, ce qui ne sera pas le cas dans le second. Elles sont plus inclues dans le band : on entend leur voix mais elles n’ont pas de « voix » propre.
LFB : Je t’ai vu en vitrine aux Francos de Montréal, où tu étais seul à la guitare. Est-ce que tu vois tes chansons d’une manière différente que quand tu es avec un band, où les morceaux sont forcément beaucoup plus amples ?
LUMIÈRE : Quand je suis seul, je retourne un peu aux racines, à l’essentiel de ce qu’était la chanson quand je l’ai composée. Je suis capable de les jouer, mes chansons se tiennent guitare-voix, pour moi c’est très important. Tout ce qu’on entend après, ça n’est pas superflu, car c’est un morceau qu’on interprète en groupe, et c’est ce que je veux idéalement.
Je ne le redécouvre pas tant que ça, mais c’est sûr que le texte devient plus important et que j’essaie de me ramener des images.
LFB : Qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour 2023, avec ce nouvel album qui arrive ?
LUMIÈRE : Le fait d’avoir fait des premières parties avec Pierre et Clara, d’être venu dans le passé avec d’autres groupes… J’aime beaucoup venir jouer en France. J’aime beaucoup jouer au Québec, il y a eu beaucoup d’opportunités. Mais tourner avec LUMIÈRE, c’est vraiment théâtral, avec une scène, et ce n’est pas vraiment un show adapté aux bars. Et au Québec si tu veux tourner à l’année, vaut mieux tourner avec un show rock, un peu réduit… Du coup, j’ai envie de venir en France pour avoir un terrain de jeu ailleurs dans la francophonie.
Le défi avec le second album c’est de trouver un tourneur et un label en France, on l’envoie et on a espoir que ça fonctionne.
Avec le cumul des deux albums, il y a moyen de faire un show d’une heure, avec de la subtilité et des variations. J’aime performer, et que le public se demande ce qui se passe. J’aime crever le quatrième mur et entrer en contact avec les gens. C’est quelque chose que je souhaite vraiment faire en France.