Coupdekat : « Paris a été une étape décisive pour ma carrière »

Fondatrice du collectif londonien exclusivement féminin Loud London, visant à faciliter l’accès et la réussite des femmes dans l’industrie musicale grâce une solidarité et une entraide à toute épreuve, nous avons pu nous entretenir avec la chanteuse Coupdekat. Une artiste aussi pétillante qu’engagée, dont la pop novatrice nous conquiert aisément.

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Crédit : @patheticgirl63

ENGLISH VERSION BELOW

La Face B : Tu parles souvent du fait que ta carrière solo a commencé « grâce » au confinement, mais que faisais-tu avant cela ? J’ai entendu dire que tu avais fait partie de quelques groupes de musique, peux-tu nous en dire un peu plus ? 

Coupdekat : Dès mes 14 ans, j’ai joué dans deux ou trois groupes de musique, avec des camarades de classe. Juste avant le confinement, j’étais dans un groupe appelé Electric Blue, et je pense que le confinement nous a forcés à arrêter de se voir pour faire de musique ensemble, et j’avais l’impression que tout le monde perdait un peu son intérêt pour le projet de toute façon, mais je savais que je voulais continuer la musique. C’était le moment propice pour me lancer en solo et trouver mon propre son sans ressentir une quelconque pression.

La Face B : As-tu toujours su que la musique était ton truc, que tu voulais avoir une réelle carrière ?

Coupdekat : J’ai toujours aimé performer, me montrer et être le centre d’attention. C’est pourquoi j’ai fait un peu de théâtre, avant de commencer à jouer de la guitare à l’âge de 10 ans, où j’ai directement pensé « ça va être l’instrument que je vais garder » : ça semblait être l’instrument parfait pour accompagner le chant. J’ai toujours apprécié tous les arts ; j’ai fait de la photographie pendant longtemps, puis j’ai réalisé que la musique était l’art sur lequel j’allais me concentrer un peu plus. J’aime toujours la photographie et la réalisation de vidéos, et j’ai pu poursuivre toutes ces activités à travers la musique, pour illustrer mes chansons. 

La Face B : As-tu commencé par écrire, ou par faire de la musique ? Est-ce que tu as d’abord su que tu voulais faire de la musique et l’écriture est venue après, ou la musique est-elle plutôt un moyen de narrer ce que tu écris ?

Coupdekat : J’ai commencé par apprendre des reprises à la guitare, puis je suis arrivée à un point où il m’a semblé nécessaire de composer quelque chose venant de moi-même, puisque j’ai toujours aimé raconter des histoires, et que lorsque j’ai un quelconque problème émotionnel ou une quelconque histoire à raconter, je me mets à écrire des poèmes pour l’exprimer. Le processus de création de mes chansons dépend en fait de mon humeur, et de si je me sens paresseuse ou productive. C’est vraiment déterminant pour savoir si je vais commencer sur ma guitare ou sur mon ordinateur par exemple.

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Crédits : @patheticgirl63

La Face B : As-tu appris à faire de la musique « formellement », en prenant des cours d’instruments, en faisant du solfège…, ou est-ce que tu as tout appris en autodidacte ?

Coupdekat : J’ai eu un professeur de guitare, mais je n’ai jamais voulu suivre de cours de solfège : pour être honnête, j’ai toujours fait de la musique en pensant « si ça me semble bien, alors ça l’est » plutôt qu’en utilisant un raisonnement théorique. Penser ainsi m’aide à faire de la musique plus librement, parce que je ne me sens jamais forcée, je n’ai jamais l’impression qu’il doit y avoir tel ou tel accord pour que ça sonne correctement. Évidemment, j’ai un peu de connaissances qui m’ont aidée à démarrer : je sais quels accords sonnent bien ensemble, quelles structures sont les bonnes. La musique n’a jamais été quelque chose que je devais apprendre, ça a toujours été quelque chose que je devais simplement faire sans me poser trop de questions.

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Crédits : @patheticgirl63

La Face B : En parlant de ton processus créatif, comment se déroule-t-il, puisque tu es une artiste totalement indépendante ? As-tu déjà une équipe ou es-tu seule pour tout, des visuels à la stratégie marketing, en passant par la logistique ?

Coupdekat : J’ai un manager, qui m’aide beaucoup, et je me sens très chanceuse de l’avoir parce qu’il joue tellement de rôles en plus de celui de manager ! Il cherche à m’aider de toutes les manières possibles : je commence par avoir une sorte de vision quant à la musique que je souhaite faire, puis il pense à la manière la plus simple de la rendre réelle.

L’année dernière, nous avons travaillé avec une équipe très soudée : le même photographe, le même vidéaste et le même monteur à chaque fois, afin de garder une cohérence visuelle tout au long du premier EP. J’ai l’impression que, qui plus est à Londres, les gens sont tellement créatifs qu’il y a toujours quelqu’un qui est prêt à participer de quelque manière que ce soit, pour le stylisme par exemple, donc on a trouvé beaucoup de gens prêts à travailler avec nous. Mon équipe est assez petite pour l’instant, mais j’aime le fait qu’elle grandisse lentement pour que je puisse avoir le temps de trouver des personnes fiables qui auront la même vision que moi. D’ailleurs, j’ai un groupe de musique maintenant, et ils sont fantastiques : j’ai hâte de faire des concerts avec eux !

La Face B : Les productions de tes chansons ont toujours un style assez indie, assez pétillant. Est ce que tu travailles toujours avec les mêmes producteurs pour avoir ce résultat ? 

Coupdekat : Cela dépend de la façon dont je compose : pour les premiers morceaux, c’était juste moi qui samplait des beats que je trouvais en ligne et puis qui écrivais dessus. Pour le prochain projet qui va sortir, c’est vraiment différent car ça sera plutôt un mélange de tous les producteurs que j’ai rencontrés ces derniers mois après avoir déménagé à Londres. Ce que je fais maintenant, c’est que j’écris des chansons et que j’envoie chacune d’entre elles au producteur qui me semble le plus pertinent, plutôt que de m’adresser à la même personne tout le temps. J’ai toujours eu l’impression que pour faire ma musique, je devais être toute seule à galérer avec mes idées, et maintenant je découvre que c’est vraiment cool d’aller à des sessions une ou deux fois par semaine et de rencontrer et travailler avec de nouvelles personnes.

La Face B : Tu es mentionnée comme étant la réalisatrice de tous tes clips, est-ce important pour toi d’avoir la main sur tout ce qui fait de toi une artiste, pas seulement la partie purement musicale ? 

Coupdekat : J’ai toujours été très intéressée par la façon dont les clips complètent en quelque sorte les chansons : je pense que l’on peut regarder un clip et, en le voyant, comprendre des choses qui n’avaient pas fait tilt et qui ne ressortaient pas lorsque l’on écoutait simplement la chanson avant. On comprend mieux les paroles et le sens de la chanson. Je pense que j’aimerais beaucoup travailler avec des réalisateurs à l’avenir, lorsque ce sera financièrement possible, mais pour l’instant, j’aime le sentiment d’avoir le contrôle de toute l’histoire qui accompagne la chanson, et de pouvoir pousser ma musique encore plus loin juste à l’aide d’une vidéo. 

La Face B : Quel est ton lien avec la France ? On peut entendre un peu de français à travers ton dernier EP, ainsi que des paroles qui y font référence, notamment dans le titre lost in translation.

Coupdekat : Après le confinement, je ne savais pas si je devais me mettre à fond dans la musique ou aller à l’université, alors j’ai pensé que j’avais besoin d’un peu de temps pour réfléchir, et je suis partie travailler comme fille-au-pair pendant un an à Paris. J’ai rencontré des gens qui m’ont vraiment donné la confiance qu’il me manquait pour faire de la musique en solo ; parce qu’il y a une communauté musicale d’une bienveillance folle à Paris, en rien comparable à ce que j’avais connu auparavant. J’y ai rencontré tellement de gens et appris tellement de choses, et c’est ce qui a vraiment donné vie à Coupdekat, puisque ce nom aussi est d’inspiration française ! Je n’y suis restée qu’un an, mais j’y retourne très souvent parce que ça me manque beaucoup : Paris a été une étape décisive pour ma musique et ma carrière, c’est certain.

La Face B : Tu parlais de Paris en disant que tu avais été surprise par la bienveillance dont les musiciens parisiens ont fait preuve à ton égard. Quelle différence tu constates par rapport à Londres ? 

Coupdekat : Londres est beaucoup plus ouverte à la créativité, mais il y a ÉNORMÉMENT de gatekeeping ! J’ai l’impression qu’il faut vraiment avoir beaucoup de contacts pour s’y faire une place. Le milieu artistique est comme celui de Paris, mais à une plus grande échelle, et je suppose que c’est une expérience différente, car j’ai été vraiment émerveillée par Paris : étant donné que j’étais une étrangère, j’ai probablement reçu un accueil différent. C’est aussi très différent de Londres car de ce que j’ai vu, la scène musicale parisienne semble vraiment dominée par les hommes : à Londres, c’est définitivement plus égalitaire, et j’essaie de faire en sorte que ça le soit d’autant plus avec le collectif de filles que j’ai fondé, Loud London.

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Lucy Tun lors d’une soirée organisée par Loud London

La Face B : Peux-tu nous en dire un peu plus sur le collectif Loud London ? 

Coupdekat : Je venais d’emménager à Londres et j’avais l’impression de ne pas connaître de filles qui en étaient au même point que moi dans la musique, c’est-à-dire qui s’y mettaient à plein temps sans avoir complètement « réussi » à en vivre ou être très reconnues. Ça a commencé par un groupe de discussion juste pour se faire quelques amies et se sentir plus à l’aise, parce que Londres est parfois très peu accueillant. Je pense qu’une partie de l’inspiration est également venue de NiNe8, un collectif qui rassemble des musiciens de tous genres musicaux. Tout de suite, les gens ont été intéressés : maintenant nous avons 70 membres, et plus d’une centaine de demandes d’adhésion ! (rires) C’est super choquant que ça semble être quelque chose dont énormément de gens avaient besoin, mais que personne n’avait mis en place auparavant ! J’espère que cela motivera d’autres villes et communautés à faire de même, car il est extrêmement important d’avoir un groupe de personnes qui vivent les mêmes difficultés et traversent la même situation que soi.

La Face B : Enfin, qu’est ce que nous pouvons te souhaiter pour la suite ?

Coupdekat : J’aimerais beaucoup jouer dans plusieurs festivals cette année, on va dire que mon grand objectif, et soyons réalistes, est de faire trois sets de festival. L’année dernière, j’en ai fait deux, donc je pense que c’est raisonnable ! (rires) Je veux aussi vraiment faire plus de concerts et de collaborations !

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Crédits : @patheticgirl63

ENGLISH VERSION (V.O)

La Face B : You’ve often talked about the fact that your solo career got started “thanks to” lockdown, but what were you doing priorly to this ? I’ve heard that you’ve been in some bands, can you tell us a bit more ?

Coupdekat : From age 14, I was in two or three bands, with schoolmates. Just before lockdown, I was in a band called Electric Blue, and I guess lockdown sort of forced us to not be out to make music together, and I felt like everyone was sort of losing interest anyways, but I knew that I wanted to continue music. It was the perfect time to then go solo and sort of try it out, and find my sound without feeling any sort of pressure.

La Face B : Did you always know music was your thing, that you were looking forward to it becoming your career ? Was it a childhood dream ?

Coupdekat : I’ve always loved performing, and showing off, and being like the center of attention. That’s why I did drama for a bit. I started playing the guitar when I was 10, and I thought “that is gonna be the instrument I’m gonna stick with” : it seemed like the perfect instrument to accompany singing. I’ve always really enjoyed all creative outlets ; I did photography for a long time, and then I realized that music was the one art I was gonna focus a bit more on. I still love photography and video making, and I’ve been able to continue all of these things through music, to sort of illustrate my writing. 

La Face B : Did you start by writing, or by making music ? Like did you know you wanted to sing and the writing came afterwards, or is it music kind of a way to just narrate what you write ?

Coupdekat : I started by just learning covers on the guitar, and then I came to a point where it felt necessary to compose something original, and I really always loved storytelling and I always felt like when I have any sort of emotional turmoil or any story to tell, I always go to writing up poems to express it. My song making process actually really depends on how lazy or how productive I’m feeling, it is really decisive on whether I will start on my guitar or on my computer.

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Crédits : @patheticgirl63

La Face B : Did you learn music “formally” like taking instrument courses, learning music theory…? Or did everything come from yourself 

Coupdekat : I had a guitar teacher at 10, but I never wanted to go to formal music theory classes : to be honest, I’ve always made music thinking “if it feels right, then it is” rather than using any theoretical reasoning. Thinking like this helps me to make music more freely, because it never feels forced, it never feels like there has to be this chord or another one, if it feels right then everything’s right for me. Obviously, I’ve got a little bit of knowledge that helped me to start : I know what chords sound good together, what structures are good. It’s never felt like I was “learning” music : I’ve just been “doing” music : it never felt like something I wanted to learn, it’s always been something I wanted to do.

La Face B : The beats of your songs always have that pretty bubbly bouncy indie style, do you always work with the same producers, how does that work ? 

Coupdekat : It depends how I compose it : quite a lot of the tunes that are already out, the early stuff ; it was just me sampling beats I found online and then writing to it, structuring it out. A bit after, I met a lot of producers in Paris and they were happy to sort of take on all the songs that I wanted to do and produce them. The first few songs were made like this : for the next project that is coming out, it is really different : it is a mix of producers that I met these last few months after moving to London. What I do now is writing songs and sending each one to the producer I think it would suit rather than turning to the same person. It is exciting because I would’ve never imagined working like that three years ago and now it’s exactly what I do and it’s been really nice to work with loads of different musicians. I always felt like music had to be just me and my thoughts struggling alone, and now I love going to sessions once or twice a week and working with new people. It’s really nice to be able to work with new people.

La Face B : Speaking of your creative process, how does it work since I guess you are a totally independent artist? Do you already have a team or are you working on your own for everything, from visuals to logistics?

Coupdekat : I feel very lucky to have the manager that I have, because he plays so many roles more than just being a manager, I can’t believe he has the time to but I’m really grateful that he does! He’ll basically want to help in any way he can : I’ll have the sort of vision and he thinks of the easiest way to produce it and to put the idea in my head out. For the past year, we’ve worked with kind of a close team : the same photographer, videographer, and editor each time to keep that consistent visuals throughout the whole first EP. It seems that, especially in London, people are so creative that there’s always someone who is willing to participate in any way, whether it’s for styling or any help so it’s been really nice to get people involved. My team is pretty small for now but I like to grow it slowly and find people who I really think will be able to have the same vision as I do. I do have a live band now, and they’re fantastic, and I can’t wait to play gigs with them so that’s lovely as well.

La Face B : You’re mentioned as the director of all your music videos, is it important for you to have a hand on everything making you an artist, not only the music ? Or is it just because it’s easier for now and you’re looking forward to focusing only on your music in the future.

Coupdekat : I’ve always been really interested in how far music videos take music : I think you can watch a music video and by seeing it, understand things that didn’t click and were not popping out when you were just listening to the song before. You sort of understand the lyrics more and the meaning behind. I think I’d love to work with directors in the future when it’s financially viable but for now, I like the feeling of being in control of the whole story that comes with the song, and being able to push my music even further with a video. 

La Face B : What’s your link with France ? We can hear some French through your last EP as well as lyrics referring to it, the lost in translation mv..

Coupdekat : After lockdown, I was a bit stuck on whether I should commit to music or go to university so I thought I needed some time away, and went to be an au-pair for a year in Paris. I met some people that really gave me the confidence to do the music solo ; because there is such a crazy supportive music community in Paris, nothing like I’d ever experienced before. It’s definitely smaller than the community in London but it feels way more supportive. I met so many people and learned so much, and that really brought Coupdekat to life, and the name as well came from French inspiration ! I only stayed for a year but I do go back and forth every few months because I miss it very much : Paris has definitely been a huge awakening for my music and my career, that’s for sure.

La Face B : That’s really interesting because I precisely thought that the London music scene was way more developed and creative than the Paris one, so it’s fun that you have the opposite impression ! Is the London scene as it seems, that is to say, a really open and welcoming place where singularity is at its peak ?

Coupdekat : London is way more open but there’s a LOT of gatekeeping ! It feels like you really have to know someone, to get to know someone else, to finally be able to go anywhere actually. The creative scene there is like the Paris one but on a big big scale, and I guess it’s a different experience because I was really amazed by Paris since I was a foreigner so I probably got a different welcoming. It also is very different from what I saw, because the parisian music scene seems really male-dominated : it didn’t hit me that hard at that time but I felt like I as a woman was treated quite well, because of, I don’t know, foreigner luck ? In London, it definitely is more equal and I’m trying to make it more equal with the girl collective I started, Loud London.

Crédit : @patheticgirl63

La Face B : Can you tell u a bit more about the Loud London collective ?

Coupdekat : I’d moved to London and I just felt like I did not know any girls who were at the same point in music as me, where they were fully committing to it but hadn’t “made” it yet. I was looking to meet friends in the same weird in-between as me, where you are kind of struggling but you still have to keep going because you really want to do it.. It just started as a groupchat to make a few friends and feel more comfortable because London is so unfriendly sometimes, so I thought it would be really nice to grow a little community to grow comfortable and confident. I guess that part of the inspiration also came from NiNe8, which is a collective bringing musicians from all music genres together. I was just so surprised that something for female musicians did not seem to exist so straight away, people were interested : now we have 70 members, and like a hundred applications to join ! (laughs) It’s just shocking that this just seems to be something that so many people needed but nothing was there before ! I enjoy London way more now since I feel like I got my girls, as friends but also as people that I can work with and get support from. I hope it motivates other cities and communities to do the same because it’s so important to have a group of people going through the same things as you.

La Face B : Finally, what’s the ONE thing can we wish for you next ?

Coupdekat : I’d love to have a pretty active festival season this year, my big goal, and let’s be realistic, is to do three festival sets. Last year I did two, so I think it’s reasonable ! (laughs) I also really want to do more gigs, and more collaborations !