Après de nombreuses tournées partout dans le monde et des centaines d’heures passées en studio, il était temps pour Rudi Creswick de faire le grand saut. C’est chose faite avec son premier album studio : Different Forms. Quelques mois après sa parution, nous avons eu la chance de nous entretenir avec le londonien.
Version traduite (Français – French)
La Face B : Salut Rudi ! Merci beaucoup de m’accorder un peu de ton temps. Comment vas-tu ?
Rudi Creswick : Salut, merci de m’accueillir, je vais bien. Je viens d’aller promener notre chien Nana, prêt pour le reste de la journée.
La Face B : Tu as sorti ton premier album, Different Forms, l’année dernière. Comment est-ce que le projet vit depuis. Tu peux nous en dire plus ?
Rudi Creswick : Honnêtement, c’est comme dans un rêve et les retours ont été géniaux. Tu sais, c’est juste magnifique quand quelqu’un te montre qu’il aime ta musique, puis aussi ce sentiment quand quelqu’un pour qui tu as beaucoup de respect t’apporte du soutien, c’est accablant. Dans le bon sens du terme. Même si ça ne devrait pas le propos parce qu’après tu pourras te conditionner à la déception pour la prochaine fois. Ce projet est la première étape pour sortir ma propre musique, et honnêtement j’ai adoré la réaliser, ne pas essayer de limiter la musique à une seule et même chose et me permettre d’être toutes les différentes formes de la personne que je suis et qui ressort. D’où le nom !
La Face B : Qu’est-ce que ça fait de finalement pouvoir sortir ta propre musique ?
Rudi Creswick : Honnêtement, les joies de faire et sortir ta propre musique et de collaborer avec d’autres artistes a été tellement génial. Pouvoir être créatif et de ne pas avoir à essayer de m’adapter à la situation pour quelqu’un d’autre, ce qui est un art en soi mais j’apprécie aussi être moi-même. C’était intimidant au début mais maintenant je ressens beaucoup moins de pression parce que tant que je suis content de mes parties, et que les autres musiciens sont heureux avec les leurs, c’est tout ce qui compte.
La Face B : Quel a été le point déclencheur qui t’as fait réaliser que tu voulais écrire ta propre musique ?
Rudi Creswick : J’ai fait de la musique pour le plaisir pendant longtemps, ne serait-ce qu’à travers le processus d’apprentissage de la production. En composant des beats dans le tour bus ou ce genre de choses. Puis c’est arrivé au moment où certaines personnes m’ont accordé la confiance de sortir quoi que ce soit. Plus particulièrement quand Barney Artist a envoyé un de mes morceaux que je lui avais donné et sur lequel il a rappé à Alfa Mist pendant le confinement pour qu’il le sorte sur son label Sekito Records comme faisant partie d’un projet entier. Ça m’a vraiment amené à commencer à écrire, ce dont pourquoi je suis très reconnaissant.
La Face B : Combien de temps le processus de création de Different Forms a-t-il duré ?
Rudi Creswick : Le premier morceau, Holding the Fence avec Barney Artists a été écrit en 2020. De là, le projet était en élaboration jusqu’à ce qu’il soit annoncé pour une sortie en 2022.
La Face B : On a aussi pu te voir en tant que musicien de tournée. Tu as notamment beaucoup tourné avec Tom Misch et Loyle Carner. Est-ce que ton projet va affecter ton travail avec les autres artistes avec lesquels tu as travaillé dans le passé ?
Rudi Creswick : C’est une année calme en termes de tournées pour moi, c’était le bon moment pour me concentrer sur mon propre matériel et j’apprécie rester un peu autour dans les parages de Londres et pouvoir être posé à la maison, écrire, collaborer et faire quelques concerts quand je peux.
La Face B : Dirais-tu que ces tournées ont pu influencer la manière dont tu joues et écrit de la musique ?
Rudi Creswick : Ma carrière en tant que musicien de session m’a énormément influencé ! Des idées viennent constamment, des idées que je sens étant inspirées par Jordan Rakei ou Tom Misch ou du moins par ceux qui ont inspiré leurs goûts.J’en ai appris tellement sur la musique sur la route et cette expérience est une partie intégrante de qui je suis en tant qu’artiste.
La Face B : En plus des tournées, tu fais aussi du studio, dans quelle mesure tu dirais que cette expérience, de tourner et de faire du studio, t’as aidé à créer ton album ?
Rudi Creswick : Je suppose qu’être dans le studio m’a aidé à m’habituer à ce que la petite lumière soit allumée, voir d’autres manières de créer et comprendre la différence entre ce dont a besoin un musicien pour un enregistrement studio ou pour un concert. Souvent, moins veut dire plus en studio.
La Face B : Comment c’est d’être en plein milieu de cette scène qui est très active ? Je veux dire, les amoureux de Jazz du monde entier, dont moi, ont les yeux rivés sur la scène londonienne. Est-ce que tu as une opinion particulière là-dessus ?
Rudi Creswick : Je suis vraiment très heureux d’être à Londres aujourd’hui. Il y a tellement de personnes autour de moi qui font de la musique magnifique et tu sais, tout le monde fait juste son truc, c’est pour ça que c’est vraiment génial de voir autant de personnes aussi bien s’en sortir et qu’autant de personnes soient là. Je pense que des artistes comme Moses Boyd, Nubya Garcia, Mansur Brown et Joe Armon Jones ont vraiment ouvert de nouvelles portes pour beaucoup d’entre nous pour faire notre musique de quelque manière qu’on le souhaite et espérer qu’elle soit entendue. Il y a tellement de choses ici.
La Face B : On sent qu’il y a trois influencés prédominantes dans ton travail, à savoir la Neo-Soul, le Jazz et le Hip-Hop. Comment est-ce que tu qualifierais ta musique si tu devais mettre des mots dessus ?
Rudi Creswick : Je suis d’accord avec ces trois-là sur le fait que ça soit d’énormes influences pour ce que je fais. Je tire aussi beaucoup d’influences d’autres genres comme le dub, surtout dans le morceau Fight or Flight, ou la House Music, dans le titre With Want You. Ce sont d’ailleurs tous des genres venant de la Musique Noire donc j’aimerais exprimer ma gratitude envers les pionniers sans qui ces mêmes genres n’auraient jamais existé.
La Face B : En parlant d’influences, est-ce que tu dirais qu’il y a certaines artistes ou albums qui ont en quelque sorte guidés la direction de l’album ?
Rudi Creswick : Je ne dirais pas qu’il y ait d’albums qui aient guidé la direction du projet vu que sur le plan stylistique je pense que le fait que chaque morceau soit en relation avec les autres est un peu surfait. Cependant j’étais clairement influencé par certaines choses que j’écoutais à ce moment-là comme l’éponyme de Lianne La Havas, l’album de Khruangbin hosté par le scientifique légendaire Hasta el Cielo. Mais j’ai été énormément influencé par par d’autres artistes que j’ai mentionné avant comme Thundercat, Mala, Kofi Stone, Theon Cross, Haitus Kayote, Oscar Jerome, Alfa Mist et il y en a beaucoup trop d’autres pour tous les citer.
La Face B : Tu as dit que ce projet n’aurait pas pu voir le jour sans l’aide d’Alfa Mist. Est-ce que tu peux nous expliquer son rôle clé dans la création de cet album ?
Rudi Creswick : Donc Alfa a sorti Different Forms sur son label Sekito. S’il n’avait pas cru en moi et ma capacité de livrer un projet entier, il n’aurait probablement jamais vu le jour. Lui et le label ont tout fait en termes de distribution, ils l’ont fait presser en vinyle et l’ont rendu disponible à une date au Jazz Café, ce qui était probablement mon concert préféré. C’est aussi lui au clavier sur Fight or Flight.
La Face B : Tu as fait quelques concerts depuis la sortie de Different Forms. Qu’est-ce que ça fait de jouer ces morceaux sur scène en face d’un public ?
Rudi Creswick : Le concert au Jazz Café était incroyable. J’ai joué avec le groupe de mes rêves et pu accueillir quelques invités. Sans oublier le magnifique set de Jamie Leeming et JSPHYNX. La foule était tellement derrière nous et j’étais pris dans le moment que j’ai senti qu’on ne pouvait rien rater. Par contre parler dans le micro c’était effrayant, mais je m’y habitue doucement. Au-delà j’ai aussi fait des dates un peu plus à l’arrache avec juste un sampler, ma basse et de temps en temps Keahnne Whibty qui me rejoignait au saxo avec Manny qui débarquait pour chanter Peace of Mind. J’ai très hâte de remonter sur scène.
La Face B : La pochette de l’album est très belle, c’est un dessin. Est-ce que ça a une signification particulière pour toi ?
Rudi Creswick : Merci c’est l’œuvre d’une magnifique artiste et musicienne qui s’appelle Pearl de Luna. En fait c’est une vraie peinture à l’huile, elle est vraiment magnifique n’est-ce pas. J’ai laissé beaucoup d’espace à Pearl, on a surtout discuté par rapport à la palette de couleurs, moi dans le siège dans lequel je produis et pour l’eau on avait discuté de l’effet qu’une goutte peut avoir sur une masse d’eau. Mais je pense que ça devient de Pearl et de son interprétation de la musique.
La Face B : Avant qu’on mette fin à l’entretien, il y a une question que j’aime bien poser aux artistes que j’interviewe. Est-ce que tu as des artistes ou des projets que tu écoutes particulièrement en ce moment ?
Rudi Creswick : Little Simz – No Thank You, ça ça tourne en boucle. J’adore l’EP Stolen Moments de Sahra. Et même si c’est un peu tard l’album de Lil Silva : Yesterday is Heavy qui est juste incroyable.
La Face B : Et bien, merci beaucoup Rudi de m’avoir accordé un peu de ton temps et de ton attention, c’était vraiment cool mec ! Tu as peut-être un dernier mot avant de finir l’interview ?
Rudi Creswick : Tout le plaisir est pour moi, ça a été un honneur ! Juste merci beaucoup de m’avoir accueilli et d’écouter ma musique, ça veut tout dire pour moi !
Vous pouvez retrouver Rudi Creswick sur Instagram, Facebook et Twitter.
Version Originale (Anglais – English)
La Face B : Hey Rudi! Thank you very much for giving me a bit of your time. How are you doing?
Rudi Creswick : Hey thanks for having me, I’m doing good. Just walked our dog Nana, ready for the day.
La Face B : You released your debut album, Different Forms, last year. How does the project lives since then. Can you tell us more about it?
Rudi Creswick : It’s honestly been a dream and the response has really been great. You know it’s absolutely amazing when anyone shows love to your music, and then also the feeling of someone you really respect in the industry showing support, that is just so overwhelming. In a great way. Even though that shouldn’t be what it’s all about because then you could be setting yourself up for disappointment next time. The project is my first step into releasing my own music, and I’ve loved making it honestly, not trying to limit the music to one thing and allowing myself to be as many of the different forms of who I am that came out. Hence the name!
La Face B : How does it feel to finally release your proper music on your own?
Rudi Creswick : Honestly the joys of making and releasing your own music and collaborating with others have been so great. To be able to be creative across the board and not having to try and fit the situation for someone else, which is an art in itself but I’m enjoying being myself. It was daunting at first but now it actually feels like way less pressure because as long as I’m happy with my parts, and any of the other musicians happy with theirs, that’s kind of all that matters.
La Face B : What was the turning point when you realized that you wanted to write music on your own?
Rudi Creswick : I’d made music for fun for a while just through learning to produce. Making beats on the tour bus and that sort of thing. Then it wasn’t until other people had the confidence in me that I released anything. Most significantly when Barney Artist pitched a track I sent him to rap on over lockdown to Alfa Mist to release on his label Sekito Records as part of a whole project. That really got me into writing gear, for which I’m so grateful.
La Face B : How long did the Different Forms creation process last?
Rudi Creswick : The first track called Holding the Fence with Barney Artist was written in 2020. From then, the project was in the making right until it was announced to release in 2022.
La Face B : We can also have seen you as a touring musician. You especially toured a lot with Tom Misch and Loyle Carner. Does your solo project will affect your work with the other artists that you worked with in the past?
Rudi Creswick : It’s a quiet year for me for touring so far, the timing has been good in terms of focussing on my own stuff and I’m enjoying being around London chilling at home, writing, collaborating and picking up gigs when I can.
La Face B : Would you say that these tours could have influenced the way you’re playing and writing music?
Rudi Creswick : My career as a session musician has influenced me massively! Ideas come out constantly that I feel are inspired by Jordan Rakei or Tom Misch or perhaps those that have inspired their tastes. I’ve learned about so much music on the road and that experience has been integral to who I am as an artist.
La Face B : Alongside the tours, you also do studio, how would you say that this experience, touring and doing studio sessions, helped you to create the album?
Rudi Creswick : I guess being in the studio has helped getting used to the red light being on, seeing other’s ways of creating and understanding the difference in what’s needed from a musician for a studio recording to live gigs. Often less is more in the studio.
La Face B : How is it to be in the middle of this big scene which is very active? I mean, Jazz lovers from all around the world, and so do I, have the eyes riveted on the London scene. Do you have a particular point of view on that?
Rudi Creswick : I’m very thankful to be in London right now. There’s so many people around making beautiful music and you know, everyone’s just doing their thing which is why it’s really great to see lots of people doing so well and that so many people are tuning in. I think people like Moses Boyd, Nubya Garcia, Mansur Brown and Joe Armon Jones have really opened the door for a lot of us to make our music however we want and hope it gets heard. There’s just so much stuff out there.
La Face B : We feel that there are three predominant influences in your work, which are Neo-Soul, Jazz and Hip-Hop. How would you qualify your music if you had to put words on it?
Rudi Creswick : I’d agree with those three as they are huge influences in what I do. I also draw a lot of influence from other genres like dub, especially in the track Fight or Flight and house music especially in the track With Want You. They are notably all black music genres so I would like to express my gratitude for which without the pioneers in these genres my music wouldn’t exist
La Face B : Talking about influences, would say that there’s some artists or albums that kind of guided the direction of the album?
Rudi Creswick : I wouldn’t say any albums guided the direction of the project as stylistically I think each track in relation to some of the others is kind of all over the place. Although I was definitely influenced by things I was listening to at the time like Lianne La Havas’ self titled album, Khruangbin’s album dubbed by the legendary Scientist Hasta el Cielo. But I’ve been infinitely influenced by others I’ve mentioned before as well as Thundercat, Mala, Kofi Stone, Theon Cross, Haitus Kayote, Oscar Jerome, Alfa Mist and too many others to name really.
La Face B : You said that this project couldn’t have been born without the help of Alfa Mist. Can you explain to us his key role in the creation of this album?
Rudi Creswick : So Alfa released Different Forms on his label Sekito. If he hadn’t believed in me to deliver an entire project, the project would not exist. Him and the label then made everything in terms of releasing effortless, got it pressed to vinyl and put on a Sekito showcase gig at Jazz cafe which was potentially my favorite gig ever. He also played some amazing keys on Fight or Flight.
La Face B : You did some shows since the release of Different Forms. How does it feel to perform these songs on stage in front of a public?
Rudi Creswick : The jazz cafe show was such a buzz. I performed with my dream band and a host of features. Not to mention amazing sets also by Jamie Leeming and JSPHYNX. The crowd were so supportive and I was so caught up in the feeling I felt we could do no wrong. Talking on the mic has been scary though, but slowly getting used to it. Other than that I’ve been doing more stripped back shows with a sampler, my bass and sometimes Keahnne Whitby has been joining on sax and Manny has jumped up to sing Peace of Mind. I can’t wait to do more shows.
La Face B : The album artwork is very beautiful, it’s a drawing actually. Does it have a specific meaning for you?
Rudi Creswick : Thank you it’s by an artist and amazing musical artist Pearl de Luna. It’s actually a real oil painting, so beautiful isn’t it. I left a lot to Pearl, we mainly discussed colour palette, me in my producing chair and for the water there was talk of the effect one drop can have on the body of water. But I think mostly the outcome is Pearl‘s interpretation of the music.
La Face B : Before we end the interview, there’s a question that I like to ask to the artists that I interview. Do you have specific artists or projects that you’re currently listening to at the moment?
Rudi Creswick : Little Simz – No Thank You has been on repeat. I’m loving the EP Stolen Moments by Sahra. And a little late but Lil Silva’s album Yesterday is Heavy is just incredible.
La Face B : Well, thank you very much Rudi for your time and attention, it was so cool man! Do you maybe have a final word before we end up the interview?
Rudi Creswick : My pleasure, it’s been an honor! Just thank you so much for getting me on and for listening to the music, it means the world!
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