Les clips de la semaine #160 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 160ème sélection des clips de la semaine.

CLAUDE – LES ACCORDS DE LENNY

Qu’est ce que donne un Superman sous spleen ? Sans doute un Clark Kent qui pleure et qui danse, oubliant de retirer ses lunettes, perdu et titubant face à la peine et à la disparition d’un être aimé.

Tout ça, c’est la vision de Claude. Après s’être grimé en Kebab prêt à être bouffé, le voilà désormais en super-héros bien trop humain, toujours devant la caméra de Yoann Hebert & Lucas Bacle. Parce qu’au fond, on est tous égaux face à la perte et au deuil, et que même le plus grand des héros n’est qu’une petite merde une fois le cœur brisé.

C’est tout cela que raconte Les accords de Lenny, une succession de souvenirs qui font le sel d’une relation, des petits moments sans importance mais qui deviennent des couteaux dans la peau une fois que l’histoire se termine, brutalement ou non. Avec Claude, la douceur et le calme deviennent une brutalité presque martiale, une percussion qui grimpe et qui frappe nos oreilles et nos cœurs, alors que sa voix déverse la litanie d’une âme qui saigne et qui souffre.

Un second single percutant et fort, qui se place sans difficulté parmi les meilleurs morceaux de ce début d’année.

Grand Public – Lundi normal

Qu’est ce qu’un Lundi normal ? Selon Grand Public et Mathieu Dumontier, c’est un repas entre potes où l’on se raconte sa vie, où l’on fait des plans pour les semaines à venir et où l’on divague sur le meilleur jeu vidéo du monde, à savoir Pac-man.

Une certaine monotonie à base de poutine qui a quelque chose de rassurant et que l’on vit tous. Le besoin d’être avec des gens qu’on aime, de parler de tout et surtout de rien, et de faire des plans pour se retrouver.

Musicalement, le groupe continue de déverser une pop mélodique au possible, toutes guitares dehors. On se laisse bercer par cette poésie presque ésotérique et par ce rythme qui semble sans fin, donnant au tout un côté à la fois aérien et onirique.

Du tout bon en attendant la sortie de Idéal Tempo, prévue en mars chez Lisbon Lux Records.

Awir Leon – Stars

Awir Leon annonce pas à pas la sortie de son prochain album Love You, Drink Water, en commençant par un premier single : Stars

Stars est un single enivrant et entraînant, qui s’accompagne d’un clip fraîchement sorti, dans lequel on peut apprécier les talents de danseur d’Awir Leon, artiste multi-casquettes.

Le clip est absolument à l’image du texte et de la musique de ce nouveau single : un hymne à la délivrance et à la liberté. “Do we know we’re alive ?” [ndlr : “savons-nous que nous sommes vivants ?”] Et si l’on oubliait trop souvent de profiter de la beauté de ce que nous voyons, de ce que nous ressentons ? L’artiste s’interroge et nous pose là une question existentielle. Danser ses sentiments au coucher du soleil, n’est-ce pas un moyen enivrant de se sentir vivant et de libérer son esprit ? 

Avec Stars, Awir Leon signe un tube aussi dansant que rempli de sens, qui va tourner en boucle dans les écouteurs de la rédaction et nous donne hâte d’être au 24 mars prochain pour découvrir Love You, Drink Water.

Stony Stone – Step #10 : Mystère et Suspense

La série de morceaux Step aura été décisive pour Stony Stone, il fallait donc la finir avec les honneurs. Cette semaine aura donc vu un dixième et ultime épisode sortir. Intitulé Mystère et Suspense, comme un titre de l’emblématique groupe de Marseille : la Fonky Family. Issu lui aussi de la cité phocéenne, le jeune rappeur, accompagné du beatmaker Thug Dance, a décidé de poser en samplant le titre initial. Un sample mélancolique, qui accompagne son récit et s’incorpore étonnamment bien sur un style bien plus électronique.  

Tourné à Marseille, la réalisation de 134 clip et Kirill, épaulés par Stony Stone lui-même, met en avant des valeurs de partage et de chaleur qui collent à la peau de la ville et de ses habitants. 

Pour terminer, Stony Stone n’hésite pas à remercier ceux qui l’ont aidé et bénéficie même de la présence de Menzo et Sat de la FF. La boucle est bouclée. 

Yolande Bashing – CQSFDM

Une chose est sûre, Yolande Bashing fait CQSFDM ! Ah pardon, une traduction peut-être ? 

CQSFDM, c’est clairement Ce Qui Se Fait De Mieux, et c’est surtout le nouveau single de Yolande Bashing

Un single qui n’arrive pas seul, car il est accompagné d’un clip délirant (on ne change pas une équipe qui gagne) aux allures de casting de série B à la française. CQSFDM est un doux mélange entre une mélodie entraînante et un refrain entêtant, auquel on peut tous s’identifier, nul ne sert de mentir. “Je fais ce qui se fait de mieux en sortie de bar” : des fins de soirées arrosées pleines de beaux projets, quelques difficultés à s’en relever le lendemain… Yolande Bashing met ses beaux moments de vie en musique sur une compo électro qui nous donne envie de remettre ça, même en gueule de bois.

Un single dont le titre n’est pas à prendre à la légère, car le second album de Yolande Bashing arrive dès le 17 février, et portera le doux nom de Disparaître. On sait déjà que cet album sera CQSFDM dans le milieu ! 

Ucyll & Ryo – Gris Village

Après un essai concluant en solitaire, Ucyll retrouve son binôme Ryo sur Gris Village. Toujours plus confiants en leur formule, ils continuent de l’implanter. Pour ce faire, ils comptent à nouveau sur Simon Stewart à la caméra pour donner du corps à leur univers. 

On les retrouve une nouvelle fois dans un milieu très naturel, se distordant aux rythmes des basses, brouillant la frontière entre réel et imaginaire. Malgré cela, cet écosystème semble oppresser Ucyll, qui s’enfuira jusqu’à la mer. Un peu plus loin, c’est Ryo, plus calme et mélodieux, qui viendra contraster et apporter de la dualité face à l’énergie sombre de son acolyte.

Le duo prouve une nouvelle fois toute sa symbiose et son envie de pousser au plus loin leur musique et les visuels l’accompagnant. 

COSSE – Easy Things

Après les titres Evenin & Crazy Horse, sortis en 2022, COSSE nous offre, ce mercredi 1 février, le morceau Easy Things : le troisième extrait de leur premier album studio, prévu pour le 10 février prochain.

Ce nouveau morceau est dans la continuité mélodique des deux précédents, à savoir accompagné de sonorités et d’une couleur musicale intense et fortement mélodieuse. Sur des guitares aux acoustiques poétiques et alourdies, Easy Things nous transmet une ambiance et une émotion à la fois oppressante et libératrice.

Le clip appuie parfaitement ce que nous transmet ce titre. Il en ressort quelque chose de contemplatif, de poétique, accompagné d’une dimension mystique, d’inexplicable, et d’une sensation
d’égarement. Il y est montré une personne arborant une tenue que nous pourrons qualifier d’originale : un long manteau fait de paille, avec, en guise d’épaulettes, ce qui semble être des
os d’animaux. Ce personnage à l’air neutre et perdu parcourt un décor fait de roches et est persécuté par les violentes vagues d’un océan agité sous un pesant ciel gris.

Avec ce nouveau titre, COSSE réussit à nous faire parvenir une véritable envie de découvrir leur premier album au complet. Nous espérons ainsi que ce projet sera à la hauteur des trois titres sortis précédemment.

Kevin Morby – Like A Flower

On a manqué de faire une petite attaque. Qui aurait pu prévoir un nouvel album de Kevin Morby ? Pas nous, on a failli tomber de notre chaise. Mais pas de panique, notre Kevin préféré a – juste – réalisé la BO d’un film, Montana Story, et en sort donc l’album. Le film raconte le retour d’un frère et d’une sœur dans le ranch de leurs parents après que leur père soit tombé dans le coma.

Nous voilà donc avec un mix d’images du film et celles d’un Kevin Morby enrhumé (il a le nez un peu rouge) qui se balade dans la campagne du Montana pour illustrer Like A Flower, single de l’album. On est sur du classico états-unien ici. Entre les images de ranch (chevaux, chapeaux, silos..) et une guitare folk, accompagnée d’une autre au bottleneck (au cas où, si on avait encore des doutes), impossible de se tromper. Pour autant, ça reste du Kevin Morby, et tout ce à quoi touche Kevin Morby est beau ; Like A Flower ne déroge pas à la règle.

Malheureusement, le film n’est pour l’instant pas prévu à la diffusion dans les salles noires de l’hexagone. Mais on en a un petit aperçu ici. Accompagné de ce nouvel album surprise, voyons donc le verre – de whisky, pour rester dans le thème – à moitié plein.

Pearl & The Oysters ❍ Konami

Chaque nouveau morceau de Pearl & The Oysters est un enchantement, et Konami ne fera pas exception à la règle. Désormais signés chez le légendaire label Stones Throw, le duo français le plus américain du moment nous offre une nouvelle perle de bonheur.

La douceur de la voix de Juliette, bercée par les vagues musicales imparables de la flûte, des guitares rythmiques et de la basse (toujours aussi groovy et imparable), le tout saupoudré d’une batterie répétitive, nous donne envie de danser les yeux fermés, en nous laissant guider par ce son digne des plus beaux rêves.

La vidéo de Salvador Cresta participe aussi à l’extension du style Pearl & The Oysters. Une nouvelle cassette, renvoyée par les reflux de l’océan, qui nous transporte dans un univers DIY à l’ancienne, avec de l’animation et des textures d’un autre temps.

Le tout est idéal et parfait pour un dimanche au calme.

HAELIUM – Optimistic

Nouveau titre pour HAELIUM avec la sortie vendredi d’Optimistic.

L’artiste nous offre un peu plus de 2mn30 de sonorités électroniques assez claires, où l’optimisme et l’insouciance semblent se confronter à une certaine mélancolie. La répétition de ces mots, I miss you, est contrebalancée par des percussions et des notes pleines de sérénité. Le message semble être le suivant : tout va bien aller.

Le clip confirme ce sentiment, puisqu’il s’agit d’un assemblage de plusieurs petites vidéos, formant une boucle. Les images de moments heureux et ensoleillés se confrontent aux sonorités optimistes et lumineuses du morceau.

On est toujours aussi fan de l’univers d’HAELIUM.

Alfa Mist –  4th Feb (Stay Awake)

On ne présente plus Alfa Mist, figure emblématique et grand artisan du jazz d’aujourd’hui. Car si le jazz fait son grand retour depuis quelques années, l’artiste britannique n’y est pas pour rien.  En effet, depuis son premier album Nocturne, sorti en 2015, Alfa Mist percute, évolue, explore en profondeur, mélange les styles, dépoussière les vieilles connotations du genre.

Avec lui, c’est toute une nouvelle génération de pianistes, de batteurs, qui sortent des codes et se mêlent à d’autres artistes plus populaires. On pense notamment à Tom Misch, Youssef Days ou encore Domi et JD Beck. Cette semaine, Alfa Mist nous fait découvrir les premiers titres de son sixième album, Variables, qui sortira le 21 avril prochain. 4th Feb (Stay Awake), sur son tempo tranquille, mélange les sonorités. Une voix hip-hop posée et des descentes de synthé en carillons font place en fin de piste à un sublime solo de violoncelle.

Côté image, une formidable animation graphique de la société Spod nous propose de nous évader dans une rêverie mi-aquatique, mi-astrale. Très poétique, cet enchaînement de formes s’annonce comme la signature de l’album.

Quinn Oulton – Better (Acoustic)

2022 marqua les débuts discographiques de Quinn Oulton, ce dernier y ayant rendu public son premier album : Alexithymia. En ce début de nouvelle année, le Londonien décide de compléter sa première œuvre avec une version deluxe. Cette annonce tombe avec la sortie du clip de la version acoustique du morceau Better. On y voit le multi-instrumentiste interpréter le réarrangement du morceau derrière un piano à queue, seul au clavier et armé d’un micro.

Malgré l’absence d’une quelconque instrumentation annexe, la piste n’en perd pas pour autant toute sa puissance et sa majestuosité. De plus, on peut évidemment saluer la qualité de l’arrangement, une nouvelle fois au rendez-vous avec l’artiste. On remarquera notamment la performance vocale bluffante du compositeur, presque identique à la version studio. Alexithymia Deluxe Edition sera disponible le 28 avril prochain.

French 79 – Burning Legend

L’un des plus fiers représentants de la musique électronique française est de retour. Après The Unreal Story of Lou Reed, sorti en 2021, il est temps pour French 79 de revigorer les bacs de disques. Avec le morceau Burning Legend, le Marseillais annonce en grande pompe son quatrième album, en attente d’une date de sortie.

Réalisé par CAUBOYZ, le clip fait preuve d’une identité très esthétisée, témoin d’une idée d’unité. Une perception renforcée par la première phrase du refrain : “We have to save the world.”. Musicalement, on y retrouve les caractéristiques qui ont rendu célèbre le musicien : des mélodies simples mais terriblement efficaces, avec en prime un travail conséquent sur les claviers.

Ces derniers composent la charpente du titre, participant grandement à la disposition de l’ambiance générale. Le principal intéressé a confessé travailler sur un nouvel album. On espère que tout soit au même niveau que ce très bon single.

AnNie .Adaa – APPARTEMENT 12

AnNie. Adaa a fait son grand retour cette semaine avec Appartement 12, son premier morceau presque un an après la sortie de l’excellent QU’AUJOURD’HUI NE MEURT JAMAIS en mars dernier.

Le titre est dévoilé avec un clip pour lequel le dynamisme est le maître mot, réalisé par le talentueux C14 Bone, qui se démarque dernièrement par ses réalisations pour plusieurs rappeurs français. 

On y retrouve le rappeur dans une atmosphère expérimentale aux sous-tons orangés, accompagné de son animal-totem : un chien.

Le début d’une nouvelle ère pour l’artiste, que l’on a hâte de découvrir, d’autant plus qu’on ne sait absolument pas à quoi s’attendre ; de quoi renforcer notre impatience… 

LUCKY LOVE – J’veux d’la tendresse

LUCKY LOVE continue son bonhomme de chemin avec son morceau J’veux d’la tendresse. Ce dernier se voit gratifié d’un clip prenant place dans un univers marin et mettant en avant une esthétique très léchée et douce. Sur une instrumentation douce et subtile, l’artiste énonce un véritable appel à l’amour et à la bienveillance. La vidéo sert d’ailleurs cette idée, avec l’expression visuelle du rapprochement et du contact physique. Notamment doté d’une très belle chorégraphie, l’extrait se veut comme étant une ôde à la positivité et à la lumière. Le travail du Français est à surveiller, tant il est fait avec soin et est témoin d’une honnêteté intraitable.