TASTE : « On est fans de Daniel Guichard ! »

Taste résonne comme une injonction à découvrir leur univers musical. Né de l’envie forte d’Yan Wagner et d’Alexandre Berly aka La Mverte de faire de la musique ensemble, Taste revisite à leur manière et de façon jubilatoire la période post-punk du début de la new wave. Si l’association de La Mverte et d’Yan Wagner laissait présager de jolies choses, leurs trois premiers singles aux clips déjantés sortis cet hiver nous ont faits craquer. Taste(r), c’est l’adopter. C’est donc complètement acquis à leur musique que nous sommes allés discuter avec eux alors que leur premier EP de cinq titres sort le 24 février et que s’annonce leur premier concert. Il aura lieu le 1er mars, dans la bouillonnante salle de l’International dans le quartier Oberkampf à Paris.

Crédits photos Marco Dos Santos

La Face B : Bonjour, comment allez-vous ?

Alexandre : Ça va plutôt bien

Yan : Un peu fatigué parce que l’on vient de faire une bonne semaine de résidence et de répétition en vue des prochains concerts. C’est encourageant. C’est de la bonne fatigue !

Alexandre : Et c’est stimulant !

La Face B : Comment votre projet Taste est né ?

Yan : Cela fait longtemps que l’on se connaît avec Alex. On avait envie de faire de la musique ensemble depuis au moins cinq ans. On s’est retrouvés à improviser des choses, à faire de la musique sans plan, juste histoire de faire des morceaux ensemble. Il y a eu deux sessions comme cela. Il y a quatre-cinq ans et, après avoir fait plein de choses chacun de son côté, pendant le deuxième confinement.

Alexandre : On avait partagé un studio pendant quatre ans à Saint-Ouen dans le 93. On bossait sur ce projet mais pas de façon continue. C’est vraiment pendant le deuxième confinement qu’on s’est mis à fond sur l’écriture de nouveaux morceaux.

Yan : C’est vrai que le fait de partager ce studio nous a permis de mieux formaliser les choses. Au départ c’était quand on avait le temps donc de façon très sporadique. Et puis, le confinement aidant, et surtout l’inaction qui en a découlé, a été l’occasion de passer la seconde et de terminer les morceaux.

L’orientation que l’on a prise, de plus en plus rock, nous a incités à faire venir deux autres musiciens. Ils ont participé à l’EP qui va sortir et seront présents sur les lives. On avait l’impression que c’était la meilleure façon de faire vivre les morceaux. Si au départ, on avait plutôt en tête quelque chose de très électronique, le projet est devenu au fur et à mesure plus organique. D’où une formation à quatre avec en complément batterie et guitare.

La Face B : Effectivement, musicalement avec vos projets solos respectifs, on pouvait s’attendre à quelque chose d’électro. Là, c’est clairement rock. D’où vient cette envie ?

Alexandre : Les premières démos lorsqu’on les a conçues, contenaient beaucoup de boîtes à rythmes et de synthé. Mais cela venait du matériel qui était à disposition dans le studio. En fait, on a tous les deux un gros socle de disques fétiches et de passions pour des groupes rock. Ça fait partie de notre ADN musical, même si cela n’apparaissait pas sur les positions que l’on avait avant. Peut-être pour toi, Yan, cela s’est davantage vu sur ton deuxième album.

Yan : Et puis je pense que l’on a commencé à sentir qu’il y avait moyen de s’exprimer dans une grammaire que l’on avait pas encore beaucoup exploitée. C’est comme cela aussi que je conçois un nouveau projet. Aller chercher des choses que l’on a pas encore expérimentées avant. Ça vient d’un socle commun, sûrement, mais aussi d’une envie d’aller s’aventurer ailleurs.

Alexandre : Cela nous ouvre tout un champ de textures, un vocabulaire que l’on n’avait pas ou très peu utilisé par le passé. C’est assez excitant de pouvoir accéder à de nouvelles richesses et de nouvelles finesses d’expressions.

Yan : Et aussi pour ma part, mais ça doit être aussi le cas pour toi, Alexandre, le fait de jouer en groupe me manquait. Même si j’ai un groupe lorsque je fais des concerts. Là, c’est plus affirmé. C’est une dimension que l’on souhaite voir prendre de l’importance. Il y a ce truc de jouer, le jeu où le chanteur n’est pas au centre. J’avais vraiment envie d’un projet comme cela !

Alexandre : Jouer et puis aussi développer le projet. On a tous les deux plutôt des parcours en solo. C’est aussi agréable qu’intéressant de pouvoir se renvoyer la balle perpétuellement, développer des idées. Avoir quand on a une idée, une autre paire ou trois autres paires d’oreilles pour pouvoir les éprouver, les recadrer ou les amener encore plus loin. Cela permet d’être plus profond dans les propositions.

Yan : C’est sûr, à plusieurs, on ne va pas du tout aux mêmes endroits. La fabrication des morceaux a été aussi plus rapide du fait des ping-pongs. D’une idée d’Alexandre va émerger une idée de ma part, etc… C’est une façon de fonctionner qui est très agréable.

La Face B : Étant à Marseille pour l’un et à Paris pour l’autre, comment s’effectue cette création à distance ?

Alexandre : Je suis descendu à Marseille pour que l’on finisse des morceaux ensemble, mais le plus gros de l’écriture a été fait à distance.

Yan : En fait, je pense qu’il y a deux types de morceaux. Ceux que l’on a vraiment faits ensemble du début à la fin. Ceux-là, on n’y touchait pas tant qu’on n’était pas ensemble. C’est le cas du premier single Shame Game. Et d’autres qui sont nés d’idées que l’on s’envoyait et qui s’enrichissaient au fur et à mesure. Au final, la distance n’est pas tant un problème. On a des façons de travailler assez similaires et on utilise les mêmes outils.

Alexandre : Rien n’est gravé dans le marbre. On travaille sur le même logiciel, on s’échange les sessions en ayant une liberté totale sur ce que fait l’autre. Il n’y a pas d’ego. On fait valoir nos idées et nos arguments, c’est une similiécriture à quatre mains comme si l’on était dans le même studio. Ce qui est bien dans l’échange de sessions, c’est qu’il y a moins ce phénomène de perte de temps, on peut se partager une idée dès qu’elle apparait.

Yan : Et au final, l’important c’est le résultat. C’est comme pour tout.

La Face B : Votre musique semble prendre ses racines dans le mouvement qui a succédé au punk à la fin des années 70 début 80. C’est une période dans laquelle vous vous retrouvez musicalement ?

Yan : Oui, il y a plein de choses qui viennent de cette période. Je pense aux albums que Bowie a produits pour Iggy Pop, des trucs de krautrock qui sont à peu près de la même période. Bauhaus, les Cramps, c’est une période qu’on aime beaucoup.

Alexandre : Je suis venu à la musique plutôt par le post-punk. De New Order à Cabaret Voltaire. Tout ce qui s’est passé en Angleterre à cette période fait partie d’un socle que l’on partage avec Yan. La scène allemande aussi, DAF, même si cela s’entend moins dans ce que l’on fait. Mais certains marqueurs existent, comme avec des producteurs tels que Conny Plank qui, d’ailleurs, a travaillé avec DAF, mais aussi sur plein d’autres disques de krautrock.

La Face B : Pourtant ce n’est pas une période que vous avez vécu et vous en parlez avec aussi d’entrain que si cela avait été le cas

Alexandre : Non, mais on s’est beaucoup documenté. Un vrai goût pour la documentation que je partage avec Yan. On écoute beaucoup de musique, on lit beaucoup sur la musique. On digère aussi et c’est le truc chouette du process.

Yan : Cette période-là, à la charnière des années 70 et des années 80, est la période qui a marqué le plus toute la musique qui a suivi. Même dans les groupes d’aujourd’hui que l’on aime, il y a cette empreinte. Comme Fat White Family que j’écoutais hier encore. Aujourd’hui il y a très peu de personnes contemporaines des musiques que l’on écoute. Mais c’était déjà le cas pour les groupes de punk qui singeait le rock des années 50. Pour moi le punk, en tant que mouvement, est surtout une imitation et beaucoup de marketing.

C’est mon point de vue, même si le punk reste quand même une des périodes les plus importantes et de plus intéressantes. C’était retourner à la simplicité. Quelque chose de très immédiat, comme c’était le cas pour le rock des débuts. C’est mon impression et je ne veux pas rentrer dans les débats. Cette période est très importante aussi bien pour Taste que pour les trucs que l’on fait chacun de notre côté.

La face B : On le ressent d’autant plus que ta voix prend par moment les reflets d’un Iggy Pop ou d’un David Bowie.

Yan : C’est vrai qu’il y a un morceau dans lequel ça a été une volonté de chanter comme lui. Dans Day of the low cost, il y a un moment où je chante d’une manière un peu empruntée. L’idée était de le faire comme Bowie. J’aime bien cela. D’ailleurs, il y a pas mal de chanteurs qui font ça. Bowie le faisait lui-même. Il chantait des morceaux « à la façon de ». Je trouve cela super. C’est une sorte de manière d’exagérer les émotions.

Alexandre : Et dans ce morceau, cela apporte un relief qui tranche avec le reste qui est assez krautrock, synthétique et scandé. Cela marque une rupture et ce n’est pas du tout de la singerie, mais de l’emprunt.

Yan : Si, si, c’est de la singerie [Rires]. Dans la façon de chanter à ce moment-là, j’avais envie de faire cela. Il y a des groupes comme Wire qui font ça aussi. Dans certains morceaux, ils chantent à la Bowie. C’est un truc qui m’attire de plus en plus. Rouler les « R », parfois pourquoi pas.

La Face B : Yan, contrairement à ton dernier album où tu chantais principalement en français, dans Taste l’anglais est redevenu le support des morceaux

Yan : C’est parce qu’Alex ne veut pas que je chante en français [Rires]. Non, en vérité, on n’en a jamais parlé. L’anglais est revenu naturellement. Mais j’adore toujours le français, donc ce n’est pas vraiment un retour. Maintenant, je me dis que je ne vais pas me bloquer que sur l’anglais ou que sur le français. Je sais que je peux faire les deux.

Donc, un jour peut-être, on n’est pas à l’abri d’un morceau de Taste en français. Cela pose les choses différemment. Jusqu’à présent, pour Taste, chanter en anglais s’est imposé naturellement. Quand les paroles viennent naturellement, il vaut mieux ne pas lutter contre. Pour moi, les paroles doivent venir vite. Elles viennent vite ou pas du tout. Et c’est mieux ainsi.

La Face B : Taste c’est aussi une énergie, presque exutoire, qui émane des morceaux. On sent derrière les titres une forte envie de faire et de partager la musique.

Alexandre : Cela rejoint ce que l’on disait tout à l’heure. Depuis longtemps, on voulait faire quelque chose en groupe, au-delà de nos carrières solos respectives. C’est un super terrain de jeu où l’on peut injecter beaucoup d’idées et surtout une énergie de composition et de jeu. L’objectif est de jouer en live. Par-delà l’envie de faire de la musique ensemble, qui était notre point de départ sur ce projet, l’idée, vite apparue, était de faire des lives au sein d’un groupe. On retrouve, là, ce côté exutoire.

Yan : Complètement. Ce n’est pas spécialement cérébral. Et c’est aussi l’idée que l’on essaye de suivre dans nos clips. Faire quelque chose de drôle ou pas, mais qu’il y ait dedans de l’immédiateté. Quand on joue de la musique, on joue vraiment. Et après la semaine que l’on vient de passer à répéter, le sentiment qui prédomine est la joie et l’abandon.

Alexandre : C’est un vrai plaisir. Après cette semaine – assez longue parce que l’on a beaucoup travaillé sur le live et sur les morceaux – c’est hyper agréable et plaisant de retrouver le sentiment originel de ce que l’on fait. Juste jouer de la musique entre amis.

Yan : Ne pas se bloquer sur une mesure sur un écran. Mais redonner à la musique, ce truc de flux où l’arrêt sur l’image est impossible. On joue le morceau en une fois. Il n’est pas possible de geler le temps.

La Face B : Effectivement on ressent en écoutant vos morceaux que vous prenez un réel plaisir à les jouer. Pour autant, vos textes semblent engagés. Et l’air de rien vous passez quelques messages sur les dérives sociétales.

Yan : J’ai du mal avec l’idée d’être engagé. Les gens qui sont vraiment engagés sont ceux qui militent pour des causes et qui occupent le terrain. La musique peut-elle changer le monde ? Cela se défend. Mais, pour le moment, la nôtre ne va pas le faire. On n’en est pas là. En fait, je pense qu’il y a plein de choses qui nous agacent et dont on préfère rigoler. Les paroles tiennent plutôt de cela, de se moquer de ce genre de choses. Il y a aussi, quand on écrit, toute une part d’inconscient. C’est vrai, mais je ne me poserai pas comme quelqu’un qui fait des chansons engagées.

Alexandre : Il y a un côté musique sérieuse où il y a beaucoup d’acidité, mais de manière inconsciente, car c’est notre regard que l’on pose sur ces choses qui nous agacent. Mais effectivement, il n’y a pas d’engagement politique.

Yan : Après il y a aussi d’autres chansons qui ne sont pas sur l’EP – à découvrir au concert – où c’est fondamentalement de la rigolade. On a par exemple une passion commune pour les chansons à boire.

La Face B : Et là on retrouve, l’humour qui est aussi très présent dans vos chansons.

Yan : C’est quelque chose que l’on aime bien. On ne voulait pas faire un truc de cold wave où on mettrait nos capuches et … Non ce n’est pas l’idée et cela nous ressemble pas vraiment.

Alexandre : Il y a un côté un peu bancal, chorale, un peu pub-chansons à boire.

Yan : C’est un terrain qui est intéressant pour l’écriture, parce qu’il est d’une certaine manière plus complexe de faire passer ce genre de choses. C’est un défi à se lancer plutôt que de rester sur la position de se dire que c’est pas bien. Ce sont des discours très premier degré qui vont à l’encontre de : « Ce n’est pas très intéressant d’écrire ce genre de choses ». C’est ce que l’on essaye de faire en tout humilité. [Rires]

Crédits photos Marco Dos Santos

La Face B : Et c’est comme cela que vous vous retrouvez à afficher Joe Biden et son addiction aux crèmes glacées en couverture de votre premier EP.

Alexandre : C’est Yan qui a trouvé l’image. Elle est apparue évidente dès le début.

Yan : Cela va bien avec le nom, Taste. Politiquement, ça s’arrête là.

Alexandre : Elle était peut-être dégueulasse sa glace. On ne sait pas.

Yan : C’est drôle parce que tous les présidents des États-Unis ou du moins tous les prétendants pendant leurs campagnes se prennent en photo mangeant des glaces. Il y a en a énormément, presque tous. Mais concernant Joe Biden, je pense qu’il aime particulièrement ça. C’est vraiment bizarre, il existe beaucoup de photos où il apparait avec des glaces – des grosses, des petites [Rires]

La Face B : En recherchant la photo d’origine, on trouve Barak Obama, une glace à la main, à côté de Joe Biden.

Yan : C’est vraiment quelque chose ! Au départ, je cherchais juste une photo de glace et puis il y a cette photo de Biden qui est sortie. C’est marrant. Tu peux même acheter des autocollants pour les parechocs avec cette photo. C’est devenu un best-seller.

Alexandre : Trop bien ! C’est dommage que l’on n’ait pas le permis. [Rires]

La Face B : Et donc vous êtes plutôt vanille-fraise ou chocolat-pistache ?

Yan : Vanille chocolat

Alexandre : Moi, ça serait plutôt caramel beurre salé.

La Face B : Les vidéos qui ont accompagné les premières sorties des titres de Taste ont un côté surprenant et délicieusement DIY.

Yan : On est fans de Daniel Guichard ! Pour le côté DIY, complètement. C’est aussi Do It Yourself par défaut. On est pour le moment en autoproduction. Mais ce n’est pas gênant parce qu’aujourd’hui on constate une surenchère de subventions pour faire des clips avec des drones. Et ça, par exemple, c’est quelque chose qui ne nous intéresse pas.

Alexandre : Voire qui nous emmerderait.

Yan : C’est bien également de revenir à ce qu’est un clip aujourd’hui. C’est-à-dire un support promotionnel comme un autre, mais qui peut être aussi un lieu d’une création pour le groupe. C’est DIY parce que la musique l’est aussi et qu’il y a une réelle corrélation entre ces deux éléments.

La Face B : Sachant que les vidéos sont très riches. On peut passer pas mal de temps à les regarder pour attraper les détails qui nous auraient échappés.

Yan : Tant mieux. Quitte à faire des clips autant que cela nous ressemble un minimum. Les clips sont intéressants même s’ils perdent un peu de leur importance aujourd’hui avec les canaux de diffusions qui se multiplient.

Alexandre : L’impact des réseaux sociaux est majeur sur les formats, sur la nature même de la promotion, sans parler des nouveaux codes d’expression. Les clips ont connu leurs heures de gloire dans les années 80-90 avec MTV. Aujourd’hui, ils coûtent énormément cher à produire pour des retombées qui sont discutables.

Yan : Mais ça permet quand même de donner un sens de lecture à la chanson qui ne va pas forcément de soi lorsque l’on écoute la chanson. Ça peut même permettre de donner un autre sens à une chanson. C’est ce que je préfère d’ailleurs, quand une chanson existe en racontant quelque chose et que la vidéo vient éclairer un aspect totalement occulté. Ça, je pense que c’est un des intérêts. C’est ce que l’on essaye de faire.

Bang Bang Bang ne parle pas des tueries aux États-Unis. Le morceau parle du Bataclan, mais aussi de faire la fête. On peut voir ça de beaucoup de façons différentes. En l’occurrence, il aurait été compliqué et pas souhaitable de faire un clip avec des vidéos du Bataclan. Je ne me voyais pas faire ça, je n’en avais pas du tout envie. On a donc mis une certaine distance en prenant les États-Unis, tout en ayant un grand respect pour les évènements qui se sont produits. Cela me touche d’autant plus que je suis aussi un peu américain.

En tout cas, cette esthétique DIY nous correspond et puis, au moins, c’est fait avec les mains. C’est vrai que c’est quelque chose que l’on a tendance à un peu oublier et c’est dommage. Le fait de se sentir obligé d’avoir un clip avec des images léchées, des travellings, des drones. À la fin ça ne sert à rien. Cela ressemble à des publicités plus qu’autre chose.

La Face B : Le rôle des vidéos est d’être quand même des passeurs de musique.

Alexandre : Oui, mais c’est compliqué parce qu’il n’y a plus vraiment le vecteur de diffusion. La télé n’en fait plus partie, quant aux réseaux sociaux c’est compliqué. Aujourd’hui pour exister avec les vidéos il existe derrière, toute une logique de sponsoring. On peut dépenser une fortune dans une vidéo, mais si on ne dépense pas de l’argent pour la mettre en avant, elle peut ne pas exister. Limite, le véhicule de transmission est plus important que le message. C’est fou et paradoxal. On peut faire la plus belle vidéo la plus léchée qui soit, faite par le meilleur réalisateur du monde, si on ne finance pas derrière la diffusion, il ne se passe rien. Alors que la création, en elle-même, devrait parler. C’est un peu fou.

La Face B : Un premier concert accompagnera la sortie de votre EP, à l’International le 1er Mars. Que va donner Taste sur scène ?

Alexandre : On sera sur scène avec la formation que l’on a souhaitée dès le début. Les morceaux ont été composé à deux, mais sur scène on sera quatre avec Marc Lapeyre (FK Club) à la guitare et Guillaume Marnez à la batterie. Ce sont des membres du groupe à part entière.

Yan : Ça va être bien. Les morceaux prennent sur scène, un tournant un peu plus énervé.

Alexandre : Jouer les morceaux en groupe crée une vraie dynamique et c’est super intéressant de les voir se révéler ainsi. Cela nous donne un regard neuf sur eux. C’est hyper excitant !

Yan : Il y a des effets de production qui disparaissent, on revient à l’essentiel. C’est très agréable. Les concerts nous permettent de voir comment les chansons, sorties du studio, résistent.

Alexandre : Oui, c’est une vraie étape.

La Face B : Et quels sont vos projets pour la suite, vers quoi souhaitez-vous évoluer ?

Yan : Pour la suite, notre EP sort le 24 février accompagnée d’une autre vidéo. Le 1er mars, concert à l’International à Paris. Il y aura une autre date parisienne que l’on devrait annoncer bientôt.

Alexandre : D’autres concerts en gestation.

Yan : Oui sur l’été. Et sans doute d’autres titres, sous format single pour l’instant. En tout cas, on a beaucoup de matières ! On verra ce qui se passe. Un des avantages – parmi tous les inconvénients de la musique dématérialisée — est de pouvoir décider de sortir des morceaux assez vite. On attend de voir comment cela évolue. Mais on sortira quelque chose dans le courant de l’été, c’est certain. Ou même un peu avant, à la fin du printemps.

La Face B : Pour finir, que peut-on vous souhaiter ?

Alexandre : Le meilleur !

Yan : Oui, le meilleur. On ne peut pas dire mieux, bien joué Alexandre !