Un dimanche sans concert, c’est comme le sud sans soleil ou la Belgique sans la bière : ça n’a pas de saveur. Ce 19 février, nous étions donc au Point Éphémère pour rencontrer High Vis, le groupe anglais de post-punk qui remplit les salles plus vite que son ombre. Sold out depuis longtemps, cette date était évidemment à ne pas manquer. On en ressort avec de nombreux bleus et un milliards d’émotions.
Première partie : Holydanger
Crédits photos : Caroline Landré
C’est au groupe Holydanger à qui il revient l’épineuse mission d’ouvrir les festivités. Et quel suspens. Car on ne trouve rien sur internet : ni lien bandcamp, ni réseaux sociaux. Et on comprend mieux pourquoi : ils s’apprêtent ce soir-là à faire leur premier concert. Dans la description de l’évènement, on grappille quelques informations : pour les fans de The Killers ou Citizen. On apprend qu’ils sont de Paris et qu’ils définissent leur musique comme de l’indie et alternative rock. Deux guitares, une batterie, un clavier, une basse et un frontman. Et de l’énergie à revendre ! Les musiciens, qui officiaient avant dans différents groupes parisiens d’hardcore se sont certes assagis, mais ils ont gardé la fougue et la vigueur des précédentes formations. Pendant trente minutes, ils enchaînent les morceaux, avec un aplomb remarqué et des mélodies convaincantes.
Crédits photos : Caroline Landré
High Vis
La sortie de Blending en 2022 a propulsé High Vis dans une autre dimension, quittant le semi-anonymat de la scène hardcore britannique pour séduire un public étonnamment large. Annoncée dans des festivals aussi variés que le Pukkelpop, le Roadburn ou le Furnace Fest, la bande a aussi vu sa tournée européenne entièrement sold-out plusieurs mois à l’avance, avec pour ultime étape Paris et le Point Ephémère qui semblait bien exigu en ce dimanche soir.
On constate d’emblée que malgré ça, High Vis n’a pas oublié ses racines et le chanteur Graham Sayle se présente sur scène avec un « Hi, we’re Kickback from Paris » qui aura ravi les anciens du punk parisien venus en nombre ce soir. Déjà sur l’enchaînement « 0151 » – « Walking Wires » qui ouvre le concert, les premiers stagedives font leur apparition depuis la très haute scène du Point Ephémère et le pit est déjà bien remuant.
Crédits photos : Caroline Landré
Si en studio High Vis peut sembler s’être assagi, les versions live des morceaux sont résolument punk, avec un chanteur qui éructe au-dessus de la foule qui s’en donne à cœur joie également. Comme on s’y attendait Altitude remporte la palme du bazar de la soirée suivie de près par The Bastard Inside. Mais finalement, la plus grosse surprise vient des morceaux du nouvel album, plus calmes et lumineux, repris en cœur par le public. Talk For Hours, Blending et surtout Trauma Bonds sont tous d’énormes tubes en puissance et quelque chose de spécial se passe lorsqu’ils sont joués, même le groupe s’en rend bien compte et Graham Sayle nous remercie chaleureusement de l’accueil réservé à ces titres qui sont bien loin du passé énervé de ses membres.
Crédits photos : Caroline Landré
Derrière le charismatique frontman, les musiciens sont plus effacés mais distillent avec précision tout ce qui fait le sel de la musique de High Vis : des lignes de basses très inspirées et des mélodies de guitares évoquant tantôt les cadors du post-punk, tantôt Oasis voire U2 par moment. Le tout fait en tout cas souffler un sacré vent de fraîcheur sur le style.
Au bout d’environ 45 minutes de set, Choose to Lose repris en cœur par la salle vient clore les débats sans rappel et avec la même impression sur toutes les lèvres : on vient de vivre quelque chose de spécial, et on en redemande. Vivement le retour de High Vis dans une salle plus grande, en attendant de voir ce que l’avenir réserve à ce drôle d’OVNI qui a pour l’instant parfaitement réussi son pari musical.