Léon : l’éclatant kaléidoscope rock de Ottis Cœur

Depuis leur premier morceau, on est en amour des filles d’Ottis Cœur. Camille et Margaux soufflent un vent frais et nécessaire sur une scène français qui manque encore un peu trop de diversité à notre goût. Un an et demi après leur premier EP, elles reviennent avec Léon, un second EP qui pousse encore plus loin les curseurs : plus fort, plus varié, plus engagé, plus Ottis Cœur !

pochette léon ottis cœur

Après un premier EP qui avait mis tout le monde d’accord et avait permis à Ottis Cœur de prendre une place bien méritée dans la scène rock indé, il fallait sans doute enfoncer le clou, imposer un style, une identité.

Penser ça, c’est évidemment mal connaître Camille et Margaux. Ces deux là ont l’intelligence de ne pas se contenter de ça, d’aller chercher plus, toujours plus loin, toujours plus fort. Rabattre les cartes et surprendre. Utiliser l’expérience acquise pour proposer quelque chose qui soit autant une nouveauté qu’une suite directe et limpide de Juste Derrière Toi.

Les doutes mis de côté, il ne restait qu’une chose à utiliser: la liberté. Et c’est bien ce qu’est Léon : un EP libre, un joyau éclatant qui multiplie les facettes et offre au trio (l’importance d’Amélie Le Roux à la batterie n’étant pas à oublier) un grand terrain de jeu sur lequel poser son énergie, ses interrogations, ses histoires et sa voix.

Il y a la liberté musicale d’abord. La surprise fut grande à l’écoute de Labrador, premier single enjoué qui use avec bonheur d’effets de guitare pour un titre au rythme effréné, enjoué et forcément influencé par l’expérience live qu’elles ont acquis depuis les presque trois ans du groupe. Ce premier morceau est un manifeste de ce que sera Léon : un vrai bonheur pour les amateurs de rock où les influences se multiplient sans jamais être pompeuses, chaque morceau portant en lui l’empreinte d’Ottis Cœur.

Des ludiques et entrainantes Jamais Je Ne Viens et Laisse-Moi en passant par l’évolutive et fracassante Le Son De Ta Voix, qui passe d’une ballade à un pont épique pour retourner vers des tendances stoner, aux plus lourdes et sérieuses Le Cercle et Léon, on navigue avec bonheur dans un environnement surprenant et revigorant. Des morceaux taillés pour l’efficacité, bien souvent imparables et qui se permettent aux deux musiciennes de mêler à la perfection, de jouer encore plus sur leur complicité et sur la symbiose bluffante de leurs deux timbres de voix.

L’autre liberté, celle qui est la plus importante et la plus revigorante, est la liberté de ton. Dans un monde et un univers musical où l’on a trop souvent tendance à placer la femme en intérêt amoureux où en victime consentante d’un mâle dévastateur, les morceaux d’Ottis Cœur font du bien et font réfléchir. Margaux et Camille ont des choses à dire, des histoires à raconter et des portes à défoncer et elles le font avec un plaisir non masqué.

Ici pas de place aux grandes gueules, aux relous de soirées, aux égoïstes du coït, tous en prennent pour leur grade avec plus ou moins de sérieux. Navigant entre les tons, entre l’humour ravageur et le sérieux pesant mais bien malheureusement nécessaire, les morceaux de Léon forment un tout, un manifeste écrit à quatre mains qui en apprendra beaucoup à certains, en rassurera d’autres et servira sans doutes d’hymnes à beaucoup.

Car ces histoires permettent de rappeler une chose toute simple : les femmes ont aussi voix au chapitre, et le fait de trouver cela surprenant où rafraichissant est aussi un problème en soi, tant ces histoires semblent d’une banalité extrême mais trop souvent misent sous le tapis par une société encore beaucoup trop masculine.

Léon est donc un kaléidoscope rock et féministe, engagé mais jamais enragé. Un joyau pop rock qui nous montre toutes ses couleurs et qui vibre encore plus fort en live. Alors on s’incline bien bas et on attend déjà avec impatience les prochaines aventures de Margaux et Camille.

Vous pouvez retrouver notre interview de Ottis Cœur par ici

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