La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 166ème sélection des clips de la semaine.
Fils Cara – MON PARADIS
Fini les Fictions, place à AMARETTO ! Ce vendredi, notre cher Fils Cara a dévoilé son premier album, une merveille qui voit vibrer en elle toute l’évolution d’un garçon qui n’en finit pas de nous étonner.
Pour ouvrir cet oeuvre, il y a Mon Paradis. Le titre commence avec des cordes, comme un lointain écho à celles de Fictions, comme pour dire adieu. Car il s’agit bien, pour nous, d’un morceau de transition, une porte qui se ferme pour en ouvrir une autre.
Un titre qui porte en lui toutes les thématiques à venir dans l’album mais qui se débarrasse des oripeaux de l’égo, pour laisser place à une vérité nue, sincère et directe.
Cela se ressent dans le texte, comme une fuite en avant, Fils Cara part de l’avant, sans se retourner, sans fuir comme un geste kamikaze (les références à ces personnages étant ici évidentes.)
Pour accompagner le morceau Celia Arias & Manuel Mollá réalisent une vidéo à l’ambiance onirique et intrigante très prononcée. Des personnages parfois rassurants, parfois inquiétants, dans un univers en forme d’entre deux, une sorte de purgatoire que l’on traverse pour se diriger vers une lumière intense et bien plus rassurante lorsqu’on y va à deux, main dans la main.
L’univers de Fils Cara se dévoile et laisse à chacun le soin d’y trouver des réponses. Un être merveilleux dont l’aura n’a pas fini de briller, on vous le dit.
Zed Yun Pavarotti – Je suis Cendrillon
On reste du côté de Saint-Étienne avec un autre artiste qui risque de marquer 2023 de son empreinte.
Au fur et à mesure qu’il dévoile les morceaux de son prochain album, Zed Yun Pavarotti continue une mue grandiose, une transformation aussi radicale que naturelle qui nous amène aujourd’hui à Je suis Cendrillon. Un morceau énergique, porté par l’amour et la soif de la vie, le besoin de vivre l’existence au plus fort et au plus près, orté par la voix toujours sur la ligne de Zed Yun. Une voix qui nous embarque avec elle par sa sincérité et sa fragilité autant que par sa manière de faire vivre les mots et les émotions.
Pour l’accompagner, Jason Destrait réalise un clip en clair obscur, rempli d’énergie et au plus près des gens, nous entrainant dans un tourbillon flou, intense et brûlant. On n’en demandait pas plus.
Hippie Hourrah – Pinceau au tombeau
Dans la vie d’un artiste, l’art est une force à la fois vitale et destructrice. Un chemin que l’on prend malgré soi, que l’on ne choisit jamais vraiment et qui hante dans le besoin continue d’évoluer, de se remettre en question, et de se surprendre en permanence.
Du pinceau au tombeau, il n’y a qu’un pas, presque rassurant, comme semble l’indiquer Hippie Hourrah. Le trio montréalais, dans son style pop-psychédélique si attachant, semble s’interroger sur l’héritage de l’artiste, sur la place de l’art et sur cette force motrice qui brûle jusqu’au dernier souffle. Un hommage en chanson qui annonce l’arrivée de leur second album, Exposition individuelle, centré sur le peintre Jacques Hurtubise et son œuvre.
Pour accompagner ce morceau, Philippe Beauséjour réalise un clip en animation, représentant les différentes étapes d’une vie d’homme et d’artiste, des souvenirs vaporeux d’une existence dans lesquels Hippie Hourrah interviennent comme des héros nous guidant dans ces bribes de souvenirs et des morceaux de l’œuvre d’un artiste marquant.
Lakna – Moonwalk
Avec le clip de Moonwalk, Lakna nous fournit une énième preuve que la scène Suisse regorge de jeunes talents ; que l’on espère voir briller sous la lumière des projecteurs d’ici peu. Son style à la croisée des genres musicaux, entre RnB, Afro, Pop, et Soul, la présente comme la vague de fraîcheur qu’il nous manquait dans le paysage musical francophone
Après un premier EP réussi en 2021, l’artiste poursuit dans sa lancée en dévoilant son premier single de l’année, qui annonce la couleur : une proposition originale mêlant textes emplis de nostalgie et des mélodies qui s’apparentent plutôt à des sonorités plus dansantes.
Minimaliste tout en restant conceptuel et en gardant l’esthétique marquée propre à Lakna, le clip la montre vulnérable face aux émotions qui l’assaillent au sein d’une station de métro déserte, métaphorique du vide laissé par le départ de la personne aimée qu’elle évoque tout au long du titre.
Lakna met la barre très haute avec ce premier extrait de son prochain projet, qui on l’espère lui permettra d’atteindre très vite les sommets au vu de la qualité des morceaux qu’elle a pu nous proposer jusqu’à présent.
Trophy Eyes – Blue Eyed Boy
Le printemps commence à pointer le bout de son nez, le timing est parfait pour un nouveau single de Trophy Eyes. Les Australiens dont on a plus trop de nouvelles depuis quelques années reviennent avec Blue Eyed Boy, un titre hyper accrocheur qui oscille pendant 3 minutes entre fête et mélancolie. Le tout illustré avec un clip tourné au caméscope, de là à dire que l’on va pencher du côté de la nostalgie des années 2000, il n’y a qu’un pas.
Évidemment, les amateurs de Taking Back Sunday ou The Used y trouveront leur compte mais on retrouve surtout dans ce morceau tout ce qui nous a fait aimer Trophy Eyes depuis presque 10 ans. Avec leurs compères de Boston Manor, les Australiens nous ont redonné foi en la scène pop-punk à une époque où tous les groupes étaient des copies de copies, notamment avec la voix de John Floreani.
Retourné vers une technique plus agressive mais qui parvient toujours à nous émouvoir, le frontman est au sommet de sa forme et si tout se passe bien, ce n’est pas la dernière fois cette année qu’on vous parle de Trophy Eyes dans cette section.
Cindy – The Price Is Right
Chacune de sorties de Cindy est douce et envoûtante, une plongée dans un rêve éveillé. C’est le cas de The Price Is Right, leur dernier titre sorti cette semaine. La voix y est douce, tintée de mélancolie, et la guitare électrique est brute, gorgée de reverb’. Karina Gill écrit du morceau : « Lorsque j’ai emménagé à San Francisco, je faisais de longues promenades pour essayer de comprendre le plan de la ville (…) Un soir, j’étais fatiguée de marcher et, de là où j’étais assise, j’ai vu une fenêtre éclairée et un barbier qui inclinait le menton de l’homme sur sa chaise afin d’obtenir un meilleur angle. Cette vision est restée gravée dans ma mémoire et fait partie de cette chanson sur la consolation ou la possibilité de réconfort ».
La vidéo Lo-fi entremêle une balade ensoleillée en milieu urbain et des jeux de mains. On peut aussi y voir le groupe californien jouer live.
Les 5 musiciens ont annoncé il y a peu la sortie prochaine de leur 4ème album, Why Not Now?, toujours sur l’excellent label Tough Love (Ulrika Spacek, White Flowers…). Il verra le jour le 14 avril. On a hâte de le découvrir !
Salya – Don’t
Pour célébrer la sortie de son premier EP, Salya a rendu public le clip de son morceau Don’t. Le titre qui donne une certaine obédience aux textures acoustiques se voit devenir le théâtre d’un build-up intensif. C’est notamment sur les refrains que cette explosivité pleine d’émotions se manifeste avec la mise en avant plus conséquente des percussions.
La balade douce et mélancolique entretient une forme et une structure très droite qui permet de lui conférer une compréhension facile et agréable. On entend une certaine valeur ajoutée du fait du mélange effectué par la chanteuse entre le français et l’anglais, mix par ailleurs mis en œuvre avec habileté et sobriété.
Ce morceau est accompagné d’un clip à l’esthétique léchée, réalisé par Baptiste Maureau. Ce dernier met en avant des couleurs travaillées et une mouvance visuelle très progressive, pleine de ralentis et de gros plans.
La vidéo parvient à rendre hommage à son décorum avec des plans d’ensemble mettant à l’honneur la nature et l’immense espace qui entoure les protagonistes. On retrouve particulièrement ce jeu autour de l’image des flammes et du fait de s’en éloigner, comme pour s’éloigner du danger, le tout étant lié aux paroles du titre.
French 79 – Life is Like
French 79 continue le chemin vers la sortie de son prochain album en sortant un nouveau titre issu de ce dernier : Life is Like. Toujours très aérien et sophistiqué, le son de l’artiste s’inscrit dans une durable continuité. Des percussions légères et droites, une voix douce, au ton modéré, le tout étant porté par des claviers simples, atmosphériques et mélancoliques. Avec ce single, nous avons le droit à cinq minutes de musique douces et progressives, minimalistes dans leur approche et leur construction.
Visuellement, Life is Like se voit accompagné d’un clip au concept narratif simple et répétitif. La vidéo nous transporte dans un voyage traversant plusieurs scènes –trois pour être précis– représentant trois périodes de la vie du producteur : l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. Cette imagerie prend forme de par la mise en abîme de scènes du quotidien de ces trois entités narratives. C’est dans celles-ci que l’on voit notamment French 79 dans un studio d’enregistrement, derrière des claviers et des machines.
La fièvre électronique monte en France avant la sortie de ce nouvel opus de l’artiste marseillais, Teenagers, prévu pour le 5 mai prochain.
TICKLES – PAPER PLANES
Il y a un peu plus d’un an sortait le deuxième EP de Tickles, sobrement nommé TICKLESTICKLESTICKLESTICKLESTICKLES (el Muchacho Records).
Le quatuor nantais prend la suite de bien des groupes en vogue en ce moment, mais en un (gros) brin plus noise. S’en ressort des gros riff de guitares, une batterie qui explose, une basse grasse et agressive et surtout des élans vocaux éraillés qui grésillent d’intensité.
C’est somme toute bien résumé dans le clip de Paper Planes. Avec une bonne place pour l’humour, le clip est on ne peut plus original, excellemment bien orchestré et filmé, il colle parfaitement au fond sonore. Un fond sonore bien bruyant, habillé par le groupe et leurs potes, au style sans pareil, et à la décontraction nous arrachant un sourire dans cette folle dose d’énergie
Un nouveau groupe, une nouvelle découverte, quelque chose d’intéressant, qui pourrait faire pâlir bien des groupes en dehors de nos frontières. Tickles est en tournée, avec notamment une date au Supersonic. On ne doute pas qu’ils vont tout retourner sur leur passage, en attendant avec impatience leur prochaine sortie.
Deelee S – SPAS 12
Pour le combat rapproché, rien ne reste plus impressionnant que le fusil SPAS12. Plus connu pour être impressionnant qu’efficace, le rappeur Deelee S vient réfuter cette légende avec un morceau aussi puissant qu’efficace.
Dans un clip qui met en avant l’énergie du rappeur par ses gestuelles et son attitude, il vient donner corps à ce titre. Réalisé par @donk_vhx, les plans se succèdent tantôt à la montage et tantôt dans un salon à l’ambiance tamisée. De plus, ces derniers sont bien accompagnés par un montage dynamique qui anime avec synergie les placements millimétrés de Deelee S.
Que ça soit sur une production frénétique inspiré par les sonorités de Detroit ou sur un BPM plus lent, le jeune rappeur fait ici preuve d’une maîtrise impressionnante et tout ça en à peine deux minutes.
100 gecs – Dumbest girl alive
Introduire un projet est toujours une tâche délicate, il faut savoir rester cohérent avec la direction précédemment entreprise tout en accrochant les auditeurs pour les plonger dans une nouvelle pièce de l’univers que l’artiste veut installer. Un pari relevé par le duo 100 gecs sur leur nouveau projet : 10,000 gecs. Ce dernier s’ouvre en grandes pompes avec Dumbest girl alive. Un morceau puissant qui a été accompagné d’un clip représentant bien l’esprit des deux artistes. D’un côté : un homme triste assis des escaliers, de l’autre un hologramme se dresse avant d’imploser sur le rythme des guitares électriques animant le morceau. A la fois puissant et mélancolique, le morceau représente bien ces deux états d’esprit représentés à l’image.
La volonté de jouer entre les frontières du réel et du digital et plus globalement de se jouer des codes est également bien représentée dans ce clip survolté.
Sheldon – Aeroport / Mars
Sheldon est de retour avec un magnifique double clip, Aéroport / Mars, qui révèle enfin le mystère autour du fameux monolithe. Les dernières semaines ont marqué le rap français d’interrogations et de théories, des rappeurs plus ou moins proches de la 75e Sessions ont repartagé en story Instagram des photos d’un mystérieux monolithe, localisé dans différents lieux, sans pour autant donner plus d’informations.
Le clip de Aéroport / Mars révèle enfin l’origine de cet ovni, que Sheldon semble observer et tracker à l’aide de son télescope depuis longtemps. Ce double single montre la polyvalence du rappeur qui multiplie les influences, RnB sur Aéroport puis rock sur Mars. L’esthétique du clip, réalisé par TKSH est remarquable et n’a rien à envier aux plus grands films ayant filmé l’espace.
Un retour en force pour Sheldon qui en a profité pour annoncer la sortie de son nouvel album Îlot le 28 avril prochain.
TTRRUUCES – You Make Me Feel Good
Tout est dans le titre, YMMFG est une déclaration d’amour si honnête et naïve qu’elle en devient belle. TTRRUUCES souligne la simplicité de cette relation en incarnant deux puppets, tout droit sorties de Sesame Street, qui déambulent avec complicité dans les rues de Londres. Les couplets de Natalie et Jules, chacun écrit dans leur langue maternelle, se répondent avec autant de preuve d’amour que ça en devient presque une confrontation. Délibérément kitsch, YMMFG finit par nous emporter dans leur histoire et jusqu’à se surprendre en train d’en chanter le refrain.
Hide – Antelope
Antelope est le nouveau single de ce groupe très punchy Hide. Après le très récent A Night, voici un second aperçu de l’album Seven Heaven qui sortira le 14 avril prochain.
L’Ep Mono & Decrease, qui date déjà de 2021, nous avait déjà convaincu de la qualité de cette formation par l’alternance de mélodies psyché très poétiques et des enchaînements de baffes à la batterie et à la guitare.
Pour ce titre, nous avons encore une belle démonstration de rythmes qui claquent, un style qu’on a très vite dans la peau et peut déclencher de belles envies de pogo.
A l’image du clip, ce son est un totem mi-mystique mi-ampli qui nous branche directement sur du 220 volts. Aucun doute que le pouvoir d’Antelope prennent possession de nous mais de toute façon, dans le fond, avant d’être accros nous étions déjà volontaires.
Yodelice – The Light Of My Hands
Yodelice partage cette semaine The Light Of My Hands deuxième extrait de son album The Circle paru en décembre dernier.
À l’image du disque, ce nouveau titre confirme le retour du chanteur au folk classique empreint de simplicité et de voix célestes. On y retrouve l’héritage sauvage des pionniers du genre comme si chanter la nature était vital.
Dans le clip, on suit deux jeunes femmes dont une qui semble être sur le point d’accoucher dans une forêt. On ressent un petit palpitant face à l’angoisse de la situation mais les images de cette forêt qui apparaît presque enchantée viennent nous rassurer.
Yodelice sera en concert à la Salle Pleyel le 26 mars.