La musique ça s’écoute, mais parfois, ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionnes les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Plongez dans la première partie de notre 218e sélection des clips de la semaine pour un weekend encore plus ensoleillé !
Bibi Club – Shloshlo
Ce vendredi, Bibi Club a dévoilé Feu de Garde, son superbe second album qui reprend les éléments propres à la musique du duo montréalais tout en les amplifiant, poussant leur musique poétique vers quelque chose de plus brut et sauvage, en grande partie inspirée par leur expérience de la scène.
Il fallait donc un morceau qui représente tout ça, et même plus, pour faire office de dernier single avant le lancement. De manière évidente, Bibi Club a choisi Shloshlo, l’un des morceaux les plus fort du projet. Portée par une boucle de guitare presque hypnotique, la pièce porte en elles une grande partie des lignes directrices de ce second album : la présence de l’eau, l’idée de la puissance collective qui porte l’existence et les éléments qui se déchainent mais qui, malgré tout, permettent de vivre et de grandir.
Sous la caméra et les idées de Mégane Voghell, ces idées et ces sentiments diffus prennent tout leur sens. Dans un gros plan à contre jour et hors du temps, on voit Adèle marcher, un enfant sur son dos. Des épreuves, de l’amour et de l’énergie vitale; tout prend vie de manière évidente dans cette vidéo à l’apparence simple mais remplie d’intentions et de réflexions. Un parallèle évident à ce qu’est la musique de Bibi Club.
On vous partagera prochainement notre avis sur Feu de Garde et notre rencontre avec Adèle et Nicolas et on ne peut que vous inviter à venir les découvrir sur scène, le groupe étant sur les routes de France au début du mois de juin, avec notamment un passage au PopUp du Label et aux 4écluses à Dunkerque.
The Broken Stout – Southbound Train
Montons à bord du train des Broken Stout ! En l’honneur de leur deuxième anniversaire, ces talents de Ciney dévoilent Southbound Train accompagné de son clip. Un single entraînant qui va faire danser toute la Wallonie pendant tout l’été.
Pour célébrer cette fameuse occasion, le groupe nous convie à bord d’un de leurs nombreux périples en train à travers les Ardennes. Entre les parties de cartes, les discussions animées et une escale incontournable au wagon-bar, les Broken nous offrent un aperçu d’un voyage entre deux concerts de plus en plus fréquents. Les solos de piano et d’harmonica ajoutent une touche de magie à ce refrain entraînant qui résonnera longtemps dans toute la région.
Après avoir lancé leur EP Too Many Roads, la sensation wallonne réalise un retour réussi avec le single Southbound Train, capturant parfaitement la nostalgie de ces bons moments entre amis. Si vous les croisez dans une gare, saisissez l’opportunité de monter à bord, et de faire un trajet aussi drôle qu’inoubliable.
François 1er – Sound advice
On aurait pu penser à Princes et princesses de Michel Ocelot mais il n’en est rien. Pour illustrer son deuxième single Sound advice, François Ier est allé chercher du côté du long-métrage d’animation Les Aventures du Prince Achmed réalisé par la pionnière du cinéma d’animation Lotte Reiniger il y a quasiment un siècle !
Cette esthétique très ciselée se voit accompagnée d’une création sonore inscrit dans une synthwave où les couleurs sont variées. Là où Ignition point était relaxante et propice à l’introspection, Sound advice est plus ouverte sur le monde, prend un chemin qui va vers l’avant et est presque plus humaine du probable fait de l’utilisation d’une talk box. Avec Sound advice, François Ier signe une composition aux émotions diverses et très lumineuse.
Asinine – Deux ailes de cire
Avec Bruler la maison, son dernier format court, Asinine entrouvre la porte de ses failles mais aussi d’un univers bien affirmé. Ce dernier prend vie à travers le clip du morceau Deux ailes de cire réalisé par Jules Harbulot.
Flirtant avec les frontières du fantastique, ce visuel incarne la même obscurité que celle qui plane sur les six titres du projet. Éloignée de la civilisation, perchée sur une île à l’aura mystique, la jeune artiste essaye de raviver la lumière qui a disparu de cet espace rocheux où viennent se fracasser les vagues agitées de la mer.
Pour ce faire, elle laisse libre court à son imagination créant le nouveau cadre de sa vie. Cela permet à la réalisation de basculer dans une animation façon Famille Adams gardant l’ambiance lugubre tout en le mélangeant à de la stop motion.
Après s’être lié d’amitié avec un mouton et avoir traversé des plaines où la verdure peine à garder son éclat, elle finit par tirer le voile et faire revenir la lumière sur son île.
Yasmine Baïou – Royaume Vert
La musique de Yasmine Baïou est un univers en expansion, une expérience qui n’a de limites que celles de son imagination. Si vous ne nous croyez pas, on vous invite à écouter la sublime Royaume Vert, première pièce d’un EP à venir sur le label montréalais Lisbon Lux Records.
Autant nourrir par ses évasions mentales que par sa réflexion sur le monde qui nous entoure, Royaume Vert est une sorte d’appel à la nature, un retour vers les éléments les plus sauvages et une évasion de la civilisation actuelle qui ne semble plus lui convenir.
Un appel à prendre le large qui se vit musicalement comme une grande explosion entre des influences folks, une appétence pour la dream pop actuelle et une interprétation qui pourrait rappeler les films de Jacques Demy.
Une grande épopée onirique et unique qui est parfaitement mise en images par sa camarade Diane Sagnier transformant Yasmine en grande héroïne, à la fois cowgirl et prêtresse qui nous entraine dans sa grande incantation hors du temps à la recherche d’un monde plus beau où s’épanouir.
Un premier titre qui en appelle d’autres et qui fait de Yasmine Baïou une artiste à suivre absolument en 2024.
AJATE – WAYA YAWA
Lorsqu’on écoute de la musique, on se laisse parfois aller à la quête de sens au détriment des émotions et de la puissance d’un morceau. Et parfois, on laisse quelque chose de plus primitif nous emporter.
Le fait qu’on ne parle pas un mot de japonais doit surement aider dans notre façon d’écouter WAYA YAWA, le nouveau titre de AJATE, mais il y a aussi plus. En effet, ces six minutes sont avant tout un grand moment de musique, entrainant, chaotique, fou, intense et totalement humain.
À l’écoute, on sent des musiciens qui jouent ensemble et qui partagent leur amour et leur passion pour un style qu’ils ont forgé, l’Afrobayashi (mélange d’afrobeat et du Ohayashi, musique ancestrale japonaise). Le résultat est ébouriffant et surtout hyper communicatif, ce que devrait être avant tout la musique, un grand moment d’échange.
La vidéo de « Hymne des ivrognes pour les ivrognes par les ivrognes » comme nous l’explique le communiqué de presse qui l’accompagne, reprend parfaitement cet idée de collectif vainqueur, de grande fête commune et de dérive éthylique joyeuse et bien sentie.
Il ne reste qu’une chose à faire : rejoindre la fête (qui marche aussi sans alcool, rassurez vous).
AJATE devrait prochainement venir fouler les scènes européennes pour défendre Dala Toni, son nouvel album attendu pour le 17 mai. On regardera ça de prêt et en attendant, on retourne danser.
Agoria – I Feel Good
L’utilisation de l’IA est un sujet de discussion assez intense pour beaucoup de monde. Sacrilège pour certains, la technologie, mise entre de bonnes mains, permet pourtant de développer des univers qu’il aurait été, humainement et financièrement, impossible à mettre en place autrement.
On en a la preuve une nouvelle fois avec la vidéo d’I Feel Good, le dernier titre d’Agoria. Si comme toujours le musicien fait parler sa science du rythme et de la mélodie pour nous livrer un morceau aussi dansant que rêveur, celui-ci est sublimé par le travail de Ivan Beczkowski.
À travers son imaginaire, le réalisateur nous entraine dans un monde étrange, parfois dérangeant, où tout est définitivement possible. On se laisse alors happer par cette expérience visuelle intense, aux couleurs sublimes et aux idées foisonnantes qui prouve qu’un outil n’est ni bon, ni mauvais, il n’est que le reflet de celui qui l’utilise.
On vous laisse seul juge de cette vidéo, mais pour notre part, on a été clairement emballé par ce moment poétique et vibrant qui prouve que le monde d’aujourd’hui n’a plus aucune limites.
Peet ft Ben PLG – Bonsoir
Bonsoir est le premier single clipé de À demain, le nouveau projet du rappeur belge Peet sorti en avril. En l’honneur de cette sortie, l’artiste décide d’arborer son plus beau béret, et d’inviter son comparse Ben PLG dans un clip aussi palpitant que chaotique.
Qui aurait cru que les parties de Loto pouvaient être aussi dynamiques et captivantes ? C’est ce que nous prouvent les caméras de Hotu. Peet nous invite dans une salle des fêtes, où une énorme bagarre éclate entre les participants. Mais nos deux rappeurs restent calmes, posant sur une instru calme et aérienne, contrastant avec l’agitation environnante. La voix grave et la technique de Ben PLG se marient parfaitement avec le style mi-rap mi-chant du Belge, créant une collaboration incroyable. Un feat qui frappe fort, surtout quand on constate que les deux seuls rescapés de cette énorme agitation sont les deux artistes.
Bonsoir est le meilleur moyen de persuader les retardataires qui n’ont pas encore eu l’occasion d’écouter le dernier projet de Peet d’y foncer. C’est aussi un excellent rappel pour réserver sa place pour son concert à La Cigale le 23 novembre.
John Cale – Shark Shark
Après la sortie de How We See The Light il y a quelques temps, John Cale nous revient cette semaine avec un nouveau titre pour nous faire patienter avant la sortie de son prochain album POPtical Illusion le 14 juin (chez Domino). Avec Shark-Shark, l’artiste gallois propose un morceau qui repose sur un beat industriel répétitif comme on les aime avec une bonne dose de fuzz. Pour accompagner tout ça, il a fait appel à la réalisatrice Abigail Portner pour un clip décalé qui vient mettre un peu de désordre dans un troupeau de sculptures qui sont d’habitude bien trop sages.
Macklemore – Hinds Hall
Ici on veut arrêter de compter les morts, et visiblement on n’est pas les seuls. Macklemore sort aujourd’hui les grands moyens pour exprimer son soutien à la cause Palestinienne en commençant par la question du traitement des mobilisations étudiantes pacifiques. Repressions policières, accusations d’antisémitisme (comme en France quoi) pour essayer de déloger ces voix qui se lèvent pour dénoncer le massacre en cours et le soutien direct apporté par les puissances Occidentales.
Car bien que la plupart des journalistes sur place aient été tué(e)s ou poussé(e)s à l’exil, la puissance d’internet permet aux personnes qui s’en donnent la peine de voir quelle est la situation sur place entre bombardements, et privation des besoins de première nécessité (nourriture, eau, soin). C’est le propos de l’artiste Américain, qui avait déjà appelé à un cessez-le-feu il y a quelques mois via ses réseaux sociaux. On n’oublie donc pas qu’alors que ces lignes sont écrites, Rafah est sous les bombes. Ne détournons pas le regard.
Hamish Hawk – Big Cat Tattoos
Démarrage millimétré, on vous présente le single Big Cat Tattoos signé Hamish Hawk. Cet artiste écossais manie l’art de la mise en scène pour la réalisation de ce dernier clip.
Sur un son rock et entrainant, on découvre Hamish Hawk sous une couverture / sac de couchage bleu et jaune. Simples touches de couleurs dans un intérieur dépouillé. Serait-ce un rêve ou un cauchemar ? Sans vie, le tableau est à la fois absurde et amusant. On apprécie le jeu, le regard mystérieux de l’artiste. Son caractère sérieux et le décor portent la mélodie.
Le tableau s’habille peu à peu. Il y a quelque chose d’élégant et de soigné dans la construction du clip. On note le changement de couleur de la pièce, sur le « don’t push me ». De l’ordre de la chorégraphie et du spectacle, Hamish Hawk apparait dans un théâtre de marionnettes. Des mains anonymes et presque intrusives viennent l’entourer. C’est de nouveau, une belle image, intrigante et absurde.
Qui sait, après son dernier album Angel Numbers sorti en 2023, Big Cat Tattoos est peut être les premières notes d’un nouveau chapitre à venir …