La bande de Joe Goddard et Alexis Taylor fêtera bientôt ses 20 ans d’existence, et si les albums sortent moins régulièrement, les natifs de Londres parviennent toujours à jouer sur le contraste de nos émotions. A Bath Full Of Ecstasy ne déroge pas à la règle et apporte même un renouveau accrocheur et coloré, à l’image de la pochette d’album, grâce à l’aide de producteurs externes.
Quatre ans après Why Make Sense?, les membres de Hot Chip ont ressenti le besoin de trouver de nouveaux challenges afin de repousser les limites de leur créativité. C’est ainsi qu’ils ont fait appel au producteur Rodaidh McDonald, qui a travaillé notamment pour The XX, Adele ou King Krule, et au regretté Philippe Zdar qui avait mis son talent au service de Phoenix, Cassius, Kanye West ou encore Franz Ferdinand. La patte de ce dernier se ressent directement dans Spell quand une voix robotisée digne des Daft Punk surgit à de multiples reprises (« Like a spell you are under »), nous piégeant aux sonorités de la French Touch !
Ce ressenti est renforcé par la ballade pop du titre éponyme de l’album, les utilisations de claviers vintage et de vocodeurs n’étant pas étrangères à cet effet. L’atmosphère de cette piste se veut rassurante, Hot Chip nous invitent à les suivre aux rythmes de leurs mélodies pour effacer nos peines, leitmotiv de leur album : « Put the beauty of your heartbreak, In the music you and I make ».
Il faut se tourner vers Melody of Love pour retrouver le fameux paradoxe entre doutes et dance dont le groupe maîtrise parfaitement la recette. Lors des premières secondes, les touches du clavier et la voix si fragile d’Alex Taylor nous apportent déjà quelques frissons de mélancolie. Cependant, la bande nous prend à contre-pied puisque l’optimisme l’emporte rapidement en nous laissant l’envie de danser avec nos rêves. Aux premiers abords niais, le message se révèle plus subtil : se libérer de nos problèmes en nous connectant à nos propres ressources : « Everyday begins just like this morning prayer, We’re trying to resist what we’re hearing in the air »
Hot Chip montre aussi qu’il peut fournir des tubes qu’on retrouvera sans aucun doute à Ibiza, remixés par de nombreux DJs. Hungry Child rentre parfaitement dans cette catégorie. Ce titre house a un beat plus classique voire « sale », il n’en demeure pas moins efficace. Positive, tout aussi dansant mais plus electropop, nous rappelle aux bons souvenirs de Cut Copy : bienveillant, enjoué et lumineux.
L’album se conclut logiquement par une touche d’euphorie via No God, où durant cinq minutes, tout s’emballe peu à peu pour nous donner le sourire. Il s’agit d’un hymne à la musique considéré comme porteur d’espoir contrairement à toute autre croyance : « No God, no light, no void, no sight, No dream, no sign, Can make me feel the way you make me feel ». Au bout de cette synthpop rayonnante, le groupe nous propose de surmonter nos craintes pour aller voguer l’esprit léger à l’aide de leurs sons.
S’il ne s’agit pas de la meilleure œuvre de leur discographie, Hot Chip continue avec A Bath Full Of Ecstasy à nous transporter dans son groove à la fois mélancolique et trémoussant, avec certains titres house qu’on retrouvera de nouveau en club. L’ensemble n’est pas révolutionnaire mais plus accessible et réjouissant que le précédent album, il met aussi mieux en valeur les voix charismatiques d’Alex Taylor et de Joe Goddard.
Pour goûter à ces sensations, rendez-vous les 07 et 08 décembre 2019 à l’Elysée Montmartre où les dates affichent déjà complet.