ABRACADABRA : Klô Pelgag fait encore de la magie

Klô Pelgag sort son quatrième album Abracadabra aujourd’hui. Fidèle à ce qu’elle nous a toujours proposé, ce sont 44 minutes de musique complètement unique qu’elle nous offre. Si cet album est moins sombre que le précédent, c’est cette dualité entre l’ombre et la lumière qui en fait toute sa force.

Quand le premier album de Klô Pelgag est sorti, j’avais 13 ans. Ça fait donc 10 ans. Ce qui est le plus chouette avec sa musique, c’est qu’elle évolue avec vous, un peu comme un personnage d’Harry Potter, elle vous suit et finit toujours par vous retrouver. Ce n’est pas pour rien que cet album s’appelle Abracadabra

On le savait déjà, Klô fait de la magie avec à peu près tout ce qui lui passe entre les doigts. Pour ce quatrième opus, elle réalise elle-même cet album et ça s’entend. Comme pour l’album précédent, le premier morceau ne comporte pas de paroles mais nous en dit déjà beaucoup sur les minutes qui suivent. Un énorme travail a été fait sur les synthétiseurs qui sont présents quasiment partout dans l’album et plus que jamais, la voix devient un instrument aux mille et une possibilité. Dans sa chanson Pythagore, Klô annonce la couleur de l’album en chantant des paroles comme « Tu dis que ce qui tue pas nous rend plus fort / C’est vrai à moins qu’on soit déjà mort ». Confronter les illusions aux réalités autant dans leur lumière que leur noirceur, c’est cela qui ressort de toutes ces chansons. La chanson se clôt sur des sons de cordes que l’on va retrouver dans Coupable. Mêler les instruments classiques et acoustiques aux instrument électroniques, c’était déjà une signature de Klô Pelgag dans les deux albums précédents, mais c’est la première fois que les synthétiseurs prennent la place la plus importante et ce, pour le plus grand bonheur de nos oreilles. Que ce soit dans cette chanson ou dans le reste de l’album, la spatialisation est incroyable, et à chaque écoute on découvre de nouvelles pépites sonores.

 

Libre vient nous toucher en plein coeur et c’est d’ailleurs peut-être le coeur de cet album ; « Pourquoi t’as peur de vivre / Tout le monde dit que t’es libre / La musique te délivre / Personne sait que t’es brisée » ; des paroles qui évoque un chaos intérieur et une musique qui nous en console et qui monte en puissance de seconde en seconde. Sans Visage, c’est sûrement LA chanson d’amour de Klô Pelgag (il en faut), qui prend quelques détour pour dire l’une des choses les plus belles et les plus simple. Les oreilles et les mémoires les plus aiguisées y entendront une référence à VioleTT Pi, mais tout le monde pourra apprécier la poésie de ce texte et de cette musique aux multiples visages. Le piano reste au centre de la chanson suivante Le goût des mangues, une musique qui raconte les périodes où rien ne semble aller et ou rien n’ira mieux tout en conservant cette lumière qui nous guide depuis la première note de l’album.

Rainer Maria Rilke écrivait dans Lettre à un jeune poète « Ceux qui se joignent au cours des nuits, qui s’enlacent, dans une volupté berceuse, accomplissent une œuvre grave. Ils amassent douceurs, gravités et puissances pour le chant de ce poète qui se lèvera et dira d’inexprimables bonheurs. Tous ils appellent l’avenir. Et, même quand ils font fausse route, quand ils sont aveugles dans leurs étreintes, l’avenir vient. ». Alors dans Lettre à une jeune poète, Klô s’adresse à sa fille, évoque le fait d’élever un enfant dans un monde souvent malade, d’avoir « peur de tout » mais d’avoir confiance en l’avenir, le tout sur une musique qui est certainement la plus « groovy » de l’album et qui nous donne « envie de vivre la vie ».

Décembre est littéralement une allégorie musicale de l’arrivée de l’hiver. On retourne aux sons les plus électroniques de l’album, mais aussi à des sonorités plus rocks et aux superpositions de choeurs grandioses qui font la force de ce titre. Ce n’est plus À l’ombre des cyprès que l’on retrouve Klô, mais « sous les branches d’un arbre du cimetière » du Père Lachaise. Dans Jim Morrison, elle chante le titre de l’album « J’aimerais tenir juste une fois / Ce que je touche du doigt / Appartenir à un moment parfait / Abracadabra », le tout sur la musique la plus planante de l’album. Des nappes de synthés, une multitudes de sons de percussions et une mélodie qui vous reste en tête. 

Deux jours et deux nuits ou la rencontre du futur et du synthpop des années 80 en 2min 37. De la même manière que Mélamine sur l’album Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, ce titre nous donne une étrange envie de danser dans une espèce de chaos enivrant. « La vie est une tragédie / Maintenant qu’on le sait / J’aimerais qu’on se raconte / Une blague de fin du monde / Les puits de lumière laisseront entrer la pluie ». Les puits de lumière est certainement l’une des chansons les plus touchantes jamais écrite par l’autrice-compositrice-interprète et une presque-conclusion parfaite de cette album. Magnifique melting-pot des sonorités de l’album et du propos de l’album, elle est l’empreinte la plus évidente de son ambivalence. Klô termine cet album avec Triste ou méchante, une pièce des plus Klô Pelgagesque (oui, oui) où la musique l’emporte sur tout le reste avec ses multiples montées en puissance qui viennent clôturer cet album de la manière la plus douce et la plus forte à la fois. 

En bref, c’est encore un chef-d’oeuvre que Klô Pelgag nous offre avec Abracadabra. Amoureuses et amoureux des synthés, des idées un peu fuckées, de la chanson québécoise, ou encore oreilles à la recherche de nouveaux horizons, on ne peut que vous conseiller d’écouter cet album et d’aller voir Klô Pelgag en spectacle en 2025. Vous ne le regretterez pas, c’est promis.

Retrouvez Klô Pelgag sur Instagram et Facebook