ADN #1056 : Yirji

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Alors qu’il dévoilera début novembre un nouvel EP, Yirji nous entraine aujourd’hui dans l’histoire de ses influences musicales.

Yirji
Yirji by Lili Haberey

Air – Sexy Boy

Yirji : C’est un des premiers morceaux que j’ai vraiment écouté quand j’étais petit. À la maison, on n’avait pas beaucoup de CD, mais on avait tous les albums de Air, parce que ma mère aimait beaucoup Sexy Boy. Je l’écoutais sur la chaîne hi-fi du salon, puis plus tard sur mon premier lecteur CD.
Je ne comprenais pas du tout l’anglais à l’époque, je chantais n’importe quoi sans savoir ce que je disais. J’étais même tellement jeune que je me souviens avoir pensé que c’était pas une vraie langue. Mais les sons, les textures, cette ambiance-là, ça m’a marqué profondément. C’est le genre de sonorités qui s’est installée quelque part en moi, et qui me guide encore aujourd’hui, parfois sans le vouloir.

Disiz – Qu’ils ont de la chance

Yirji : J’ai découvert ce morceau quand j’avais 17 ans et que j’étais au lycée en  terminale. C’était une année très dure pour moi: j’avais perdu mon père à la  rentrée, j’étais mauvais à l’école en section scientifique, et j’avais très peur de rater mon bac. J’allais souvent traîner au Virgin pour regarder les CD de rap, ça me servait un peu d’échappatoire. Un jour, j’ai acheté Pacifique un peu au hasard, juste parce que la pochette me plaisait. En rentrant, j’ai écouté Qu’ils ont de la chance, et ça m’a complètement parlé. C’est une chanson sur le deuil, avec des accords et des arpèges très beaux. Tout collait avec ce que je vivais à ce moment-là. Ce morceau m’a accompagné sans que je le cherche, et il garde une place particulière pour moi.

Julian Casablancas+The Voidz – Human Sadness

Yirji : Je me souviens d’un trajet en voiture, un soir à la campagne. On rentrait d’une soirée avec des potes, et à un moment, un ami nous dit qu’il doit absolument nous faire écouter un morceau. Il lance Human Sadness. Et là, pendant presque dix minutes, plus un mot dans la voiture. On était tous scotchés. Le morceau monte, change, explose, c’est un vrai voyage. Quand il s’est terminé, on est tous restés  assis sans parler.
C’est à partir de ce titre-là que j’ai découvert le chanteur, Julian Casablancas, qui est la voix de certains morceaux des Daft Punk. Puis j’ai découvert les Strokes par la même occasion, ce qui est devenu une vraie passion. 
Ce morceau m’a ouvert l’esprit sur ce qu’on pouvait faire en musique : ça peut durer dix minutes, sortir des structures classiques, et juste te faire voyager.

GENER8TION & 070 Shake – Neo Surf

Yirji : Ce morceau, je ne peux pas le dissocier de son clip ! Les deux vont ensemble, ça crée un univers complet. Ça a été ma première découverte de 070 Shake, et j’ai tout de suite accroché à sa manière de poser très incarnée et à son timbre de voix. Ça a aussi beaucoup marqué Goldie Wilson, qui compose avec moi aujourd’hui en studio.
En session, ça nous arrive encore de retomber sans le vouloir sur des accords très proches, comme si le morceau s’était inscrit en nous. Il y a quelque chose dans cette progression, dans la façon dont la production respire, qui touche pile notre sensibilité. C’est un titre qui m’a beaucoup inspiré, autant pour sa musicalité que pour son rapport fort entre musique et image.

Jacques Brel – Ces gens-là

Yirji : J’ai découvert ce morceau après mon bac, quand je suis arrivé à Bruxelles. Ici, Brel existe encore physiquement : il y a des statues, des traces de lui un peu partout dans la ville et ça m’avait donné envie d’en savoir un peu plus.
Un jour, je  suis tombé sur une captation de Ces gens-là, filmée pendant ses adieux à l’Olympia en 1966. La vidéo est fascinante. Il est en sueur, complètement possédé par sa chanson, presque en transe. C’est du théâtre, de la musique, du texte, tout en même temps.
Ce que je trouve fou, c’est que ça n’a pas vraiment vieilli : il y a quelque chose d’assez contemporain dans cette performance. Ça m’arrive souvent de me la remettre, et à chaque fois, je me prends la même claque.
C’est un modèle de sincérité, d’interprétation, de don total de soi pour son  art.

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