ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les cinq chansons qui les définissent et les influencent. Will Butler a sorti son album Generations il y a peu et à cette occasion le musicien américain nous a livré son ADN musical.
Randy Newman – Louisiana 1927
FR : Déchirant, amer, magnifique. Ce morceau est une étoile du nord pour moi. Cette chanson parle d’une inondation dévastatrice en Louisiane en 1927 – les paroles sont amères et ironiques mais la musique est pure et directe. « Ils essaient de nous emporter au loin » dit le refrain, et la poésie est dans le non dit – certains sont emportés, et d’autres survivent. C’est à la fois défiant et fataliste. Les orchestrations sont simples, magnifiques et évocatrices. Cette chanson est tellement enracinée dans l’histoire – elle parle du President Calvin Coolidge! – mais vit entièrement dans le moment où vous l’écoutez.
EN: Heartbreaking, bitter, beautiful. This song is a north star for me. The song is about a devastating flood in Louisiana in 1927– the lyrics are bitter and ironic but the music is pure and direct. « They’re trying to wash us away » is the refrain, and the poetry is in the part unsaid – some are washed away, and some survive. It’s both defiant and fatalistic. The orchestrations are simple, and beautiful, and evocative. The song is so directly rooted in history – it talks about President Calvin Coolidge! – but lives entirely in the moment you hear it.
New Order – Age of Consent
FR : Ma chanson préférée quand j’avais 16 ans, et peut être toujours ma chanson préférée. Si simple – deux accords, justes quelques paroles. Mais cela peut continuer sans fin. La batterie est débraillée et entrainante, la musique électronique mais pas froide. Ce mélange de batterie et de musique électronique a éclairé tout mon travail, surtout Generations. Ça te pousse en avant. mais te laisse avec un sentiment de mélancolie. Si je conduis sur une autoroute de nuit, c’est la chanson que je mets.
EN: My favorite song when I was 16, and possibly still my favorite song. So simple – two chords, just a handful of lyrics. But it could go on forever. The drums are raggedy and lively, the music electronic but not cold. That blend of drums and electronics has informed all my work, especially Generations. Pushes you forward. but leaves you feeling melancholy. If I’m driving in a car on the freeway at night, this is the song I put on.
Shostakovich – Symphony no 5, movement IV
FR : Je n’écoutais pas la radio enfant, juste des cassettes de musique classique. Un livre pour enfant que je lisais parlait d’un groupe de lycée qui apprenaient à jouer le dernier mouvement de la 5ème symphonie de Shostakovich pour une compétition, donc je suis sorti et ai acheté la cassette (je pense que j’ai dû demander à mes parents de l’acheter). L’enregistrement de Bernstein/Philharmonic est frénétique et passionné –Il y a une sorte d’urgence qui fait que la musique tombe sur elle même. Il y a une sorte de drame qui est entièrement aquise. J’ai appris l’histoire de Shostakovich au lycée et à l’université – comment il a écrit cette symphonie sous Staline dans les années 30, essayant de faire son art de façon à ce qu’il n’ai pas à s’exiler ou se faire tuer. Connaître son histoire ajoute une résonance sombre et irrésolue à sa musique. La musique que nous faisons peut être transcendantale et universelle, mais en même temps terriblement ancrée dans la société où nous vivons.
EN: I didn’t listen to the radio as a kid, just tapes of classical music. A kids book I read featured a high school band learning to play the last movement of Shostakovich‘s 5th symphony for a band competition, so I went out and bought a tape of it (I guess I probably had my parents buy it). The Bernstein/Philharmonic recording is frenetic and passionate–there’s a sense of urgency that makes the music trip over itself. There’s a sense of drama that is entirely earned. I learned the history of Shostakovich in high school and college – how he wrote this symphony under Stalin in the 1930s, trying to make his art but make it in a way that wouldn’t get him exiled or killed. Knowing the history adds a dark, unresolved resonance to the music. The music we make can be transcendent and universal, but at the same time horribly rooted in the society we live in.
Björk – There’s More To Life Than This
FR : Je veux dire, tous les aspects de tout ce que fait Björk sont une inspiration. Dans les paroles, musicalement et visuellement. J’ai toujours adoré cette chanson – la voix crue, live, l’enregistrement live dans un club à la « qui en à quelque chose à foutre ?». Je pourrais citer une douzaine de morceaux de Björk là, il y en a probablement qui méritent plus de figurer ici, mais le sens d’expérimentation et de fun de celle-ci m’a toujours influencé.
EN: I mean, every aspect of everything that Björk has ever done is an inspiration? Lyrically, musically, visually? I’ve always loved this song – the raw, live vocal, the who-gives-a-shit live club recording. I could list a dozen Bjork songs here, probably some deserve the spot more than this song, but the sense of experimentation and fun here has always influenced me.
The Miracles – Way Over There
FR : Il y avait de longues périodes dans ma vingtaine où je n’écoutais que du Motown. Quel héritage glorieux. C’est l’un des premiers singles Motown. The Miracles, avant qu’ils ne deviennent Smokey Robinson and the Miracles, et la direction compte assez (même s’il chante la voix principale, haha). Mais ça sonne comme une chanson faite dans une pièce avec quelques potes. Les chœurs sont plein de chaleur et d’amour. C’est une chanson sur l’amour romantique, mais on la ressent comme ancrée dans la société, si ça fait sens. Présentée si simplement et directement. Je me réfère constamment à ce morceau pendant les répétitions de groupe – « faisons la plus genre comme The Miracles ».
EN: There were long stretches in my twenties when I basically only listened to Motown. What a glorious heritage. This is one of the first Motown Singles. The Miracles, before they were Smokey Robinson and the Miracles, and the distinction kind of matters (even though he’s singing the lead, ha ha). But it sounds like a song made in a room with a bunch of friends. The backing vocals are full of warmth and love. It’s a song about romantic love, but it feels so deeply embedded in a society, if that makes sense. So simply and directly presented. I’m constantly referencing this song during band rehearsals – « let’s make it more kinda like The Miracles«