ADN #254 : Wassailer

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Il a dévoilé cette année son premier album, I, The Batard, Wassailer nous parle de son identité musicale des All Saints à Radiohead en passant par Supergrass.

Crédit : David Holt

Never Ever – All Saints

Parce que c’est sûrement le premier CD que j’ai acheté avec mon propre argent de poche. On va pas se mentir, j’étais complètement amoureux des quatre filles, du haut de mes 11 ans.

Mais même aujourd’hui, le morceau reste exceptionnel, lent, sexy, la progression d’accords parfaitement choisie pour une intro parlée, obligé d’écouter la suite, le refrain, je n’ai pas les mots tellement c’est du génie.

Les couches s’empilent, les influences jazz, r’n’b, les harmonies, le flow des couplets, les grelots de noël sur un beat hip hop, et le grand final en sourdine. Un sans faute. 

She’s so loose – Supergrass

C’est ma sœur qui faisait mon éducation musicale quand j’étais minot, et la Brit Pop c’était un passage obligé dans les années 90.

Dur de choisir entre eux et Blur, mais je ne me suis jamais lassé de « I Should Coco« , l’album en entier, c’était comme regarder un film pour moi, fallait commencer au début, et impossible d’arrêter avant la dernière chanson.

She’s so loose, c’est le morceau qui m’a le plus touché, comme au théâtre, quand le personnage est épuisé et craque. C’est un vrai déchirement, c’est pop rock certes, mais c’est tragique.

I Used to love him – Lauryn Hill & Mary J Blige

Alors ça c’est pareil, je l’ai tellement écoutée que j’ai racheté le disque trois fois (il était trop rayé, à force). Miseducation, c’est presque une bible, surtout quand t’apprends la batterie à 12 ans.

La production et les beats sont tellement parfait, je les re-jouais au casque, par-dessus l’album, en boucle le samedi, pour le plus grand plaisir de mes voisins. Et puis bon, les meilleures leçons de chant aussi.

The Girl from Ipanema – Astrud Gilberto, João Gilberto & Stan Getz

Évidemment il faut que je case la musique qu’écoutait ma mère, sinon ça ne serait pas un vrai ADN.

Encore une fois, difficile de choisir un seul morceau de sa discographie, mais les vinyles qu’elle jouait le plus c’était ça ou les passions de Bach. Et j’en suis éternellement reconnaissant.

C’est une chance énorme, si petit, d’avoir ingurgité autant de mélodies et de musique chorale. Déjà dans son ventre quand elle chantait, mes oreilles étaient bien chauffées, avant même de savoir que j’allais en faire ma vie.

Pyramid Song – Radiohead

C’est très probablement le morceau que j’ai le plus écouté de toute ma vie. Un vrai chef d’œuvre, tellement délicat, intelligent, la production ne vieillit pas, le texte est si beau, d’une simplicité dérangeante, comme une acceptation de la mort, sûrement, et toute la musique souligne cette idée, c’est impeccable vraiment à tous les niveaux.

Je crois que c’est ma pire angoisse d’ailleurs. Accepter. Ça veut aussi dire arrêter de se battre, c’est vraiment très triste. Mais c’est aussi tellement étranger à tout ce que je suis, que je continue d’écouter le morceau sans cesse, comme si c’était un ovni, que je ne comprendrais jamais. 

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