ADN #396 : Yasmin Pigeon

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Alors qu’elle a récemment dévoilé son titre Possessive, Yasmin Pigeon passe aujourd’hui sur La Face B pour nous dévoiler ses influences musicales.

Crédit : Eve-Farache-Delphine-Legrand-Alix-De-Joussineau

Buchicho – Os Originais Do Samba Yasmin Pigeon

Si je devais choisir une chanson pour définir mes 0 – 10 ans ce serait cette chanson. C’est tout simplement de la samba pure et dure qui a bercé mes matinées, après-midi et soirée de ma tendre enfance.
Cette chanson me rappelle mon enfance, mes parents en couple, des gens qui rigolent et qui dansent. Que du bonheur.

The Visitor – Kadhja Bonnet

Après avoir été conseillée plus d’une fois d’écouter l’album The Visitor de Khadja Bonnet, je m’y suis enfin mise. Puis après plusieurs écoutes du projet dans son entièreté je me suis sentie carrément insultée par sa beauté.
Il y a un aspect extrêmement jouissif dans le storytelling de cette chanson, quelque chose d’intemporel et dramatique émane des arrangements, aussi bien dans la production que vocalement.
Un pur plaisir. Une enrichissante découverte à garder très près de son cœur.

Freakum Dress – Beyoncé Yasmin Pigeon

J’ai fait de la danse hip-hop quand j’étais petite et c’est comme ça que j’ai acquis ma culture RnB hip-hop et l’amour pour ce style musical. Il faut dire aussi que je suis enfant de DJ et de patronne de club de musique brésilienne. Déjà toute petite ma mère nous faisait monter sur les tables du restaurant avec ma sœur en nous criant “samba no pe, samba no pe” ce qui veux dire “samba dans les pieds”.

Comme pour beaucoup de filles de mon âge à cette époque-là, Beyoncé émanait une aura de force, de rigueur et de discipline qui m’a beaucoup inspirée. Elle était sensuelle, déterminée et acceptait son corps comme il l’était et j’ai toujours beaucoup admiré ça. De la même manière que j’admire aujourd’hui une artiste comme Nathy Peluso qui n’a pas peur de montrer un corps en mouvement et des cuisses qui risquent de tout faire tomber sur son passage. Bref, I could relate.

Freakum Dress est une chanson qui prend de la place, qui ne s’excuse pas. Elle t’invite à accepter ton corps et le libérer des jugements que tu peux avoir sur lui. Le rythme est agressif, droit au but, il ne laisse pas de place pour ne serait-ce qu’une once de doute et je trouve ça extrêmement fort.

Monks – Frank Ocean

Parfois c’est Monks, d’autres fois c’est Sweet Life mais le plus souvent ça a été Thinkin’ Bout You. At the end of the day, c’est surtout et pour toujours Channel Orange dans sa globalité.

J’ai découvert Frank Ocean en 2012 quand je venais d’avoir 15 ans et que j’emménageais à Londres chez mon père. C’était très déroutant d’arriver dans un nouveau pays à cet âge-là et quand je suis tombée sur Channel Orange je me suis ressentie à ma place. Je n’ai plus quitté cet album. Je pense que ça a été la première fois que j’étais aussi attachée a de la musique, cette chose non palpable qui existe depuis tant d’années. Elle m’a guidée, m’a suivie, et ma littéralement rééquilibrée dès que j’en ressentais le besoin et pour toujours j’en serais extrêmement reconnaissante.

iT Christine & The Queens

En rentrant de Londres en 2018 je suis tombée sur toutes les affiches de Chris, Christine & The Queens dans le métro. Je me demandais qui pouvait bien être cet être humain au regard bad boy qui me suivait partout d’Opéra à Guy Moquet.

Quelques recherches plus tard, après avoir écouté toute sa discographie et regardé toutes ses vidéos YouTube et performances live je pouvais dire avec la plus grande fierté que j’étais tombée sous le charme. Une artiste française qui ne s’excusait pas et qui prenait sa place grâce à son art – ça n’a pas été compliqué pour m’émouvoir comme jamais je n’avais été émue auparavant.

Chris est ensuite devenue une de mes plus grandes inspirations et “iT” est ma chanson préférée de sa discographie car je me retrouve dans cette volonté d’être vue telle que l’on est.
Cœur sur Chris.

Modinha – Elis & Tom Yasmin Pigeon

Modinha est la 4ème chanson de l’album bossa nova composé et écrit par Jobim et Elis Regina qui sont des musiciens brésiliens cultes.

J’ai un amour tout particulier pour Elis Regina et cette chanson. “Modinha” est un titre finalement, très minimaliste, peu de notes y participent et elle est pourtant très chargée en émotions. 

Le tout est très délicat et décisif. Il n’y a rien de faux, tout est à sa place et tout est sincère et brut à la fois. C’est une chanson qui parle de ne plus vouloir accepter d’être mal aimé. On a même l’impression qu’elle va fondre en larmes après avoir chanté la toute dernière note. Il y a un aspect théâtral qui me plait beaucoup dans cette chanson.

Norman fucking Rockwell – Lana Del Rey

Je n’étais pas une grande fan de Lana dans mon adolescence. Mise à part, comme tout le monde, une appréciation particulière pour ses premiers hits tels que “Young & Beautiful” ou “ Born To Die”, j’avais du mal à me jeter à l’eau. Peut-être j’étais que un peu intimidée par le contraste entre elle et Beyoncé qui était pour moi la meilleure. 

En grandissant, je me suis naturellement retournée vers Lana Del Rey. J’ai compris qu’il n’y avait pas qu’une façon de chanter. Il y avait une maturité dans sa façon de créer, de raconter ses histoires qui tout à coup m’émouvait, c’était un univers dans lequel j’avais soudain envie de vivre et de rester le plus longtemps possible. 

Puis, comment ne pas aimer une chanson dans laquelle les premiers mots prononcés sont “You fucked me so good that I almost said, « I love you”’. C’est réel.

Lights Out – Santigold

J’écoute Santigold au moins 1 fois par an depuis mes 10 ans. Mon père me l’avait fait découvrir l’année de mes 10 ans quand mes parents avaient décidé qu’on devait déménager et que je ferais mon CM2 à Londres. 

Cet album entier a donc fini par décorer toute cette année-là de ma vie et m’a fait me sentir telle une bad bitch chaque matin munie de mon iPod Nano violet.
Je trouve encore ces chansons si satisfaisantes à écouter. Merci Santi <3

Ice Dance – Danny Elfman

C’est l’enfant au coeur lourd comme le monde en moi qui revient toujours à la B.O. du film de Tim Burton, « Edward Scissor Hands ».
Je me demande si je serais aussi émue par cette chanson si je n’avais pas l’histoire du film, les expressions faciales des acteurs et toute la scénographie en tête. Quoi qu’il en soit, je suis convaincue que peu de choses sur cette Terre ont le pouvoir d’émouvoir autant que cette chanson. Une grande délicatesse et d’espoir émane de ce morceau.

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