ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les cinq chansons qui les définissent et les influencent. Alors qu’il s’apprête à investir Le Motel ce soir pour un set acoustique, c’est Clément, tête pensant du groupe, qui nous dévoile aujourd’hui l’ADN de Nor Belgraad.
The Police – When the World is Running Down
Ce morceau particulier de Police, je l’ai découvert il y a ultra longtemps en chopant l’album (Zenyatta Mondatta) dans un brocante pour 50 centimes. J’ai appris à mixer super tôt, vers 17 ans, avec mon meilleur ami Léo. Lui jouait de la basse et moi de la guitare dans des projets à deux, donc on continuait à avoir cette approche jouée de la musique. Cependant, c’est un des tracks que je trouvais rêveur et entêtant, parce que ce n’était qu’une énorme boucle pendant 5 minutes. Presque électro avant l’heure en fait. Je l’écoute encore aujourd’hui, et j’avais passé énormément de temps à essayer d’avoir le même son de guitare.
Lindstrom – The Contemporary Fix
Track de malade, complètement hypnotique pour moi, et qui m’a aussi fait découvrir une machine que j’utilise sur quasi tout mes morceaux aujourd’hui : la TB303. L’acide quoi. Justement ce morceau fait partie de la même période de ma vie, plutôt 18-19 ans, à l’époque je trainais dans des petits clubs à Lille, et un de mes amis qui m’apprenait à passer des disques jouait tout le temps ce morceau (bisous Ben). La montée du milieu me donne encore des frissons aujourd’hui quand je la passe chez moi, en club ou en soirée. Et le côté débile et joué des instruments qui sonnent avec est hyper catchy aussi, c’est un truc qui m’a toujours fasciné.
Kerri Chandler – Bar A Thym
Je crois que c’est une des plus grosses trempes que j’ai prises de toute ma vie, car j’en ai encore un souvenir très vivace. C’est arrivé un peu plus vers mes 22 ans je crois, en tout cas à ce moment là je m’étais engouffré dans la musique électronique alors que j’y étais hyper réfractaire auparavant ; j’ai eu une période ou je dévorais toute la techno, la house, l’électro, Chicago, Détroit ou Amsterdam peu importe. Un soir où j’étais derrière les platines avec un de mes meilleurs amis (qui produit et arrange tout mes morceaux aujourd’hui, bisous Piou), il a joué ce track. Je peux pas vraiment le dire face caméra, mais en clair j’ai découvert deux choses en même temps: comment faire d’une boucle infinie une montée d’amour et d’énergie incroyable, et comment lâcher prise totalement juste en dansant et en fermant les yeux. Le plaisir extatique à l’état pur (peut-être avais-je été aidé d’une certaine pilule ? ).
Davina – Don’t you want it
Pour moi, la techno c’était super froid et découpé. Électronique dans le sens ordinateur en bref. J’avais récupéré ce disque sans vraiment l’écouter à la base, et un jour je retombe dessus un peu comme ça, alors que je jouais énormément de disco (à la guitare comme derrière les platines). Je me souviens être un peu gêné quand la voix arrivait sur le track, parce que j’y étais pas habitué ; et très vite je me suis rendu compte que c’était hyper chaleureux et que ça apportait un groove hyper différent, carrément jazzy en fait. Je n’ai jamais arrêté de le jouer ni de l’écouter depuis, et c’est aussi grâce à ça que j’ai plongé dans le bain Détroit, Carl Craig, Theo Parrish, Underground Resistance et tout ce qui en découlait évidemment. Ça a été la clé d’entrée vers un fleuve dans lequel je puise encore beaucoup aujourd’hui, disons.
Sade – Hang on to your love
Pour être simplement honnête, je n’aurais jamais fait de musique sans la musique que mes parents me faisaient écouter. Elles m’ont fait découvrir énormément de trucs, comme quand on découvre des aliments et des plats différents : du jazz, de la musique des quatre coins du monde, du hip-hop beaucoup, de la house, de la chanson française (mais toujours matinée de funk ou de groove quelque part). Et puis il y avait quelques disques qui revenaient tout le temps, notamment celui-ci, qui pour moi correspond à une couleur particulière de ciel, quand on partait en vacances l’été, rouler la nuit, la chaleur sur les bras, ma mère qui bougeait la tête en conduisant, la guitare qui sonnait de façon hyper propre. Et puis je me suis rendu compte des années plus tard que ce morceau c’était une fois de plus une super boucle, et que ce que je recherchais c’était de comprendre comment faire ça, une boucle parfaite mais pas ennuyeuse en fin de compte, quelque chose d’hypnotique et spontané en somme toute. Merci Maman, merci Annie.