ADN #655 : Eniah

ADN: Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Aujourd’hui, c’est Eniah qui nous dévoile ses diverses influences musicales à l’occasion de la sortie de son nouvel EP, Homme bleu.

Eniah
Crédit : mileesaway

Mozart – La marche turque

Eniah : Pianiste depuis l’âge de 6 ans, je découvre le travail de Mozart durant mon enfance. Ce jeune prodige m’intrigue, m’impressionne, et m’inspire..

« J’ai 10 ans, et je suis à peine capable d’interpréter ce que Mozart composait à 6 ans.. 4 ans de retard.. quelle piètre performance.. ».

C’est ainsi que je développe ma détermination, ma rigueur. C’est ma façon de faire. À la maison, je joue du piano plus fort que les cris de mes parents et de mon frère. Je me demande parfois si ce ne sont pas ces notes qui les font hurler… mais je joue. 

Guizmo – André 

Eniah : Dans une période de doutes qu’est l’adolescence, je suis en pleine construction et en pleine auto-destruction quand je découvre ce morceau de Guizmo. Pas de refrain, des paroles frontales et touchantes, dans lesquelles je me reconnais immédiatement.

Traumatismes, maturité arrivée un peu trop tôt, un regard sur le monde différent des autres, voilà ce qui m’éloigne des autres, me fait rencontrer la solitude. La solitude.. Je marche seul avec elle dans la nuit, André dans les oreilles. 

Khali – ENTRE PALMER ET PARIS ZOO

Eniah : « Il ne me ressemble pas non plus ». Et pourtant, tellement de points communs, de similitudes entre lui et moi. Le Maroc, l’Islam, la timidité, la santé mentale, la rue, les contradictions, les questions sans réponses…

Je rejette le monde, le monde me rejette, et cela est ainsi. Je n’ai confiance qu’en mon dieu, qu’en celui qui reste présent dans les meilleurs, les bons, les mauvais, et les pires moments.

Quant aux autres, « l’enfer je le vois en eux ». Je vois le monde brûler autour de moi, le mal se répandre dans le cœur des gens, jusqu’à atteindre le mien, et faire baisser encore un peu mon estime de moi même. Moi même.. en moi même, je cherche encore à protéger cette petite part d’innocence.

Laylow – UNE HISTOIRE ÉTRANGE

Eniah : Un mélange entre l’espoir et la mélancolie. La route est bien différente pour chacun de nous, « mais c’est pas la fin qui compte, c’est le chemin, ton chemin ». Car nous ne sommes que de passage sur cette terre.

Ce que nous emportons n’est que de l’ordre du souvenir, tout comme ce que nous laissons. Ce morceau est a la fois une histoire très personnelle, étrange, mais en même temps un message universel, qui pour ma part, m’a touché.

Souad Massi – Pays natal

Eniah : J’ai grandi au Maroc étant petit. Ce morceau évoque le déracinement, et l’absence d’opposition entre le fait de résider en paix, de se sentir chez soi dans un nouveau pays, et le fait de souffrir du manque de sa terre.

Comme le dit si bien Souad, on ne quitte jamais réellement la d’où l’on vient, ou nous souvenirs se sont créés durant l’enfance, par la vue, les sons, les odeurs.. pour ma part, c’est le bruit du marché, l’odeur salée du port d’Agadir, ma main au creu de celle de mon père.

Découvrir Eniah :

Retrouvez Eniah sur Instagram