ADN #703 : Elephanz

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Aujourd’hui, on se plonge dans les morceaux qui définissent et influencent Elephanz, qui viennent de dévoiler leur nouvel album, Rien de Personnel.

Sol Sanchez

Supertramp – Breakfast in America

Jonathan : Vers l’âge de 7 ou 8 ans, avant même de comprendre l’anglais et de savoir quoi que ce soit sur ce groupe dont nous avions une K7 à la maison, avant de savoir, par exemple, que c’étaient cinq barbus qui chantaient en falsetto et pas un groupe de rockeuses, avant de connaître leurs thèmes, ou leur époque, on a été totalement séduits et transformés par la pop de Supertramp.

Celle des Beatles nous a appris la musique, mais celle de Supertramp nous a appris à jouer avec : faire ce qu’on veut avec les voix, trouver le riff parfait, le balancement de la main droite sur les touches du clavier pour jouer à la manière de cette intro si iconique. Nous adorons toutes les chansons de ce disque et la cover de notre nouvel album en est une sorte d’hommage. On nous a souvent parlé des Beatles, évidemment, mais notre premier single Stereo sorti en 2010, découle directement de Supertramp.

Beck – Loser

Maxime : Dans la vie, j’ai eu des coups de foudres. Je me souviens de la scène et pourtant c’était il y a 25 ans. J’étais chez mon pote d’enfance. Il avait un grand-frère qui était en âge de s’acheter des CDs. Une après-midi, il s’est introduit dans sa chambre et en est ressorti en tenant cet objet
de plastique à la pochette si laide. Mellow Gold « On écoute ça ? Vu la pochette, ça a l’air violent! »

Ce bon Beck a eu la bonne idée de démarrer son album par la plus puissante ode aux anti-héros que nous étions. Dès le premier refrain, j’ai compris que la musique allait pouvoir résoudre beaucoup de problèmes dans mon existence.
Aujourd’hui encore, lorsque je me retrouve dans la situation d’écrire un morceau à partir de rien, je pense toujours à cette mélodie imparable de Beck, qui n’a même pas besoin de variation harmonique pour se déployer puisqu’il n’y a qu’un accord sur tout le morceau!

Pixies – Hey

Jonathan : La musique des Pixies est un défouloir. C’est un lâcher-prise et une façon de porter la complainte au rang de pop-song iconique qui nous fascine et dont nous ignorons tout des recettes. Tout a l’air chaotique, tout semble avoir été joué par des musiciens saouls à l’instar de l’intro de Hey, mais également de Caribou, Where is my mind, Here comes your
man

Et dans ce désordre, totalement imprévisible à la première écoute, émerge soudain quelque-chose, une note de guitare, un riff qui commence hésitant, puis devient lourd et prophétique, ou tout simplement une interjection à la voix comme ici : « Hey! Je t’ai cherché partout ». Il y a du génie dans cette façon de composer, sans limite, sans structure, sans
règle et sans compromis.

Maxime Le Forestier – San Fransisco

Maxime : Je devais avoir 13 ou 14 ans, et à la première écoute de ce morceau, j’ai été séduit. Ce sentiment n’a fait que croître d’ailleurs. Cela faisait des années déjà qu’on s’était plongé, mon frère et moi dans la discographie des Beatles, entre autres choses. Et je me rappelle m’être dit, à l’écoute de la chanson de Leforestier: «Ah! Donc les français aussi
peuvent écrire Yesterday.

Ainsi, pour la première fois, j’ai eu envie d’écouter davantage de variété française. Je recherche sans doute San Francisco dans chaque chanson du répertoire français depuis.
J’aime la nostalgie qui s’en dégage, et le contraste entre le caractère épuré de l’arrangement et la grandiloquence des paroles («si San Francisco s’effondre »). Ce titre m’arrache le coeur.

Alain Souchon – Somerset Maugham

Jonathan : Souchon c’est tellement de fragilité. Celle de ceux qui voudraient s’intégrer mais qui n’y arrivent pas vraiment, qui sont mal en campagne et mal en ville. C’est une façon de chanter sa différence et son étrangeté au monde avec une pudeur et un certain second degré qui nous touchent particulièrement et qui ont probablement, plus qu’aucun autre
artiste, posé les bases de notre façon d’écrire le français.

C’est le premier looser magnifique avant que cela ne soit à la mode. Avec une écriture si intelligente qu’elle réussit le tour de force de paraître quasiment enfantine, à la manière de Salinger dans The Catcher In The Rye, un autre auteur qui nous a inspiré. Somerset Maugham raconte l’amoureux normal et transi qui craint qu’un aventurier meilleur en tout point vienne lui piquer sa petite amie, c’est manier des enjeux aussi graves que le couple quand on est juste un garçon qui boit encore du chocolat chaud.

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