ADN #711 : Varsovie

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Alors qu’ils viennent de dévoiler leur cinquième album Pression à froid et qu’ils feront un crochet à l’International le 12 novembre prochain, Varsovie nous dévoile ses influences musicales.

Joy Division – Disorder (Live 1979, Paris)

Joy Division est une de nos références principales, tant au niveau des rythmiques, des atmosphères, des textes que de l’esprit. S’ils sont principalement connus pour leurs approches froides et mélancoliques, on oublie parfois l’extrême tension exprimée dans certaines compositions et la violence des interprétations live. Cette version de Disorder à Paris semble rendre justice à ce qu’était le groupe sur scène. C’est aussi cet aspect ultra tendu et organique que nous aimons chez eux. À l’époque, le groupe regrettait d’ailleurs que les versions studio atténuent un peu trop la dynamique réelle de leur jeu.

Bauhaus – The Passion of lovers

Même période et autre influence majeure, mais qui se ressent peut-être moins directement chez nous. Bauhaus incarne une facette plus arty du post-punk, moins frontale et viscérale que Joy Division. Ils ont contribué à poser les bases du genre gothique par leur esthétique particulière marquée par le clair-obscur, l’expressionisme et le goût des cadavres exquis. The Passion of lovers est assez emblématique, à la croisée des multiples expérimentations du groupe : ce groove funèbre, cette atmosphère nocturne, embrumée, cette mélodie entêtante régulièrement heurtée par l’étrange, et un texte hanté, chargé d’images obsédantes, de double sens. Pour autant, le morceau reste très accessible.

Siekiera – Nowa Aleksandria

Un morceau culte de la scène post-punk polonaise des années 1980, au moment où le groupe s’est éloigné du punk conventionnel pour une musique à la croisée de la new-wave et de la cold-wave, tout en conservant l’énergie initiale. Ce morceau nous accompagne depuis plus d’une quinzaine d’années sur les routes et concentre à peu près tout ce qu’on aime : cette nervosité, cette mélancolie, ce côté hypnotique, ce son incisif, froid, et ces textes percutants, réduits à l’essentiel – une sincérité manifeste également, assez typique des groupes de cette scène d’Europe centrale. Le fait que Siekiera chante dans sa propre langue accentue cette singularité.

Alain Bashung – La Nuit je mens

Ce n’est pas une influence flagrante, pourtant Bashung nous accompagne également depuis des années et il doit en rester quelque chose du côté de l’atmosphère et dans la façon dont ses paroliers (Fauque, entre autres) investissaient les lieux. Difficile de trancher parmi sa longue discographie, mais La Nuit je mens reste à mi-chemin entre les différentes époques et les différents styles – les arrangements exigeants, les trouvailles dans les paroles jouant de décalages bien sentis, la voix précise et touchante, mais comme à deux doigts de se briser, la sensation de se faire embarquer à travers la plaine et l’envie de mettre en boucle même après des années d’écoutes…

The Chameleons – Monkeyland

Quand arrive le dernier choix, une dizaine de candidats plus ou moins évidents se bousculent, alors autant citer un des moins connus : The Chameleons, avec qui nous avons joué en 2019 à la Boule Noire dans le cadre de Chameleons Vox et que nous écoutions beaucoup au tout début de Varsovie, notamment ce morceau, son refrain en forme de brèche explosive et ce texte : « It’s just a trick of the light ». Il incarne assez bien l’idée que nous nous faisons du post-punk, c’est-à-dire quelque chose qui n’est pas totalement déconnecté de l’expression du rock et du punk. C’est aussi ce regard porté sur les fausses lumières de l’époque et ce besoin de retrouver un sens.

Découvrir Pression à froid de Varsovie et notre chronique par ici :

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