ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Après avoir longtemps collaboré en groupe (Freez, Joko) ou pour d’autres musiciens (Jacques, Petit Prince…), Arthur Vonfelt s’est laissé tenter par une échappée solitaire. Il vient de sortir un magnétique premier EP qui laisse entrevoir de belles choses à venir.
Serge Gainsbourg – En melody
Évidemment c’est tout Mélody Nelson qu’il faut écouter mais j’ai choisi ce morceau pour son groove de batterie bien particulier et l’atmosphère « jam session » qui me rappelle l’époque à laquelle j’ai découvert cet album. C’était à l’adolescence quand nous jammions sans fin dans la cave de mes parents avec Jacques et Elliot (MaMaMa). Il m’inspire encore beaucoup aujourd’hui car c’est un des premiers grands exemples qu’on peut faire un album concept psychédélique en français, en faisant bien résonner les mots et leurs syllabes.
Tracy Chapman – Fast Car
Un des disques que j’ai eu enfant. Sa voix est incroyable, c’est la première fois que j’ai été touché par de la musique alors que je ne comprenais même pas les paroles : c’est à partir de là que la musique à commencer à me passionner. J’aime sa voix et la production des années 90 qui me rappelle mon enfance. Parfois les chansons nous émeuvent et on se croit dans un film, j’aime ça.
Steve Lacy – Helmet
Je trouve qu’il a vraiment un truc singulier. Dans un autre monde ce serait un projet de niche pour quelques initiés alors qu’en fait c’est énorme !
J’aime le charme dans le désordre de l’empilement des instruments, c’est pas complètement clinique, on sent que c’est joué par un humain. Pareil pour le chant, il tord les notes, sa voix s’éraille un peu et c’est diablement vivant et beau : ça fait du bien.
Tame Impala – Let it happen
J’ai découvert Tame Impala sur le tard et je n’ai pas été déçu. Ça rejoint dans mon imaginaire l’aventurisme du rock des années 70 avec l’audace de production des Daft Punk. J’aime les risques qu’il prend dans ses choix de son, de structure et de forme. Ce que j’adore dans ce morceau c’est le passage qui se boucle pour former une nouvelle partie à 4 minute, il arrive à créer une mise en abîme sonore où l’on zoom pour finalement se retrouver au même endroit qu’au début, comme le serpent qui se mord la queue.
Chick Corea Trio – Matrix
Je suis fan de Roy Haynes (le batteur). C’est la première fois que j’ai entendu un batteur jouer de manière aussi mélodique, dans ce morceau c’est carrément un canon entre lui, le piano et la contrebasse.
Il y a un côté brûlant et instantané dans ce morceau, on a l’impression d’être dans la pièce avec eux et de vivre ce moment. J’aime bien essayer de retrouver ça dans d’autres contextes et dans d’autres styles de musique, cette urgence empathique quand on assiste à quelqu’un qui prend de grands risques, qui se met à nu. Comme des funambules, on se demande s’ils vont tomber : il y a du suspense.