ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. À l’occasion de leur participation au CROSSROADS Festival, on découvre aujourd’hui les influences d’Irnini Mons.
RICHARD GOTAINER – LE MAMBO DU DECALCO
Un jour après un concert donné à la coopérative de Mai avec Drahla ( = une soirée résolument rock, on en reparle en dessous), un spectateur est venu nous dire que notre groupe lui faisait penser à Richard Gotainer. On a d’abord été pris de court car on ne l’aurait jamais mis dans nos influences directes. On n’écoute pas Richard Gotainer tous les jours et on n’y a même pas pensé pendant l’écriture de l’album !
Mais du coup le lendemain nous nous sommes fait une petite écoute dans le van, et effectivement, ça tombe dans le mille! Plus ou moins consciemment, le fait d’écrire en français, de s’amuser avec les mots, les sonorités, le rythme de cette langue nous a fait piocher dans des influences pop/rock 80s françaises : Les Rita Mitsouko, Richard Gotainer, Etienne Daho, Lio…
Richard Gotainer, ça nous fait marrer, on tend plus vers la chanson humoristique, mais il y a des tubes, et on aime ça. Le mentionner nous permet de mettre en avant le côté absurde et second degré que l’on peut retrouver parfois dans nos textes. Ça dédramatise le fait d’écrire en français, c’est libérateur. La musique, c’est fun !
LE GROUPE OBSCUR – Ȼalaȼetelaea
Un groupe rennais qui n’est malheureusement plus actif mais qui a laissé des traces notamment grâce à leur originalité. Leur musique est complètement perchée, elle évolue dans une ambiance fantasque. Iels ont vraiment leur univers ~ pop, dark, lyrique, psychédélique ~ qui nous envoûte à chaque écoute. On dirait que le Groupe Obscur vient d’une autre planète, un peu comme notre groupe! C’est mystique, harmonieux et étrange à la fois.
On aime et c’est inspirant. On y retrouve pas mal de similarités avec Irnini Mons, notamment sur les mélodies de voix alambiquées et sinueuses, et dans l’utilisation des modes, que ce soit dans les mélodies ou encore les harmonies à tendance médiévales que l’on aime aussi beaucoup faire. Au niveau du jeu des deux guitares, on se retrouve dans leur manière de s’imbriquer et de se répondre. Bon en plus iels ont inventé leur propre language, l’Obscurien, ce qui est trop cool.
TALKING HEADS – MAKING FLIPPY FLOPPY
Dans les groupes « classiques » qui reviennent souvent quand on parle de notre musique, il y a régulièrement Talking Heads et Sonic Youth. Sonic Youth revenait plus sur notre 1er disque ainsi que sur nos performances, le côté foisonnant, noisy et agressif des guitares, tout en allant dans plein de directions artistiques. Talking Heads, se ressent plus avec notre dernier album « Une habitante touchée par une météorite » avec ses formats plus pop, plus 80s, on nous colle d’avantage une étiquette post-punk. On a un rapport étrange avec ce style, car il ne veut rien dire et on le voit partout, mais ce qui est certain c’est qu’on se retrouve beaucoup plus dans le côté lumineux, excentrique et arty de la scène new yorkaise, que du côté Goth dépressif anglais.
Pour revenir à cet album, c’est vraiment un disque très dansant, pleins de tubes, très funk, mais il y a une fougue et une tension super punk. David Byrne sublime et incarne chaque morceau avec une classe et un côté bizarroïde et fantaisiste qui nous parle beaucoup.
C’est vraiment pas l’album de Talking Heads le plus axé sur les guitares et pour autant, il y a une intention derrière qui me fait pas mal penser à notre musique. Des titres comme « Making flippy floppy » arrivent à allier groove, tension et côté tubesque, des morceaux un peu patchwork dans un format radiophonique, c’est fort.
En attendant, c’est bien de laisser les albums dans leurs époques. C’est clairement 80’s dans la production et dans les sons, et je ne trouve pas ça très intéressant quand les groupes contemporains essaient de sonner comme avant. Par contre c’est toujours kiffant de tirer des liens ou de découvrir sur le tard des albums références, sans vouloir les copier, car finalement tu y tires quelque chose de très singulier dans ta musique qui va de la simple « attitude » a des particularités musicales assez précises. Les disques classiques c’est autant des boulets si tu t’y réfères trop que des mines d’or d’inspiration.
DRAHLA – Grief in Phantasia
On y revient ! Drahla c’est le côté goth dépressif anglais du post punk dont on parlait au dessus en disant qu’on s’y retrouvait pas trop, comme quoi on est plein de contradictions (qu’on assume !) S’il y a un groupe qui sort du lot dans toute cette scène, c’est elle-eux. Iels sont ultra inventifs, originaux et audacieux, alors que souvent ce genre musical peut être très plat et redondant, surtout lorsque le chant est à la limite du spoken word. Mais on se retrouve dans la radicalité et l’intégrité de leur démarche. Leur son est ultra travaillé et particulier, iels vont au bout de leur proposition et du coup iels ont une vraie identité. Ça sonne aussi bien en CD qu’en live, c’est toujours impressionnant de voir des groupes avec une telle maîtrise !
LIZZY MERCIER DESCLOUX – Mais où sont passées les gazelles ?
Dans une espèce de veine parallèle à Gotainer ou Talking Heads, on adore cette chanson de Lizzy Mercier Descloux. Une chanteuse, disparue bien trop vite, qui a bossé avec les plus grand-es de l’avant-garde new yorkaise comme John Cale ou Patti Smith. Elle a pratiquement inventé la worldbeat, et s’est beaucoup inspirée de la musique du Township de Soweto en Afrique du Sud, qui, dans les années 80 était un lieu de résistance à l’apartheid. Une grande artiste, et ce morceau, c’est un peu tout ce qu’on aime. C’est dansant, bizarro, de bon goût mais avec cette saveur sucrée kitsch des années 80. Encore une découverte lors d’une tournée d’ailleurs. Génial.