ADN #890 : Garance Midi

C’est toujours la chanson que j’écoute quand je suis d’humeur mélancolique. Les paroles décrivent une succession d’images, tantôt douces et tantôt intenses, qui forment un paysage du sentiment amoureux. J’adore la spécificité et l’apparente banalité des éléments qu’Adrianne Lenker liste (« mango in your mouth, juice drippin’, shoulder of your shirt sleeve slippin’ » ).

Je pense que c’est quelque chose que j’essaye de reproduire quand j’écris des chansons : décrire les événements comme ils se passent précisément, plutôt que de parler d’un sentiment dans sa généralité sans l’ancrer dans une situation concrète. Je suis aussi très touchée par la manière dont les mots s’écoulent comme de l’eau hors de sa bouche, dans un flot régulier et presque ininterrompu.

Ça semble sortir si naturellement de sa tête qu’on dirait qu’elle a écrit les paroles comme ça, de manière automatique en quelques minutes. En réalité, on imagine bien qu’il doit y avoir un gros travail d’écriture et de composition derrière. Mais cette chanson a quelque chose de magique et de fluide qui donne une impression d’instantané.

J’imagine bien cette chanson accompagner la scène finale d’un film, le genre de scène où le personnage principal, après un voyage initiatique, regarde son passé avec tendresse et se dit qu’il est maintenant prêt à aller de l’avant. Il y a dans cet arrangement une grande puissance narrative qui donne de l’espoir et de la force à la personne qui l’écoute, comme si on se rendait compte qu’on est peut-être capable de braver tous les changements que la vie nous réserve, même si c’est dur. Ça marche super bien sur moi, et du coup, je l’écoute dès que j’ai besoin de me remonter le moral!!! J’aimerai bien réussir à insuffler ce genre de sensations dans mes chansons.

Lorsque je pense aux musiques qui m’ont le plus influencé dans ma vie, la première chose qui me vient en tête, c’est la bande-son du jeu « animal crossing ». Ce jeu m’a obnubilé des centaines d’heures durant, depuis mon enfance jusqu’à l’âge adulte. C’est comme si les différentes mélodies qui peuplent l’univers d’ « animal crossing » étaient gravées à vie sur mon cerveau. J’imagine donc que ça doit forcément se sentir d’une manière ou d’une autre lorsque je compose. Je pense particulièrement aux chansons de K.K Laglisse, le chien guitariste du village, qui performe tous les vendredis soirs et nous offre gentiment un CD virtuel à chaque fin de concert. On peut dire que c’est ma première idole : avant que je fasse la connaissance de Taylor Swift et d’Adrianne Lenker, il y avait K.K. Un jour, je réaliserai mon rêve et je chanterai une de ses chansons sur scène.

J’ai été fort bouleversé par l’album Honey de Samia, qui est rempli d’instants de vulnérabilité, de violence, d’angoisse et d’honnêteté. Ce périple émotionnel est clôturé par la chanson Dream Song, avec des guitares toutes douces qui m’ont laissé un goût d’optimisme et d’espoir. On y entend la (magnifique) voix de Samia qui nous répète qu’après tout, « you get your dreams for free ». Cela me fait l’effet d’une couverture toute chaude qui me rassure et me protège contre les intempéries.J’avais envie de finir notre premier album avec une chanson qui traduisait ce même mélange d’espoir et de peur, et j’ai commencé à écrire les paroles de « Camille ». Finalement, il s’est avéré que « Camille » est devenue la chanson d’ouverture de notre album !

En terme de sonorité, l’album En anglais de Mathieu Boogaerts a été un gros fil conducteur pendant l’enregistrement de Dans la maison. On le réécoutait régulièrement lorsqu’on enregistrait et qu’on parlait de textures sonores, en particulier la chanson Annie : on cherchait à se rapprocher de cette ambiance intime, claire et feutrée. Les arrangements sont pleins de synthés charmants comme des petits bonbons, les voix et les harmonies sont ravissantes, c’est vraiment du miel pour nos oreilles. Mathieu, si tu lis ces lignes un jour, on serait ravis de faire de la musique avec toi !!