ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Alexis Croisé a dévoilé Superhero, son premier EP, l’occasion de le (re)découvrir à travers ses influences musicales.
Chilly Gonzales – The Tourist
Alexis Croisé : On est en 2004. Ce qui m’étonne encore aujourd’hui, c’est d’avoir emprunté ce disque au hasard total à la médiathèque alors que j’avais seulement douze ans. À cette époque, j’accompagnais beaucoup ma mère qui était guide interprète dans les musées de Paris. On rentrait la nuit dans sa Clio rouge, je ressens encore notre fatigue et les avenues illuminées de Paris qui défilaient à la fenêtre tandis que le Solo Piano de Gonzo tournait en boucle dans le lecteur disque. Je découvrais alors des vraies pop songs au piano, avec un jeu calme et un son feutré. C’est un souvenir impérissable, je me sentais comme dans un film.
Roedelius, Arnold Kasar – Rolling
Alexis Croisé : Ce morceau de Roedelius m’a beaucoup aidé à assumer un vrai parti pris dans le son du piano de mon EP. Dans son enregistrement à lui, c’est comme s’il pleuvait, on entend les doigts frapper l’ivoire, on peut presque sentir qu’il fait froid dans la pièce, et ce n’est d’ailleurs pas la pochette qui nous dirait le contraire.
Je suis aussi hyper touché par la simplicité et la modernité de la composition, avec une rythmique à la main gauche qui file droit tout le morceau. C’est tellement nordique !
Antônio Carlos Jobim – Dialogo
Alexis Croisé : Je suis absolument fan de cette ritournelle incessante qui nous plonge instantanément dans le Brésil chaud et mélancolique des années 60. Ce question-réponse entre le trombone et la flûte basse m’a longuement hypnotisé quand j’étais au lycée. C’est vraiment de la drogue douce.
Le choix de la girafe psyché sur fond vert fait partie pour moi des plus belles pochettes d’album. D’ailleurs j’étais tellement obsédé par ce morceau que quand j’étais ado je n’arrêtais pas de dire que je voulais qu’on le mette très fort le jour de mon enterrement, super glauque.. (rires)!
Ryuichi Sakamoto – The Last Emperor
Alexis Croisé : Moi qui n’étais ni vraiment du classique, ni vraiment du jazz, je pense que c’est grâce à des héros aussi intemporels que Ryuichi Sakamoto que j’ai pu apprendre à davantage m’accepter comme un pianiste libre.
En plus des couleurs d’accords que je n’avais jamais entendus avant, lui autant que Joe Isaishi m’ont fait découvrir un nouveau terrain de jeu pour le romantisme, tellement moderne et dans la continuité de Satie. Des masterpieces aussi épiques que The Last Emperor ou Merry Christmas Mr. Lawrence m’ont vraiment mis une claque, un sursaut. Il y a eu un vrai moment où je me suis dit « Ah mais c’est carrément ok en fait ! Lâche-toi mon Alex ! »
Column – Sensuela
Alexis Croisé : Derrière Column se cachaient Rory McCarthy (alias Infinite Bisous) et son frère Jake tristement décédé quelques temps après ce disque mythique, que je conseille d’écouter en entier pour vivre le vrai voyage. Le choix des accords, les textures de synthés, la mélancolie quasi assommante, tout était là pour me cueillir il y a dix ans de ça. Chaque détail d’arrangement est encore crypté dans mon cerveau. Ce disque est une sorte de grande couverture douce et fragile à la fois, et qui peut s’avérer être utile les soirs d’automne.
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