ADN #984 : Sophie Jamieson

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Sophie Jamieson a dévoilé en janvier son nouvel album, I still want to share. À cette occasion, la musicienne nous raconte ses influences..

Sophie Jamieson
Crédit : Tatjana Rüegsegger

Sharon Van Etten – Your Love is Killing Me 

FR : Tout cet album a eu un effet viscéral sur moi. Une telle musique m’a donné le courage d’être brute et de ne rien cacher. L’intensité et le message viscéral de cette chanson m’ont complètement bouleversée et m’ont aidée à décider à quel point je devais me lancer dans ma propre musique. Cette chanson est bouleversante et ne se résout jamais, et il y a toujours eu quelque chose en elle que j’ai profondément compris. Sharon Van Etten reste l’une de mes plus grandes influences à long terme, par son ouverture d’esprit et sa force dans la vulnérabilité. Je ne pense pas que je ferais la musique que je fais sans l’impact de ses premières œuvres.

EN : This whole album had a visceral effect on me. Music like this made me brave enough to be raw and to hold nothing back. The intensity and visceral message of this song completely blew me away and sat with me as I decided how much to throw myself into my own music. This song is overwhelming and never resolves and there was always something within that that I deeply understood. Sharon Van Etten remains one of my long-term greatest influences in her open-heartedness and strength in vulnerability. I don’t think I’d be making the music I do without the impact of her earlier work. 

Daughter – Smother

FR : Il devait y avoir une chanson de Daughter sur cette liste et ça a été difficile de choisir. Je suis le travail d’Elena depuis ses débuts en 2010. Avec Sharon, son travail est probablement le plus profondément ancré dans mes débuts d’auteur-compositeur. J’ai toujours entendu quelque chose dans la voix d’Elena et dans ses textes austères, qui m’a permis de puiser dans une partie de moi qui était discrètement cachée. Elle m’a aidée à cultiver un amour pour les parties laides et étranges de moi-même et pour l’espace musical que l’on peut mettre autour d’elles pour révéler leur vraie beauté et leur fragilité.

J’ai choisi cette chanson parce que je me souviens très bien de la première fois que je l’ai entendue, il y a 13 ans, elle m’a complètement bouleversée et j’étais en sanglots à la fin. La façon dont Daughter construit des chansons qui sont à la fois profondément, sinistrement intimes et épiquement, démesurément intenses a eu une énorme influence sur la façon dont j’arrange maintenant mes propres chansons. Il y a quelque chose dans la musique de Daughter qui donne l’impression de nager, ou de tomber profondément dans un océan où le silence et le bruit ne font qu’un et où l’émotion est parfaitement focalisée.

EN : There had to be a Daughter song on this list and it was difficult to choose. I’ve followed Elena’s work since its very early days in 2010. Alongside Sharon, her work is probably snuggled deepest into my songwriting beginnings. I always heard something in Elena’s voice and stark lyrics that tapped into a part of me that was quietly hidden. She helped me nurse a love for the ugly, strange parts of myself and the musical space you can put around them to reveal their true beauty and fragility. 

I chose this song because I distinctly remember the first time I heard it, 13 years ago, it completely overwhelmed me and I was sobbing by the end. The way Daughter constructs songs that are at once deeply, eerily intimate and epically, overwhelmingly intense has had an enormous influence on the way I now arrange my own songs. There is something about Daughter’s music that feels like swimming, or falling deep into an ocean where silence and noise are one and the same and emotion is razor sharp in focus. 

Hannah Cohen – Claremont Song

FR : La voix d’Hannah est un monde entier d’âme, de chagrin d’amour, de légèreté et de stoïcisme, le tout enveloppé dans une seule et même voix. J’ai entendu cette chanson alors que je traversais ma première crise d’amour, je pense donc qu’elle m’a profondément touchée.

Les paroles de ses chansons sont simples et vont droit au cœur, et l’arrangement de cette chanson et de beaucoup d’autres est si touchant dans sa simplicité et son atmosphère douce et étrange. Je pense que j’ai été captivée par la progression des accords et la façon dont l’arrangement amplifie doucement la tension et le relâchement qui s’en dégagent. Mais surtout, ce sont toutes les lignes qui mènent à Why won’t you just love me ?. Il y a une telle fragilité et une telle tendresse dans la voix et les mots d’Hannah, mais une absence totale de peur d’être ces choses-là.

EN : Hannah’s voice is an entire world of soul, heart-ache, light-heartedness and stoicism all wrapped in one. I heard this song as I went through my first ever heartbreak so I think it went in extra deep. Her songs are lyrically simple and straight to the heart, and the arrangement on this song and many more of them is so affecting in its simplicity and soft, strange atmosphere. I think I was quite captivated by the chord progression here and the way the arrangement so gently amplifies the tension and release within it. But mostly, it’s all the lines leading up to Why won’t you just love me? There is such a fragility and tenderness in Hannah’s voice and words but a total unafraidness of being those things. 

Andy Shauf – My Dear Helen

FR : Cette chanson vit quelque part sous ma peau. Chaque fois que je l’écoute, j’entends quelque chose de nouveau dans les paroles que je n’avais pas remarqué auparavant. Je pense qu’il s’agit de l’une des histoires les plus vivantes et les plus émouvantes que j’aie jamais entendues en chanson. Andy Shauf est l’un de mes artistes préférés, mais c’est la première de ses chansons qui m’a prise dans sa toile et qui a un pouvoir particulier sur moi. C’est de la pure poésie. Elle est d’une simplicité, d’une constance et d’une urgence qui ne font qu’un. C’est le genre de chanson que j’aspire encore et toujours à pouvoir écrire.

EN : This song lives beneath my skin somewhere. Every time I listen to it I hear something new in the lyrics that I hadn’t noticed before. I think it’s some of the most vivid and moving storytelling I’ve ever heard in song. Andy Shauf is one of my favourite artists but this is the first song of his that caught me in its web and it holds a special power over me. It is pure poetry. It has simplicity, steadiness and urgency all in one. It’s the kind of song that I still and will always aspire to being able to write. 

Aldous Harding – Swell does the skull

FR : J’ai découvert cette chanson et cet album à un moment tendre et charnière de ma relation avec ma propre musique. Je n’arrivais plus à écrire depuis quelques années après un burnout et une dépression, et j’écoutais entre autres l’album Party en boucle, et les chansons les plus dépouillées m’hypnotisaient. Je regardais des vidéos d’Aldous Harding en train de jouer, ses yeux se retournant dans sa tête, et quelque chose s’est connecté au creux de mon estomac.

C’est à cette époque que j’ai recommencé à écrire et j’ai eu l’impression d’être autorisée à le faire de manière vraiment viscérale. Il y a une force intense et une colonne vertébrale dans cette chanson et son interprétation, mais aussi beaucoup d’espace, d’élégance et de mystère. Je pense qu’Aldous m’a aidée à trouver cet équilibre dans mon écriture et mon interprétation – entre le fait de tout laisser sortir tout en gardant le contrôle.

EN : I came across this song and this album at a tender, pivotal point in my relationship to my own music. I had not been able to write for some years after a burnout and a breakdown, and amongst various things I was listening to the album Party on repeat, and the most stripped back songs had me hypnotised.

I was watching videos of Aldous Harding playing, her eyes rolling back into her head and something connected with the pit of my stomach. I started writing again around this time and I felt like I was allowed to do so really viscerally. There is an intense strength and backbone to this song and its performance while also so much space, elegance and mystery. I think Aldous helped me look for that balance within my own writing and performing – between letting it all out while still being very much in control. 

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