ADN #990 : //LESS

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Les garçons de //LESS ont dévoilé fin mars l’excellent Crawl in the Blur (chronique à retrouver par ici). À cette occasion, ils nous dévoilent aujourd’hui leurs influences musicales.

Elite – Deftones

Romain : Elite représente une explosion d’énergie brute et sans compromis. Ce morceau me fascine par sa puissance et son mélange de chaos contrôlé et de précision. J’aime la manière dont Deftones joue avec la dynamique entre violence et mélodie, et cette intensité a clairement influencé ma manière de composer. C’est une claque, à chaque écoute !

Song for the Dead – Queens of the Stone Age

Adrien : Ah, Queens of the Stone Age… La démarche artistique de ce groupe sur ses cinq premiers albums m’a énormément impacté. Des sons de guitare à contre-courant, à la fois ronds et râpeux, un line up versatile, un chant lead parfois délégué à d’autres voix que celle de son meneur et seul membre permanent Josh Homme… L’alchimie est charismatique as fuck.

Song for the Dead m’a particulièrement bousculé. Dave Grohl à la batterie, déjà… L’intro épic, la voix brisée du regretté Mark Lanegan, la répétition, les cassures inattendues, les envolées d’un refrain sans autres paroles que des voix scandant « aaaah aaaah aaaah », la répétition encore, jusqu’à la transe. Je pense que je ne me lasserai jamais de ce morceau.

Tout envoyer en l’air – Kyo

Matthieu : C’est probablement le morceau qui m’a poussé à faire de la batterie orientée rock. La première fois que je l’ai entendu, j’ai instantanément headbangé, d’autant plus que le message me parlait beaucoup, pour je ne sais quelle raison. Je pense que je lançais littéralement mes jouets (je devais avoir 4/5 ans) pour tout envoyer en l’air, comme le morceau semble l’indiquer haha.  Ce groupe m’a énormément marqué. 

Metropolis Part 1 : The Miracle and the Sleeper – Dream Theater

Matthieu : C’est le premier morceau de Métal progressif que j’ai écouté de ma vie. Et alors là un monde s’est ouvert ! Je n’avais jamais entendu de parties de batterie aussi « bavardes » et j’ai été déboussolé par le jeu de Mike Portnoy.

Je ne pensais pas que c’était possible dans un morceau que ça parte dans tous les sens à ce point ! C’est un moment charnière pour moi, puisque le prog fait entièrement partie de mon identité sonore depuis. 

Paradise Circus – Massive Attack

Romain : Paradise Circus est un morceau qui respire une sensualité sombre et hypnotique. La voix de Hope Sandoval y est à la fois vulnérable et envoûtante, tandis que la production minimaliste mais riche de Massive Attack m’a toujours inspiré. Ce morceau m’a marqué pour son atmosphère cinématographique, comme si chaque note racontait une histoire.

Exit Music for a Film – Radiohead

Adrien : Un autre gros morceau : Radiohead. J’ai beaucoup écouté ce groupe mais je pense n’avoir saisi l’immensité de leur génie qu’avec l’album In Rainbows, et surtout la vidéo Scotch Mist. Mais avant cela, un morceau me touchait plus que les autres. Un morceau particulièrement cinématographique, au point de finir dans le film Romeo + Juliette, d’ailleurs. D’abord une guitare seule, profonde, puis la voix de Tom Yorke, baignée dans la réverbération… Ensuite les chœurs d’ange d’un mellotron, qui finissent par laisser la place à un son d’ambiance (des voix d’enfants dans un parc ?).

La construction du morceau a déjà de quoi captiver. J’aime les titres qui ont un cheminement bien à eux. Et le turn final me fait carrément décoller sur ce point. La batterie et la basse arrivent d’un coup.

Cette dernière se démarque particulièrement par un son fuzzé à souhait, à la limite du synthé, et se permet de claquer des phrasés hyper charismatiques alors que la voix prend déjà son envol, sans pour autant marcher sur ses plates bandes… La classe ! Cette façon de placer la basse, dans le son comme dans la mélodie et l’arrangement, me fascine à chaque écoute.

//LESS

Minor Division – The Psychotic Monks

Adrien : Plus récemment et plus localement, je me suis pris de passion pour The Psychotic Monks, qui m’avaient retourné avec leur premier live KEXP. Depuis je les ai vus cinq fois en concert. A chaque fois ils me mettent dans tous mes états. Je me laisse complètement porter, je pleure, je ris, je jubile, je pleure encore… J’ai choisi un morceau qui n’est pas forcément mon préféré en soi, mais il est remarquable de jusqu’au-boutisme.

Et cette qualité m’a particulièrement marqué chez eux. Passées les trois premières minutes il faudra accepter de se faire bercer un peu trop près du mur par des coups de baguettes sur des arêtes de fûts et une guitare qui évolue seule… Et elle va faire sa vie comme ça pendant cinq bonnes minutes, dans l’obscurité, à répéter inlassablement le même arpège, avec parfois quelques rayons de lumière, parfois un peu plus de tension, ou un peu d’espoir, mais elle retombera fatalement dans sa rumination et, presque sans s’en rendre compte, se fera progressivement grignoter par une fuzz qui écrase tout, lentement, toujours un peu plus, encore et encore…

Le morceau finira par s’arrêter brusquement en nous laissant seuls dans le silence et le doute : pendant combien de temps peut-on répéter le même schéma ? Et jusqu’où peut aller la destruction qui l’accompagne ? Pfouah, les poils !

My Favorite Things – John Coltrane

Matthieu : John Coltrane a été une autre révélation pour moi. Son jeu de saxophone, son volume sonore, ça m’a emmené dans des états de presque-transe c’était fou ! J’ai vraiment découvert ce musicien à travers l’album My Favorite Things, et j’ai tout de suite écouté tout ce qu’il a pu enregistrer.

C’était aussi pour moi le début d’un cheminement vers le free jazz, que j’aime beaucoup, sûrement parce que j’y retrouve un aspect métal (volume sonore souvent puissant, intensité émotionnelle, discours très fourni,…). Je me dois aussi de mentionner le batteur présent sur cet album, Elvin Jones, qui est juste une force de la nature. Quel frappeur ! 

Je sais que j’ai déjà donné les 3 titres, mais ayant passé près de 10 ans à jouer du gospel à l’Eglise le dimanche, je me devais d’y rendre hommage avec un album que j’aime énormément : Created 4 This du Pasteur Vashawn Mitchell. MAIS QUELS MORCEAUX INCROYABLES !

Paper Cut – Nirvana

Romain : J’ai découvert Paper Cut à une époque où la musique de Nirvana me parlait directement, presque comme une thérapie. C’est une face moins évidente de leur catalogue, mais elle représente leur authenticité brute. J’adore la manière dont Nirvana parvient à capturer un sentiment d’urgence et d’imperfection humaine qui sonne toujours juste.

Crédit Photos : Eve Coquelet

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