ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Alors qu’ils ont dévoilé en octobre leur album Tabouret, le trio Antenn.e nous parle aujourd’hui de ses influences musicales.
Arno – Dans les yeux de ma mère
Lino : Cet aveu de sensibilité tout cassé façon Tom Waits m’a beaucoup influencé. Le fait de dévoiler un aspect vulnérable, se mettre complètement à nu sans aucune pudeur, m’a marqué. La voix du chanteur toute cassée sans grande élégance aussi, un poète sorti de nulle part, inattendu. Je pense souvent à ce morceau lorsque j’interprète « Poème pour Jo ».
The Psychotic Monks – Post Post
Mathis : Au-delà du morceau en lui-même, qui est une perle sonore à la fois massive et empreinte de fragilité, le meilleur live que j’ai jamais vu est celui des Monks.
Ce morceau est celui auquel je reviens souvent. Je les ai vus trois fois, et à chaque fois, c’était une véritable claque musicale, artistique et scénique. Ce qui m’a surtout marqué, c’est cette base rock/noise qui évolue vers une forme totalement nouvelle et rafraîchissante, tout en restant surprenante par sa simplicité. Tout est dit à travers la texture et l’intention.
C’est un pur exemple de l’intensité qu’un live peut atteindre, laissant une empreinte bien plus profonde et pleine de sens qu’un simple concert. Ce groupe a durablement changé ma manière d’aborder la musique sur scène, et plus largement le spectacle vivant. Pour moi, c’est l’un des groupes actuels les plus importants et pertinents !
Wombo – In Situ
Reine : Ce titre mais plus largement ce groupe et cet EP sont une influence importante pour moi. J’adore le son de la guitare, son jeu, son rôle rythmique et harmonique. La voix et manière de chanter de la chanteuse m’ont beaucoup influencé dans ma manière de manipuler ma propre voix. Sa voix se balade sans artifice ni manières sur des mélodies trop belles qui peuvent paraître simples mais qui sont très réfléchies ! C’est exactement ce que j’aime en terme de voix, de timbre et chant et ce qui me porte dans mes écoutes.
Et puis les compos sont super bien écrites, la basse est dingue, la drum aussi, le dialogue entre chaque instrument est super efficace et intelligent. C’est assez minimaliste mais juste ce qu’il faut pour groover et surprendre !
Leonard Cohen – Leaving Green Sleeves
Lino : La construction du morceau est absolument magnifique, cette montée, l’arrivée progressive de violon ou de chœur, l’attaque dans la guitare..
Ce morceau me touche particulièrement car on entend rarement autant de sincérité dans la voix de quelqu’un dans un morceau. Leonard Cohen hurle un déchirement de cœur et c’est puissant.
The Microphones – The Moon
Mathis : La première fois que j’ai écouté ce morceau et l’album dans lequel il se trouve, c’était comme si une porte vers l’au-delà s’était ouverte. Ce morceau est tellement unique, puissant et inclassable, avec un son qui ressemble à une sorte de bouillie cohérente d’émotions brutes, où très peu de choses se distinguent, mais qui forment un tout bouleversant. L’intro, avec ces guitares angéliques et fragiles, transpercées par quatre coups de baguette qui amènent un raz-de-marée sonore, suivies de mélodicas à moitié faux, et d’une voix mixée de manière obscure mais pourtant totalement distincte, le morceau projette un univers visuel tangible, perceptible dans le son lui-même. Avec sa structure répétitive et entraînante qui ne lâche jamais, on peut facilement entrer en transe. Cela m’a vraiment bouleversé, et j’y ai découvert un nouvel univers sonore.
King krule – Comet Face
Reine : Obligée de citer King Krule. Influence plus que majeure pour moi, autant dans le jeu de guitare que dans l’écriture des lignes mélodiques, harmoniques, des paroles ect. Je considère que j’ai appris à jouer de la guitare avec lui, en apprenant chacun de ses titres! J’admire aussi la qualité de sa production et des mixs..quel son !
Sa musique me provoque très vite beaucoup d’émotions, c’est presque automatique..
Einstürzende Neubauten – Ten Grand Goldie
Lino: Magnifique d’avoir un vieux groupe comme ça qui sort un nouvel album qui est extraordinaire, c’est tellement rare, d’habitude les albums récents des anciens groupes, on ne les aime plus, ils se sont perdus dans leurs têtes.
Ce morceau est juste magnifique, il y a un trop beau groove qui est paradoxalement complètement déstructuré. Neubauten prouve qu’on peut faire ce qu’on veut dans un morceau, il peut être indus et groovy en même temps, avec des blancs de 10 sec ou des magnifiques mélodies qui sont en fait complètement dissonantes. Même en vieillissant on peut innover comme des fous et continuer à oser, c’est rassurant, beau et un beau doigt d’honneur aux normes musicales agistes.
The Garden – Call The Dogs Out
Mathis : L’ambiance est immaculée. La basse, pleine de chorus et hyper mélodique, joue presque le rôle d’une guitare sous stéroïdes. Les lignes vocales, avec leur jeu de questions-réponses, alternent entre un parlé pour les couplets et des voix très mélodieuses sur les refrains, flirtant subtilement avec le parlé. La composition et les instruments restent très épurés. Un tube bien funky et accrocheur, de quoi rêver de plus.
Orchestre tout puissant Marcel Duchamp – So We All
Reine : Je decouvre cette influence un peu apres coup, une fois l’album sorti. Je retrouve, dans l’écriture de mes lignes de voix, l’influence de Otpmd. Ça rejoint un peu Wombo, une voix assez pure, dépourvue de manière et proche de mon timbre de voix. Les titres de otpmd sont de véritables pépites en termes de jeux rythmiques mais ce que je retiens finalement le plus c’est tous les jeux de voix et de dialogue entre choeur et lead, mais aussi l’utilisation d’onomatopées et la découpe des textes chantés.
Et puis c’est un collectif super chouettes, l’énergie sur scène est dingue, leur sincérité, générosité en live m’ont saisie !