ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Tout doucement, Dajak passe les étapes. Après plusieurs singles, il vient de livrer Les Larmes du Soleil son tout premier album. Pour mieux le comprendre, on vous invite à découvrir ses influences.
Pink Floyd – Time
Dajak : Je me souviens encore de la première fois que j’ai découvert la musique de Pink Floyd. Je devais avoir 11 ans, je passais beaucoup de temps seul chez moi à chercher des nouveaux sons sur internet. C’est l’âge auquel on commence à développer ses propres gouts.
J’ai gardé cette habitude de me poser, casque vissé sur les oreilles, à lancer un album en fermant les yeux et en prenant le temps d’écouter et de ressentir.
Quand je lance pour la première fois The Dark Side Of The Moon, arrivé sur la piste 4 j’entends ces immenses et puissantes nappes de guitares, ce solo grandiose, cette ambiance cinématographique. C’est comme si l’horizon avait été mis en musique. J’ai directement été emporté et même si je n’arrivais pas à comprendre les paroles, je ressentais que c’était de la musique faite pour ceux qui voient le monde différemment et qui s’en sont construit un, les yeux fermés.
Depuis, la musique de Pink Floyd n’a cessé de m’accompagner et de m’inspirer, d’abord pour la sensibilité de la guitare de Gilmour qui avec Knopfler ont énormément influencé mon jeu, puis par la recherche et l’expérimentation sonore dans les arrangements et mixs et enfin dans le rapport qu’ils ont aux formats des morceaux. Si une chanson doit durer 23 minutes, elle durera 23 minutes ! C’est plus que de la musique, c’est une vraie expérience.
Frank Ocean – White Ferrari
Dajak : Surement l’album qui m’a le plus marqué et suivi dans ma vie.
Il y’a quelque chose d’assez fou avec Blonde, quelque chose d’unique que je ne retrouve dans aucun autre album, c’est un monde à lui même.
C’est en écoutant cet album que j’ai compris à quel point la musique pouvait archiver les souvenirs comme une photo.
J’ai d’abord été frappé par l’esthétique sonore, les textures, le grain, la chaleur des instruments qui s’entremêlent, comme la pellicule d’une caméra sur laquelle se trouverait des souvenirs d’été entre-coupés : certains sont nets, d’autres endommagés, flous, mais tous ramènent à des moments de poésie, de douceur et de beauté pure, c’est la B.O de mes plus beaux souvenirs, accompagnés de textes parfois très crus qui créent des images fortes.
C’est cet album qui m’a poussé à aller plus loin dans ma musique (mon ingénieur son Antoine Voidey a sa part d’importance aussi !), sans compromis, sans se conformer aux standards, aux structures, sans rentrer dans une case précise, juste de la grande et belle musique qui raconte des histoires.
Tinariwen – Tommast Tincha
Dajak : Automne 2019, après avoir rencontré Maxime Ellies (réalisateur), Steffy (manager) et Flora Metayer (photographe), nous décidons sur un coup de tête de partir au Maroc, tourner des images sur mes 2 ou 3 premières maquettes. A peine arrivés, nous devons directement prendre la route pour le désert, afin de tourner avant que la nuit ne tombe. Nous avions trouvé une vieille Jeep blanche dans un état lamentable mais parfaite pour les images que nous voulions tourner. C’est alors qu’au beau milieu du désert, pendant que le soleil se couchait sur l’immensité des dunes, nous nous arrêtons. Max allume la caméra, Steffy met la maquette de Ciel Rose sur une enceinte, sans nous en rendre compte, une grande aventure était entrain de naitre.
Cette chanson cristallise la semaine que nous avions passé dans le désert, perdus au milieu de nul part, à chasser les couchers de soleil.
Enfant Sauvage – Silent Love
Dajak : Enfant Sauvage, c’est une des moitié du groupe The Blaze, qui a été une énorme influence pour Maxime Ellies et moi.
Premièrement dans leur façon de penser l’image pour la musique, et la musique pour l’image. C’est la démarche que nous essayons de pousser: bâtir un univers où son et vidéo ne font qu’un, faire en sorte que le « clip » soit une oeuvre à part entière et aller chercher la symbiose entre les deux.
Pour la partie musicale, j’ai tout de suite été frappé par les émotions fortes qui se dégagent de ces ballades mi électroniques mi organiques.
Les grandes nappes de synthétiseurs analogiques, les longues reverbs sur les voix, et la dynamique des morceaux qui montent en intensité pour finir sur des envolées puissantes. C’est cette tension et cette sensation de grandeur, de libération que j’adore chez Enfant Sauvage et chez The Blaze.
Népal – Skyclub
Dajak : La musique de Népal à toujours eu une place importante dans mon coeur, elle accompagne ces moments hors du temps, ou j’observe la ville, reclu en haut de mon immeuble.
C’est son rapport à Paris qui a d’abord fait écho en moi, la façon très juste dont il dépeint l’amour et la lassitude qu’il ressent envers cette ville, et que je ressens aussi.
La forme aussi m’a marqué, sa plume, sa poésie et l’argot de chez nous.
Enfin, le coté débrouillardise, système D, dont lui et son entourage ont fait preuve ont beaucoup influencé ma vision des choses. Nul besoin d’avoir des budgets immenses, tant que les idées et la determination sont là.
C’est un grand artiste qui a laissé derrière lui des capsules d’émotions pleines de tristesse, de questions dont nous devons trouver les réponses mais aussi d’espoir. Repose en paix Népal.
Biga Ranx – Sunset Cassette
Dajak : 21 Juillet 2020, le jour de mon anniversaire, mon premier E.P Flash venait de sortir depuis quelques semaines, j’étais dans le Sud avec quelques amis. Je me souviens que ce soir la, nous avions décidés d’aller en haut des calanques, voir le soleil se coucher sur la mer. On parlait fort, on buvait, on fumait, on roulait vite, on écoutait Sunset Cassette le son à fond et les vitres baissés, on se sentait libres, loin de Paris.
Une fois arrivé tout en haut, je me suis mis un peu à l’écart pour observer ce que je n’avais jamais pu voir avant, le soleil qui rejoignait la mer sur une toile orange. Un tourbillon d’émotions m’ont alors traversé l’esprit et le coeur, c’est comme si pour la première fois je voyais l’infini devant moi, alors tous mes problèmes sont devenus minuscules. Moi qui traînait un mal-être depuis si longtemps, pour la première fois, j’ai senti mon coeur battre très fort.
Devant moi, c’est comme si le soleil se couchait dans ses propres larmes, alors, j’ai fait comme lui et j’ai fait couler l’océan bloqué dans mes yeux depuis si longtemps. Je me suis senti vivre. C’est de ce moment qu’est né LES LARMES DU SOLEIL, mon premier album.
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