ADN: Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. À l’occasion de la sortie de leur EP Spells et de l’édition deluxe de leur album Touche (InFiné), le duo O’o nous présente ses influences musicales.
Portishead – Machine Gun
Plutôt que les morceaux plus trip-hop typiques de leurs deux premiers albums comme Only You par exemple, nous avons choisi le plus expérimental Machine Gun qui s’en éloigne, et reflète leur album Third avec son côté plus inattendu. Ce qui nous plait particulièrement c’est le contraste entre l’interprétation fragile de Beth Gibbons et la production musicale extrêmement agressive, ce
qui créé quelque chose d’électrisant, à la fois sexy et martial, c’en est presque dérangeant.
Brian Eno – The Big Ship
The Big Ship a plus de 50 ans mais il est toujours aussi pertinent aujourd’hui, il est devenu un classique du genre. On admire tous.tes les deux beaucoup le travail de Brian Eno. Ce morceau est d’apparence très simple, mais quand on l’écoute au casque ou juste en y prêtant attention, c’est comme si toute notre vie défilait devant nos yeux, ou comme si tout était soudainement possible. C’est vraiment épique, mélancolique, puissant… il y a cette dualité entre la tragédie de la condition humaine et le miracle de son existence, qui engendre d’une certaine manière un sentiment de lucidité contrebalancée par une sensation d’euphorie… Un mélange contradictoire qu’on affectionne tout particulièrement chez O’o !
Radiohead – Pyramid Song
On aurait pu choisir beaucoup d’autres chansons de Radiohead mais celle-ci tient une place spéciale. Simplement trois accords en boucle, qui dessinent un triangle dans une rythmique asymétrique et complexe. Les ondes Martenot et les violons nous plongent dans une mélancolie ambigüe portée par la voix et le texte puissant de Thom Yorke. C’est comme un peu comme un voyage aléatoire sous l’eau ou dans l’espace, ou encore dans l’étrange cacophonie d’un
rêve, dans lequel on se perd et on se noie hypnotisé par la voix. En toute modestie c’est le genre de morceau qu’on aurait aimé composer.
Darkside – Golden Arrow
Quand on a commencé à faire de la musique ensemble, on vivait aussi ensemble et on a beaucoup écouté Psychic de Darkside. Golden Arrow est le premier morceau, c’est une parfaite ouverture qui capture le ton du reste de l’album et reflète ce qu’on aime dans Darkside. On s’est arrêté.e.s sur ce morceau mais ça aurait pu être tout l’album. Un développement de onze minutes plein de sensualité, les sons de guitare trafiquée, la transe et puis la tension qui se dénoue au bout de 8 minutes… Ce sont des codes auxquels on est très sensibles.
Mozart – Requiem/Lacrimosa
On s’est tous.tes les deux rencontré..s en classe de musique au lycée, et je crois qu’on peut dire que nos premiers échanges tournaient autour de la musique classique. En cours avec un prof passionné et fascinant, on s’extasiait devant la même mesure, le même accord, la même seconde dans les morceaux qu’on étudiait.
On a donc vite compris qu’on avait une sensibilité musicale très
similaire, qu’on était ému.e.s et animé.e.s par les mêmes choses, ce qui nous a poussé à travailler ensemble par la suite. La première fois qu’on a entendu le Requiem de Mozart, et notamment le Lacrimosa, il s’est clairement passé quelque chose.
Toutes ces nuances, cette impression de douce amertume, les
harmonies de voix, les dissonances, le mode mineur, et ce sublime dernier accord rempli d’espoir… surtout lorsque l’on sait que le Lacrimosa était sa dernière composition et qu’elle resta inachevée.