Alexia Gredy nous offre un album hors du temps

Alexia Gredy se produira le 3 novembre aux Primeurs de Massy. Une occasion de défendre sur scène ses morceaux, et notamment son dernier album, Hors Saison. La Face B en profite pour revenir sur le disque d’une artiste qui se glisse dans la lignée de grandes chanteuses de la variété française.

On reconnait chez Alexia Gredy la sensibilité et la sensualité d’une voix feutrée que l’on retrouve chez Juliette Armanet, Françoise Hardy ou encore Flore Benguigui, du groupe L’Impératrice. L’artiste confie s’inspirer de ces artistes, mais plus généralement de la musique qu’elle écoutait enfant, adolescente, comme de celle écoutée aujourd’hui. En somme, un mélange intemporel entre le rock, la musique de films, la musique électronique et la pop. Parfois, ces univers créent entre eux des contrastes que l’on ressent à l’écoute de l’album.

Le titre qui donne son nom au disque pourrait être pris comme exemple. Hors saison est construit de rondeur et mouvements. La structure principale du morceau est un motif rond qui se répète sans fin, dans une rapidité électrisante. Pourtant, le chant est plutôt doux, chuchoté. La façon de chanter d‘Alexia Gredy est emplie de lenteur, comme une invitation à prendre le temps d’écouter chaque mot choisi avec minutie pour son rythme, sa musicalité. Ce décalage de temps, voire, pourrions-nous dire, de saison, prend une forme imagée à travers la pochette du disque. Il y a en arrière plan une scène de fête foraine, dont on devine les néons clignoter de manière épileptique, tandis qu’au premier plan, on reconnait Alexia Gredy, pensive, comme présente mais dans un autre espace temps.

L’album s’ouvre sur Vertigo, de quoi nous donner le vertige. Car l’identité du morceau est taillée pour nous plonger dans un univers vertigineux, planant. Nous sommes happés par la voix aérienne et légère d’Alexia Gredy. Le texte chanté résonne, et est marqué par une rythmique qui retient notre attention. Virgile Guinard joue également avec notre attention en réalisant un clip haletant pour illustrer le morceau. C’est sur notre souffle coupé que la chanteuse ralentit le rythme pour nous parler de nostalgie amoureuse. Par le biais du second titre, Balader dans les roses, Alexia Gredy évoque une rupture sentimentale, un départ vers une autre personne. Il y a beaucoup de romantisme dans ce morceau, quelque chose de doux, de fragile, et toujours ce même motif musical, se répétant à l’infini telle une litanie.

Si l’artiste nous parle de coeur brisé, il ne faut pas oublier que cet organe ne se brise jamais complètement. Au contraire de Balader dans les roses, l’émotion qui semble tourner en rond dans le coeur de l’artiste n’est pas la peine mais la passion avec Un peu plus souvent. Le morceau renvoit à l’étourdissement amoureux et le doute qui l’accompagne : « Tu laisses ta main glisser autour de mon cou, Tu sais que ça me plaît et ça te rend fou, C’est vrai, on s’est laissé un peu trop de temps, Mais j’aimerais te dire « je t’aime » un peu plus souvent »

Puisque l’on aborde le doute et l’amour passionnel, l’un des titres les plus vibrants de l’album tourne aussi autour de ce thème. Il s’agit de Drôle d’idée. On ressent des influences seventies dans ce titre qui évoque les prémices d’un amour qui rend confus et auquel il semble dur de résister… Autre morceau dont les riffs nous font trembler, Jusqu’à demain pourrait être décrit comme une musique cuir, à la fois chic et rock, subversive. Il y a un contraste, voire une tension, entre la voix feutrée d’Alexia Gredy et la rondeur instrumentale qui nous saisit. On frôlerait presque l’état de transe tant ce titre dégage une certaine sensualité.

On change d’époque avec Beau masque, dont les sonorités semblent plutôt inspirées des années 1980-1990. Pour preuve, on y trouve un on ne sait quoi de Vanessa Paradis dans le timbre d’Alexia Gredy. Il s’agit surement du titre le plus influencé de l’artiste, car on y reconnaît diverses inspirations, donnant notamment vers le groove, en citant par exemple le groupe L’impératrice.

Sinon rien est l’un des morceaux les plus énigmatiques de l’album. Il contraste par son ton et sa musicalité. Alexia Gredy prend le parti-pris de faire un titre à la fois sensuel et organique. L’artiste se met à nu, dans toute sa fragilité, toute sa force. Elle évoque une puissance de soldat, qu’on découvre en miroir avec une certaine force intérieure :  » Militaire au combat, mon coeur en prime « .

L’album se conclut sur les morceaux A toute allure et Reste. Tous deux semblent sortir d’un autre temps, d’un autre univers, mais se distinguent pourtant. Si A toute allure a des airs de chanson qu’aurait pu interpréter France Gall, avec une allure naïve et des choeurs un peu sixties, Reste est peut-être plus mystérieux. Il y a des murmures, des chuchotements, comme des caresses et des sonorités semblant sortir tout droit de la série Twin Peaks.

Coups de cœur de l’album : Drôle d’idée, Un peu plus souvent, Jusqu’à demain, Balader dans les roses

Vous pouvez retrouver Alexia Gredy sur Instagram et Facebook et découvrir notre interview avec l’artiste ici