Après avoir mis tout le monde d’accord avec 15, son premier album, AMK est déjà de retour avec La Vie de Roni. Un nouvel album qui fait voyager, avec lequel le Parisien explore une nouvelle facette de sa musique et de sa vie d’artiste. Entre inspirations, mélodies aériennes et voyages, La Face B s’est entretenu avec cet artiste aux multiples talents sur la construction de ce nouvel album aussi aérien que réussi.
La Face B : Salut AMK, comment vas-tu ? Comment est-ce que tu te sens avant la sortie de ton nouveau projet ?
AMK : Salut ! Ça va super ! Je me sens content et fier d’avoir accompli le boulot. Et prêt pour empiler sur un deuxième projet, directement.
LFB : Rentrons directement dans le vif du sujet, que signifie La Vie de Roni pour toi ?
AMK : C’est une question qui revient souvent, même à l’extérieur. Au début, on pourrait penser que la vie de Roni c’est par rapport au footballeur Ronaldinho. On pourrait penser que c’est le tourbillon du luxe, de l’oseille, des meufs, la vie de star, etc. C’est peut-être un peu ça, mais j’y ai surtout trouvé quelque chose de plus profond. Et c’est pour cette raison que j’ai choisi ce nom. J’ai trouvé plusieurs similitudes qui correspondent un peu à sa personnalité et plusieurs points communs avec Ronaldinho. Dans le sens où c’est toujours quelqu’un qu’on a qualifié d’artiste. Peu importe le milieu dans lequel il était, c’est toujours comme ça qu’on l’appelait. C’était un footballeur qui était capable de partir en soirée, de rentrer à 5h du matin, sans entraînement, et de mettre un triplé le lendemain. Sa vie a été aussi tumultueuse, il est allé en prison, il a malgré tout toujours gardé le sourire. C’est une personne qui était constamment sur son nuage, mais une fois qu’il exerçait ce pourquoi il était là, c’était un artiste. C’est pour ça que j’ai retrouvé de nombreux points communs entre lui et moi. Parce que dans chaque milieu dans lequel j’ai été, c’était toujours la personne qu’on retrouvait en moi. Pour une personne dilettante, un peu à l’ouest, à chaque fois quelque part… mais une fois qu’il prenait le micro, il faisait le boulot. C’est toujours le premier qualificatif qu’on m’a donné, un artiste. Donc si je dois résumer La Vie de Roni, c’est par rapport à sa vie, à ce qu’il a fait, mais aussi à la personnalité qu’il a.
LFB : Comment s’est déroulée la construction de ce projet ?
AMK: C’est un projet qu’on a mis en place un peu après la sortie de 15, on a fait un petit break où on a dû un peu repenser à nos stratégies pour repartir sur quelque chose de neuf. Ensuite ça s’est structuré sur pas mal de voyages, sur une période d’un an. Ça a été toute une mise en place avec beaucoup d’inspiration étrangère.
LFB : On a découvert un AMK qui oscillait entre le rap tranchant et les mélodies aériennes sur tes deux projets aériens, cette fois, on dirait que tu prends vraiment ce pas de côté aérien de ta musicalité, pourquoi ce choix ?
AMK : Je pense ne pas avoir assez mis en avant cette palette dans les projets précédents. Alors que c’était une faculté que j’avais. Et surtout, ce qui me dérangeait, c’est que les gens n’étaient pas au courant. Par exemple, on a fait un séminaire d’une semaine, au cours duquel on a contacté beaucoup de beatmakers. Ils sont tous venus avec une palette de prods, mais quand ils ont écouté les 3, 4 premiers sons, ils ont tous dit “Je ne savais pas que tu faisais ça, que tu étais dans ces sonorités un peu plus estivales”. Ils étaient tous choqués, ils disaient que c’était trop cool de pouvoir travailler sur ce côté-là. C’est vrai que dans 15, c’est quelque chose que je n’ai pas mis du tout en avant. Même dans En attendant La Vie de Roni, personne ne pouvait s’attendre à m’entendre sur des prods un peu dancehall… Et surtout, c’est l’été, j’avais envie de kiffer !
LFB : Est-ce que tu appréhendes la réaction de ton public avec ce changement ?
AMK : Non, je n’appréhende pas du tout la réaction des gens, car mon public sait ce que je fais. Certes, il y a du rap tranchant, mais il y a aussi du rap ouvert. Si on résume également les morceaux les plus écoutés, ce sont des morceaux qui sont chantés, qui s’apparentent à du R&B. C’est aussi une occasion pour moi d’aller chercher un nouveau public. Mais oui, je suis surtout confiant, et ça me fait plaisir d’avoir à sortir ça. Ça sera quelque chose de nouveau pour les gens, et je ne me fais pas de doute sur le fait qu’ils vont apprécier. Dans tous les cas, la musique trouve toujours son chemin.
LFB : On retrouve beaucoup plus d’instruments organiques, est-ce que c’était important pour toi ?
AMK : Oui, c’était très important pour moi, surtout qu’à la base des bases, quand on a structuré les premiers sons, on avait beaucoup de prod avec uniquement de la guitare. Au début, on était sur des instrus similaires. Du coup, il a fallu ramener notre touche. Ça m’a permis d’écrire sur des titres un peu plus profonds, avec un début au piano. Ça m’a permis de me challenger également. C’était surtout important d’avoir une certaine variation dans le projet.
LFB : J’ai l’impression que la trahison possède une grande place dans le projet, un sentiment que tu voulais explorer à travers La Vie de Roni ?
AMK : Tu connais… Ce sont un peu les clichés du rappeur. On a parfois tendance à faire d’une étincelle une flamme. Bien sûr, ce sont des sujets qui nous tiennent à cœur, et qui nous parlent, car ce sont des sujets de vie. Il y a d’office des amitiés qui changent au fur et à mesure du temps, des coups dur que subit. Et forcément, tu as envie d’en parler dans ta musique. Mais forcément, étant donné que les choses avancent de manière positive, tu es amené à être plus méfiant, à moins baisser ta garde. Donc oui, j’en parlais dans les projets précédents, j’en parle dans ce projet, et j’en parlerai dans les projets suivants. Plus ça va, plus il faut faire attention, et moins on donne sa confiance plus facilement.
LFB : Il n’y a pas de featuring dans ce projet, pourquoi ce choix ?
AMK : J’avais surtout envie de me challenger. Je n’avais pas envie de faire du name dropping dans un projet, où ce sont les artistes invités qui font briller le projet et non ma musique. J’avais envie de faire parler ma musique, et pour ce que je fais, et non pas avec qui je l’ai fait.
LFB : Tu parlais de tes inspirations, surtout de tes voyages, peux-tu en dire plus ?
AMK : Ma plus grande inspiration était globalement mes voyages. Le fait de devenir une sorte de globe-trotter. Petit, je voyageais et je ne me rendais pas compte de la chance que j’avais. Et les voyages, tu les apprécies pleinement à 25 – 26 ans. Où tu peux les faire avec une certaine maturité. C’était aussi l’axe principal de cet album. Par exemple, il y a des musiques du projet qui prennent tout leur sens quand tu es à l’étranger. Des sons comme Bombardé, Doucement, ils prennent leur place à ces moments-là. Ça m’a également permis de ne pas rester tout le temps dans l’esprit 15, car “trop de 15 tue le 15”.
LFB : Quel est le pays qui t’a le plus frappé ? Celui qui t’a vraiment permis d’ouvrir les yeux ?
AMK : Le Cap-Vert. Parce que ce sont mes origines. Je suis parti avec toute ma famille et c’était la première fois que je mettais réellement un pied chez moi. Et pareil pour tout le monde, que ça soit ma mère, ma grand-mère, c’était la première fois. C’est un voyage qui a beaucoup influencé ma musique, et pourtant, c’est le seul dans lequel je n’ai pas bossé. J’y étais vraiment pour me ressourcer.
LFB : Voilà déjà la dernière question, que pouvons-nous te souhaiter pour la suite ?
AMK : Beaucoup de réussite et beaucoup de sérieux et de rigueur. Du travail en plus… et surtout des salles remplies et énormément de concerts.