Anika : « Chaque petit pas t’emmène de plus en plus loin et puis tu te retournes et tu réalises tout le chemin parcouru ».

La musique d’Anika est à la fois distante et introspective, mélancolique et rêveuse. Elle sortait son premier album éponyme il y a un peu plus de dix ans, un opus expérimental sombre et envoûtant enregistré avec les musiciens de Beak> à Bristol… La musicienne expérimentale anglaise installée à Berlin sort en ce moment Change, un deuxième album aérien tourné vers l’avant, influencé par l’atmosphère ambiante de ces derniers temps. Nous lui avons posé quelques questions…

Anika
Crédit photos : Cédric Oberlin pour La Face B

English version below

La Face B: Salut, Comment ça va ?

Anika : Bien ! Je viens de rentrer de mes premières dates de ma première tournée depuis près de deux ans, alors bien !

LFB: Tu viens de sortir Change, ton deuxième album solo en un peu plus de 10 ans. Avais-tu prévu de le faire ou les circonstances ont-elles fait que tu aies pu y travailler?

Anika: Oui, j’avais prévu de le faire depuis 10 ans et j’ai effectivement pris du temps fin de 2019 pour l’écrire. J’ai écris l’album entre décembre et mars, et puis le corona est arrivé. J’ai donc jeté tout ce que j’avais écrit et j’ai recommencé. Mais c’était un échauffement pour la course en quelque sorte, donc ce temps était vraiment important aussi.

LFB : J’allais justement demander si la pandémie et les confinements répétitifs avaient joué un rôle à la composition de l’album? Cela a donc tout changé…

Anika : Oui, tout à fait. Il y avait tellement de choses qui se passaient dans le monde, ce n’était pas seulement le confinement du corona ou le corona, c’était tout. C’était le mouvement #MeToo, la montée en puissance de la droite, le mouvement Black Lives Matter. C’était juste tout qui entrait en collision en même temps. Il y avait les forêts qui brûlaient dans le monde entier et le débat sur le changement climatique. Tout se passait en même temps et tout le monde était enfermé chez lui, tout en lisant des articles sur le sujet, et on se sentait encore plus hors de contrôle.

Oui, c’était important de faire quelque chose, d’adhérer à quelque chose, d’écrire sur quelque chose. Parce que j’ai l’impression que tout le monde était dans la même situation. Tout le monde était forcé de rester chez soi, – ou pas tout le monde, il y a les questions de classe, mais c’est un autre débat pour une autre fois. Mais oui, la majorité des gens devait rester chez eux. Et je trouvais que c’était important d’écrire et de faire de la musique pour, je ne sais pas, parler aux autres et leur dire que nous sommes dans le même bateau et qu’il y a peut-être quelque chose que l’on peut faire.

LFB : Tu as travaillé avec Exploded View entre les deux albums. En quoi était-ce différent de travailler pour toi-même pour Change ?

Anika : C’était très différent parce que normalement j’enregistre dans un studio avec des musiciens et nous écrivons en temps réel. Et avec celui-ci, j’écrivais toute seule. J’écrivais la batterie et la basse ou quelque chose aux claviers et puis je revenais dessus en tant que chanteuse. C’était très différent parce qu’avec un groupe tu as différentes personnes, tu as différentes dynamiques, tu as différentes personnalités et différentes histoires qui sont racontées. Donc quand il n’y a que toi, tu dois en quelque sorte revoir les choses dans un état d’esprit différent. C’est comme si tu jouais avec différentes versions de toi-même. Donc c’est un peu bizarre. Mais ouais, c’est sympa. J’aime les deux.

LFB : Nous avons entendu dire que les paroles de l’album avaient été improvisées ?

Anika : Oui, d’une certaine manière. Je veux dire, la façon dont ça s’est passé… Je suis allée au studio avec une boîte de carnets de notes des dix dernières années et beaucoup de journaux intimes que j’écrivais pendant le confinement. Et donc dans le studio j’ai grappillé quelques trucs et oui, j’ai fait du freestyle dessus. Puis j’ai fouillé dans les boîtes et j’ai choisi des mots, et c’était presque comme un copié-collé de moi-même. Encore une fois, c’est créer un conflit avec quelque chose ou pas. Mais quand on écrit, il doit y avoir un conflit, une guerre, une bataille entre deux choses…

Donc, avec cette boîte de mots, tu t’approches de ton moi passé et tu écris de cette façon. C’était totalement libre et ça sortait tout seul et c’était généralement ce à quoi je pensais ce jour-là, mélangé à tous les autres trucs du passé. C’est comme ça que ça marche. Donc mon cerveau externe était cette boîte de notes.

LFB : Il y a un fort thème de croissance, de laisser les choses/personnes/relations derrière soi et de gagner en force tout au long de l’album. Il y a de la confusion mais aussi de l’espoir. Dans quel état d’esprit étais-tu lorsque tu enregistrais l’album ?

Anika : Je trouve que tu as très bien résumé, c’est très perspicace. Oui, il y a beaucoup de choses à propos de ça. Se retrouver dans une situation dans laquelle on ne veut pas être et comment lentement, la première chose est de réaliser que je ne veux pas être dans cette situation. Et ensuite, c’est d’essayer de construire lentement des petites étapes pour s’en sortir. Et puis, chaque petit pas t’emmène de plus en plus loin et puis tu te retournes et tu réalises tout le chemin parcouru. C’est quelque chose dans la vie et dans le monde en général. Mais oui, j’espère qu’il y a de l’espoir là-dedans. C’est définitivement un message du genre « ok, les choses ne sont pas comme je le voudrais, mais oui, il y a un moyen d’avancer ».

LFB : Et peux-tu nous parler un peu de Finger Pies et de son titre ? C’est le premier single de l’album, un morceau à la fois pop et mélancolique, intime et distant…

Anika : Cette chanson a été écrite dans le studio. J’ai fait la musique et le refrain je l’ai enregistré plus tard seule dans le studio. Et c’était en fait une chanson assez joyeuse – à part peut-être le refrain – mais la chanson… j’étais de bonne humeur et c’était assez bizarre… elle était influencée par Basement Five, ce groupe londonien, je ne sais pas comment dire… post punk (note : groupe londonien de reggae punk fusion fondé en 1978). Je ne savais pas vraiment quoi en faire, parce que je voulais la mettre sur l’album, mais elle n’avait pas de refrain et elle n’avait pas vraiment de mots ou de paroles ou quoi que ce soit.

Puis je l’ai emmenée en studio et quand j’ai fait les overdubs de la vraie batterie et tout, c’est là que les paroles sont arrivées. J’ai juste posé des mots de ma voix parlée (« spoken words »). Donc ces parties-là parlaient de choses assez littérales, mais ce n’est pas seulement sur ça. Il y a beaucoup de choses différentes et beaucoup de personnes différentes à qui je chanterais cette chanson. C’est à propos de beaucoup de personnes.

En ce qui concerne le titre, c’était en fait juste parce que je l’écrivais en studio et parce qu’il n’y avait pas encore de texte. J’avais ce vinyle de Fingerbib (Aphex Twin, sur Richard D James Album, 1996) qui est une chanson géniale, une de mes préférés. Je DJ parfois et je joue le remix de cette chanson. Et donc j’étais là et quand vous faites des chansons en studio vous avez besoin d’un titre. Et quand il n’y a pas encore de mots, vous lui donnez un titre et je lui ai donné ce titre en pensant le changer mais je ne l’ai jamais fait.

Mais les anglais ont une très mauvaise interprétation de ce titre, mais ce n’est pas ça. Si c’est quoi que ce soit c’est une citation d’Absolutely Fabulous – qui est une émission de télévision anglaise – où l’une des femmes de l’émission qui fait pleins de choses dit « Oh, appelez-moi Edie Pie Hands, parce que j’ai mon doigt dans pleins de tartes (pies) ». Donc il n’y a rien de sale.

LFB : Ok, c’est bon à savoir (rires)

Anika : C’est, non… c’est ça qui est amusant. De toute façon tu sais, rien n’a vraiment de signification exacte et tu dois toujours laisser de la place pour l’interprétation pour que les gens puissent projeter ce qu’ils veulent et s’ils projettent quelque chose comme ça dedans, c’est à propos d’eux, n’est-ce pas ?

LFB : Wait for Something qui clôt l’album contraste avec le reste des chansons. Il y a une guitare acoustique et des instruments à corde… Elle est assez brut par rapport aux autres. Peux-tu nous parler un peu de ce morceau ?

Anika : Oui, c’est l’une de celles que j’ai faites en février, donc c’est l’un des anciens morceaux. Ou non, mais c’est l’un de ceux que j’ai fait quand j’écrivais juste avant le truc du Corona. J’ai écrit beaucoup de démos à la guitare acoustique et puis tout a été supprimé et est allé dans une direction très différente.

Donc j’ai recommencé à écrire en mars, avril, mai et j’ai fait quelque chose de totalement différent, mais avec celui-ci, ce morceau avait quelque chose qui était… j’aime le fait qu’il soit vulnérable et en fait la démo… c’est ce qu’on a utilisé dans la vraie version, c’est pour ça que c’est terrible, enfin pas « terrible », mais c’est pour ça que la guitare est comme ça, parce que c’est juste moi jouant la guitare classique de mes cinq ans désaccordée que j’avais dans le studio.

Mais je pense que c’est important de montrer cette vulnérabilité. C’était aussi un triomphe, parce que quand j’essayais d’écrire ce truc, au cours des 10 dernières années, il y a eu pas mal de gens autour de moi qui m’ont dit « tu ne peux pas faire ça toute seule, tu ne seras jamais capable de le faire, bla bla bla ». Donc c’était presque comme « Hah ! Ouais, maintenant je l’ai fait ». Alors j’ai mis ça à la fin pour être comme, « voilà ».

Et je pense que c’est important de montrer la vulnérabilité en ces temps où… pas seulement la vulnérabilité, mais montrer qu’on n’est pas invincible. C’est presque comme le talon d’Achille. Et c’était aussi, je pense, un symbole du temps du Corona, parce qu’on ne fait qu’attendre, attendre, attendre cette chose qui ne viendra jamais. Et travailler avec Martin (Thulin) sur l’arrangement des cordes l’a transformé en un magnifique voyage. Ce n’est pas la fin qui compte, c’est le voyage. Ça ne va jamais vraiment nulle part mais tu regardes par la fenêtre et tu vois les arbres, c’est juste, je ne sais pas…

LFB : Y a-t-il une chanson qui te tient particulièrement à cœur sur l’album ?

Anika : Elles sont toutes très… c’est un album très personnel, et l’écriture seule pendant un confinement est très personnelle. Et avec cet album, je n’ai jamais vraiment su s’il serait joué en live. Donc je l’ai fait de façon à ce qu’il soit enregistré pour être écouté au casque. Donc c’est très personnel dans la façon dont j’ai voulu produire les voix et la batterie pour que ça fonctionne au casque. Il y a cette proximité.

Oui, toutes les paroles sont très personnelles, surtout Sand Witches qui parle de l’Angleterre, et pas seulement de l’Angleterre, mais de beaucoup de choses. Ça parle de… Parfois, quand on avance dans la vie ou qu’on traverse des choses, on regarde en arrière, vers le pays d’où l’on vient, ou vers des gens qu’on a connus dans le passé, ou même vers sa famille, et on a l’impression qu’on ne peut plus s’identifier et c’est ça peut être… Oui, c’est une drôle de chose. Donc cette chanson est peut-être un peu mélancolique. Mais ce n’est pas, je ne crois pas qu’il faille s’y attarder, mais parfois tu dois reconnaître ce qui s’est passé et ensuite te dire, ok, maintenant tu peux aller de l’avant.

Et c’est ce qui est bien, adapter les chansons à la vie, parce que ça leur donne une toute nouvelle énergie et on peut s’éloigner de ces significations auxquelles on pensait alors. Vous n’avez pas besoin de revivre le sens original à chaque fois. Elle peut évoluer et prendre des significations différentes et c’est ce qui est beau.

LFB : Tout à fait.

Ton premier album a été enregistré avec les musiciens de Beak>, n’est-ce pas ?

Anika : Oui.

LFB : Comment et où cet album a été enregistré ?

Anika : Oui, en fait, à l’origine, quand j’ai prévu d’écrire l’album au début de 2020, j’ai parlé avec Beak> et avec l’équipe d’Invada et je leur ai dit que je voulais vraiment retourner à Bristol pour l’enregistrer. Mais avec le Corona, ce n’était tout simplement pas possible. J’ai donc fait une grande partie de l’enregistrement seule. J’ai fait beaucoup de choses chez moi. Et comme je n’ai pas beaucoup d’instruments chez moi, j’ai écrit des choses. Puis j’ai loué un studio à Berlin avec de bons synthétiseurs et des trucs que je voulais utiliser. J’ai ensuite posé les idées dessus et j’ai enregistré des trucs.

Et puis Martin (Thulin) d’Exploded View, qui est l’un de mes batteurs préférés et l’une de mes personnes préférées… nous avons beaucoup discuté et j’ai dit « Est-ce qu’il y a moyen que tu viennes ? » et il a réussi à venir en Suède pendant un mois pour aider son amie sur son album. Et donc il est venu après, et nous avons enregistré la batterie et produit l’album ensemble. Il a joué quelques keyboards et  je crois une des guitares et deux basses. Et donc oui, c’était à peu près juste nous.

Et puis deux gars avec qui j’ai travaillé sur un projet de cordes et ils sont vraiment, vraiment talentueux. J’ai fait ce projet l’année dernière, c’était une réinterprétation de l’album Desertshore de Nico, et ce sont de vrais musiciens classiques. Donc ils ont joué un peu sur certaines chansons et sur cet arrangement de cordes à la fin.

C’était une drôle de période pour l’enregistrer. On ne pouvait pas vraiment aller dans un studio parce qu’on n’en avait pas le droit, donc c’était juste un travail personnel avec quelqu’un d’autre et c’est tout.

LFB : Est-ce que vous avez sorti ou prévoyez-vous de sortir cet album de reprises ?

Anika : Non, nous ne l’avons pas sorti. Nous l’avons joué deux fois en live, parce que c’était pour le live à l’origine. C’était avec le Solistenensemble Kaleidoscope, un ensemble à cordes basé à Berlin. Et c’était un très beau projet. Je n’ai jamais vraiment voulu faire quoi que ce soit en rapport avec Nico, car il y a toujours des comparaisons pour une raison ou une autre. Mais quand ce projet s’est présenté, c’était avec un ensemble à cordes, c’est l’une de mes choses préférées et l’un de mes rêves, de travailler avec des cordes.

Puis le confinement est arrivé et nous l’avons joué en ligne. Donc nous n’avons réussi à faire que deux concerts, puis avons du arrêter à cause du corona. J’espère que nous reviendrons un jour.

LFB : Et comme tu l’as mentionné au début, tu as commencé à tourner avec un groupe complet. Qu’est-ce que cela fait de jouer en live après une si longue période ?

Anika : C’est très agréable. Comme je l’ai dit, je rentre juste et nous avons joué deux concerts… et je n’ai pas joué avec un groupe depuis 2018 quand j’étais avec Exploded View. Et en 2019 ce n’était que des concerts solo. C’est tellement spécial et c’est drôle quand tu es dans les backstages avec les autres groupes ou même avec les gens qui travaillent là. Et c’est pareil pour tout le monde. C’est un sentiment étrange. Tout le monde se sent chanceux d’être là. C’est sympa et le public a été super et c’est une situation étrange mais, oui, j’ai hâte d’être en France (note : l’interview s’est déroulée quelques jours avant sa date parisienne). Ça va être bien !

LFB : Y a-t-il des choses que tu as découvertes récemment et que tu aimerais partager avec nous ?

Anika : Et bien des gens sympas que j’ai rencontrés récemment, et dont j’ai apprécié la musique… nous avons joué juste avant Sophia Kennedy il y a quelques jours au Maifeld Derby de Mannheim et j’aime beaucoup son nouvel album (Monsters). Et aussi Yugen Blakrok qui est une rappeuse sud-africaine. Elle était à Berlin, l’autre jour. Nous nous parlions depuis des années, mais nous nous sommes finalement rencontrées là et j’ai finalement vu son show. J’étais comme « oh si bien ! ». Et donc, je recommande ces deux-là.

C’est un des bons côtés du confinement, j’ai beaucoup de correspondants maintenant. Nous nous écrivons… Je pense que c’est important de se soutenir les uns les autres dans ces moments bizarres où vous êtes seuls et vous vous demandez « Qu’est-ce que je fais ? ». Donc oui, il y a beaucoup de bonne musique et il y a définitivement Billy Nomates, qui est aussi sur Invada, une super artiste…je ne connais pas beaucoup de choses. Mais oui !

LFB : Merci !

Anika

ENGLISH VERSION

Anika’s music is distant and introspective, melancholic and dreamy. She released her eponymous debut album just over ten years ago, a dark and haunting experimental opus recorded with the musicians from Beak> in Bristol… The English experimental musician living in Berlin is currently releasing Change, an ethereal, forward-looking second album influenced by the ambient atmosphere of recent times. We asked her a few questions…

La Face B: How are you doing?

Anika: Good. I just got back from the first tour dates in two years, good, for sure!

LFB: You’ve just released Change your second solo album in over 10 years. Were you planning to make it, or did the circumstance make it happen?

Anika: Yeah, no, I was planning on doing it for the last 10 years. And I actually took out some time at the end of 2019 to write it. I took out between December and March to write the album, and then Corona happened so. So I actually threw away everything I’d written and started again. But it was somehow the stretching for the race, you know, so the time before was really important as well.

LFB: So I was going to ask if the pandemic and the repetitive lockdown played a role in the composition of the album? So it changed everything…

Anika: Yeah, totally, I mean, well there was just so much going on also in the world, you know. It wasn’t just the corona lockdown or corona it was everything. It was the #MeToo movement, the rise of the right wing power, the Black Lives Matter movement, it was just everything colliding at once you know. You had the burning forests across the world and the climate change debate… And it was all happening at once. And everyone was locked into their house, whilst reading about it so it just made you feel even more out of control.

Yeah, so it was important to do something and to write about something, because I feel like everyone was in the same place you know. Everyone was sort of forced to stay at home – or not everyone I mean, then you’ve got the whole obviously class questions but that’s another debate for another time maybe. But yeah, the majority of people had to stay at home. And so I thought it was important to write and make music to speak to other people and state we’re in the same boat and maybe there is something we can do about it.

LFB: You worked with Exploded View in-between the two albums. How was it different to work for yourself for Change?

Anika: I think it was it was very different because normally I record in a studio with musicians and we write in real time. And with this one I was writing with myself so I would write the drums and the bass or something in the keys and then go back to it as the vocalist, so I was kind of… it was very different in that way. Because with a band you have different people, you have different dynamics, you’ve got different personalities and different stories that are being told. So when it’s just you, you kind of have to revisit stuff in a different mindset. It’s like, you’re playing with different versions of yourself. So it’s a bit weird. But yeah, it’s nice. I love both situations.

LFB: And we heard that the lyrics of the whole records were improvised?

Anika

Anika: Yeah, in their own way, I mean the way it works… I went into the studio with a box of notebooks from the last 10 years and a lot of the diaries that I was writing in the lockdown. And so in the studio I looted some stuff and then, yeah, freestyled over it. But then you go through the boxes and picking out words and so it was almost like cut and pasting myself. Again this is creating a conflict with something. Or not a conflict but you know when you’re writing, it does need to be a conflict of war, or a battle between two things, or trying to…

So, by having this box of words you’re approaching your past self and, you know, writing in that way, so it was totally freestyle and it just came out and it was usually about what I was thinking about that day, mixed with all the other stuff from the past, so that’s how it works. So my external brain was this box of notes.

LFB: Throughout the whole album there’s a strong theme of growth of leaving things/people/relationship behind and gaining strength. And there’s confusion but there’s hope, what state of mind where you when recording the album?

Anika: Well definitely, I think you summed up very well, it’s very perceptive. Yeah so a lot about this, about finding yourself in a situation that you don’t want to be in and how to slowly… The first thing is realising I don’t want to be in this place. And then secondly it’s trying to slowly build little steps to get out of there. And then, you know, each little step gets you further and further out and then you turn around and you realise how far you’ve come. So it’s like a thing that can be in life and in the world, in whatever. But, yeah, it’s definitely… I hope there’s hope in it. That was definitely a message. It’s this thing of like “okay, things aren’t the way I want them to be, but yeah, there’s a way to move forward”.

LFB: And can you tell us a bit about Finger Pies and its title? This is the first single of the album, and it’s pop and melancholic and it’s quite intimate and distant…

Anika: This one was written in the studio. I made the music for it and the chorus I recorded later just on my own in the studio, and so it was actually quite a jolly song, apart maybe the chorus wasn’t so much, but the song… I was kind of in a good mood and it was like this weird… It was influenced by Basement Five, this London, kind of, I don’t know how to… post punk band (a reggae punk fusion band from London founded in 1978). Anyway, so I had that kind of thing going on, but then I didn’t really know what to do with it, because I wanted to put it on the album but it didn’t have a chorus and it didn’t really have any words or lyrics or anything.

So I took it into the studio and then when I was doing the overdubs of the real drums or whatever and that was when the lyrics arrived. I just did the spoken word thing. So it became quite literal what those parts were about, but it’s not just about that. There are many different things and many different people who I would sing that song to. It’s about many people.

In terms of the title that was actually just because I was writing it in the studio and because it didn’t have text yet. I had this Fingerbib‘s vinyl (Aphex Twin, on Richard D James Album, 1996), which is a song, It’s really good, it’s a favourite of mine. I sometimes DJ and play the remix of it. And so I was just standing there and you know when you’re making songs in the studio you need a title and when it doesn’t have words, you just kind of give it a title, and so I gave it this title thinking I would change it but then I never did.

English people have a really bad interpretation of it but it’s not that. Yeah, if anything it’s an Absolutely Fabulous quote – which is an English TV show – and then one of the ladies in the show, she does a lot of things, she says “Oh, call me Edie Pie Hands, because I have my finger in loads of pies”. So it’s nothing dirty.

LFB: Good to know! (laugh)

Anika: That’s the fun of it. Anyway, you know, nothing really has an exact meaning and you always have to leave room for interpretation and for people to project what they want and if they project something whatever into it and that’s about them, isn’t it? So…

LFB: Wait for Something which closes the album contrasts with the rest of the songs. There’s an acoustic guitar and string instruments. It’s quite raw compared to the others. Can you tell us a bit about this song?

Anika: Yeah, that was one of the ones I did in February. So it was one of the old batch. Or not old batch. But it was one that I did when I was writing shortly before the corona thing, where I’d just written a lot of demos on acoustic guitar. Then all of those are pretty much scrapped because it went somewhere very different in the end.

So I started writing again in March, April, May and did something totally different. But with this one there was just something about the track that was… I like the fact it’s vulnerable and actually the demo is what we use in the real thing. That’s why it sounds terrible. Why, not terrible, but you know that’s why the guitar is really bad, because it’s just me out of tune on my five year old classical guitar that I have in the studio.

But I think it was important to show this vulnerability. And it was also a triumph. Because when I was trying to write that stuff there were, you know, in the last 10 years, there’s been quite a few people around me that have said : “You can’t do this by yourself, you’re never going to be able to do it, blah blah blah”. So it was almost like “Hah! Yeah, now I did”. So I put that at the end to just be like, “there you go”.

And I think it’s important to show vulnerability in these times, to show a slight opening that you’re not invincible. It’s almost like the Achilles heel. It was also symbolic of the corona time because we’re just waiting and waiting, waiting, waiting for this thing that never will come. Working with Martin on the strings arrangement turns into this beautiful journey. So it’s not about the end, it’s about the journey. It never really goes anywhere. But you just look out the window and you see the trees, it’s just, I don’t know…

LFB: Is there a song that is particularly close to your heart on the record?

Anika

Anika: I mean they all are very… it’s a very personal album.

I mean I think writing by yourself in lockdown is going to be a bit personal, you know. And with this album I never really knew if it would be played live so the way it was made was I wanted it to be a headphones records. So it’s very personal in the way. I wanted to produce the vocals and the drums so that it would work on headphones. And it has this closeness to it.

All the lyrics are very personal. Especially Sand Witches which is about England, and not just England but many things, it’s about… sometimes when we move forward in life or we pass through things and sometimes you look back to maybe the country you came from or to people you knew in the past or even your family or whatever and you feel like you can’t relate anymore and it can be… Yeah, it’s a funny thing. So that song is maybe a little bit melancholic. But it’s not, I don’t believe in like dwelling in it. But sometimes you have to recognise what happened and then be like, okay, now you can move forward.

And that’s the nice thing. Adapting the songs for life, because it gives it a whole new energy and you can take it away from those meanings that you were thinking about then. You don’t have to relive the original meaning every time. It can grow and they can grow into different meanings and that’s the beauty of it.

LFB: Totally.

Your first album was recorded with the musicians from Beak>, wasn’t it?

Anika: Yeah.

LFB: How and where was this album recorded?

Anika: Originally when I planned on writing the album at the beginning of 2020, I was speaking with Beak> and with the Invada crew and saying I really wanted to go back to Bristol to record it. But then with corona, it just was not possible. So I did a lot of it by myself. So I did a lot home. Then because I don’t really have that many instruments at home I sort of wrote stuff loosely. And then I booked a studio in Berlin with good synthesisers and stuff that I wanted to use and then put the ideas on them and recorded some proper stuff.

Then Martin (Thulin)  from Exploded View, who’s one of my favourite drummers and favourite people… we’ve been talking a lot and I said “Is there any way you can come over?”. And he happened to manage to get over to Sweden for a month to help his friend on her album. So then he came after, and we recorded the drums and produced the album together. He played some of the keys and I think one of the guitars and a couple bass. And so yeah, so it was just pretty much just us.

And then two guys I worked with on a strings project and they’re really, really talented. I did this project last year, it was a reinterpretation of Nico‘s, Desertshore album, and they’re proper classical musicians. So they’ve played a bit on some of the songs too, on right at the end this stringed arrangement.

It was a funny time to record it, you couldn’t really all go in a studio because you weren’t allowed to, so it was very much just working on my own, working with one other person and that was it.

LFB: Have you released or are you planning to release the Nico album covers?

Anika: No, we didn’t release it. We played it live twice, because it was to be performed live. It was with the Solistenensemble Kaleidoscope, a Berlin based strings ensemble. And it was a really beautiful project. I never really wanted to do anything to do with Nico because there were always these comparisons which is whatever the way it goes. But when this came up it was with a strings ensemble, which is one of my favourite things and it’s been one of my dreams to work with strings. And then the lockdown happened and so we did it online.

So we managed to play two shows, but that was it because again corona meant we couldn’t play more. Hopefully we’ll come back one day.

LFB: As you mentioned at the beginning, you started touring with a full band. How does it feels to play live after such a long time?

Anika: It’s so nice. Like I said, I just came back and we played two shows… and I haven’t played with a band since 2018 when I was with Exploded View so… and then 2019 was all solo shows. It’s such a special thing. And it’s funny when you’re backstage with the other bands or even with the people working there, it’s the same for everyone. It’s this really odd feeling, everyone just feels really lucky to be in that situation. It’s nice and the audiences have been really nice and it’s a strange situation. But, yeah, I can’t wait to go to France (Note: The interview took place a few days before Anika’s Paris’ date). It’ll be good!

LFB: Are these things that you’ve discovered recently that you would like to share with us?

Anika: Well nice people that I’ve met recently and have been enjoying their music… We played just before Sophia Kennedy a few days ago in Mannheim’s Maifeld Derby and I really like her new album (Monsters). And also Yugen Blakrok who’s a rapper from South Africa. She was in Berlin, the other day and we were speaking for years, but we finally met and I finally saw her show and I was like “oh so good!”. So I would recommend those two. Yeah, there’s a few…

I mean it has been a nice thing about the corona lockdown, I got a lot of pen pals now. We’ve just been writing the sort of… I think it’s important to support one another in these weird times when you’re on your own and thinking “what am I doing?”. So yeah, there’s a lot of good music and I definitely say Billy Nomates, who’s also an Invada, good artist.

And I don’t know lots of things. But yeah, I’ll get back to you on that one!

LFB: Thank you!

>> Anika will be playing at Moth Club, London on 8th December.

Découvrir Change :

Voir notre chronique de Finger Pies ici.

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