Annael : « on est la pour profiter et être vraiment libre »

Auteur, compositeur, danseur, réalisateur de ses propres clips… Annael est un artiste aux multiples talents qui aura conquis son monde en 2021 avec notamment un prix au Printemps de Bourges et des passages au Crossroad Festival et au MaMa Festival. On a eu le plaisir de le rencontrer en fin d’année passée afin d’en savoir un peu plus sur lui.

La Face B : Hello Annael, comment ça va ?

Annael : Ca va. Content d’être là

LFB : Pour les gens qui ne te connaîtraient pas encore, est-ce que tu pourrais te présenter un petit peu ?

Annael : Je m’appelle Annael, je suis chanteur,auteur, compositeur et interprète.

LFB : Il n’y a actuellement que deux titres qui sont sortis. Tu joues au Crossroads Festival et au MaMa Festival, il y a peu de temps tu as eu un prix aux Inouïs du Printemps de Bourges. Comment tu vis et comment tu analyses, cette reconnaissance du côté professionnel pour un projet qui est très jeune ? 

Annael : Je prends ça avec beaucoup de recul, et je me dis que ça récompense tout un travail en amont. Parce qu’il y a toutes les heures à ne pas dormir et ne à faire que ça. Donc ça récompense ce travail là et franchement je suis heureux (rires), et on ne peut que être heureux. Tout se passe comme sur des roulettes, mais en même temps on reste avec du recul, on se dit “ c’est qu’une étape”, c’est rien, il faut continuer à travailler et ne pas lâcher.

LFB : Tu as choisi de démarrer ta carrière en sortant des singles, étape par étape, c’est quelque chose que t’avais réfléchi sur le fait de se dévoiler petit à petit, de dévoiler l’univers comme des pièces de puzzle à chaque fois ?

Annael : En quelque sorte oui. Mais vraiment étape par étape dans le sens où il fallait que les gens écoutent. Comme aujourd’hui on est passé à l’ère du streaming, il y a beaucoup de chansons qui sortent, et je ne me voyais pas sortir plein de sons d’un coup sans que les gens connaissent la base. Et c’est pour ça que j’ai commencé par une base, en sortant Multiples enveloppes, en montrant un peu les carapaces qu’il y a à travers juste des paroles, et en même temps cette liberté de danser et de se dire que même si les gens me regardent, j’ai envie de danser alors je danse ( rires).

LFB : Je trouve que sur les deux morceaux, il y a un point commun qui est forcément important: c’est l’énergie. Ce sont deux morceaux très joyeux, est-ce que tu envisages de faire de ta musique un moyen de faire de la communion et de la communication, c’est-à-dire réunir les gens, d’avoir envie de parler avec eux ?

Annael : Oh wow ! (rires) Ah oui c’est vraiment ça (rires) Je crois que tu es la première personne à avoir dit ça (rires). Non mais oui c’est vraiment ça. C’est se réunir devant une musique et se dire “ peu importe qui tu es, peu importe d’où tu viens, peu importe ton passé, on est là pour profiter et vraiment être libre.” Je pense que c’est le mot “libre” les gens ont oublié beaucoup d’aspect de leur personnalité parce qu’il y a les regards, parce qu’il y a ci, il y a ça, mais qu’est-ce qu’on s’en fout !
On est tous pareils, on est conçu pareil, peu importe s’il y a une différence de ça ou ça, ça importe quoi ? Au final on a une parole, on a une conscience, c’est toujours la même chose ! Je ne sais pas pourquoi on met toujours un point à ça, ça, ça. Donc vraiment oui “communion” et rigoler, danser, et comprendre les choses, se comprendre soi-même déjà.

LFB : Quand tu as parlé de musique, tu as cité James Brown, des influences anglo-saxonnes, moi j’ai beaucoup pensé à N*E*R*D, leurs premiers albums. Je me demandais du coup comment tu bossais sur la composition du son ?

Annael : Sur la prod, je ne me pose pas vraiment de questions en fait. Des fois ça peut partir d’un mot que j’ai en tête ou une sonorité qu’il y a eu dans la rue, ou un mot que quelqu’un a dit, et ça m’a donné une idée de créer une prod. Et les paroles ne sont pas créées directement sur la prod, mais c’est une prod que je vais créer juste comme ça et je vais interpréter dessus. Et ça me donne ce côté où j’ai vraiment un recul, parce que j’ai vraiment étudié la prod en amont et tous ses aspects pour vraiment connaître où je peux poser ma voix et comment. De telle manière, ou telle manière pour donner une sorte de mélodie et que la voix apporte une sorte de bonus, mais tout en gardant que l’ensemble c’est la musique.

LFB : On est sur du groove, est-ce que sur une musique comme ça il y a un défi à faire groover le français ? Quelque chose qui n’est pas très facile…

Annael : Oui justement, il est là le défi, de faire groover le français. Parce que c’est une belle langue, il y a une belle consonance, le phrasé il est beau, donc le mettre en valeur, je trouve ça magnifique.

LFB : Et comment trouves- tu le juste milieu entre le sens et la sonorité ?

Annael : En jouant sur des sons avec une sorte de distorsion, et avec une sorte de son comme une fausse note, mais tout en gardant cette fausse note qui donne une sorte de grain, qui est différent. Trouver une sonorité peu importe le piano, qui a une sorte de distorsion. Parfois je prends même un piano qui n’est pas accordé et je joue avec pour essayer de trouver une note qui même peut être dissonante, et du coup j’adore, parce que ça titille l’oreille.

LFB : Oui, ça crée une patte qui se reconnaît immédiatement dans ta musique.
J’ai vu dans ta bio qu’il y avait eu plusieurs étapes de ton existence qui t’avaient fait évoluer d’un univers artistique à un autre. Je me demandais quelle force tu avais retiré de tout ça. Parce qu’au final là, dans ton projet actuel, tu fais tout : la danse, les vidéos, la musique.

Annael : La force que j’en ai retiré en passant par toutes ces étapes là, c’est que tout est possible. On s’entoure de gens qui connaissent quand même bien ces métiers là car tout seul on va pas loin. On est toujours groupé, même s’il y a un attaché de presse, un manager, un label, un éditeur, peu importe, il y a toujours un cadre qui permet aussi de se focus sur le son et pouvoir te libérer en studio, et qu’il y ait des gens autour qui puissent faire les papiers, parce qu’il y a des trucs que tu connais pas du tout.

Nous, on est habitués à être en studio ou à faire des photos, on ne connaît pas tous ses travers là. Mais ce qui était donc bien au Printemps de Bourges, c’est que les cours que l’on avait dans la semaine nous ont permis de vraiment comprendre les aspects et de prendre des bonnes notes, et ceux qui n’ont pas pris de notes, eh bien c’est tant pis pour eux, mais il fallait prendre des notes du coup c’est bien. C’était top d’apprendre des aspects que je ne connaissais pas.

LFB : Est-ce que t’as l’impression d’avoir un projet total ? C’est-à-dire qu’il y a le son pour les oreilles, la vidéo que tu réalises pour les yeux et la danse pour l’expression du corps. 

Annael : En fait je me dis, que tous les domaines, que ce soit la vidéo, la danse, le stylisme, la composition, tous ces éléments vont ensemble et la danse a une part importante dans tout. Parce que peu importe le style, même quand on est tout seul à la maison on se met à danser instinctivement parce qu’il n’y a personne, parce que c’est le moment où l’on se sent libre, parce ce qu’il n’y a pas du tout de jugement y  a rien. Et ces trois éléments je les retranscris, parce que je danse, je danse partout, je ne me prends plus la tête, parce que je me dis que la vie est simple, pourquoi me la compliquer en me disant “non je peux pas danser parce qu’on va me juger “ aaaargh.

LFB : Et est-ce que du coup t’as pas un côté control freak dans ce que tu fais?

Annael : Non ce n’est pas control freak, c’est plutôt de se dire que tout est possible, même avec peu de moyens on peut faire beaucoup de choses. Et le rendu va être celui que tu veux parce que t’as mis toute ta force et ton énergie dedans pour proposer aux gens quelque chose qui représente vraiment ton univers et qui peut bien l’expliquer. Pas de prendre quelqu’un qui va te donner une idée, “c’est comme ça, je vois ton son comme ça”.

Sauf que toi t’as ton idée, et comme des fois c’est une personne qui s’y connaît mieux dans ce métier là, on a tendance à mettre son ego de côté ou mettre son idée de base de côté, de se dire “je vais prendre cette idée là parce qu’elle me semble plus valorisante ou quoi que ce soit. Benh non! Fais ton idée jusqu’au bout comme ça les gens vont pouvoir vraiment comprendre ce que tu veux retranscrire.”

LFB : La prochaine étape de ton projet c’est la rencontre avec le public. Est-ce que t’as une excitation particulière à aller défendre ta musique sur scène ? Car tu n’as pas fait beaucoup de dates jusqu’ici …

Annael : Non pas beaucoup de dates, j’en ai fait 4 jusqu’ici, ah non 5 maintenant parce qu’il y a aussi Caen. Et franchement de le défendre sur scène c’est un plaisir et de mettre toute l’énergie que j’ai en moi sur scène et de montrer ça aux gens, ce que ça me procure de chanter ces chansons là, y a pas de mots, il n’y a pas de définition en soit, c’est vraiment légèreté, liberté et liberté d’esprit. 

LFB : Est-ce que tu peux nous parler de tes projets à venir et qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour le futur ?

Annael : Une longue vie pour le futur, et pour les projets qui sont à venir, un titre en préparation encore, et un EP.

LFB : Est-ce que t’as des coups de cœur culturels récents à partager avec nous ?

Annael : Il y a une chanson que j’écoute beaucoup en ce moment. C’est Disco Inferno, mais je ne me rappelle plus le nom du chanteur. Pas celui de 50cent mais c’est un groupe à l’ancienne … du coup Disco Inferno de The Tram. Il y a un côté mystère. Et il y a en fait tout un côté visuel que j’arrive à voir, c’est magnifique. Toute la composition comment ils l’ont faite, l’harmonie, les voix, c’est un bonheur.

Crédit Photos : David Tabary

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