ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Antonin vient de dévoiler son album En Silence chez Ekleroshock Records. À cette occasion, il se confie à nous sur ses influences musicales.
Leonard Cohen – Famous Blue Raincoat
Je n’oublierai jamais ce jour où j’ai entendu Leonard Cohen pour la première fois. J’étais en voiture avec ma mère et mes frères et sœurs, dans les Pyrénées.
Je devais avoir dans les 7 ans. Je venais de découvrir la montagne la neige et le ski.
Nous étions sur le chemin du retour, entrain de descendre la route en lacet à mi chemin entre la petite station de ski que nous quittions et la plaine. J’étais si triste de partir. Je regardais à chaque virage la neige fondre un peu plus, la magie des sommets s’en aller. Ma mère était en train d’écouter Leonard Cohen.
Je ne parlais pas anglais mais soudain sa musique et sa voix mélancoliques sont entrées en moi. Pas besoin de parler la même langue. Le sens était clair. Il perdait une fille, un amour. Je perdais la montagne, un amour aussi. Je l’ai vu qui chantait entre les sapins dans le paysages et soudain je me suis vu avec une guitare en train de jouer et chanter… j’étais loin d’imaginer que ça allait devenir ma vie et pourtant.. regardez où je suis aujourd’hui!
George Moustaki – Le métèque
Une des premières chanson que j’ai apprise à chanter accompagné de ma guitare. Je n’avais pas dix ans, je la chante encore aujourd’hui régulièrement. Le texte me colle à la peau. C’est comme si à force de la jouer j’étais devenu ce personnage du juif errant, mes cheveux au quatre vents fou de conquête et d’amour… je suis devenu le personnage, les mots et la mélodie de cette chanson, Moustaki est un père, un cousin, un frère… je me sens proche de lui et ma musique aussi
Jacques brel – Orly
J’ai choisi cette chanson de Brel mais j’aurais pu en prendre une autre voir cent autres. A chaque fois c’est la même chose. J’écoute Brel pour le frisson et à chaque fois, chaque chanson, chaque phrase, ça marche! Il me parle tellement ! C’est un peintre hallucinant. Chaque chanson est une fresque. La manière qu’il a d’observer et de décrire les choses, les gens, la société, C’est si juste, si puissant. C’est flippant! Bref, il a toujours eu un pouvoir sur moi que je ne saurais expliquer. Enfin… Le texte de cette chanson est juste bouleversant. Triste aussi… attention!
Henry Salvador – Le bilan
Incroyable titre issu d’un incroyable album fait maison et avec peu (tout ce que j’aime!)
Le jeu de guitare d’Henry, la voix, l’air et le soleil dans la voix, la douceur, la poésie… je suis totalement pris.. je veux marcher dans tes pas Henry! chanter la vie, l’amour, du début à la fin, tout en douceur et toujours avec ce petit sourire en coin… saudade!
Air – Le voyage de Pénélope
Bon je crois qu’on est globalement tous d’accord pour dire que Moon Safari de Air est un chef d’œuvre. J’ai choisi la dernière de l’album mais j’aurais pu prendre la première, tout brille, tout étincelle! Air, c’est comme dans le ciel, tout est à sa place! Je ne toucherais à rien. Écouter Air m’a donné envie de faire plus de musique et moins de chansons! D’où les morceaux instrumentaux dans mon album. C’est aussi Air qui m’a appris l’importance du silence, de l’espace dans la musique! Ceux sont de merveilleux sculpteurs, de merveilleux sculpteurs qui portent bien leur nom!
Harry Belafonte – Jamaica Farewell
Il vient juste de nous quitter à 96 ans mais je suis certain que ses chansons resteront éternellement! La simplicité des mots, la gentillesse de la musique, tout est là. Ce morceau m’accompagne partout où je vais. Je le chante avant, après les concerts, parfois pendant… ça me rend heureux et ça rend partout les gens heureux! Terriblement contagieux!
Ennio Morricone – The Ecstasy of Gold
J’ai toujours rêvé d’être un cow boy depuis aussi loin que je me souvienne! La première fois que j’ai vu le bon la brut et le truand j’ai été scotché par la film bien sur mais aussi et surtout par la musique! La bande son est rentrée dans ma tête et sous le cuir de ma peau comme le ferait une balle de pistolet! Je suis toujours attaché à cet enfant cow boy qui est toujours là au fond de moi et qui ressurgit à chaque fois que j’écoute Ennio, j’y suis!
Blaze Foley – Clay Pigeons (live at the Austin Outhouse)
Je termine là dessus. Pas très connu. Enfin le track si grâce notamment à la reprise de John Prine mais cette version live par l’auteur lui même, Blaze Foley, elle me donne envie de chialer à chaque fois. Il y a 3 fois rien, une basse, une guitare deux voix, quelques poivrots qui braillent au coin du bar… bref, juste ce qu’il faut, pas ce que le client demande!
Clay Pigeon c’est la chanson des troubadours, c’est un hymne à la troubadourerie et même si je ne suis pas de ce grand pays que sont les Etats-Unis je me sens proche de lui quand il chante.
J’ai juste envie de prendre ma guitare un petit sac et de me tirer et chanter la vie (pas toujours gaie) au quatre coins du monde!