Arthur Satàn arrive aujourd’hui avec son premier album solo So Far So Good. Le frontman de J.C SATÀN cueille ici ses inspirations dans la nostalgie pour éveiller chez l’auditeur le plaisir d’écoute du bon vieux tube. So Far So Good… Arthur Satàn, celui qui multiplie les projets, arrive avec un album précis et un univers pensé qui lui est propre.
Vous vous rappelez la sensation des premiers émois musicaux? Sur la route des vacances, votre paternel mettant une vieille compile bourrée de hits sur l’autoradio de la Rover 214. Agitant un mouchoir par la fenêtre, le paysage de la Nationale 7 défilait devant vos yeux et aujourd’hui encore Everybody’s Gotta Live résonne dans vos oreilles de môme. Niché quelque part dans votre cortex, votre mémoire sensorielle fait son job. Ce genre de souvenirs qui vous file des frissons et fait briller vos yeux à l’instant où vous entendez à nouveau ces quelques notes…
C’est peut-être la mission qu’Arthur Satàn s’est donné avec cet album. Comme une ligne directrice, arriver à recréer cette nostalgie demande bien moins de romantisme que de précision.
So Far So Good, c’est la vieille réplique de Steve McQueen dans les Sept Mercenaires. Celle de l’histoire d’un type qui tombe du toit d’un immeuble, et qui à chaque étage se répète So Far So Good. Jusqu’ici tout va bien. Cette référence colle aussi bien en VO qu’en VF. Tant pour son côté « old but gold » que pour l’ironie d’accomplir un album à l’aube de la plus grande crise sanitaire mondiale.
Réalisé pendant le confinement, So Far So Good est un album qui fut créé dans une chambre, profitant alors de cette parenthèse pour naître. Il prend alors une direction nette et passe la frontière pop déjà embrassée quelques fois par J.C SATÀN, comme sur In The Light par exemple. Des morceaux qui dans leur réalisation, leur mix, s’offrent une couleur, celle des tubes de la pop anglo-saxonne 60’s et 70’s. C’est alors quelque part entre des arrangements à la The Kinks et une démarche à la François de Roubaix que ce situe ce disque. On y décèle aussi du Fab Four, notamment derrière l’intro flute et guitare de She’s Long Gone où un Paul pourrait surgir. Ou encore un T.Rex sur She’s hotter than the Sun.
Comment faire alors pour recréer cette atmosphère de vieux tube tout en conservant son originalité et ne pas tomber dans une forme de tribute aseptisé? C’est par un pur plaisir de musicien qu’Arthur Satàn arrive à nous redonner cette sensation. Avec toutes ces subtilités qui nous paraissaient anodines à force de les entendre, lui, réussit par une habile ambition de production à les réhabiliter pour nous délivrer ses propres compositions de la meilleure manière qui soit.
Un album bien construit aux gimmicks subtilement parsemés à travers les différents titres. Un disque aux couleurs de ses influences de haut vol, qui sont ici parfaitement digérées. Arthur Satàn délivre avec originalité et modernité des titres comme Free qui dans sa mélodie et la justesse de son exécution nous laisse admiratif. Ou sur Boredom Is Quiet, concluant l’album, où il nous emmène dans un voyage instrumental proche d’une veille B.O de polar français.
Poussé avant tout par la sonorité, c’est un disque de musicien. Le texte en anglais découle de cette logique et correspond à son style. Le son prévaut sur le sens disait Audiard. Mais sur un titre en particulier, The Boy In The Frame, Arthur Satàn dévoile son jeu. Le temps d’un titre, l’artiste se livre et les cases du premier album solo se cochent peu à peu.
Une façon de créer spontanée et des titres composés rapidement selon ses dires. Ne nécessitant que le bruit blanc d’une douche ou d’un trajet à vélo pour être pensés. Cette spontanéité offre alors à cet l’album un ensemble cohérent et très signé.
On peut même y fantasmer après écoute, une forme de réponse. Un album ambitieux fait maison, qui peut alors lever la tête et son majeur pour revendiquer son indépendance au sein d’un système qui uniformise. Rester au maximum indépendant, c’est peut être le message qui ressort de ce disque minutieusement produit et qui trouve immédiatement sa place chez Born Bad Records que ce soit pour sa qualité ou sa démarche.
Un travail qui a pu aboutir aujourd’hui grâce à l’expérience du musicien et où l’on salue l’artisanat. De la composition à l’enregistrement, des arrangements au mix en passant par la pochette, celui qui préfère le collectif et réfute l’idée d’artiste total, teste alors les limites du concept par cette réalisation.
Au vu des performances délivrées par J.C SATÀN, la tournée en cours nous donne envie de voir cette réalisation intimiste portée par l’identité de plusieurs musiciens et l’énergie d’un groupe. La scène étant un exercice qu’Arthur Satàn ne connaît que trop bien au fil des années et des groupes dans lequel il a évolué.
Déjà l’envie d’un second album se fait sentir de notre côté.
Donc jusqu’ici tout va bien.