La jeunesse et l’audace rythment le Jazz actuel qui se trouve en pleine mutation. Celle-ci se caractérise par des musiciens aux influences diverses et variées qui explorent différents champs artistiques pour en tirer le meilleur et aboutir à une œuvre riche. Le compositeur et interprète Ashley Henry fait partie intégrante de cette mouvance. À l’occasion de la sortie de son deuxième album, Who We Are, nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec l’originaire de South London.
VERSION FRANÇAISE
LA FACE B : Salut !
ASHLEY HENRY : Salut mec, comment tu vas ?
LA FACE B : Ça va super, merci. Et toi ?
ASHLEY HENRY : Ça va pas trop mal, merci !
LA FACE B : Tout d’abord je veux te remercier pour ta présence.
ASHLEY HENRY : Il n’y a pas de quoi.
LA FACE B : On s’y met ?
ASHLEY HENRY : Ouais carrément mec !
LA FACE B : Allons-y alors. Tu as sorti, il y a quelques jours, Who We Are, qui est ton second album. Il succède à Beautiful Vinyl Hunter. Comment tu te sens par rapport à ce nouveau disque ?
ASHLEY HENRY : Et bien, en fait ça fait une semaine aujourd’hui qu’il est sorti. Je me sens bien, j’ai clairement l’impression que c’est une nouvelle étape dans ma carrière. Artistiquement, il me paraît plus large. Beautiful Vinyl Hunter était un bon album d’introduction. Who We Are me donne l’impression d’être allé plus loin dans mon art, et ça me paraît beaucoup plus honnête.
LA FACE B : J’ai aussi l’impression que c’est un peu plus diversifié musicalement parlant. Tu explores plus d’horizons musicaux différents que dans Beautiful Vinyl Hunter.
ASHLEY HENRY : Ouais clairement. Pour être honnête ce n’était pas intentionnel. Je ne cherchais pas à faire quelque chose de plus inclusive ou de la sorte. C’est juste moi, la tête la première dans mon art. Je ne me suis pas vraiment questionné ou revenu sur ce que j’ai fait. Je ne savais pas vraiment si ça sonnait bien ou si les gens allaient aimer. Ça vient simplement de mes expériences musicales, mon expérience artistique, du fait de faire ça depuis longtemps avec des gens en qui j’ai confiance. Cette fois-ci c’est juste moi qui me plonge la tête la première dans mon art.
LA FACE B : Tu as l’air plus confiant. Tu sais ce que tu es capable de faire.
ASHLEY HENRY : Ouais clairement.
LA FACE B : Est-ce que tu peux m’en dire un peu plus concernant le processus créatif de l’album ? Combien de temps ça a pris ? Comment tu t’es organisé pour créer cet album ?
ASHLEY HENRY : Ça a pris place sur quatre ans au final. Au milieu de tout ça j’ai sorti un EP. Pendant ce tout ce temps-là j’ai parcouru des idées, j’ai tiré de l’inspiration de toutes sortes d’endroits. Le fait de lire des bouquins différents, de la littérature provenant de mes auteurs préférés, m’a vraiment inspiré, surtout en ce qui concerne l’écriture des paroles. Je parle d’auteurs comme June Jordan ou James Baldwin sur lequel j’ai fait une émission spéciale à la radio d’ailleurs. Je pense que ça va bien avec le fait de jouer du Jazz et de la musique noire. C’est connecté à l’idée de refus, et à ce que ça signifie réellement de jouer cette musique, ce que ça signifie d’être un artiste noir et aussi d’être simplement un artiste à notre époque.
Sur cet album j’ai vraiment voulu chercher à atteindre les différentes possibilités collectives que tu peux trouver dans cette musique, dans chaque morceau. Je voulais vraiment que ça se ressente. Pour moi la musique est faites pour les sens, ça te fait ressentir des choses. J’étais aussi inspiré par mes artistes visuels favoris. Je tire différents types d’inspiration de ça aussi parce que ma musique est également assez visuelle. J’adore mettre des images sur ma musique, dans les clips. Le visuel est aussi important que le son. C’est comme la danse, ou mes peintres favoris, des artistes qui expérimentent vraiment avec les couleurs mais à leur manière, tout ça m’inspire. C’est comme quand je penche vers des sonorités différentes ou des styles différents pour ensuite les assembler à ma manière, à travers mon objectif à moi.
LA FACE B : Donc tu dirais que d’une certaine manière, l’album ne tire pas seulement son inspiration de la musique mais de toutes formes d’art ?
ASHLEY HENRY : Oh oui clairement. Particulièrement dans le dernier clip : Love Is Like a Movie. J’ai travaillé avec un chorégraphe vraiment merveilleux. Les danseurs sont des musiciens aussi, ce sont des artistes qui incarnent la musicalité et les paroles mais avec du mouvement. J’ai vraiment l’impression que ça vient soutenir le morceau sur une toute autre ligne. Avec le réalisateur du clip, on a travaillé d’arrache-pied pour être sûr que les visuels élargissent réellement la musique. Tous les différents visuels qu’on a créé pour les singles, Who We Are, Mississippi Goddamn, on les a créé pour amener ces morceaux à un autre niveau. C’était très important pour moi.
LA FACE B : Au final, le fait que tu connectes la musique et la dance de la sorte me rappelle un peu Ezra Collective qui le fait beaucoup aussi.
ASHLEY HENRY : Oh ouais !
LA FACE B : J’ai l’impression que pour le clip de Love Is Like A Movie, c’est exactement ce qu’il fallait faire pour ce genre de morceau. Ça va tellement bien ensemble.
ASHLEY HENRY : Ouais c’est clair, merci. Pour être honnête, l’album représente vraiment le jeu. En tant qu’adultes on doit rapprendre à jouer, à être joueur. Je fais tellement de cours et de masterclass partout dans le monde et parfois je fais s’asseoir des musiciens vraiment très doués en leur disant juste de jouer comme ils le sente. Et la plupart du temps ils ne savent pas quoi faire. Donc on doit rapprendre à être joueur. Heureusement, pour moi, j’ai toujours eu cette espace, particulièrement en apprenant le piano.
J’ai appris des morceaux quand j’étais petit et j’avais toujours cette espace pour jouer librement ou improviser sur les morceaux que j’apprenais. Mes professeurs m’encourageaient vraiment là-dessus. Donc j’ai toujours eu la possibilité d’être joueur, capable d’avoir cette liberté et cet espace. Quand il s’agit d’écrire de la musique, j’invite les autres, que ce soit d’autres musiciens ou des artistes avec qui je collabore, des chorégraphes ou des réalisateurs, à entrer dans mon monde mais aussi d’aller dans le sens du jeu et d’être libre.
LA FACE B : Oui tu approches ça de manière très innocente.
ASHLEY HENRY : Oui, mais c’est sincère. Faut que ça se reflète avec la musique.
LA FACE B : Et pour plus se focaliser là-dessus, musicalement parlant, est-ce que tu dirais que tu as des influences spécifiques qui ont guidé la création de Who We Are ?
ASHLEY HENRY : Oh wow [rires] ! Ça prendrait toute l’interview de parler de mes influences musicales parce que je suis littéralement un music nerd. Je peux te parler toute la journée de mes différentes influences qui viennent de l’Afro, de Stevie [Wonder], de plusieurs compositeurs de musique classique — ma compréhension harmonique et mélodique vient de plusieurs endroits différents. J’essaye juste de garder une oreille ouverte, de garder l’esprit ouvert. Même si je ne prends plus de cours ou quoi que ce soit, j’apprends toujours, je suis toujours un élève, j’apprends toujours de nouveaux concepts, des styles différents, des formes et manières différentes d’entendre et d’approcher la musique et la mélodie. C’est une aventure qui ne se termine jamais.
LA FACE B : Oui clairement, on est toujours en train d’apprendre, on ne peut pas l’arrêter. Est-ce que tu avais des ambitions particulières concernant la création de cet album ?
ASHLEY HENRY : Ouais, pour chaque morceau je voulais vraiment inspirer. On vit des moments vraiment cruciaux donc je voulais faire en sorte que les gens qui écoutent du début à la fin, surtout quand tu écoutes l’album sur vinyle, puisse ressentir ce sentiment de possibilité, de libération, de confiance et d’intérêt. Ces sentiments que je ressens provenant de toute la musique qui gravite autour de moi.
LA FACE B: Tu as évoqué le fait que ta musique est connectée au temps dans lequel on vit. J’ai l’impression que l’album a en quelque sorte un sens communautaire. Who We Are, ça rassemble les gens. Tu peux m’en dire plus ?
ASHLEY HENRY : Je pense vraiment que la musique est l’un des seuls médiums actuels qui rassemblent les gens. Tout ce qui nous entoure maintenant est tellement séparé avec le context post-pandémique, avec la technologie qui remplace en quelque sorte les médiums sociaux [rires]. Particulièrement de nos jours, on a pas d’espaces dans lesquels les gens peuvent se rendre compte de ce qu’ils aiment réellement. Surtout en tant qu’artiste, en tout cas pour moi, je pense que la musique devrait être un espace pour les gens pour explorer et réellement actualiser les sentiments que les gens ressentent mais aussi être capable d’articuler dans différentes manières.
Personnellement c’était à travers l’écoute de certains de mes morceaux instrumentaux préférés que j’ai pu donner une voix aux mots que je ne peux pas exprimer. Même si l’album est sorti depuis une semaine, j’ai rencontré des gens qui se reconnaissent dans les morceaux qui ont des paroles avec des expériences différentes qu’ils ont eu avec des esprits différents, mais ils se reconnaissent avec des manières différentes. C’est quelque chose que je trouve vraiment très beau, c’est ce qui compte le plus pour moi.
LA FACE B : Pour continuer un peu sur le message de l’album, il donne un sentiment très optimiste tant bien musicalement que dans les paroles. Est-ce que c’est fait consciemment ? Peut-être pour apporter un message d’espoir pendant cette période difficile ?
ASHLEY HENRY : Encore une fois, je ne me suis pas forcé à aller dans cette voie. Quand je créé, ça passe par beaucoup d’improvisation. Tout commence avec le piano et la mélodie vient puis je fais une espèce de freestyle par-dessus pour ce qui est des paroles, c’est comme ça que tout vient. Je ne doute pas des thèmes ou les sur-intellectualise. Je pense que la plupart du temps quand on se laisse aller ou qu’on s’éloigne de notre chemin habituel et qu’on improvise, on capture le moment. Particulièrement si on essaye de rester en concordance avec ce qui se passe dans le monde ou avec ses propres sentiments, ou même si on essaye d’avoir une discussion à propos des gens. J’ai toujours eu l’impression que ces choses viennent naturellement.
LA FACE B : Ouais et au final l’improvisation est aussi en quelque sorte un aspect clé du Jazz donc ça concorde bien.
ASHLEY HENRY : Ouais, et pas seulement pour le Jazz mais aussi pour la danse, les arts visuels [rires]. On doit improviser pour créer. Cette improvisation évolue en capturant ce fameux moment. Des fois, quand tu fais quelque chose qui est forcé ou trop amené vers quelque chose, ça ne t’apporte pas ce sentiment.
LA FACE B : L’année dernière tu as donné naissance à ton propre label, Royal Raw Music. Qu’est-ce que ça a changé dans ta manière de créer et de produire de la musique ?
ASHLEY HENRY : J’ai l’impression que mon label, Royal Raw Music, provient du caractère brut de la musique. Ça marque le commencement du processus qui m’a amené à être confiant à cent pour-cent dans ma vision artistique, dans ma créativité, dans le fait d’être un musicien. C’est supposé être un espace non pas seulement juste pour moi mais aussi pour les artistes qui dans le futur voudront s’immerger dans cet espace. C’est ce que Royal Raw Music représente. Je cherche à sortir plus de musique grâce à ce medium. C’est une période très excitante.
LA FACE B : On sent toute cette énergie très vivante dans Who We Are. J’ai l’impression que ça peut être un sorte de nouvelle branche dans toute cette vague avec le Jazz britannique. C’est très très vivant et ça donne presque l’impression que tu as enregistré l’album en live, comme si tu étais sur scène tu vois.
ASHLEY HENRY : Wow, c’est très intéressant. Oui, une grande partie a été enregistrée en live. En même temps, je pense que la manière avec laquelle j’ai enregistré était assez libre. J’ai toujours voulu conserver cette sorte d’authenticité. Tout l’inverse de si c’était trop contraint. Tu sais des fois cette innocence te donne ce sentiment de capturer le moment. J’ai vraiment l’impression que Who We Are est un tout, il capture le moment et le fait d’être communicatif.
LA FACE B : C’est très spontané, on le ressent quand on écoute l’album.
ASHLEY HENRY : Ouais parce que tout le monde est sur la pointe des pieds, c’est que la magie arrive.
LA FACE B : Ouais, et il y a de grands moments de magie. Par exemple, Love Is Like A Movie, je pense que c’est peut-être un de mes morceaux préférés de l’année.
ASHLEY HENRY : Oh wow ! Merci.
LA FACE B : J’ai l’impression que c’est très spontané. Techniquement et théoriquement c’est pas compliqué, mais c’est vraiment une ambiance, un moment. C’est méthode de chercher à capturer le moment, comme tu l’as dit, je pense que ça te va très bien et que c’est super honnête.
ASHLEY HENRY : Ouais, c’est ça ! Je pense qu’on se trouve aujourd’hui dans un espace, surtout quand on parle et du Jazz, ou tout le monde est à un certain niveau technique sur son instrument. Ok, mais c’est quoi la suite ? Quelle est ta voix créative ? Qu’est-ce que tu essayes de dire ? Qu’est-ce que tu essayes d’articuler ? Qu’est-ce que tu essayes de représenter et de communiquer aux gens ? Pour moi, c’est là que le vif du sujet est. C’est là que s’incarne la musique et que ça compte tu vois. Je pense que souvent, l’emphase peut être mise sur l’aspect technique des choses ou sur à quel point les choses peuvent être riches. Mais en réalité, je pense que la période actuelle est une bonne opportunité pour nous de revenir à l’essence même de ce qu’est réellement que de jouer cette musique.
LA FACE B : Je suis d’accord.
ASHLEY HENRY : Ou est la romance ?
LA FACE B : Ouais clairement, c’est une vision très romantique, mais aussi très belle. Pour ce nouveau projet tu as travaillé avec plusieurs artistes différents. Comment procèdes-tu quand tu collabores avec d’autres personnes ? Tu as dit que tu invitais les gens à être libres, très innocent dans leur manière de rentrer dans ton monde, mais est-ce qu’il y a autre chose ?
ASHLEY HENRY : Je pense que l’une de mes forces est la manière dont je joue et invite des gens à ne pas juste être joueur ou imaginatif mais aussi de sortir des sentiers battus. Et c’est très cool. Par exemple sur le morceau avec Aja Monet, il y a une partie vraiment magnifique sur laquelle elle chante un poème puis elle s’arrête, et elle le répète pour permettre à la musique de faire son œuvre — à l’opposé d’être au-dessus de la musique. C’est l’exemple parfait de juste faire ce que la musique te dis de faire et ne pas chercher à vouloir se placer au-dessus.
Souvent, particulièrement quand tu joues de la musique improvisée, on peut avoir tendance à laisser son égo prendre le contrôle et de ressentir ce besoin de tout tuer [rires]. En réalité ça va finir par venir, on doit d’abord accorder sa confiance à ce moment-là, de faire confiance en la musique et le processus. J’ai vraiment l’impression que Who We Are représente ça.
LA FACE B : J’ai l’impression que cette idée de compétition entre les musiciens est plus connectée à l’ancienne grande tradition du Jazz. Comme quand on trompettiste et un saxophoniste vont se faire la guerre avec une avalanche de notes pour voir qui est le meilleur, qui joue le plus vite. Je pense que ta manière de penser est très fraîche.
ASHLEY HENRY : Merci beaucoup.
LA FACE B : Pour élargir un peu le propos, tu fais partie de toute cette grosse vague Jazz de Londres. Je dirais que tu es considéré l’un des espoirs à suivre. Quelle est ta position et comment te sens-tu par rapport à ce mouvement ?
ASHLEY HENRY : C’est une bonne question. Je n’y pense pas vraiment. C’est plus facile de le voir de l’extérieur, j’en fais partie donc c’est difficile d’avoir un point de vue dessus. Il y a tellement de choses merveilleuses qui arrivent en ce moment, et je suis vraiment honoré de faire partie de la conversation qui prend place depuis les années 1920 en Grande-Bretagne. Des afro-carribéens qui jouent du Jazz en Grande-Bretagne depuis les années 20s et 30s, particulièrement pour des musiciens comme moi. Je collabore avec des musiciens britanniques mais aussi des américains. Quand Louis Armstrong vient ici, ils se rendent compte qu’ils ont un jeu différent parce qu’ils appréhendaient différemment le rythme et leur sensibilité mélodique. Ce genre de collaboration élargie les mondes musicaux, et c’est un honneur d’être en capacité de continuer ce chemin. Cette tradition de ne pas seulement faire de la musique mais de collaborer avec tous ces efforts derrière la musique, ce que ça signifie, de rassemble les gens.
LA FACE B : Ouais, pour au final voir qui nous sommes !
ASHLEY HENRY : Ouais ! [rires]
LA FACE B : Ce que tu dis sur l’histoire britannique qui est riche, je l’étudie avec toute cette vague de musiciens de Jazz pour mon Mémoire de Master.
ASHLEY HENRY : Oh cool !
LA FACE B : Je creuse dans toutes ces choses qui sont venues avant l’immigration, les caraïbes et le Commonwealth. J’ai l’impression que Who We Are représente en quelque sorte l’exemple parfait du résultat musical de tout ça. C’est très inclusif et aussi varié. Ce n’est pas neutre.
ASHLEY HENRY : Ouais.
LA FACE B : Et quel est ton point de vue concernant cette nouvelle vague de musiciens de Jazz sur Londres qui a en quelque sorte explosé il y a un peu moins de dix ans ? Comment tu te sens par rapport à ça ?
ASHLEY HENRY : Ouais, je pense que c’est une merveilleuse vague de Jazz qui est plus inclusif parce que ça devient plus large. Par exemple, même dans les années 1960s tu avais des artistes comme Sun Ra et Eric Dolphy qui était impliqués dans le fait de rendre les barrières floues. Grâce à ça aujourd’hui on a beaucoup plus de genres musicaux différents dont on peut se servir. Particulièrement avec le Jazz qui était décrit comme une musique américaine mais non ! Ce n’est pas juste une musique américaine, c’est une musique transnationale. L’idée même d’être américain vient de différentes cultures. J’ai juste l’impression que cette nouvelle vague ouvre les portes aux gens pour qu’ils tirent leurs aspirations de partout.
LA FACE B : Tu dis que le Jazz permet aux gens d’apporter des éléments provenant d’autres musiques. Tu as des origines jamaïcaines, dans un sens, est-ce que ça change la manière dont tu joues et écris de la musique ? Es-tu conscient que certaines de tes influences viennent de là ?
ASHLEY HENRY : Oh carrément ! J’écoute tout style de musique mais en écoutant et en jouant du Reggae, il y a un sens de consistance dont tu as besoin. Particulièrement quand tu es claviériste, parce que tu dois suivre la musique et en même temps avoir de la liberté. C’est vraiment installé en moi. Cette sensibilité me permet de jouer du Jazz et d’improviser. Ça a l’effet d’un miroir avec certains de mes musiciens préférés qui ont des origines caribéennes comme Sonny Rollins, Oscar Peterson ou Wynton Kelly. Ces musiciens avaient un héritage caribéen mais ils ont complètement changé le paysage de cette musique avec leurs sensibilités mélodiques et rythmiques. Leur approche de la musique, comment ils ressentaient le temps, leur sens de la mélodie étaient tellement uniques et frais. Il y a une sorte de rebellion là-dedans. Ça a toujours été en moi, musicalement et artistiquement.
LA FACE B : Sur ce nouvel album, tu reprends le morceau de Nina Simone : « Mississippi Goddamn », qui est un des singles du disque d’ailleurs. Qu’est-ce qui t’as amené à reprendre ce morceau et à l’inclure dans Who We Are ?
ASHLEY HENRY : C’est une histoire marrante [rires]. On m’a demandé de faire un arrangement de ce morceau pour une émission télé en Grande-Bretagne. Au départ j’ai refusé parce que tu sais, il y a certains morceaux que tu ne peux juste pas toucher [rires]. Puis ça m’a fait réfléchir au fait que ces paroles sont encore très actuelles, même dans notre contexte à nous, et ça m’a amené à vouloir jouer ce morceau et chanter ces paroles d’une manière complètement différente. J’ai écouté l’enregistrement originel de Nina Simone et c’était presque comme si elle amenait le public avec elle dans ce voyage. Quand elle introduit le morceau, le public rigolait et pensait qu’elle jouait avec eux, puis elle progresse vers le pont, là où les paroles deviennent vraiment sérieuses.
Puis elle demande au public s’il pensait vraiment qu’elle rigolait, et là règne un silence de mort dans le public [rires]. Elle a emmené ce voyage dans un certain inconfort, elle devait le faire. Particulièrement quand elle voyageait dans le Sud. Je voulais juste rendre hommage à ça sans évidemment prendre l’essence même du morceau. Bien sûr Nina Simone est une énorme influence en tant que chanteur, en tant que pianiste et en tant que compositeur. C’est une légende. Quand on réfléchis au refus, tu ne peux pas mettre de côté Nina Simone.
LA FACE B : Je suis d’accord. Avant que l’on mette fin à cette interview, il y a une question que j’aime bien poser aux artistes avec qui je discute. Dernièrement, est-ce qu’il y a un album ou un artiste que tu écoutes régulièrement et que tu aimerais recommander à nos lecteurs en France ?
ASHLEY HENRY : Ooooh… Comme je l’ai dit avant, j’ai fait une émission de radio à propos des travaux de James Baldwin, et ça m’a amené à écouter certains projets dans lesquels il était impliqué. On m’a envoyé l’album de Meshell Ndegeocello avant qu’il ne sorte. Il est tellement magnifique, donc je recommencerais sans doute ça.
LA FACE B : Merveilleux. Merci beaucoup pour ton temps mec.
ASHLEY HENRY : Pas de quoi, à bientôt !
english version
LA FACE B : Hello there!
ASHLEY HENRY : Hello man, how are you doing?
LA FACE B : I’m doing beautiful, thank you. And you?
ASHLEY HENRY : Yeah, not too bad, thanks!
LA FACE B : First, I want to thank you for being here today.
ASHLEY HENRY : No worries.
LA FACE B : Should we directly give in?
ASHLEY HENRY : Yeah sure man!
LA FACE B : Let’s go then. So, you released, a few days ago, Who We Are, which is your second album. Which succeeds to Beautiful Vinyl Hunter. How do you feel about this brand new project?
ASHLEY HENRY : Well, it’s actually been a week today. It feels good, it feels like it’s definitely a next step in my journey. Artistically, it just feels more expansed. Beautiful Vinyl Hunter was a good introductory album. Who We Are feels like I’m just more expanded on my artistry, and it feels a lot more honest.
LA FACE B : I also feel like it’s a bit more diverse musically speaking. You’re exploring more musical fields than in the Beautiful Vinyl Hunter.
ASHLEY HENRY : Yeah, definitely. It wasn’t intentional to be honest. I wasn’t seeking for doing something more inclusive or anything like that. It’s just me, naturally being head first into my artistry. I didn’t really questioned or second-guessed myself. I didn’t really know if this it sounded good or if people are gonna like it. That just comes from my musical experiences, my artistic experience, doing it for long with people that I trust. This time it’s just diving into it with the head first [laughs].
LA FACE B : You seem much more confident. You know what you are capable to do.
ASHLEY HENRY : Yeah, definitely.
LA FACE B : Can you tell me a bit more about the creative process of the album? How long did it take? How did you organise to create the album?
ASHLEY HENRY : It’s been about four years but obviously I released en EP in the middle of that. It’s been that amount of time just going through ideas, getting inspiration from all different source of places. You know, just reading a lot of different books, some literature from my favorite writers that really inspired me, especially in which concerns my lyrics writing. People like June Jordan, Bell Hooks or James Baldwin who I actually did a radio special on him. I think it connects well with the fact of playing Jazz and Black music. It’s connected with the idea of refusal, with what it really means to play this music, what it means to be a Black artist in these times and also what it means to be an artist in these times.
In this album I really wanted to strive for the collective possibilities that you can find in this music, in every single track. I just really wanted that to come through. For me music is for the senses, it makes you feel. I was also inspired by some of my favorite visual artists. I’m taking different types of inspiration from that too because my music is quite visual as well. I love putting my music to visuals, in music videos. The visual is just as important as the audio. It’s like dance, also my favorite painters, artists that really expriment with colors but do it in their own way, all of that inspires me. Just like I tend to take different sounds or different styles of music and put them together in my own way, through my own lens.
LA FACE B : So you’d say that, in a way, the album is not only inspired by music but by all type of arts.
ASHLEY HENRY : Oh yeah, definitely. Especially the last music video: Love Is Like A Movie. I worked with a really amazing choreographer. Dancers are musicians too, they are artists who embody the musicality and the lyrics but with movement. I really do feel like it supports the track an a whole different line. The director I worked with, we really worked hard to make sure that the visuals really expand the music. All the different visuals that we put together for the different singles, Who We Are, Mississippi Goddamn, we created them to take these tracks higher. That was really important to me.
LA FACE B : Actually, the fact that you connected dance with music reminded me a bit of Ezra Collective who do that a lot.
ASHLEY HENRY : Oh yeah!
LA FACE B : I feel like for the video of Love Is Like A Movie, it was like exactly the thing that you had to do for that type of song. It matches so well.
ASHLEY HENRY : Yeah definitely, thank you. To be honest, the album really represents the play. As adults we have to relearn to play, to be playful. I do so many clinics and masterclasses as well around the world and sometimes I get really skilled musicians to sit down and tell them to just play how they feel. And most of the time they don’t know what to do. So we have to relearn to be playful. For me, luckily, I’ve always had that space, especially when learning the piano.
I learned pieces when I was growing up and then, I always had that space just to play freely or improvise around pieces I was learning. My teachers really encouraged me with that. So I always had that space to be playful, to be free having that space of freedom. When it comes to me writing music, I invite others, whether it’s different musicians or featured artists or choreographers or visual directors, I invite them to come into my world but also to have that sense of playfulness and freedom.
LA FACE B : You approach it in a very innocent way.
ASHLEY HENRY : Yeah, but sincere. Within reasons that reflects the music.
LA FACE B : And to focus more on that point, musically speaking, would you say that you have specific influences that guided a bit the creation of Who We Are?
ASHLEY HENRY : Oh wow [laughs]! That would take the whole interview to talk about musical influences ‘cause literally I’m a music nerd. I can talk you all day about different musical influences from Afro, to Stevie’s, different classical composers — just my understanding of harmonic and melody just come from all different source of places. I just try to keep an opened ear, to keep an opened mind. Even though I’m no longer having lessons or anything like that, I’m still learning, I’m still a student, I’m still learning new concepts, different styles, different forms and different ways of earring and approaching music and melody. It’s a never ending journey.
LA FACE B : Yeah definitely, we’re always learning, we can’t stop it. And did you have any specific ambitions concerning the creation of this new album?
ASHLEY HENRY : Yeah, for every track I really wanted to inspire. We living in really crucial times so I really wanted to strive for people who listen to it from front to back, especially when you listen to it on vinyl, I really want people to get that feeling with possibility, liberation, trust and care. Those things I get them from all the music that gravitates towards me.
LA FACE B : You evoked the fact that your music is connected to the times we are living in. I feel like this album has kind of a communitarian meaning in some way. Who We Are, it gathers people you know. Can you tell me more about it?
ASHLEY HENRY : I really do feel like music is one of those only mediums now to gather people. Everywhere we look around now we’re so much separated with post-pandemic, technology that are kind of replacing social mediums [laughs]. Especially nowadays, we don’t even have many spaces where people can figure out what they actually like. As artists especially, I mean for me anyway, I really feel like music should be a place for people to explore that and to actually actualise feelings that people have been feeling but also have been able to articulate in some specific way.
Personally it was through listening to some of my favorite instrumental tracks which kind of gives voice to what I can’t give any words. Even still the album has been out for a week, I’ve had people who relate to the songs that have lyrics with different experiences they had in their lives with different minds, but just relate to it in a different type of way. That’s what I really find beautiful, that’s what means the most to me.
LA FACE B : To continue a bit on the message of the album, it feels very optimistic both musically and lyrically speaking. Was it done on purpose? Is it intentional? Maybe in order to bring a message of hope during these difficult times, during the past weeks and months?
ASHLEY HENRY : Again, it wasn’t really contrived to be that way. When I create, a lot of improvisation is going through that. It all starts at the piano and the melody comes and I kind of freestyle lyrics and it comes that way. I don’t second guess or try to overthink the themes. I think a lot of the time when we just let go or stay out of our way and improvise, we capture the moment. Especially if we try to stay in tune with what’s going on in the world or stay in tune with our own feelings or having conversations about the people. I’ve always feel like these things just come out naturally.
LA FACE B : Yeah and actually improvisation is also kind of a key aspect of Jazz so, it matches well.
ASHLEY HENRY : Yeah, not even just Jazz but dance, visual art [laughs]. We have to improvise to create. That improvisation evolves capturing the moment. Sometimes when you get something that forced or too contrived, it doesn’t give you that thing.
LA FACE B : Last year you gave birth to your own label record, Royal Raw Music. What did it change in your way of creating and producing music?
ASHLEY HENRY : I feel like my label, Royal Raw Music, kind of comes from the rawness in the music. It marks the beginning of the process of me having a hundred percent trust in my artistic vision, my creativity, my musicianship. That’s supposed to be a space for not just myself but for other artists in the future that also want to dive into that space too. That’s what Royal Raw Music represents. I’m looking forward to just more music being released from that medium. It’s really exciting times.
LA FACE B : Actually, we feel all that soulful energy in Who We Are. I feel like it may be kind of a new branch of this whole thing with the UK Jazz etc. It’s really really soulful and almost feels like you recorded live, like if you were onstage you know.
ASHLEY HENRY : Wow that’s really interesting. Yes, a lot of it was recorded live. At the same time, I think the way I recorded the music here is not too contrived. I always wanna keep that sense of authenticity in there. As opposed as if it was too contrived. You know sometimes this innocence gives you that feeling of capture the moment. I really do feel like Who We Are is a whole, it captures the moment and being communicative.
LA FACE B : It’s very spontaneous, we can actually feel it when we’re listening to the record.
ASHLEY HENRY : Yeah because when everyone are on their toes that’s when the magic happens.
LA FACE B : Yeah, and there are great moments of magic. For instance, Love Is Like A Movie, I feel like it’s maybe one of my favorite tracks of the year so far.
ASHLEY HENRY : Oh wow! Thank you.
LA FACE B : I feel like it’s very spontaneous. It’s not that complicated theoretically and technically speaking but it’s much more a vibe, a moment. This method of capturing the moment, as you said, I think it suits you very well and it’s like super honest you know.
ASHLEY HENRY : Yeah, that’s it! I feel like we’re in a place now, especially in music and in the space of Jazz, in which everyone is at a technical level on their instruments. Ok but what’s next now? What’s your creative voice? What you’re trying to say? What you trying to articulate? What you trying to represent or communicate to people? For me, that’s where the funk is. That’s where the music is and what counts you know. I think a lot of the time, a lot of emphasis can be put on the technical aspect of things or how much informations are in there. But in reality I think now is a really good opportunity for us to take it back to the essence of what it means to play this music.
LA FACE B : I agree.
ASHLEY HENRY : Where’s the romance?
LA FACE B : Yeah definitely, it’s a very romantic vision, but also kind of beautiful. For this new project you worked with a bunch of different artists. How do you proceed when you’re collaborating with other people? You said that you were inviting people to be free, very innocent in their way of getting into your world, but is there more?
ASHLEY HENRY : I feel like one of my strength is the way that I play and invite people to not just be playful or imaginative but also to stay out of the way of doing that the music tells them to do. And it’s really cool. For example in the track with Aja Monet, there’s a really beautiful part on which she sings the line of a poem then she stops, and she says it again to kind of allow the music to do what it does — as opposed of being on top of the music. It’s the perfect example of just doing what the music tells you to do and of being in it as opposed of being on top of it.
A lot of the time, especially when you play improvised music, there can this tendency for the ego to take control and to feel the need of killing it you know [rires]. In reality that will come, but we just need to have that trust in the moment, to trust the music and the process. I really do feel like Who We Are reflects that.
LA FACE B : I feel like this this ideas of contesting with each other is much more connected to the older big Jazz tradition. Like when a trumpet player and a saxophone player could just fight with a bunch of notes to see who is the best, who plays faster. I feel like the way you’re thinking is very fresh.
ASHLEY HENRY : Thank you.
LA FACE B : To expand a bit, you are a part of this big whole Jazz thing in London. You’re considered as one of the next ones, I would say. How do you feel about your position and your impact in this movement?
ASHLEY HENRY : That’s a good question. I didn’t really look for it. It’s easier to see from an outside position, I’m in it so it’s kind of hard to do that. There’s so much amazing stuff happening around right now, and I’m really honored to be a part of the conversation of what’s been going on since the 1920s in Britain. From Afro Caribbean who are plying Jazz in Britain since early 1920s/1930s, especially for musicians like myself. I collaborate with British musicians and also American musicians. When Louis Armstrong came in Britain, they figured out they had a different playing because they had a different type of rhythmic and melodic sensibility. That type of collaboration expanded the music worlds, and it’s an honor to be able to pave that forward. That tradition of not just make music but collaboration and the efforts behind the music, what it means, to bring people together.
LA FACE B : Yeah, to actually see who we are!
ASHLEY HENRY : Yes [laughs]!!
LA FACE B : Actually, what you’re saying about the divers and rich history of Britain, I’m studying it and all this new Jazz musicians wave for my Master Thesis.
ASHLEY HENRY : Ow cool!
LA FACE B : I’m digging in all the things that came before with immigration, the Carribeans and the Commonwealth. I feel that Who We Are may represent kind of the perfect example of the musical result of all of that. I feel like it’s very inclusive and also very divers. It’s not neutral.
ASHLEY HENRY : Yeah.
LA FACE B : And what is your point of view concerning this new wave of Jazz musicians in London that kind of blew up a bit less than ten years ago? How do you feel about that?
ASHLEY HENRY : Yeah, I feel like it’s been an amazing wave of Jazz being more inclusive because it’s becoming more expanded. Even in the sixties for example you had artists like Sun Ra and Eric Dolphy who were involved in that boundary blurring. That just feels like now we have a lot more different music subgenera to make use of. It makes the music a lot more interesting and it’s kind of started a whole different conversation now. Especially this whole idea of Jazz been described as American music but no! This is not just an American music, this is a trans-national music. The idea of being American comes from different cultures. I just feel like this new wave opens the gates for people to take inspiration from everywhere.
LA FACE B : You’re saying that Jazz enables people to bring things from other musics. You have Jamaican origins, in a way, does it change the way you’re playing and writing music? Are you conscient that there are some influences that come from that?
ASHLEY HENRY : Oh definitely! I was listening to all styles of music but in listening and playing to Reggae, there’s a sense of consistency that you need to have. Especially when you’re a key player, because you need to follow the music but at the same time you have freedom. That’s really installed in me. This sensibility enables me to play Jazz and improvise music. That really does mirror with a lot of my favorite musicians that have Caribbean origins like Sonny Rollins, Oscar Peterson or Wynton Kelly. Those musicians got Caribbean heritage but they completely changed the landscape of this music with their melodic and rhythmic sensibilities. Their approach of music, their time feel, their sense of melody were so unique and fresh. There is that sense of rebelliousness in there. It’s always a bit within me musically and artistically.
LA FACE B : On this new album, you’re covering Nina Simone’s Mississippi Goddamn, which is actually one of the singles. What’s the journey that led you to cover this song and to include it into Who We Are?
ASHLEY HENRY : That’s a funny story actually [laughs]. I was asked to do an arrangement of that tune for a TV show in the UK. I first declined because you know, there are certain songs that you just don’t touch [laughs]. But then it made think of how relevant those lyrics are up to this day, and how those lyrics and and play the melody in a whole different way. I listened to the original recording with Nina Simone singing it and it was almost like she kind of brought the audience on this journey. When she introduces the song, the audience was just laughing at her because people thought it was some type of joke. Then she goes into it and goes to the bridge, when the lyrics really start to get serious.
Then she asks the audience if they were really thinking that she was joking, and they were dead silence [laughs]. She took this journey all away to this place of uncomfortability, she had to do that you know. Especially when she navigated in the South. I just wanted to pay tribute to it without obviously losing the essence of what the track means. Obviously Nina Simone is a huge influence to me as a vocalist, as a piano player, as a writer, composer. She’s one of the greats. When it comes to reflecting on refusal, yo can not avoid Nina Simone.
LA FACE B : I definitely do agree. Before we put an and to the interview, there’s a question I like to ask to the artists with whom I talk. Lately, was there any album or artist that you’re much into and that you’d like to recommend to our readers in France?
ASHLEY HENRY : Ooooh… As I mentioned before, I did a radio show on James Baldwin’s work, and that evolved me listening to some different records in which James Baldwin was involved. I was sent before it came out Meshell Ndegeocello James Baldwin record. It’s so beautiful, so I’d definitely recommend that to listeners.
LA FACE B : Beautiful. Well thank you very much for your time mate. I really appreciate it.
ASHLEY HENRY : Your welcome, see you!