Astral Bakers, c’est la réunion de quatre musiciens au talent fou. Un quatuor All-Star qui nous a offert, The Whole Story, un premier album doux et intense. On a eu le plaisir de les rencontrer au moment de sa sortie pour parler de sa confection, mais aussi de l’importance de la langue, du fait de prendre du plaisir sur scène et de se créer une famille de musique.
La Face B : Comment ça va ?
Ambroise : Très bien.
Zoé : Très bien.
Ambroise : Mais un peu fatigué quand même.
Zoé : C’était un peu le marathon de plein de choses mais on est trop contents. C’est aujourd’hui.
Theodora: Le pain est sorti du four.
LFB : Comme on est sur un jour de sortie d’album, le fait est que ça fait quand même pas mal d’années que vous mettez votre talent au service des autres. Je me demandais ce que ça faisait sur un tel jour de mettre votre talent au service de vous-mêmes ?
Ambroise : Il y a le côté groupe qui fait qu’on le met au service d’un projet commun. Donc ce n’est pas quelque chose qui est que pour nous, individuellement. Ça se rapproche pas mal d’être au service d’un projet, avec la dimension en plus que c’est un truc qu’on a fait un peu sans trop en parler pendant pas mal de temps. Ça fait peu de temps qu’on dévoile des morceaux au monde extérieur et qu’on montre ce projet. On était encore tout timides il n’y a pas si longtemps que ça et de plus en plus, on prend confiance. On a des retours qui nous impressionnent, qui nous touchent vachement.
Zoé : Il y a la fabrication et l’incarnation en même temps du projet. Là où parfois tu participes à des albums et une fois que c’est sorti, tu es hyper content. Mais voilà, ton chemin continue et il y a un truc où ça existe et que c’est là que les choses commencent aussi.
Nico : En fait, c’est ça. Souvent quand on fait un disque pour un projet qui ne serait pas le nôtre, la sortie de l’album est la fin du processus. Et là, c’est à la fois la fin et le début. C’est un moment charnière.
LFB : Vous l’incarnez pleinement. Ce qui n’est pas forcément le cas quand tu produis ou quand tu joues les instruments sur l’album d’un autre.
Nico : Et puis on ne se retrouve pas forcément à être en tournée après ou à réfléchir à l’image, faire la promotion. Là, on se retrouve vraiment à vivre avec ce projet et ce disque-là.
LFB : Vous êtes quatre mais au final, il y a un cinquième membre de cet album qui est ce lieu. Je me demandais si vous pouviez me parler de ce lieu et de son importance dans la création ?
Zoé : C’est plutôt le sixième membre. Le cinquième est ici, avec la moustache.
Theodora: Matthieu Torrès qui fait les images, les vidéos…
Zoé : On l’appelle le cinquième membre du groupe parce que c’est vraiment lui qui est à l’origine de tout l’aspect graphique entre les vidéos, la pochette de l’album, les photos et qui a des idées de génie maléfique.
Theodora: Ce studio, c’est un peu la matrice effectivement. Ça nous enveloppe tous.
Ambroise: C’est un lieu dans lequel je me suis installé il y a trois ans et avant, j’étais dans un studio que je partageais avec un ami qui s’appelle Séverin. Il était beaucoup plus petit, j’y suis resté assez longtemps. En fait, on a commencé à avoir l’idée du groupe dans ce studio et dans ma tête, je m’étais dit que si on voulait faire ce groupe, il allait nous falloir une pièce plus grande pour qu’on puisse enregistrer dedans.
Et j’avais aussi besoin d’une pièce plus grande pour d’autres projets. J’ai trouvé ce lieu très peu de temps après la création du groupe. Du coup, c’est vraiment avec Astral Bakers qu’on exploite au maximum les possibilités de cet endroit. On a tout enregistré ici, en même temps dans la même pièce. On entend le son de cette pièce dans le disque aussi, et puis l’atmosphère globale de ce lieu qui nous a vachement inspiré. Il y a de bonnes ondes ici. Parfois, ça ne se maîtrise pas mais on est assez en réussite.
Zoé : Mais maintenant, on fait rentrer pas mal de gens ces derniers temps au studio. Pendant tout le processus de création de l’album, personne ne venait et personne n’écoutait les morceaux. On les gardait comme des petits pains au four. Comme on a fait ça tous les quatre, on n’avait pas d’ingé son, pas de regards extérieurs sur tout le processus de fabrication, toutes les versions qu’on a faites, à part Matthieu. C’est un peu l’ouverture.
Nico : C’est un lieu un peu secret et en même temps, c’est vrai qu’on commence à inviter des gens dans notre maison.
LFB : Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que le son de l’album sonne unique parce que vous avez tout enregistré ensemble. Il y a un truc hyper intéressant, c’est que finalement le premier single que vous avez sorti s’appelle Shelter et ça fait un peu écho à ce lieu et à ce refuge que vous avez trouvé pour créer votre musique.
Nico : Carrément.
Theodora: Oui, et on a l’impression que le fait d’être tous les 4 ensemble, où qu’on aille, on transporte notre petit abri parce qu’on est un peu protégés les uns par les autres. C’est comme ça que je le vis.
Nico : C’est vrai qu’il y a un truc où on construit comme un cocon familier en fait. Dès qu’on est tous les 4. Le peu de tournées qu’on a fait à l’étranger ou ailleurs en France, on a ce truc où se sent assez vite chez nous quand on est ensemble.
LFB : Parce que vous vous connaissiez depuis un moment.
Theodora: Des centaines d’années.
LFB : Quand on suit votre carrière et qu’on voit le projet, c’est un peu l’aboutissement d’une évidence.
Theodora: Complètement, c’est ça. C’est génial qu’on ait pu trouver le temps qu’on se soit donné les moyens d’aller au bout de ce geste.
Ambroise : C’est vrai, je suis d’accord. Ça m’a fait un peu ça notamment, la résidence puis Groeningen, on a eu des routing très, très longs et en fait, c’est vraiment des moments qui peuvent, en tournée, être usants.
Nico : C’est un peu une épreuve.
Ambroise : Et en même temps, c’est sympa. Pour nous, c’est le début, les premières dates, on est excités et tout. Il y a un truc où quand on est tous les 4 ensemble, quelque part, c’est hyper rassurant. On a l’impression qu’il ne nous manque pas grand chose et les gens qu’on a la chance d’avoir avec nous sur la route rentrent bien dans cette petite ambiance-là et du coup, c’est vrai qu’il y a quand même un truc hyper sympa partout où on va j’ai l’impression.
LFB : Il y a un truc d’artisanat finalement. Le fait est que le monde de la musique est ce qu’il est aujourd’hui et qu’il y a un côté qui s’appelle une industrie et ce n’est pas pour rien. Un projet comme celui-là, on est dans le pur artisanat dans la création et même dans l’exploitation que vous voulez en faire. Pour moi, il y a un vrai côté punk dans le fait de sortir Astral Bakers en 2024.
Ambroise : C’est vrai que ça peut paraître à contre-courant dans le côté de retirer plutôt que de rajouter. On essaie de revenir à une forme d’essentiel et à quelque chose de brut, d’assumer aussi les aspérités et les défauts, de ne surtout pas être dans quelque chose de trop parfait ou trop lissé. Et même temps, j’ai l’impression que ça correspond aussi peut-être à un besoin qu’on peut avoir un peu à notre époque où on est un peu saturés de filtres et de perfections. Tout ce qu’on voit est toujours la version la plus parfaite de tout. On essaie de revenir un truc plus vrai et plus précieux en fait, qui est un peu une sorte de cachet d’authenticité de ce qu’on fait. C’est authentique parce que ce n’est pas parfait.
Zoé : C’est une autre perfection, du moment. Le moment parfait et pas forcément que des éléments parfaits qui font un morceau parfait par exemple. Parce que des fois, on n’est pas complètement à 100 % satisfaits de la prise qu’on vient de faire et on réécoute, on sent qu’il y a un moment où on était tous en phase. C’est un autre genre de perfection qui est tout autre que ce qui est actuellement recherché dans l’industrie de la musique.
Ambroise : Même dans la structure des morceaux, on ne cherche pas forcément à structurer de manière la plus logique possible mais plus d’être dans une forme de liberté, de ressenti par rapport à ça. Il y a des morceaux qui prennent leur temps, qui durent six minutes et quelques, sans pour autant être avec des ponts. C’est juste qu’il y a une intro de deux minutes et ça s’installe, ou alors il y a un refrain. Il y a ce truc-là où on se dit que peut-être qu’on n’a pas besoin de suivre une logique immuable mais qu’on peut aussi assumer…
Theodora: Un moment, si on est bien dans le moment, on reste dedans.
LFB : Ce qui est drôle, c’est que tu es obligé de sortir des radio édit, de couper. Alors qu’au fond, j’ai l’impression que tout ce qu’il y a de beau dans Astral Bakers, c’est l’idée de capturer les instants et de figer votre complicité. Dans chaque morceau, il y a un peu ça, l’idée de figer un instant, un moment de communion parce que vous êtes tous les 4 et c’est un truc qui ne bouge pas.
Theodora: Complètement.
Zoé : Les radio édit, ça a l’avantage de permettre à des gens qui ne connaissent pas le projet d’écouter une petite bribe du morceau, et ensuite d’avoir accès à des versions qui durent six minutes. On n’a pas réfléchi les morceaux dans des formats de radio mais en tout cas, la radio peut amener les gens vers notre musique et c’est ça qui est chouette. Et ensuite, ils ont accès à sept minutes sans relâche. (rires)
Theodora: C’est sur qu’on est complètement à contre-pied du radio-friendly mais en même temps, si la radio pouvait passer des morceaux comme ça, on serait contents parce que ça donne envie de vivre.
LFB : C’est pour ça que je vous disais qu’il y a un côté punk dans la façon dont ça a été fait parce que vous sortez les morceaux de six-sept minutes et vous arrivez avec un projet où vous êtes 4 sur scène et je pense que vous êtes bien placés pour savoir qu’à l’heure actuelle, tourner à 4 plus les techniciens…
Ambroise : C’est vrai qu’on ne choisit pas forcément la simplicité mais je crois aussi au fait qu’à un moment, quand on propose quelque chose de vraiment sincère et dans lequel on croit, ça va mettre plus de temps pour créer les mêmes opportunités que quelqu’un qui serait tout seul mais par contre, les quelques personnes qui rejoignent ou qui adhèrent au projet y adhèrent vraiment pour les bonnes raisons, parce qu’ils aiment véritablement ce qu’on propose. Du coup, quelque part, ça a plus de valeur parce que ça ne fait que construire qu’avec des éléments vraiment solides. Du coup, après, tout peut finir par se débloquer progressivement. On voit qu’aujourd’hui, on est entourés par des gens qui croient très fort à ce projet et qui, du coup, mettent beaucoup d’enthousiasme et beaucoup d’énergie. C’est très positif, très sain parce que ce n’est pas du tout spéculatif comme développement. Il y a un truc où j’ai l’impression qu’on est remplis de choses concrètes et vraies.
LFB : Les gens qui s’impliquent dedans croient au projet.
Zoé : Il n’y a personne qui nous fait faire des compromis ou des trucs comme ça.
Ambroise : Il n’y a pas trop de compromis à faire. On nous a jamais demandé de ne pas jouer à 4. Ça n’aurait pas de sens.
Theodora: C’est un peu à prendre ou à laisser le bloc de 4.
Ambroise : Je me souviens de I Am From Barcelona, ils étaient 18. Il y a pire.
LFB : Il y a un truc qui vous définit vraiment, c’est que c’est vraiment de la radicalité soft. Beaucoup de douceur dans la musique que vous faites mais en même temps, il y a un truc où vous arrivez et vous dites que c’est à prendre ou à laisser.
Ambroise : Ça rejoint un peu le soft grunge dans ce que ça évoque. C’est une façon non violente d’affirmer quelque chose.
Zoé : Et puis après avoir fait plein de choses chacun de notre côté, on commence à savoir où on veut aller. Et comme on est tous d’accord sur ces choses-là, on avance d’autant plus vite et sans se poser trop de questions sur ce qu’on devrait faire d’autre.
Ambroise : Et j’ai l’impression qu’on n’a pas peur de se lasser du projet, donc on n’a pas forcément l’urgence de se dire qu’il faut absolument qu’on tourne tout de suite parce que dans six mois, on n’aura plus envie de faire cette musique-là. J’ai l’impression aussi qu’on est un peu plus sereins par rapport à ça.
Theodora: Ce qui est pas mal, c’est qu’on ne va pas être à la merci d’un courant ou d’une mode quoi. C’est un plateau un peu qui s’annonce. C’est une esthétique qui était là, qui sera là. Elle ne va pas trop bouger parce qu’elle n’est pas trop dépendante des technologies.
LFB : Est-ce que vous avez l’impression en termes de rendus qu’on vous aurait considérés autrement si vous étiez venus des États-Unis ou d’Angleterre ?
Theodora: C’est plus anodin là-bas ?
LFB : En France, c’est moins dans les tendances ce que vous faites, des morceaux de six minutes.
Nico : En tout cas, ce qui est sûr, c’est que les références qui sont citées dans les médias où les journalistes parlent du groupe, c’est clairement des références internationales. Plutôt des groupes américains ou anglais, mais surtout américains d’ailleurs. Mais quelque part, on ne va pas se mentir, ces références, on ne tombe pas des nus non plus parce que c’est souvent des groupes qu’on aime beaucoup. C’est ce qu’on écoute et quelque part, ça nous va bien.
Ambroise : C’est une famille choisie quelque part. Ce n’est peut-être pas notre famille géographiquement la plus logique mais c’est sur qu’on se sent proches des Bigh Thief, Kurt Vile... C’est la sensibilité dans la façon de faire de la musique, sans les avoir vraiment jamais rencontrés. Mais du coup, on se sent plus de cette famille-là.
Zoé : C’est nos petits correspondants américains. (rires)
Theodora: Mais c’est vrai qu’on serait peut-être une goutte d’eau dans une grande rivière si on sortait un morceaux aux États-Unis.
Zoé : Et en même temps, le fait de chanter en anglais là-bas, on n’en parle pas. On ne te dit pas que c’est hors format. Là où en France, on est quand même pas dans les premiers de la liste parce qu’on ne chante pas en français. Il y a des avantages et des inconvénients à ne pas être avec notre famille d’influenceurs américains.
Nico : Peut-être que notre accent sera tout à fait charmant vu des États-Unis et que ça sera un petit plus, on ne sait pas.
LFB : Il y a une volonté quand même, quand tu fais une musique comme ça, de la voir sortir du pays. Parce que tu dis que ça peut te ralentir en France le fait de chanter en anglais ou d’avoir beaucoup de radios qui vont promouvoir des trucs plutôt chantés en français, mais d’un autre côté, le fait est que vous rentrez dans une famille qui vous permet de vous exporter ailleurs.
Nico : Et finalement, ce sujet-là, dès que tu sors de France, ça devient un peu un non-sujet parce que justement, j’en reviens à Groeningen parce qu’on y était récemment, là-bas, tu vas voir des groupes hollandais, portugais. Il y a des gens de toute l’Europe qui sont là, qui parlent toutes les langues et le point commun de tout ça, il y a beaucoup d’anglais et c’est un non-sujet. On va voir Maro parce que c’est super, on va voir YinYin parce que c’est super.
LFB : Ce qui fait qu’on en parle en France, c’est parce que le français a beaucoup d’égo sur sa langue. Il y a quand même ce truc que c’est une fierté de chanter en français.
Ambroise : Un devoir presque. C’est un devoir de patrimoine national un peu. Mais après, il y a eu quand même pas mal de groupe depuis quelques décennies qui ont assumé l’anglais et qui ont eu un peu de succès ou en tout cas, qui ont réussi à toucher un public assez large. Donc ce n’est pas impossible. On a n’y fait ça pour se fermer des portes, ni pour en ouvrir. C’est plus que c’est ce qui nous vient le plus naturellement. On ne s’est pas dit qu’on allait chanter en anglais pour avoir une carrière internationale. C’est juste comme ça qu’on veut faire notre musique. C’est comme choisir un instrument plus qu’un autre.
LFB : Les gens qui vous connaissent de vos projets précédents savent très bien. La plupart d’entre eux a fait que du chant en anglais. Le français n’a jamais été une évidence pour vous.
Ambroise : C’est une forme de cohérence.
LFB : C’est ça, et puis malgré tout, il y a un rapport poétique au son en anglais qui se prête bien à ce genre de musique.
Ambroise : La langue français conditionne beaucoup la musique, va beaucoup orienter la couleur musicale.
Theodora: Sauf chez Hubert Lenoir par exemple. Je trouve qu’il arrive complètement à twister la langue et la musique derrière. C’est très étonnant.
LFB : Mais c’est québécois. Ils ont l’esprit nord-américain. Des gens comme XXX qui vont chanter aussi bien en français ou en anglais ou en portugais. Et en même temps, un mec comme Hubert Lenoir qui va passer sur une chanson d’une intro métal à du rap, à de la pop.
Zoé : Cela dit, toi Theo tu as fait des morceaux en français qui sont vraiment trop stylés.
Theodora: Ah ouais. Après, c’est peut-être mes origines grecques, je ne sais pas. Mais je me suis toujours dit qu’il n’y avait pas de problèmes à essayer de chanter dans d’autres langues. Le français compris, mais l’italien aussi. En tout cas, je trouve que quand on aime quelque chose, il ne faut pas s’empêcher d’essayer de le faire.
LFB : Les gens qui vont s’intéresser à la musique vont aller regarder les paroles. Je pense que vous avez fait un album, où de la façon dont il est fait, va intéresser les curieux et les gens iront s’intéresser aux propos et à ce que vous cherchez à raconter, peu importe le langage qu’il y a derrière.
Theodora : Je pense aussi et je trouve ça très triste quand les gens font vraiment barrage pour une question de langue. C’est bizarre. Même dans les radios d’ailleurs. Je trouve ça dommage ces quotas.
Nico : Je comprends aussi la démarche.
Theodora : Je pense que quand la musique est bonne, si elle vient de France, il faut la…
Zoé : On dirait des paroles de Jean-Jacques Goldman.
Ambroise : Je pense aussi qu’on est fondamentalement pas un pays de musique. C’est vrai. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas des bons musiciens. Je pense qu’il y a des bons musiciens mais je pense que la musique fait moins partie de la vie des gens que dans d’autres pays. Donc à partir de là, il faut relativiser nos exigences vis-à-vis du « grand public ». On est un pays de gastronomie, de géographie. Quand on va aux États-Unis ou en Angleterre, tout le monde a eu un groupe un jour ou un autre dans sa vie, tout le monde sait jouer d’un instrument. La musique fait vraiment partie, autant que le sport ici par exemple. En fait, à partir de là, on a moins de possibilités de toucher les gens et de toucher un public qui est peut-être un peu moins curieux.
Nico : Après, je pense que c’est aussi une histoire de registre musical. Parce que tu reprends, dans l’opéra, il y a eu des traditions d’opéra en France, en Allemagne et en Italie. Ce sont des choses différentes qui avaient une force propre. Je trouve que c’est intéressant ton idée d’instrument. Les langues ont une mélodie intrinsèque et en fait, tu regardes en Allemagne, à part Nenaet Rammstein qui ont vraiment passé les frontières, les autres groupes allemands connus chantent en anglais. Je pense que ce n’est pas pour rien. C’est quand même une langue qui n’est pas aussi douce et mélodique que l’anglais dans une forme pop au sens où on l’entend depuis les années 60. On écrit des chansons qui sont condensées dans des petits formats, écrites autour d’une base harmonique et des instruments qu’on retrouve un peu systématiquement. Je pense qu’il y a des langues qui sont moins adaptées à ce « format » de chansons que d’autres. Autant l’italien, c’est un contre-exemple. C’est génial. La pop italienne, c’est incroyable et ça marche trop bien. Aujourd’hui, il y a une tradition historique de la pop en Italie mais quand tu vois nous, tous les groupes pop italiens qui marchent… Je pense qu’il y a aussi un truc de langue adapté plus ou moins à certains registres. Après, je suis d’accord, il y a des gens qui trouvent des clés. Hubert Lenoir, c’est une clé mais c’est vrai que quelque part, on partage une langue mais peut-être pas la même tradition culturelle que les québécois. Mais l’anglais, clairement, c’est un instrument universel pour le type de musique qu’on fait nous.
LFB : Au-delà de la langue, je pense que le plus important et ce qui réussit dans votre album, ce sont les émotions qui s’en dégagent. Je trouve que ce qui est beau dans votre album et tu en parlais tout à l’heure, c’est de faire mieux avec moins. Vous vous êtes lancés dans la création d’un album qui est dans la contrainte de jouer avec deux guitares, une basse et une batterie et qui, en fait, vous libère complètement parce qu’à partir de là, vous pouvez vous ouvrir sur quelque chose qui vous correspond et qui en plus peut se transmettre. Vous pouvez les emmener partout et refaire votre musique et l’offrir aux gens comme elle a été pensée.
Ambroise : Ouais, et puis il y a aussi un truc : tout est une question d’échelles et de rapports. C’est-à-dire que plus on redescend en quantité d’informations, plus chaque nouvelle note, chaque nouvelle couleur va prendre une importance incroyable, et créer une émotion. C’était un peu ça notre idée de réduire la voilure, de repartir avec le minimum d’éléments possibles. En tout cas le minimum pour faire passer à la fois l’énergie et la mélodie, etc. Du coup, on pouvait rajouter une note de guitare et ça allait ouvrir un nouveau spectre énorme. Et donc je pense que c’est vrai que c’est plus dure à faire ça quand on démarre déjà avec trois couches de Synthé, une boite à rythme, des chœurs et une basse qui fait pomper le tout. C’est autre chose. On va être dans un truc d’énergie mais pour faire passer un cap, il va falloir rajouter dix couches supplémentaires alors que nous, parfois c’est juste chanter un peu plus fort. Ça sera suffisant. Ou moins jouer là mais plus là avec le médiateur, ça ferait déjà une grosse différence. On essaie d’être un peu dans cette finesse-là du détail. Ce qui fait aussi que du coup, il y a des dynamiques énormes sans qu’on ait besoin de jouer très fort parce que tout se joue dans une sorte de grande subtilité.
Zoé : Et en même temps, c’est à double-tranchant. Je ne veux pas nous mettre des bâtons dans les roues mais ça veut dire qu’il n’y aura aucun concert qui sera gagné d’avance là où quand tu as un Ableton, tu lances tes pistes. Si tu n’as pas la voix cassée, tu fais ta partie. Des fois, rien qu’en faisant les balances, on s’aperçoit qu’on est trop poussif. Tout de suite, il faut qu’on se réajuste et qu’on essaie à chaque fois d’avoir du recul sur ce qu’on est en train de faire parce que si on oublie tous ces détails et toutes ces petites choses qui font que c’est harmonieux, on peut tomber très vite dans un truc qui est moins bien en fait.
LFB : En même temps, tu crées des moments uniques à chaque fois. Même pour vous. Chaque soir ne sera pas le même. Tu vas faire un concert différent en fonction de tes humeurs, ce qui permet aussi d’évoluer dans le temps et de ne pas te lasser de ce que tu fais.
Ambroise : On retrouve la possibilité de rater un concert. Et ce qui rend un concert réussi vachement plus précieux.
Zoé : Rien que sans rater, juste dans les tempos par exemple. Encore une fois, quand tu as un ordinateur avec des pistes, tu as un clic et peu importe, tu vas jouer tous les soirs le morceau à la même vitesse, à moins que tu reprogrammes le truc. Nous on a quelque chose où on peut jouer vachement plus lent, vachement plus rapide, en fonction de nos envies, de nos émotions, juste se laisser emporter par les choses.
Ambroise : Ou même si on veut le faire à chaque fois de la même façon, on ne le refera jamais exactement de la même façon parce qu’on n’aura pas de repères, si ce n’est juste la mémoire qu’on a du morceau.
LFB : Il y a un rapport au temps qui est hyper important dans le fait que tu peux les jouer de mille manières différentes et dans le fait aussi que sur l’album, les morceaux vous les laissez exister. Tu ne fais pas un morceau de six minutes pour de l’esbroufe. Même dans les solos, dans l’intro ou dans des choses comme ça, le morceau raconte quelque chose chose à chaque fois.
Ambroise : Après c’est qu’on trouve ça mieux quand ça prend un peu plus de temps. Les morceaux longs en question, c’est vrai que je ne me dis pas que c’est gratuit. Le morceau Shelter par exemple, il était déjà long et à un moment, je ne sais plus qui s’est planté de note sur la fin du refrain et on était deux en même temps à faire la même fausse note et ça a ouvert une autre partie. On s’est dit : oh mais génial, on va construire une outro avec ça. Sauf que l’outro dure quasiment 2mn30, donc c’est presque une chanson dans la chanson. Et en même temps, on se disait que c’était trop bien, une fois qu’on y est, on est trop contents. A la fin, on fait les comptes, on voit que ça dure 6mn40 et on se dit bon.
Nico : On la garde.
LFB : Je trouve qu’il n’y a rien d’exigeant, même dans la manière dont les gens vont l’écouter, parce que c’est une transmission de plaisir d’un musicien à un auditeur. Il n’y a pas d’esbroufe ou de trucs hyper techniques où la personne se regarde jouer. C’est vraiment du plaisir simple de gens qui sont à 4, heureux de jouer ensemble et qui veulent transmettre ça aux autres.
Ambroise : C’est vrai.
Theodora : Merci, c’est sympa de dire ça.
LFB : Il y a quand même une vraie profondeur dans les paroles, en sachant qu’il y a un rapport à la réalité qui est hyper intéressant et qui dévie aussi souvent sur des choses un peu plus poétiques. C’est toi qui écrit la majorité des textes.
Ambroise : Principalement ouais.
LFB : Tu n’avais pas sorti d’album écrit depuis six ans. Quelle évolution tu as vu et est-ce que le fait d’être avec des gens dans un contexte bienveillant t’a permis de libérer des choses un peu plus intimes ?
Ambroise : C’est marrant que tu parles de contexte bienveillant parce que c’est vraiment exactement ça. C’est un truc de bienveillance entre nous, j’ai l’impression que c’est un peu ça qui fait le ciment et cette espèce de foyer dont tu parlais. Par rapport aux textes, une des premières chansons que j’ai commencée avant même qu’il y ait vraiment l’idée d’Astral Bakers, c’est Beautiful Everything. C’est une chanson que j’ai commencé alors que ça faisait longtemps que je n’avais plus écrit de chanson. Après le dernier album de Sage, j’avais un peu… Je n’avais pas tiré un trait sur ma « carrière de chanteur » mais je m’étais dit que je n’allais pas forcément m’acharner et j’avais l’impression que ça n’intéressait pas grand monde. Et en même temps, je faisais de la prod’ pour des disques hyper intéressants, qui marchaient. À un moment, j’ai fait une espèce de choix de mettre un peu en retrait cette partie de moi.
LFB : Tu as fait une BO de film.
Ambroise : Ouais, des projets qui venaient tout seuls ou qui n’étaient pas dans un truc de souffrance ou de douleur. Je n’avais pas besoin de me battre plus que ça pour que ça se passe bien. J’avais un peu mis de côté l’écriture. La composition, pas trop parce que j’ai toujours continué à composer pour les autres. Mais l’écriture vraiment et le fait d’envisager de chanter. Et donc ce morceau-là, c’est un peu celui qui parle de renaissance et de se dire, ok il ne faut pas s’en vouloir d’avoir voulu essayer de faire quelque chose. Il ne faut pas s’en vouloir d’avoir échoué à faire quelque chose. Du coup, c’est un peu cette idée de renaissance et de dire aussi que tu peux avoir l’impression d’avoir tout ce dont tu as envie, s’il te manque l’essentiel de ce que tu recherches, ça ne vaut pas grand chose.
LFB : Est-ce qu’il y a une validation collective sur les paroles ou est-ce que vous le laissez complètement libre ?
Ambroise : Il y a des paroles qu’on a écrites ensemble. Sur ce morceau-là par exemple, Theodora m’a aidé à finir les paroles. Il y a un tiers de la chanson qu’on a écrit ensemble.
Theodora : Et sinon, tu nous parles de ce dont ça parle. Il y a toujours un moment où, quand les chansons sont en train d’être finies, parce que souvent c’est la dernière étape, les paroles.
Ambroise : On va souvent la musique finie avant. En général, on ne commence pas une chanson ensemble tant qu’il n’y a pas une base de couplet/refrain. Ou alors si, parfois mais alors c’est assez rare. Mais par contre, ça peut arriver qu’il n’y ait pas toute la chanson et dans ces cas-là, il peut y avoir une mise en commun.
Zoé : Après les paroles, puisque c’est entre nous le sujet le plus personnel, j’ai l’impression que quand quelqu’un arrive avec des paroles, en l’occurence la plupart du temps Ambroise, on l’écoute discrètement chacun, on essaie de comprendre les paroles et peut-être qu’on a une version qui est un peu différente les uns des autres par rapport à ce qu’il a écrit.
Theodora : Ça nous inspire à chaque fois.
Zoé : Il y a toujours un moment où on va aborder le sujet sans forcément rentrer dans chaque mot écrit. C’est juste que ça nous parle différemment à tous.
LFB : Il faut que vous puissiez l’habiter ce morceau-là.
Ambroise : Ouais, je pense qu’effectivement, il faut que chacun puisse assumer aussi ce que ça raconte.
Theodora : On n’analyse pas forcément tout mais d’après ce qu’on comprend, en général, ça nous inspire et s’il y a quelque chose qui semble bizarre, on le dit.
Ambroise : C’est arrivé à quelques moments mais plus pour des parties de musique par exemple. Je me souviens que Why par exemple, au début j’avais juste l’idée du début du couplet et après je partais sur une partie qui était beaucoup plus pop. Je me souviens que Nico me disait qu’on pourrait peut-être essayer un truc un peu différent et je sentais que quelque part, ça emmenait le morceau vraiment ailleurs pour que chacun soit en accord avec ça. C’est ça qui a vraiment orienté les chansons qui n’étaient pas finies. Ce n’était pas une forme de censure mais plus un apport pour que tout le monde réussisse à modeler l’objet final ensemble et ça s’approprier une part aussi, et que ça reflète nos sensibilités à chacun et à chacune.
Zoé : Quand j’ai un doute sur ma façon d’interpréter les choses, quand les paroles sont déjà là, je repasse les paroles dans ma tête et je me demande si c’est juste ce que je suis en train de faire par rapport à ce que le morceau dit. Quand je suis un peu perdue dans ce qu’il faudrait faire éventuellement.
LFB : Il y a une recherche d’émotion malgré tout.
Zoé : Oui, clairement. Qu’est-ce que ça veut dire pour moi ? Pour nous ? Et parfois, ça nous guide. Comme la fois avec Nico, ça nous guide vers des trucs qu’on trouve juste à ce moment-là.
Nico : Et puis la voix, dans ce groupe, il n’y a pas beaucoup d’éléments. Il y a juste quatre instruments. Du coup, la voix a une place, elle n’est pas posée au-dessus d’une masse de musique, elle est complètement enchevêtrée dedans. Du coup, l’interprétation qui appuie un texte est en plus soutenue par les instruments. Donc c’est vraiment un tout dans la forme. Au final, nos choix d’arrangements et de mise en place, tout est réfléchi en fonction de ce qui est dit, du moment dans la phrase. Et ça fait ce qu’on en a fait.
LFB : Est-ce que tu peux me parler du morceau Easy parce que c’est toi qui l’a écrit ? Je le trouve hyper beau et à la fois hyper sombre dans ce qu’il raconte.
Theodora : Ça, c’est tout Nico.
LFB : Mais il est interprété d’une manière où tu pourrais passer au-delà du fait qu’on parle plus ou moins d’un mec qui finit par se suicider.
Nico : Ouais. Écoute, je ne sais pas par où répondre. Je pense que c’est un truc de pudeur que j’ai moi. C’est un morceau qui dans la forme est un peu particulier parce que c’est très doux et c’est vrai que le sujet n’est vraiment pas cool. Et en même temps, je sais que dans la vie, je suis un petit peu comme ça aussi. Je n’aime pas trop le drame. Je pense que ça va bien avec ce bonhomme, cette histoire de ce bonhomme qui ne veut pas trop faire de vagues, ne veut pas que ça se remarque que ça ne va pas. Et puis finalement, ça ne va pas. Personne ne le sait. Je pense que c’est un peu le reflet de ça. L’interprétation va dans ce sens-là aussi.
LFB : C’est intéressant parce que finalement, tout l’album est un peu comme ça. Il y a un peu des personnages qui font souvent écho à ce que vous êtes. J’ai l’impression que pour jouer une musique comme vous la jouer, il faut aussi que vous vous reconnaissiez dans les histoires que vous racontez quoi.
Ambroise : Ouais et je pense aussi qu’on a tous cette envie de ne pas être dans une interprétation premier degré d’une histoire. Une musique douce peut avoir des paroles violentes ou dures et à l’inverse, on peut dire des choses tristes sur une mélodie joyeuse. Je trouve que le format de chanson permet vachement ce contraste-là. C’est presque la façon la plus poétique de raconter quelque chose. C’est la distance qu’on y met et la douceur ou la beauté d’une mélodie qui vient quelque part transformer une idée en… Je trouve que par exemple dans Elliott Smith, on a ce truc-là. C’est vraiment un mec hyper dramatique et en même temps, son chant est tellement fébrile, fragile et en même temps, tellement gracieux et virtuose que c’est une incroyable manière de transformer la mélancolie ou la tristesse. D’en faire une chanson avec une guitare. C’est vraiment ce qu’il y a de mieux.
LFB : Est-ce que vous avez l’impression de vous ôter de quelque chose quand vous jouez les morceaux ?
Ambroise : Il y a un côté thérapeutique de mettre une émotion, dans une boite, à l’aide d’une boite en bois avec des cordes. Il y a ce truc où quand on n’arrive pas à exprimer quelque chose, ou qu’on est coincé dans un moment, souvent il y a un truc très libérateur. On se dit, bon certes je suis dans cette impasse émotionnellement ou en tout cas, dans cet état récurrent dans lequel je n’arrive pas à me sortir et en même temps, j’en ai fait une belle chanson et j’ai réussi à en ressortir quelque chose de positif de ce truc pas constructif. Donc ça, c’est vraiment une chance propre aux musiciens. C’est pour ça que c’est toujours miraculeux et réjouissant de faire une chanson.
Nicolas : Je pense que les gens qui écrivent des romans aussi.
Theodora : Toute forme d’art a ses vertus.
Nicolas : C’est une façon d’exprimer ce qu’on a au plus profond de soi.
Zoé : Oui, même dans les thérapies, tu peux aller voir des gens qui te conseillent d’écrire concrètement les choses qui te posent des soucis et de mettre des mots dessus. Faire l’acte de l’écrire, ça t’aide à rentrer dans un processus de guérison ou de plein de choses.
Nicolas : C’est vrai qu’il y a ce moment où cette chanson finit par exister. Moi, je sais que j’ai un truc un peu particulier, d’ailleurs je ne sais pas si vous ça vous fait pareil, mais une chanson tant qu’elle n’est pas sortie, enfin le jour où elle sort, je ne l’entends plus du tout de la même façon. Je n’entends plus tous les détails, ça redevient une chanson qui aurait pu être faite par d’autres gens.
Theodora : Je ressens un peu ça aussi, c’est vrai. Il y a aussi le fait que les chansons restent, nos états passent. Ça jalonne un peu nos vies. Ça représente un peu comme des petites pierres qu’on a taillées et qu’on met sur notre chemin.
LFB : Tu es un peu le petit Poucet quoi.
Theodora : Et ça te ramène à des états où tu n’es plus forcément
LFB : Et qui peuvent te surprendre sur le ton. L’album sort aujourd’hui. Vous avez des premières dates qui arrivent. Où est-ce que vous voudriez l’amener ?
Zoé : Partout, jusqu’en Slovaquie (rires).
Theodora : Ouais parce qu’on va peut-être jouer en Slovaquie cet été.
Ambroise : Déjà, on sait déjà qu’il nous emmène sur un deuxième album.
Zoé : On a envie d’aller partout et comme l’album a été fait sur un concept de live, c’est vraiment l’essence même du truc. D’aller le jouer ailleurs avec la simplicité des quatre instruments et de voir comment on peut toucher les gens avec ça.
Ambroise : Pour être vraiment 100% honnête, j’ai vraiment très envie qu’on défende ce disque en France mais vraiment à l’étranger aussi. J’ai l’impression que c’est là que ça aura le plus de sens. Quand on a joué à l’Eurosonic, quelque part on sentait qu’on avait un public qui ne se posait pas de questions par rapport à pourquoi on faisait cette musique. Du coup, je ne dis pas que le public français ne peut pas écouter notre musique du tout, mais je pense que dans un premier temps, à moins qu’on se mette à passer à la radio, on aura vite fait le tour des gens qui écoutent ce genre de musique. Je trouve que ça serait génial de réussir à voyager avec cette musique. Là où je suis sûr que ça va nous emmener, enfin sûr je touche du bois, c’est qu’on est déjà en train de penser à faire un deuxième album et on a déjà pas mal de chanson prêtes. L’idée, c’est que c’est vraiment une naissance et une nouvelle histoire.
LFB : Ce qu’il y a de fou, il faut une validation internationale pour qu’un groupe qui chante en anglais regroupe un vrai public en France et un vrai intérêt.
Ambroise : Un peu, c’est vrai. Ou qu’il y ait un jour un programmateur de radio qui se lève du bon pied (rires). J’ai l’impression que c’est plein de petites choses qui font qu’à un moment, ça atteint les gens. Et puis, on n’est pas dans une attente précise. On est plutôt dans un truc à se dire qu’on prend ce qu’il se passe. On essaie d’être à la fois heureux de ce qui nous arrive et exigeant pour la suite. C’est un truc un peu ambivalent entre être le plus ambitieux possible et en même temps, ne pas être dans la frustration.
Nico : Et puis clairement, simplement jouer beaucoup ce disque serait super. On s’est rencontrés comme ça. On a envie de jouer, on adore. À chaque fois qu’on fait un concert, on est excités de ouf après. On se voit déjà au suivant.
Ambroise : C’est tellement dur les après-concerts je trouve. J’ai l’impression d’être désorienté, véritablement. Après un concert, je ne sais plus où me mettre. C’est trop bizarre.
LFB : Est-ce que vous avez des coups de coeur récents ?
Ambroise : J’ai eu un énorme coup de coeur pour un morceau de MGMT qui est sorti récemment qui s’appelle Nothing To Declare. Il est hyper surprenant parce que ça commence vraiment comme une chanson folk tradi. J’ai 2-3 trucs à redire sur la composition. Quand je la rejoue, je la change un peu (rires). Le truc hyper prétentieux.(rires)
J’adore ce morceau. Je le trouve hyper touchant pour du MGMT où parfois c’est souvent du génie formel, mais pas toujours sur le registre de l’émotion folk. Du coup, je trouve ça à la fois surprenant et en même temps, cool.
Theodora : Moi j’ai vraiment poncé le disque de Grian Chatten.
Zoé : Moi, pas forcément récent mais l’album de Marika Hackman, j’ai adoré.
Nico : Moi, si ce n’est pas forcément musical, enfin si. J’ai un énorme coup de coeur pour cette petite guitare qui appartient à Ambroise, qui était dans sa housse depuis très longtemps. On l’a ressortie.
Ambroise : C’est une vieille Martin de 68 qui était ma guitare de chevet. Quand je me suis fait voler toutes mes guitares à la fin de Revolver, on a réussi à avoir de l’argent de l’assurance. Et avec l’argent des cinq guitares, j’ai acheté celle-là (rires). C’est une guitare chère qui vaut son prix.
Nico : Elle a bien dormi. C’était la belle au bois dormant.
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