Chanteuse, actrice et femme engagée israélienne d’origine iranienne, Liraz maîtrise l’art de l’harmonie avec son dernier EP Enerjy.
À chaque chose, sa symbolique; Liraz couvre ses cheveux bruns d’un voile blanc orné de strass, sur la pochette de son dernier EP Enerjy. La chanteuse d’origine iranienne a l’habitude de jouer de ce tissu sur scène, comme s’il parvenait à tisser un lien entre elle et « ses sœurs » iraniennes. Sur cette photo, elle se réapproprie le voile qui donne le ton d’un EP pacifique et dansant.
La musique comme un espoir face au chaos
Par sa couleur, ce vêtement se fait drapeau blanc, symbole de paix. Quant aux facettes argentés – brillant autant que ses bijoux et le nom du disque en lettres persanes – il rappelle au disco et à l’importance de liberté, de légèreté, en temps de guerre. Ce nouveau projet est né de l’urgence d’apporter une nouvelle énergie (« enerjy » en persan) d’amour et d’espoir « dans ce grand chaos », comme le chante Liraz dans le morceau Enerjy.
Sorti au printemps dernier, cet EP a été finalisé pendant la reprise en intensité de la guerre entre Israël et la bande de Gaza, en octobre dernier. Un événement qui a particulièrement touché l’artiste israélienne. La sortie de l’EP s’accompagne de prises de paroles comme en mai dernier, à l’occasion du concert à Paris. Elle appelait aux retours des otages, à la reconnaissance du viol comme arme de guerre, et au respect des droits des Palestiniens. Liraz n’est pas du genre à rester neutre, autant sur le Proche-Orient que sur l’Iran.
Enerjy partage avec Roya, le précèdent album de Liraz, cet hommage au rock psychédélique des années 1970 en Iran. Contrairement à cet album enregistré clandestinement avec des musiciens iraniens, à Istanbul, Enerjy perd de sa lenteur et de ses références traditionnelles. Les rythmes y sont électriques ; le son, hypersonique. De quoi faire échos à l’urgence de dire, dans laquelle est née cet EP.
Un EP hyper-pacifique et hypersonique
On ressent une plus grande intensité et maîtrise dans les morceaux, comme avec Baas Delam. Ce puissant morceau est une supplique, à travers laquelle Liraz demande à son cœur de ne plus saigner de douleur. Un morceau inspiré du poète perse Rûmî, qui demandait d’ouvrir son cœur à l’amour qu’importe si ce dernier venait à se fendre.
Puisqu’au commencement était le verbe, Liraz parle autant à son cœur qu’a son public. Le premier extrait de l’EP sorti est Haarf, une ode à la parole. Avec ce morceau, l’artiste évoque l’importance de parler de la guerre, de la violence, sans aucun tabou et avec clarté.. au risque de devenir fou. Liraz parvient quant à elle à le chanter avec cet EP.