Vous souvenez-vous du 14 février ? De ce jour qui apporte autant de divisions et de frustrations qu’il ne tisse des liens d’amour et d’amitié sous sa cape de rose et de rouge ? Ce jour qui vous embaume le coeur aussi chaleureusement qu’il peut tout autant vous laisser dans un vide sans nom, ou dans une indifférence totale ? Qui vous rend nostalgique, mélancolique, ou impatient ? Qui par la force du souvenir vous ramène à vos moments d’évasion, de lâcher-prise ? Parlons-nous de la Saint-Valentin, ou évoquons-nous la sortie du nouvel EP de Tallisker, Azadi ?
Quatre titres ont succédé à Somewhere pour poser les bases de 2020 : une évasion sensorielle et musicale dans un contexte géopolitique troublant et désespérant. Pourtant, Tallisker frappe fort en décidant d’allier Paris, Téhéran et New York. Une volonté de représenter cette jeunesse impatiente, qui s’allie, se découvre, se nourrit de la richesse des uns et des autres, malgré les conflits du monde, proches ou lointains. Un EP comme un médicament prémonitoire. Azadi, liberté en perse.
L’EP s’ouvre avec Concorde, un titre si percutant que les paroles s’impriment en vous dès la première écoute. La voix est douce, claire et sensuelle, et s’allie en parfaite symbiose avec la sévérité des percussions, tribales et puissantes. Le morceau pose les bases de l’EP : une fusion entre le français et l’anglais, l’électro et les musiques traditionnelles perses. Une fusion entre l’électro du bout du monde de Fakear, l’innocence de France Gall et l’effervescence d’Omar Souleyman.
Désir réussit admirablement l’alliance entre un rythme, une tonalité se rapprochant des ballades françaises vieillottes, une ambiance presque lounge et une instrumentalisation très orientale. Le cocktail parfait entre l’orient et l’occident.
C’est avec Azadi qu’on découvre tout le potentiel artistique de Tallisker qui démarre par un rythme r’n’b couplé avec la puissance des violons, non sans rappeler les années 2000, et finit par une envolée techno orientale planante digne des clubs de Téhéran. Les machines classiques de l’électro sont présentes et se combinent avec les instruments traditionnels d’Iran.
Entre le soleil et la grisaille. Entre le froid et la chaleur. Entre les tours vertigineuses, la pelouse verte, ou le sol craquelé. Entre la mélancolie, le souvenir, le mal du pays et la célébration. Un EP qui laisse un goût de voyage et de home sweet home. D’inaccessible et de familier. Un EP qui nous fait nous sentir nostalgique d’un moment inconnu ; qui nous rend orphelin de racines qui ne sont pas les nôtres ; qui s’infiltre dans notre sang et dans notre ADN. Quatre titres qui définissent un des rôles principaux de la musique : réunir.